Copenhague hiberne sur le Net

“Conférence de Copenhague, pour que rien ne soit plus comme avant”, nous promettaient les spots télé. Après le mini-scandale du Climategate, qui a entamé la confiance de certains dans la bonne foi des chercheurs, on aurait pu espérer un peu de transparence dans les négociations. A tout hasard, qu’une poignée de diplomates tienne le web informé des avancées du débat. En temps réel…

Le Sommet est matraqué dans les médias, personne ne le conteste. 3.500 journalistes accrédités, 300 kilomètres de câbles, 2.400 micros, les conditions sont réunies pour capter l’attention de la Terre entière sur le plus gros événement jamais organisé au Danemark. Et pourtant, il n’existe pas sur Twitter. Ou plutôt, il se traîne dans le gruppetto de l’info. Si j’insiste sur le réseau-phare du moment, c’est parce qu’il s’est imposé à de multiples reprises comme un électrocardiogramme branché sur les pulsations du monde entier. J’ai donc passé au scanner 100 tweets, estampillés #cop15, sélectionnés au hasard sur une période de 24 heures, dans la journée de samedi. Je n’ai peut-être pas tiré le bon lot, mais seulement 4 évoquaient des choses vues, entendues, débattues. C’est peu. Comme le montre très bien la courbe ci-dessous, la balise reste résiduelle.

Plus symptomatique encore, ses pics distordent le temps en imprimant un rythme différent du canal officiel (qui ne trouve pas le bon tempo – sur Twitter – ni le bon vocabulaire, sur son site). Prenez le 7 décembre, autour de 11h. Le sujet agite le réseau (0,36% des tweets, succès à relativiser)? Normal, le Sommet débute. 24 heures plus tard, les gazouillis produisent à nouveau du bruit. Cette fois-ci, ils réagissent à la mise en ligne sur le site du Guardian d’un brouillon d’accord (surnommé “Danish Text”), rédigé à plusieurs mains entre le Danemark, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Depuis, le flux ressemble à un grand huit à la cambrure si régulière qu’il donne un peu le tournis. Pas besoin d’être un statisticien de renom pour deviner ça : si le flot de l’info monte et descend de manière aussi constante, alors même qu’il agrège des messages du monde entier, c’est que le robinet est un peu bouché.

Heureusement, quelques initiatives nous permettent encore de jeter un oeil furtif derrière les portes fermées du Bella Center. Il y a d’abord Adopt a Negotiator, lancé par une quinzaine de “trackers”, tous investis dans l’écologie. Chaque jour, ils suivent les ambassadeurs de leur pays respectif, pour ensuite répercuter leurs informations aux internautes. Côté médias, le fil Twitter de Libération, notamment animé par les envoyés spéciaux Laure Noualhat et Christian Losson, distille suffisamment de “off” pour que les générations connectées se sentent concernées par le Sommet.

Je l’admets, mon jugement est peut-être un peu sévère. Il reste encore quelques jours de tractations. Jeudi dernier, Samuel Laurent, journaliste au Figaro, confirmait que l’Elysée ouvrira bel et bien un compte Twitter pour Nicolas Sarkozy (@elyseecop15) le temps de “sa” conférence, en fin de semaine. Il ne l’alimentera pas lui-même, passant le relais à ses équipes de communicants. Alors que l’arrivée de nombreux chefs d’Etat sur place congestionne un peu plus l’accès, j’ose espérer qu’une mise à jour est encore possible.

Olivier Tesquet

(Photo : Bella Center – Computer Rom / CC @wwf_france)

Un commentaire pour “Copenhague hiberne sur le Net”

  1. […] Ce billet était mentionné sur Twitter par Olivier Tesquet, Olivier Tesquet. Olivier Tesquet a dit: [blog] Copenhague hiberne sur le net https://blog.slate.fr/declassifies/2009/12/14/copenhague-hiberne-sur-le-net/ #cop15 […]

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