Petite n’est pas le mot. Tout commence comme une indigestion, un poids sur l’estomac anesthésié. Une pulsation de chaleur, ni agréable, ni vraiment dérangeante, envahit peu à peu tout l’appareil digestif. On transpire à mesure qu’une première sensation d’euphorie gagne l’esprit. Ça va et ça vient; on reste conscient mais on ne contrôle pas. Les ombres se creusent à l’extrême. La perspective s’aplatit totalement. Les couleurs se font de plus en plus vives, à mesure qu’elles perdent leurs nuances. La lumière bave, comme sur une photo surexposée. D’un seul coup, la périphérie du champ visuel commence à se déformer. Les courbes se tordent, tout ce qui coule, tout ce qui brille, prend une forme fascinante. Le temps se distord tout comme le son. Le reste relève de l’expérience intime et échappe donc à toute description représentative. Cependant les vétérans du LSD et de ses dérivés s’accordent sur un point : ce que la pensée torturée par la drogue conçoit, l’œil le matérialise presque instantanément. Avec une surdose, les objets bougent, chimères et animaux peuplent le délire sur plusieurs jours, lorsque ce ne sont pas des flammes. S’en suit un infernal rodéo intérieur pour tenir fermement les rennes du mental…
Lundi 16 Novembre dernier, sur le parvis de la gare Montparnasse. J’attends sur la place vide la distribution d’une soupe populaire un peu particulière, « une bouffe gauloise », mais personne ne se montre à l’horizon. Seuls deux jeunes hommes, des éclaireurs me dis-je, attirent mon attention par leurs aller-retour répétés et entrecoupés de coups de fils fiévreux : la voie est libre. Un camion arrive, et rapidement une petite troupe se forme pour déployer tables et chapiteaux. C’est le cérémonial habituel qui précède la distribution de « soupe au cochon ». Cette activité, déclarée illégale par le Conseil D’État en Janvier 2007, vise à contrebalancer la discrimination dont souffriraient les SDF « Français de souche ». Au menu de ce soir ? De la quiche au lardon, de la soupe -au lard biensûr-, du poulet aux légumes et de la tarte. Le tout est arrosé de vin bon marché, un détail qui assure une bonne fréquentation. Les SDF, un peu timides, sont au rendez vous. Évidemment parmi eux, pas l’ombre d’une peau trop matte, d’une main de Fatma ou d’une étoile de David. C’est cet « esprit de sauvegarde ethnico-culturelle» qu’espère traduire politiquement le bloc identitaire. Le premier tour des élections régionales ce dimanche sera l’occasion d’un baptême du feu électoral pour la nouvelle formation apparue en avril 2003.
lire le billetOn ne finira pas de s’en étonner : des membres de l’UMP, à défaut de viser juste, envoient depuis quelque mois des signaux répétés en direction des filles joies. C’est pourtant Nicolas Sarkozy lui-même qui a porté l’offensive en 2003, avec l’invention du délit de racolage passif (article L50 de la loi de sécurité intérieure). Après la surprenante sortie de Christine Boutin sur les maisons closes, c’est au tour de la députée Chantal Brunel, porte parole de l’UMP, d’avoir déposé (en vain) un amendement visant à abroger l’article en question, dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes. Alors qu’approche la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle prévue ce jeudi, le bilan est jugé catastrophique par à peu près tout le monde, de la Brigade de répression du proxénétisme jusqu’aux abolitionnistes du Nid. Au Syndicat du travail sexuel (Strass), consulté par la députée UMP, les prostitué(e)s ne se font pas d’illusions. Mais tant pis pour la loi, un an tout juste après sa création, c’est une victoire pour l’organisation de sexworkers.
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