Le svelte président des Etats-Unis s’est plusieurs fois laissé photographié pendant qu’il mangeait un repas s’apparentant à de la junk food… Le Physician Committee for Responsible Medicine (PCRM, un Comité de Médecins américains pour une médecine plus responsable, basé à Washington), demande officiellement au Président Obama d’arrêter de se montrer en public en train d’ingurgiter des burgers, frites et autres hot-dogs.
Ces médecins prévoient de lancer une pétition le 10 mai appelant à “un décret interdisant les séances de photos officielles qui montrent le Président, sa famille, le Vice-Président et les Membres du Cabinet du Président consommant des aliments malsains et transformés qui peuvent causer cancer et obésité” .
Sur leur site, les médecins du PCRM expliquent que “depuis sa prise de fonction, le president Obama a posé devant les appareils photos entre autres en train de manger un hot-dog à un match de basket avec David Cameron, en train de manger des cheeseburgers avec le russe Dmitri Medvedev, ou encore s’arrêtant dans un fast-food pour partager un burger avec un journaliste. Ses prédécesseurs, comme Bill Clinton, George W. Bush ou Ronald Reagan ont aussi été photographiés dégustant de la junk food, de la crème glacée ou un Big Mac.”
Pour le PCRM, ces photos de présidents sont plus médiatisées que les messages nutritionnels, et contribuent donc à l’ignorance dans ce domaine. Les médecins de l’association pensent aussi que ces séances photos, souvent organisées dans des restaurants, sont une bonne pub pour certains produits. Par exemple, Barack Obama aurait donné un coup de pouce publicitaire aux chaînes Five Guys Burger and fries en s’y arrêtant à Washington en 2009…
Selon USA Today, le docteur Susan Levin, directrice du Comité pour la thématique de l’éducation à la nutrition, déclare que “la Maison Blanche ne montrerait jamais la photo d’un Président avec une cigarette, alors pourquoi peut-on le montrer en train de manger des choses qui causent le cancer?”. Elle ajoute: “Hot-dogs, hamburgers et de nombreux autres aliments malsains tuent chaque année plus d’Américains que le tabac et coûtent plusieurs milliards aux contribuables en soins de santé. Le Président peut manger ce qu’il aime en privé, mais pas pendant des évènements publics. Nos dirigeants doivent être des modèles”.
Photo: DSC02626, Johnny Rocket’s, Redwood City, CA, USA/ jimg944 via FlickrCC License by
lire le billetSelon El Mundo, une nouvelle étude espagnole montre que le fast-food et les pâtisseries industrielles sont les ennemis de la santé cardiaque… mais aussi de la santé mentale. Les scientifiques de l’Universirté de Las Palmas aux Canaries et de l’Université de Navarre publient une recherche montrant que les consommateurs de pizzas, muffins, hamburgers et autres beignets ont plus de risques de développer une dépression.
Almudena Sánchez-Villegas, auteur principale de l’étude publiée dans le dernier «Public Health Nutrition», explique au Mundo: «Nous avons constaté que les participants ayant une consommation plus élevée de restauration rapide ont un plus grand risque de dépression que les participants n’ayant pas consommé ces aliments. Le risque est accru d’environ 40%».
«La dépression affecte 121 millions de personnes à travers le monde. […] Cependant, on sait peu de choses sur le rôle de l’alimentation dans le développements de troubles dépressifs. Mais des études antérieures suggèrent le rôle préventif de certains nutriments et aliments, tels que les vitamines B, les acides gras oméga-3 ou encore l’huile d’olive» développent les chercheurs dans l’introduction de leur étude.
Cette étude, initiée en 1999, a été menée sur 8964 participants ne présentant aucun diagnostic de dépression au début de l’enquête. Pendant 6 ans, ils ont rempli tous les deux ans un questionnaire sur leur mode de vie et leur consommation alimentaire. Au cours de cette période, 493 participants ont été diagnostiqués dépressifs.
