Wild Food, les nourritures féroces d’une plasticienne

«Fruits, légumes et pesticides au moins 5 fois par jour», «Au vrai goût d’arôme», «Génération bisphénol», voilà quelques slogans qui accompagnent les photos du projet Wild Food de la plasticienne Martine Camillieri, militante de la lutte contre l’objet de grande consommation en plastique qui submerge la planète. «Tout mon travail est basé sur le quotidien et l’hérésie de la surconsommation. Je pense que plus on multiplie l’utilité des objets, moins on aura d’objets…» explique-t-elle.

Pour Wild Food, son dernier projet de livre en cours de réalisation et de financement, Martine Camillieri est partie du constat de l’immensité du flot d’informations qui nous assaille sur la nourriture qui empoisonne. Elle a photographié les aliments mis en cause, transposés en plastique coloré, et leur a attribué des slogans publicitaires critiques comme «Just say no 2 GMO» (Dites juste non aux OGM) ou «Eau secours!». «Je symbolise mes inquiétudes face à la nourriture. Si ça continue comme ça, on va finir par ne manger que du plastique !» dit-elle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette démarche a commencé par un gros travail d’investigation. «Je suis tributaire de ce que je reçois, je ne suis pas scientifique» explique Martine Camillieri. A la fin du livre, il y aura des commentaires et des alternatives, pour aller plus loin… Le projet réunira donc ces images et des informations patiemment collectées pour expliquer chaque photo. Elle compte faire valider tout cela par des scientifiques.

Pour financer le livre, Martine Camillieri a choisi KissKissBankBank la «plate-forme de financement participatif dédiée aux projets créatifs et innovants»: «je veux que ce soit un livre voulu par les gens. C’est une petite participation pour essayer d’améliorer les choses». La collecte servira à éditer le livre Wild Food, et peut-être à monter une exposition, si la somme est dépassée.

Pour l’artiste, il s’agit d’un «livre-alarme» pour faire bouger les choses: «Je veux alerter les gens, pour qu’ils deviennent à leur tour alerteurs. J’aimerais par exemple que mon expo circule dans les écoles». Pour partager son indignation face aux nourritures qui empoisonnent… «Pour moi, tout est poison », ajoute-t-elle. «Après, c’est une question de dose, il faut jongler. Par exemple cette phrase sur les 5 fruits et légumes par jour, ça m’énerve, il faudrait au moins dire de les laver ou de les éplucher, car on utilise beaucoup trop de pesticides».


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lucie de la Héronnière

 

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Les mangeurs bio sont-ils snob?

Les mangeurs bio deviennent-ils peu à peu prétentieux et arrogants? C’est la thèse que défend une étude américaine parue dans le journal Social Psychological and Personality Science. Selon un article paru sur le site de 20minutes, les consommateurs de produits issus de l’agriculture biologique «seraient moins altruistes et porteraient des jugements moraux plus durs que les autres».

Kendall Eskine, prof de psychologie à l’Université de la Nouvelle-Orléans et directeur de cette étude, explique à MSNBC qu’il avait remarqué que beaucoup d’aliments biologiques portaient des terminologies morales, comme le Honest Tea (ou Thé Honnête). Il a donc voulu savoir si les consommateurs de bio étaient plus altruistes que les autres…

Il est arrivé à la conclusion suivante: «lorsque les gens s’auto-félicitent de leur comportement, ils deviennent moralisateurs et suffisants». En bref, l’auto-satisfaction rendrait méprisant envers les gens qui consomment moins «vert» ou «durable»… Selon les auteurs de l’étude, manger bio donnerait une «caution morale» qui inciterait ensuite à moins bien se comporter, tout en regardant de haut les mangeurs de fast-food et en jugeant sévèrement les acheteurs de légumes non bio.

Kendall Eskine ajoute que «les gens se sentent comme après avoir fait une bonne action. Ils ont ensuite comme une permission d’agir de manière non éthique par la suite. C’est comme quand vous aller à la salle de gym ou courir, après vous vous sentez bien dans votre peau et vous mangez une barre de chocolat»…

C’est ce qu’on peut appeler «l’équilibrage moral» ou «l’éthique de compensation». Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont divisé un groupe de soixante personnes en trois: le premier groupe a regardé des photos d’aliments bio. Le deuxième a eu droit à des images d’aliments «réconfortants» comme des cookies ou des brownies. Le dernier a pu observer des images de produits courants comme du riz ou de la moutarde. Après, les participants ont dû noter sur une échelle de 1 à 7 des situations moralement répréhensibles.

