Silvio Berlusconi en a l’intime conviction, il connaît les vrais responsables de son agression. Ils ont les tentacules d’une Pieuvre, mais ils ne le font pas chanter. Tout juste l’éclaboussent-ils. Un nez cassé, deux nouvelles dents, et le président du Conseil part en guerre contre les réseaux sociaux, qu’il soupçonne de tramer un complot contre sa personne. Lui, ou plutôt ses fidèles lieutenants.
Comme l’écrivait lundi la rédaction de Slate, «le fait que des Italiens puissent soutenir l’agresseur sur Internet a choqué le gouvernement, qui manifestement n’a pas saisi l’humour». C’est le cas du ministre des politiques européennes, Andrea Ronchi, qui a trouvé «scandaleux et moralement inacceptable» ce qu’il pouvait lire sur les médias sociaux. La rigolade populaire lui piquait tellement les yeux qu’il a promis de demander au ministre de l’Intérieur la fermeture pure et simple «des sites faisant l’éloge de cette attaque lâche».
Qu’il se rassure, il a été reçu cinq sur cinq. Mardi, ledit ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, a servi une nouvelle louche devant le Parlement. Il a dénoncé une «campagne de haine» et rien de moins qu’une «dangereuse spirale d’émulation». L’affaire aurait pu s’arrêter à ces cris d’orfraie mais non, Maroni a annoncé qu’il proposerait une nouvelle loi d’ici mardi prochain, pour mieux encadrer «le sujet délicat de la liberté d’expression sur le web». Sans rire, les réseaux vont-ils essuyer les plâtres pour une pauvre statuette du Duomo?
Facebook et Youtube? “Indécents”
Pour parler vrai, le gouvernement italien n’en est pas à son coup d’essai. Le Cavaliere contrôle peut-être les télévisions (via son empire Mediaset), mais il craint le pouvoir d’Internet. En février déjà, il avait inclus dans un «paquet sécurité» la proposition de loi du sénateur centriste Gianpiero d’Alia condamnant lourdement «l’incitation à la violence» sur le web, en menaçant d’astreintes financières les fournisseurs d’accès qui ne supprimeraient pas les contenus non conformes. A 250.000 euros par jour, le tarif s’annonçait incitatif – ou dissuasif, question de point de vue.
Petit problème structurel : pour qui comprend un peu comment ça marche, les FAI n’ont pas ce pouvoir. Sauf à fermer complètement les sites… Ce qui était probablement le but de la manœuvre (dans plusieurs interviews, d’Alia a dénoncé Facebook et Youtube, «des sites indécents» à ses yeux). Finalement, le texte avait été abrogé par un amendement de l’opposition cet été. Pour autant, l’arsenal répressif n’est pas tout à fait vierge. Chez nos amis transalpins, il existe par exemple une loi qui oblige la plupart des blogs à s’enregistrer en temps qu’organismes de presse auprès de l’Ordre national des journalistes. Pour faciliter la riposte judiciaire du Berlu quand le ton monte?
Cité par le Christian Science Monitor, l’avocat Andrea Monti rappelle à toutes fins utiles que le gouvernement italien “s’est souvent appuyé sur le levier de la censure en ligne” quand les événements ne tournent pas dans le bon sens. Président d’une association pour la liberté numérique, il est en revanche très très courroucé par ceux qui ont soutenu Massimo Tartaglia, ce Noël Godin violent aux méthodes moins raffinées. Pour exprimer sa colère, il n’hésite pas à pousser le bouchon jusqu’au point Godwin. A ses yeux, les pages de fan créées immédiatement sur Facebook – et fermées depuis – peuvent être assimilées à du négationnisme, et leurs auteurs “veulent devenir des martyrs”. Qu’à cela ne tienne, les internautes italiens sont raides dingues de leurs amitiés numériques. Selon des chiffres fournis par l’entreprise de Mark Zuckerberg, ils étaient 216 000 sur Facebook en janvier 2008. Un an plus tard, ils passaient le cap des six millions.
Olivier Tesquet
(Photo : CC @Alessio85)
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par Olivier Tesquet, Olivier Tesquet. Olivier Tesquet a dit: [blog] #Berlusconi veut-il bannir Facebook? http://bit.ly/8mryTD […]
ceci me choque encore plus que l’aggression ou que son contrôle des misérables “chaines de télévision” (le truc de papy)
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heureuuuusement que la technologie a encore quelques trucs dans son sac pour rendre internet encore moins contrôlable. (à ce propos, vive la radio, vive wifi, vive 3G).
Cela laissera encore un peu d’air frais pour quelques années.
w berlusconi e grazie ad una opposizione cosi nulla, insi
gnificante, disorganizzata ed in lotta fra di loro,lo renderanno ancora più potenye, più amato e seguito. non possono dei cani sciolti, mal organizzati liquidare un fuoriclasse come Silvio.