La pyramide alimentaire, c’est fini: dans le cadre de sa campagne contre l’obésité, la première dame Michelle Obama a présenté un nouveau système d’organisation des groupes alimentaires censé être beaucoup plus simple.
MyPlate est une assiette partagée en quatre sections –une pour les fruits, une pour les légumes, une pour les féculents et une pour les protéines–, avec un petit cercle à côté représentant les produits laitiers.
Son but est de rappeler aux Américains plus clairement les bases d’une alimentation saine, comme l’a expliqué Michelle Obama dans une conférence de presse:
«C’est un rappel simple et facile pour nous tous de faire plus attention aux aliments que nous mangeons. Nous sommes bombardés par tellement de messages diététiques qu’il est difficile de prendre le temps de trier toutes ces informations, en revanche nous avons le temps de regarder l’assiette de nos enfants.»
Si l’assiette ressemble à celle dessinée, avec une moitié de fruits et légumes, «c’est bon, et c’est aussi simple que ça». L’assiette servira aussi à communiquer sur le premier message de la campagne contre l’obésité américaine, qui appuie sur les fruits et les légumes.
Le site qui accompagne l’assiette détaille les façons de manger plus équilibré, donne des idées de recettes et s’intéresse aux cas plus particuliers des femmes enceintes ou des enfants.
Les nutritionnistes américains n’étaient pas convaincus par la pyramide alimentaire mise en place aux Etats-Unis en 1992, comme le montre la réaction de la prof de nutrition Marion Nestle devant MyPlate:
«C’est mieux que la pyramide, mais c’était pas très dur…»
Elle trouve l’assiette plus simple à comprendre que la pyramide, même si pour elle la partie étiquetée «protéine» est déroutante et pas nécessaire parce que les céréales et les produits laitiers contiennent également beaucoup de protéines, et que la plupart des Américains mangent beaucoup plus de protéines que ce dont ils ont besoin.
Pendant longtemps, la pyramide alimentaire détaillait les différents groupes et la quantité qu’on était censé en manger, montre Buzzfeed, qui revient sur les logos accompagnant les campagnes nutritionnelles américaines:
En 2005, les Etats-Unis ont voulu la simplifier: l’idée était d’épurer son logo –les gens iraient voir en ligne ce qu’il signifiait– et d’y ajouter l’importance de l’exercice physique. Mais le résultat donne plutôt l’impression qu’il faut monter des marches et que les couleurs c’est chouette. Ou bien qu’atteindre le sommet d’une pyramide franc-maçonne multicolore est un bon objectif de vie:
Sur The Atlantic, Marion Nestle revient sur les problèmes de la pyramide alimentaire:
1) La version de 1992 était très controversée, chez les industriels parce qu’elle conseillait de manger davantage certains aliments que d’autres, et chez les nutritionnistes parce qu’elle conseillait de manger trop de féculents.
2) La version de 2005 fait disparaître la notion de hiérarchie entre les différents aliments, mais les nutritionnistes n’avaient aucune idée de comment s’en servir. Il fallait pour cela obligatoirement visiter un site web, et elle était beaucoup trop compliquée.
En 2002, un chercheur de Harvard avait d’ailleurs fortement critiqué les deux versions de la pyramide alimentaire avant de la reconstruire. Walter Willett expliquait que la pyramide n’avait jamais été révisée depuis 1992, au point de devenir fausse vues les découvertes en nutrition. Elle affirmait par exemple que tous les gras étaient «mauvais».
Le Dr Willett a donc proposé une nouvelle pyramide. Parmis ses ajouts, une base non plus formée par les féculents mais par l’activité physique, des catégories qui font une différence entre les céréales complètes et le pain blanc ou riz blanc:
En France, un document du Programme National Nutrition Santé (PDF), qui gère ces thématiques, note que la pyramide alimentaire «prête à diverses interprétations» et que «son principe est en contradiction avec les repères de consommation» du programme.
CD
lire le billetSuccès d’audience sur le web, succès d’audience dans les magazines —et pas uniquement féminins—, succès des livres des stars internationales du régime (coucou Dukan!), abondance de diététiciens –ils sont plus de 6.000 à exercer en France. Notre quête du moins —bien— mieux—sainement manger est insatiable. Soit par manque de temps ou d’argent, soit par trop plein d’informations et d’influences extérieures, on ne sait plus ce qu’on devrait manger ni quand et comment on devrait manger.
Or ces décisions alimentaires ne nous satisfont pas: d’après les premiers résultats de l’étude NutriNet-Santé en novembre 2009 (qui veut suivre les mêmes sujets pendant au moins 5 ans, avec des questionnaires à remplir en ligne), non seulement 42% des hommes et 49% des femmes se trouvent trop gros, mais en plus 30% des femmes de poids normal se trouvent trop grosses (13% des hommes) et 63% des femmes de poids normal voudraient maigrir (30% d’hommes).
Pour enfin obtenir des réponses à toutes mes (nos?) questions, nous avons décidé d’ouvrir un blog sur le sujet: ça veut dire quoi, le «avec modération» du «manger de tout avec modération»? Pourquoi est-ce que mon collègue Grégoire n’arrive-t-il pas à s’empêcher de finir son assiette (voire mon assiette) alors qu’il n’a plus vraiment faim? Pourquoi les garçons (et Titiou —qui au passage considère que les viennoiseries ont leur propre groupe nutritionnel—) pensent-ils que les pommes de terre sont des légumes? Est-ce que c’est réellement possible de manger 5 fruits et légumes par jour? Est-ce qu’un chaton meurt qu’à chaque fois que je ne finis pas mon assiette? Peut-on manger ET bouger en même temps? Est-on foudroyé sur place de malnutrition si on ne prend pas de petit dej?
Je m’intéresserai aux études qui sortent sur le lien entre nourriture et santé, sur les régimes et la nutrition, aux questions très quotidiennes autant qu’aux grandes interrogations existentielles, bref à tout ce qui permettra de faire le tri entre toutes ces informations souvent contradictoires que Cosmo, Glamour, GQ, votre mère, vos collègues et l’étiquette de votre chocolat préféré assènent.
Attention, ceci n’est pas un blog régime. «Bien manger», c’est aussi justement réussir à ce que la nourriture reste un plaisir, sans les interrogations et/ou la culpabilité et les idées fausses qui vont avec. Et une habitude qui s’installe sur la durée, sans avoir à passer par des périodes de frustrations culinaires suivies de reprises de poids.
Ralliez-vous à ma quête du manger bien! J’ai besoin de votre aide: quelles sont les grandes questions existentielles que vous vous posez sur la nourriture? Et plus généralement, ça veut dire quoi pour vous «bien manger», et qu’est-ce qui vous en empêche au quotidien?
Premier épisode à venir: Faut-il manger 5 fruits et légumes par jour?
Cécile Dehesdin
PS: Un grand merci à Camille Bosqué, qui a réalisé la bannière de ce blog.
So Yummy, Mr. Uncooked Potato Dives Right into It / skippyjon via Flickr CC License By