Top 50 : les meilleures BD des années 2000 (de 40 à 31).

Voici venu le deuxième volet de mon top 50 des meilleures BD de la décennie. On se rapproche doucement de la tête du peloton, avec les BD classées de la 40ème à la 31ème place, après celles de 50 à 41.

40. Les années Spoutnik, Bip bip (Baru) – 2002

Troisième opus de la tétralogie des années Spoutnik, Bip bip est sans conteste le plus drôle. Dans un bourg industriel, agité depuis déjà deux albums par des affrontements de gamins dignes de la Guerre des Boutons, le Spoutnik débarque. Du moins, la fête que le Parti (le seul, l’unique) organise pour célébrer le lancement du sattelite. Alors les enfants rangent leurs panoplies d’indiens et s’affairent pour construire une fusée tintinesque et faire plaisir au délégué venu spécialement de Moscou. Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes. Baru, si.

39. La grippe coloniale, Le retour d’Ulysse (Appollo, Serge Huo-Chao-Si) – Vents d’Ouest – 2004

Vous vous rappelez du Chikungunia qui a sévi dans l’île de la Réunion il y a quelques années? Et bien c’était une blague à côté de la grippe espagnole. Il n’y avait aucune raison que la maladie parvienne jusqu’aux pentes du Piton de la Fournaise, si ce n’est le retour au pays des soldats engagés dans la Première Guerre Mondiale en Europe. En l’occurrence celui de Grondin, Évariste, Camille et Voltaire, quatre amis vétérans et autant de classes sociales, de portraits et d’histoires. Une seule question: pourquoi il n’y a toujours pas de deuxième album?

38. Walking Dead, Days Gone Bye (Robert Kirkman, Tony Moore) – Image comics – 2003

Les vampires ont beau crâner au cinéma, en comics ce sont plutôt les zombies qui sont à la mode: la série Walking Dead est sans conteste un des cartons de la décennie. Pourtant, à première vue, rien de neuf sous le soleil. Un monde post-apocalyptique où errent une poignée de survivants, on l’a déjà lu dans Y The Last Man (autre excellente série qui aurait pu figurer dans ce top). Des hordes de zombies affamés de chair humaine, on connaît bien depuis les films de Romero. Un survivant qui se réveille d’un coma dans un hôpital vide, c’est 28 jours plus tard. Oui mais ça fonctionne quand même, justement parce que les meilleures recettes ont été réunies pour un cocktail sans failles. Et comme c’est mené tambour battant, on lit ça en haletant.

37. Palaces (Simon Hureau) – Ego comme X – 2003

Les carnets de voyage, c’est toujours un peu facile. On dessine des curiosités lointaines, sans forcément de talent, on se laisse aller à quelques réflexions à l’emporte-pièce sur l’exotisme et la richesse des différences, et hop, on remplit le contrat. Sauf que quand Simon Hureau va au Cambodge, il dessine principalement des hôtels abandonnés transformés par les Khmers rouges en lieux de détention, torture et exécution. Alors on lui pardonne quand il dessine un peu Angkor, et encore, sous un jour inquiétant, très différent des clichés habituels. Un album tout en nuances, qui met profondément mal à l’aise.

36. Klezmer, Conquête de l’Est (Johan Sfar) – Gallimard – 2005

Grands espaces, brigands qui assassinent et mettent le feu à des diligences, loi du plus fort, musique et tord-boyaux: ce n’est pas le Far West mais l’Est Lointain, celui des steppes ukrainiennes. Dans le froid, un groupe de musique klezmer se forme, comme se rassembleraient les sept mercenaires pour une ultime razzia. Il y a le jeune maestro juif peureux et le gros gitan qui raconte si bien les histoires, le fier pianiste et la sublime chanteuse. Et on les suit dans leur conquête de l’Est, à grands coups d’archet et de vocalises. Comme la vodka, les chansons en yiddish réchauffent le coeur. Les aquarelles de Sfar aussi.

35. Blueberry, Dust (Jean Giraud) – Dargaud – 2005

Il faut parfois rendre à César ce qui est à César, et à Blueberry son trésor mexicain. Là où Lucky Luke plonge à chaque épisode dans des abysses de médiocrité, Blueberry continue de me surprendre. Et son aspect, dans le cycle Mister Blueberry, de vieux crooner tendance western spaghetti, a tout pour séduire. Comme dans tous les films de Sergio Leone, la distribution autour de Blueberry est peuplée de personnages charismatiques, entre la belle Doree Malone, le psychopathe, les frères Earp ou Doc Hollyday. N’oublions pas de nous moquer des familles Clanton et McLaury. Et puis, si le courage vous en dit, allez marcher dans la forêt à la recherche de Géronimo. Là, face au vieux et sage guerrier, mettez-vous à genoux et inclinez-vous.

34. Lanfeust, La bête fabuleuse (Arleston-Tarquin) – Soleil – 2000

Oui Lanfeust et Soleil c’est commercial (bouh, caca). Oui, Lanfeust des Etoiles, c’est énervant. Mais la première saga sur le Monde de Troy reste dans les mémoires de très nombreux lecteurs. Le tome 8, magré sa couverture horrible, sonne la fin de l’aventure et celle d’une époque. Celle de l’âge d’or de Harry Potter, de Warhammer, du Seigneur des Anneaux en films, des geeks et geekettes qui n’étaient pas encore chics, vivaient cachés mais déjà heureux. Celle où l’on mélangeait tous les contes et les légendes possibles et où cela fonctionnait. Après, plus rien ne sera comme avant. Lanfeust ne sera plus puceau, Cixi continuera de nous énerver, Hébus sera à jamais le gros nounours rigolo de service. Mais, alors que les pétaures se sont cachés pour mourir, un monde a été créé avec ses Dieux, ses légendes, ses blagues vaseuses, ses pouvoirs magiques, ses trolls. Le combat est terminé. Enfin un peu de repos? Non car il faudra repartir ailleurs dans des aventures sans grand intérêt, sauf celui de remplir le compte en banque du club de rugby de Toulon, ce qui n’est déjà pas si mal.