L’analyse des résultats montre une relation positive entre la consommation de fast-food et de pâtisseries industrielles et le trouble dépressif. José Luis Carrasco, chef de l’Unité des troubles de la personnalité à l’Hôpital universitaire San Carlos de Madrid reconnaît que «les résultats de cette étude sont raisonnables et c’est quelque chose que nous voyons dans la pratique quotidienne. Mais on doit quand même rester prudent avec ces données qui suggèrent une causalité.»
Selon les auteurs de l’étude, «une possible explication est la présence importante de gras de type trans dans ce type d’alimentation. Ces gras peuvent avoir des effets négatifs sur différents systèmes biologiques, sur le risque de maladie cardio-vasculaire, mais aussi de dépression». Ils pourraient augmenter la production de cytokines inflammatoires, qui diminuent la synthèse des neurotransmetteurs (nécessaires pour la transmission nerveuse, et qui diminuent en cas de maladie mentale) et des neurotrophines, autres éléments liés au bon fonctionnement des neurones.
On peut aussi envisager la causalité inverse: les gens qui souffrent de dépression consomment davantage de junk food… Pour les chercheurs, ce n’est pas une explication, car «l’étude est basée sur des gens qui n’avaient pas de dépression quand ils ont commencé à répondre aux questionnaires».
Mais le Docteur Carrasco reconnaît que «les personnes déprimées ont tendance à manger plus mal et plus vite. Elles n’ont pas des habitudes de vie saines et le stress les empêche de s’assoir pour manger tranquillement. Comme dans cette étude les gens n’étaient pas déprimés à la base, il faut envisager deux explications au lien entre fast-food et dépression: une explication biologique, et une autre liée au tempérament».
«Le fast-food produit une satisfaction immédiate et une sensation de satiété. C’est comme les bonbons ou les gâteaux, qui sont des aliments créateurs de dépendance et qui attirent les personnes avec un certain type de tempérament. Si une personne à une vulnérabilité, une prédisposition à la dépression, une instabilité émotionnelle, elle a souvent des habitudes alimentaires basées sur les hamburgers, les pizzas, bref sur ce qui permet de manger en 5 minutes», continue le Dr Carrasco.
Dans tous les cas, El Mundo suggère de se protéger de la dépression avec un régime méditerranéen, riche en fruits, légumes, huile d’olive, noix et légumineuses.
Photo: Fast Food/ SteFou! via Flickr CC License by
lire le billetMoins grasse, moins sucrée. Plus fraîche, plus intéressante au goût. Même si la bonne street food n’est pas encore complètement entrée dans les mœurs françaises, on dirait bien qu’une «cuisine nomade» précise, saine et gourmande émerge doucement, pour s’éloigner de plus en plus de la junk food grassouillette des grandes chaînes de restauration rapide.
Qu’est-ce donc que cette cuisine des rues ou street food? Alexandre Cammas, fondateur du guide gastronomique du Fooding, donne sa définition: «C’est de la cuisine faite dans la rue, dans des conditions sommaires (petit espaces, préparations rapides…). Ou bien de la cuisine faite pour la rue, pour être appréciée quand on est en mouvement, mangeable facilement, souvent sans couverts. Ou les deux.»
La street food existe depuis des lustres dans les rues françaises, avec les jambon-beurre ou les crêperies au coin des cafés. Mais il s’agit d’une street food bien différente de celle que l’on trouve aux Etats-Unis ou en Asie, préparée directement dans la rue.
Pour Cyril Musy, rédacteur en chef du M.I.A.M., «magazine épicurien, gratuit et urbain», «la vraie street food, cuisinée dans la rue, n’existe en fait pas en France, à part avec les camions à pizzas ou les baraques à frites dans le nord.» Chez nous, on trouve donc pour l’instant essentiellement des échoppes ou petits magasins ayant pignon sur rue.
Parmi ces boutiques en tous genres, on assiste à l’apparition croissante d’une nouvelle génération de cuisine de rue: sandwicheries, saladeries, bars à soupe, bars à smoothies. Du beau, du bon, du frais, parfois bio, parfois classe. En tous cas du moderne.
