Vingt-deux heures trente, le 31 mars dernier. “Allons-y, débranchez, c’est terminé”, dis-je avec les dents serrées. Je marche, souffle court et poings crispés, dans le couloir de sortie du service de réanimation de l’hôpital de la Pitié Salpetrière. Un long “twiiiiiiiiit” caractéristique retentit derrière moi. Mon père vient officiellement de mourir, après six long mois d’agonie. Je viens pour ma part de basculer dans une tourmente jusqu’à lors ignorée : l’onéreux maelström administratif de la déclaration de décès et de l’organisation d’obsèques.
Malgré la fin évidente, nous ne nous étions pas préparés, absorbés par l’accompagnement aux derniers instants. Mon père était italien, ce qui n’a fait que compliquer les choses. Il a fallut découvrir “sur le vif”, étouffer tout de suite la douleur, et trouver des fonds importants -plusieurs milliers d’euros- pour ainsi dire du jour au lendemain. Pour éviter ces déconvenues au moment les plus difficiles, 4 millions de Français ont désormais choisi de prévoir le grand départ de leur vivant. Cela donne matière au développement exponentiel du secteur funéraire, puisque 50% de la population devrait avoir souscrit un contrat prévoyance d’ici 2050. La mort est un commerce comme les autres, un marché florissant, avec un chiffre d’affaire annuel de 1.2 milliard d’euros et elle tiendra d’ailleurs son propre salon en avril 2011.
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