WikiLeaks devient adulte

WikiLeaks, le site controversé qui a mis en ligne dimanche soir plus de 91.000 documents de l’armée américaine liés à la guerre en Afghanistan, est pris sous le feu des critiques en raison de ses méthodes, de ses visées politiques, et de sa volonté de publier tout le matériau sur lequel ils parviennent à poser leurs griffes digitales.

Mais pour un défenseur de la transparence des gouvernements, qui n’a pas manqué de critiquer WikiLeaks par le passé, l’organisation se montre plus responsable avec sa dernière livrée. Cette fois-ci, WikiLeaks a offert à trois grands quotidiens plusieurs semaines pour compiler, vérifier et contextualiser les documents, et affirme en garder (pour le moment) 15.000 de côté, «afin de minimiser les risques pour [leurs] sources».

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La France déconnectée

Et si Nicolas Sarkozy pouvait plonger le web français dans le noir? Non pas parce qu’il aurait l’envie soudaine de couper le courant, mais parce que la loi l’y autoriserait? Voilà une drôle de prérogative. Et pourtant. Il y a trois semaines environ, le Congrès américain a commencé à étudier un texte qui permettrait au président d’éteindre momentanément le réseau en cas de force majeure, si l’intégrité territoriale des Etats-Unis (mais l’exemple pourrait s’appliquer à la France) était mise en péril. Le Daily Beast résume parfaitement cette initiative, qui n’est pas sans rappeler la saillie du député UMP des Yvelines, Jacques Myard, qui voulait «nationaliser Internet»: Lire la suite…

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De quoi Wikileaks est-il le nom? (MàJ)

Mise à jour du 7 juin 2010: Le blog Threat Level de Wired vient de révéler qu’un soldat américain de 22 ans, Bradley Manning, aurait fourni à WikiLeaks une quantité considérable d’informations militaires confidentielles et classifiées. Il serait notamment à l’origine de la fuite de la vidéo Collateral Murder. Stationné en Irak, il aurait été arrêté et exfiltré vers le Koweït, où il devrait être interrogé par les services secrets. Ironie du sort, c’est un ancien hacker, Adrian Lamo, qui l’aurait dénoncé aux autorités, après que Manning l’ait contacté par email et sur un chat. D’après l’ex-pirate, les documents en possession du jeune homme «constituaient un véritable danger pour la sécurité des Etats-Unis», d’autant plus que le soldat ne prenait pas les dispositions suffisantes pour les protéger. Sur son compte Twitter, WikiLeaks affirme «ne pas être en mesure de confirmer ou d’infirmer le cas Manning», pour la simple et bonne raison que le site «ne collecte aucune information personnelle sur ses sources».

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Il y a quelques mois, en sortant la vidéo d’une bavure américaine en Irak, WikiLeaks était devenu le site qui allait sauver le journalisme, peut-être même l’humanité, grâce à un idéal, celui de la transparence absolue. La presse louait le courage des «chuchoteurs», tous ces anonymes qui approvisionnent la plateforme en documents confidentiels. Comme tout le monde, je me demandais s’ils n’étaient pas en train de faire de la fuite un produit manufacturé. Problème, les choses commencent à aller un peu trop vite. Lire la suite…

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Liens du lundi #4

Un ancien cadre de la NSA, la très secrète agence de renseignement américaine, est poursuivi par la justice américaine. Il est suspecté d’avoir divulgué des informations confidentielles à la presse. (Salon)

La neutralité du Net est-elle un obstacle à un Internet “sans tâches”? Une nouvelle coalition de conservateurs américains estime que les propositions de la Commission fédérale des communications (FCC) pourrait faire tourner le web dans le “mauvais sens”. (Los Angeles Times)

Laura Bush s’intéresse de près à la cyberdissidence, qu’elle défend au sein de l’institut George W. Bush. “Nerveuse à l’idée de lancer un think tank”, l’ex-première dame fait appel à certains blogueurs pour saisir les enjeux de la contestation en ligne. (My heart’s in Accra)

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Le paradis numérique islandais, une illusion d’optique?

Le Parlement islandais devait étudier ce mardi une proposition qui vise à faire de l’île un «paradis du journalisme», en la dotant d’une législation particulièrement sécurisante pour les whistleblowers de tous les horizons. Protection des sources, immunité des intermédiaires et des fournisseurs d’accès à Internet, l’Icelandic modern media initiative (IMMI) veut protéger les organismes de presse et les journalistes en possession de documents brûlants contre toute poursuite judiciaire. A rebours d’une législation toujours plus stricte vis-à-vis du web, ce texte est-il viable? Lire la suite…

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Bienvenue dans la matrice

Je suis né en 1987, quand les ordinateurs tournaient sous Windows 2. A l’époque, on recensait à peine 10 000 noms de domaine sur Internet. L’hypertexte n’avait pas encore vu le jour, et le World Wide Web se bâtissait dans l’esprit de Tim Berners-Lee. Et après? Tout s’est accéléré quand le 2.0 a fait basculer la Toile dans la 3D, un gigantesque réseau à la profondeur insondable. Ces deux dernières années, ce n’est plus un monde parallèle, mais le fluide qui circule dans la démocratie. Et parfois, les rouages se coincent, la machine crache, grince, fait du bruit. Quand les outils du net rencontrent (ou percutent) la sphère publique, voilà ce qui m’intéresse.

Le champ d’étude est vaste. Pour reprendre quelques exemples de l’actualité récente, il s’étend du grand pare-feu chinois au Climategate, en passant par le rôle de Twitter en Iran. Ne vous attendez pas à des kilomètres de chiffres, ni à une analyse technique, seulement à la perception d’un digital native, penché au-dessus du volcan. Bien entendu, comme vous l’avez remarqué dans la phrase précédente, Internet charrie son lot de barbares sémantiques, a fortiori quand les implications sont politiques : mots-valise, néologismes, jargon, argot. Pour ne pas se perdre dans la traduction, débroussaillons ensemble quelques mots-clés, qu’il faut avoir en tête quand vous venez par ici. Lire la suite…

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Fallait-il ressusciter le 11-Septembre?

En 2001, Twitter n’existait pas. A mon grand désespoir, je n’avais même pas de connexion Internet et je rêvais de modernité en usant mes fonds de culotte sur les bancs d’un collège parisien. J’ai appris les attentats du 11 septembre par le truchement de mon rutilant Nokia 3310, quand ma mère m’a envoyé un SMS après avoir appris la nouvelle… à la télévision. Juste avant la clôture des années 2000, Wikileaks, un site collaboratif spécialisé dans la mise en ligne anonyme de données confidentielles, réécrit l’Histoire. Ou plutôt, les histoires. Il y a deux semaines, les lanceurs d’alerte ont mis en ligne 573 000 messages de pagers, envoyés à travers les Etats-Unis le jour des attaques contre le World Trade Center et le Pentagone. Lire la suite…

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