Une équipe de chercheurs américains de l’Université de Cornwell vient de montrer que l’idée d’associer un super-héros à de bonnes habitudes alimentaires pouvait encourager les enfants à manger plus de fruits et de légumes.
Pour cette étude, publiée dans la revue Pediatric Obesity, les chercheurs ont demandé à 22 enfants de 6 à 12 ans s’ils préféraient les tranches de pommes crues (proposées dans certains fast-food aux Etats-Unis) ou les frites. Bien sûr, seulement 9% des enfants ont choisi les pommes.
Ensuite, on leur a montré des photos représentants 6 personnages «admirables» (comme Batman!) et 6 “moins admirables”, en demandant «est-ce que tu penses que cette personne commande des frites ou des pommes au fast-food?».
Selon l’hypothèse des chercheurs, les enfants qui pensent que les héros cool mangent sainement vont ensuite faire des associations positives et choisir eux-mêmes les pommes. A la fin, après la prise de conscience, 45% des enfants choisissent les tranches de pomme, comme Batman ou Spiderman qui sont des gens bien…
Donc, mentionner le nom et montrer la photo de Spiderman ou de l’un de ses confrères (peu après la sortie de films de plusieurs films de super-héros…) pourrait faire perdre de vue les alternatives moins équilibrées. L’étude conseille “aux parents de demander à l’enfant «qu’est ce que Batman (ou tout autre personnage admiré) mange?», cela pourrait rendre plus facile l’ingestion de nourriture saine…”
La Presse précise que la différence calorique n’est ici pas négligeable: une portion de tranches de pommes équivaut à 34 calories, contre 227 pour la portion de frites. Brian Wansink, un des chercheurs, explique au journal canadien l’utilité de ses conclusions: «si vous mangez au fast-food une fois par semaine, un petit changement d’habitude comme celui de troquer des frites contre les pommes pourrait éviter à vos enfants de prendre près de 1,4 kg par an».
Dans le journal 20 minutes suisse, la diététicienne Nicoletta Bianchi pense qu’il ne faut pas raconter de bobards aux enfants: «on ne voit jamais Batman manger! Déjà, si on va au McDo, ce n’est pas pour manger des pommes! Autant s’y rendre moins souvent mais leur laisser le hamburger-frites. Le coup du super-héros, ça marchera peut-être une fois, mais ça n’aura pas d’effet à long terme».
Photo: Spidermen/ Lora Rajah via Flickr CC License by
lire le billetSus aux graisses et aux sauces! Le gouvernement entend régenter par le menu les repas servis dans les cantines.
L’affaire est grave. Grave comme tout ce qui touche à la table dans un pays dont la gastronomie est désormais inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’humanité . Grave aussi en ce qu’elle concerne tous ceux (environ six millions d’enfants et un certain nombre d’adultes) qui goûtent, quotidiennement ou presque, aux délices des cantines scolaires. Et suffisamment grave pour que le gouvernement s’en saisisse toutes affaires cessantes ; avec ce décret-loi publié au Journal Officiel de la République française daté du 2 octobre.
Ce texte, signé de huit ministres (dont ceux de la défense et de l’intérieur) et secrétaires d’Etat concerne «la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire». Il y a là comme un parfum de déclaration de guerre.
Les mesures édictées sont entrées en vigueur dès le lendemain de la publication du texte et ce «dans les services de restauration scolaire servant plus de 80 couverts par jour en moyenne sur l’année». Conscient de l’état des troupes et des boutons de guêtres l’état-major laisse une petite année d’adaptation progressive aux services de l’arrière, ceux qui ont une activité moindre: les petites cantines des agglomérations isolées de nos campagnes.
L’affaire est urgente; l’ennemi n’est plus aux frontières mais bel et bien dans la place : ce sont les graisses et les sauces, le sel, le sucre et le feu des fourneaux. Il nous faut nous mobiliser et obtenir des plus jeunes qu’ils se tiennent droits à table.
L’heure n’est plus tant à «l’éducation du goût» qu’à l’apprentissage restrictif. Le bâton plus que la carotte. En cuisine on va voir ce que l’on va voir: les gestionnaires des services de restauration devront répondre à une batterie de nouvelles et drastiques exigences. On parle ici de la variété et la composition des repas, de la taille des portions, du service de l’eau, du pain, du sel et des sauces.
La feuille de route complémentaire figure dans un arrêté publié le même jour que le décret par le Journal Officiel. Extraits :
«Article 1
Les déjeuners et dîners servis dans le cadre de la restauration scolaire comprennent nécessairement un plat principal, une garniture, un produit laitier et, au choix, une entrée et/ou un dessert.
La variété des repas est appréciée sur la base de la fréquence de présentation des plats servis au cours de 20 repas successifs selon les règles fixées à l’annexe I du présent arrêté.
La taille des portions servies doit être adaptée au type de plat et à chaque classe d’âge. Les gestionnaires des restaurants scolaires doivent exiger de leurs fournisseurs que les produits alimentaires qu’ils livrent soient conformes aux valeurs précisées à l’annexe II du présent arrêté.Article 2
L’eau est à disposition sans restriction.
Le sel et les sauces (mayonnaise, vinaigrette, ketchup) ne sont pas en libre accès et sont servis en fonction des plats.
Le pain doit être disponible en libre accès.»
Mais le diable se nichant, comme toujours, dans les détails il fait se pencher sur les annexes I et II de cet arrêté pour mesurer l’ampleur des sacrifices à venir et, incidemment, la gravité du mal auxquelles étaient quotidiennement exposées les corps de nos très chères têtes blondes.
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