33. Les petits ruisseaux (Pascal Rabaté) – Futuropolis – 2006

Quand je serai vieille, j’aimerais bien ressembler aux personnages de Rabaté dans Les Petits ruisseaux. J’irais à la pêche parce que je sais que c’est là que se niche la vraie vie. Je continuerais à chercher l’amour, en dépit de tout ce que la vie m’aura appris sur son compte. J’aurais encore des désirs charnels, que j’assouvirais très simplement. J’attendrais la mort le sourire aux lèvres, dans un petit village de province, sereinement. Je serais une jeune ridée, une vieille débridée, croquant dans la vie jusqu’au trognon.

32. La Brigade Chimérique, vol 1 (Serge Lehman, Fabrice Colin, Gess, Céline Bessonneau) – L’Atalante – 2009

Ne serait-ce que parce qu’elle est rare, l’initiative de faire du comic français est à saluer. Mais la Brigade Chimérique ne se réduit pas à une simple tentative croquer des super-héros à la sauce européenne. C’est une uchronie au scénario précis dans le Paris troublé de la fin des années 1930. Dans les rues de la capitale, le Nyctalope essaye de faire régner l’ordre mais se chiffonne tout le temps avec l’Institut du Radium, géré par la fille de Marie Curie, véritable fabrique à héros modifiés par la super-science. A Berlin, le Dr Mabuse  règne en maître, comptant sur Gog et la Phalange, ses alliés italien et espagnol, pour mener à bien son étrange projet de ville au coeur des Alpes autrichiennes: Metropolis. Les références culturelles abondent, sont entremêlées et pourtant tout est très cohérent. Je savais bien que la Deuxième Guerre Mondiale n’était qu’une affaire de super-héros!

31. Le Grimoire des Dieux (Serge Le Tendre, Régis Loisel, Mohamed Aouamri) – Dargaud – 2007

La quête de l’Oiseau du Temps est la plus grande série de fantasy des années 80. Je crois que si je ne m’étais pas appelée Laureline, cela aurait été Pelisse ou Mara, des noms des deux femmes fatales de cet univers. Puis, après le tome 4, plus rien jusqu’à début 98 et l’Ami Javin, début d’un nouveau cycle, qui raconte la jeunesse des héros. Il aura fallu 9 ans de plus pour avoir la suite, le Grimoire des Dieux. Malgré le temps très long entre les épisodes, le plaisir est là à chaque fois. L’histoire tient toujours, le dessin ne vieillit pas. Les personnages, incertains, en plein construction, hésitant parfois entre leur destin et une vie facile, sont attachants. J’attends avec impatience la suite, la piste du Rige, qui devrait faire écho à mon album préféré de la série, le tome 3 intitulé le Rige. En espérant qu’il arrive dans moins de dix ans.

Laureline Karaboudjan

10 commentaires pour “Top 50 : les meilleures BD des années 2000 (de 40 à 31).”

  1. […] Ce billet était mentionné sur Twitter par Louis Moulin, Laureline K et Laureline K, Quentin Girard. Quentin Girard a dit: Rt @LaurelineK Spoutnik, Walkind Dead, Palaces, Klezmer, Lanfeust… la suite du top 50 http://bit.ly/8THQp3 […]

  2. Toujours deux de moyenne sur 10. Je me maintiens. Espérons que j’aurais tout lu du top 10.

  3. […] View original here: Des Bulles Carrées » Top 50 : les meilleures BD des années 2000 … […]

  4. OK, y’a Walking Dead, je veux bien continuer à attendre.

    C’est un peu relou de filer un top par épisodes quand même si je peux me permettre. C’est dans une logique d’audience, pour nous faire revenir ? Je capte pas trop. Je préfère attendre 3 semaines et avoir tout que d’avoir votre choutte top dilué sur 3 semaines.

    Avis perso, of course. Merci de nous faire partager vos lectures 🙂

  5. @Klay : Je pense (peut-être à tort) que de délayer la publication du top permet de mieux apprécier chacune des BD citées. Si je balançais les 50 d’un coup, je suis sûre que vous feriez mauvais cas des petites du fond du classement. C’est d’ailleurs l’occasion de souligner que la simple présence dans ce top 50 est un gage de qualité de chacune des BD citées, fussent-elles 49ème ou 50ème.
    Et puis si on met pas un peu de suspense… ^^

  6. BlackSAD the winner !!!

    Je dis ça, je dis rien. Dans le TOP 10 au moins.

  7. […] RVoici le troisième volet de mon top 50 des meilleures BD de la décennie. Ca chauffe, avec les BD de la 30ème à la 21ème place, après celles de 50 à 41 et celles de 40 à 31. […]

  8. […] 11ème place. Vous pouvez retrouver le reste du classement avec les BD  de la 50e à 41e place, celles de 40 à 31 et celles de 30 à 21. Conclusion la semaine […]

  9. […] à la 1ère place. Vous pouvez retrouver le reste du classement avec les BD de la 50e à 41e place, celles de 40 à 31, celles de 30 à 21 et celles de 20 à 11.  Bon, là normalement c’est le moment où vous […]

  10. […] propos de Pol Pot et de sa bande, j’avais déjà eu l’occasion de vous parler un peu de Palaces, de Simon Hureau. A l’occasion d’un voyage dans le […]

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