Léa Fleuriot tient la sandwicherie «Du bout des doigts» à Paris, à deux pas des grands boulevards:
«La street food est devenue un besoin pour les gens. On a une clientèle de bureau qui veut manger vite mais bien, équilibré. Mais on a aussi de plus en plus de plaisir à grignoter sur le pouce le soir ou le week-end. Maintenant que tout ça n’est plus synonyme de malbouffe, l’intérêt est grandissant.»
Place alors aux bons produits, frais et choisis, pour des sandwichs à 5 euros et des poussières. Léa Fleuriot utilise par exemple dans ses sandwichs de la moutarde de Meaux, du poulet fermier, du beurre de Noirmoutier.
Les chaînes ne sont pas absentes du prêt à emporter «sain», comme par exemple Cojean et ses sandwichs diététiquement corrects ou Exki, au positionnement «natural, fresh & ready» (4,10 euros le sandwich à emporter au pain bio et saumon fumé).
Ceci dit, tout le monde part à la recherche de bons produits, même MacDo… Dans la lignée du Big Mac au pain complet, du Mac Cantal et du «Charolais» garanti origine France, la chaîne de fast-food prévoit de lancer en 2012 un sandwich à base de baguette, après avoir déjà introduit le pain français au menu des petits déjeuners.
lire le billetLongtemps, un des arguments justifiant la grande consommation de nourriture de type fast-food a été celui du coût: cela serait plus économique de manger un hamburger et des frites que de concocter un repas à la maison, qu’il soit plus équilibré ou non, en termes d’argent et de temps (Le temps, c’est de l’argent, dit-on). Pourtant, Mark Bittman, journaliste culinaire au New York Times, explique que des menus classiques de McDonald’s pour une famille composée de 4 personnes coûteront 2 plus cher qu’un poulet rôti accompagné de pommes de terres ou 3 fois plus cher qu’un riz aux haricots noirs avec lardons et poivrons (rice and pinto beans) préparés à la maison.
L’article de Mark Bittman a suscité de nombreux commentaires d’internautes, dont le New York Times a repris les plus éloquents. A l’image de ce témoignage d’une mère de famille qui pointe du doigt l’oubli principal de Mark Bittman, à savoir le temps passé à faire les courses, le temps à éplucher, couper, faire sauter des légumes ou autre tâche culinaire et le temps passé à débarrasser la table et nettoyer la cuisine alors qu’«une sortie au McDonald’s permet à la famille de passer du temps ensemble, que la nourriture leur soit apportée, qu’ils profitent du repas et quittent le restaurant tous ensemble en beaucoup moins de temps». Comme le remarque Mother Jones, si l’on se rapporte aux statistiques du salaire horaire médian américain, il faudrait ajouter près de 32 dollars pour deux heures passées à cuisiner un poulet-pommes de terre.
Mark Bittman le reconnaît, les personnes ne se rendent pas au fast-food seulement parce que la nourriture y est bon marché mais parce qu’ils sont fatigués et qu’ils ont été habitués à penser, à l’ère de la restauration rapide et des surgelés, que cuisiner des repas est un travail comme un autre.
Par ailleurs, comme le souligne Phil Covington pour TriplePundit, en référence au livre Le dilemme de l’omnivore de Michael Pollan, tant le marketing des chaînes de fast-food que la disposition des menus au comptoir incitent les consommateurs à consommer plus (le prix d’un simple hamburger est indiqué en petit à la différence des menus comprenant un hamburger, une frite et une boisson) et à avoir l’impression d’avoir un bon rapport quantité-prix. Par ailleurs, comme le souligne Mark Bittman, cela n’est pas partout aisé de trouver une épicerie à proximité de son domicile avec des prix abordables (le food desert, «désert alimentaire»), ne serait-ce même pour cuisiner des plats aussi caloriques que ceux des chaînes de fast-food.
Au-delà de l’argument financier ou géographique, la question est aussi celle des habitudes culinaires familiales: «Elever nos enfants à la maison de manière à ce qu’ils ne soient pas programmés à consommer de la nourriture rapidement préparée, mangée sur le pouce, calorique, faible en apports nutritionnels: leur donner le plaisir d’apprécier de se nourrir correctement en famille.»
J.C
Photo: Un hamburger yoppy via Flickr CC License by