Conclusion, les personnes exposées au bio sont beaucoup plus sévères dans leurs jugements. Enfin, les chercheurs ont demandé aux participants combien de temps ils seraient prêts à accorder de l’aide à quelqu’un dans le besoin: la moyenne est de 13 minutes pour les «bio», 19 minutes pour les «produits courants» et 24 minutes pour les «gourmands».

Ceci dit, cette première étude observe des personnes qui ont été exposées à des images de certaines catégories d’aliments, et non des consommateurs réguliers… Kendall Eskine espère justement faire d’autres études complémentaires sur le sujet.

Photo: Small deluxe organic box/ WordRidden via FlickCC License by

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Faites la “Food Revolution”!

La Fondation Jamie Oliver lance la première édition du Food Revolution Day. Le 19 Mai, on va se mobiliser dans 45 pays du monde «pour une alimentation saine, joyeuse et durable».

Jamie Oliver, c’est le super médiatique chef anglais qui a publié plusieurs chouettes bouquins de cuisine et possède des restaurants à Londres et dans d’autres villes britanniques. Il est aussi militant pour le «bien manger», en partant du principe que l’obésité est causée par une alimentation industrielle trop riche. La fondation qui porte son nom a été créée pour promouvoir une alimentation équilibrée, par l’éducation au goût, l’apprentissage de la cuisine et le développement de l’utilisation d’aliments frais, à la maison, à l’école et dans les entreprises.

Jamie a donc imaginé dans son cerveau bouillonnant un événement international pour partager les bienfaits d’une «alimentation différente», «adopter une vraie philosophie de vie positive et poser un regard neuf sur nos habitudes alimentaires». Edouard Morhange, organisateur du Food Revolution Day en France, explique que “c’est une étape supplémentaire dans ce combat pour se réapproprier l’alimentation et lutter contre des maux qui tuent beaucoup dans nos sociétés”. Pour lui, “si on veut lutter contre la tendance à réchauffer des plats industriels tout prêts, l’éducation alimentaire à l’école est primordiale. Si on apprenait une dizaine de recettes à chaque enfant, les bénéfices sur la santé seraient énormes…”.

En quoi consiste cette journée du 19 mai? Il s’agit justement de nombreuses actions pour «promouvoir, éduquer et valoriser tous ceux qui se battent pour une alimentation plus saine». On pourra donc assister à des évènements de sensibilisation aux risques d’une mauvaise alimentation et de conseils en matière de choix alimentaires. Concrètement, il y aura des cours de cuisine, des visites de marchés de producteurs, des rencontres avec des acteurs de l’alimentation…

Sur la page Facebook et le site du Food Revolution Day,vous pouvez consulter les évènements qui auront lieu près de chez vous. En France les actions sont surtout à Paris, mais l’équipe espère susciter de l’enthousiasme pour pouvoir étendre plus largement l’évènement l’année prochaine. Par exemple, les parisiens pourront tenter un blind test organoleptique (en comparant les produits fermiers avec ceux issus de la grande distribution) à la Bellevilloise, un “pique-nique eat-in” (avec des petits plats frais et faits maison!) aux Buttes Chaumont, ou encore une visite des Jardins du Ruisseau

Chacun peut aussi monter un “dîner”, en s’engageant à acheter des produits frais, à les cuisiner et à partager un repas avec des amis, ce qui peut être l’occasion de se réunir autour d’une table et de valeurs. Et éventuellement de discuter de nouveaux projets de circuits courts, de jardins partagés…

Edouard Morhange précise qu’il y a de nombreuses initiatives (chaque organisateur est libre du format qu’il préfère) dépendant des pays, du mode de vie et des besoins des gens: “les idées partent de la base. On n’impose pas un modèle unique d’évènement”. Et cela parce que l’alimentation est “une préoccupation de citoyen, et pas seulement de consommateur”.

Lucie de la Héronnière

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Mangez vos épluchures et vos déchets!

Un «Osso-Bucco terre-mer au fumet de carcasses de crevettes», un «Couscous végétarien minute aux noyaux d’olives noires» ou un «Baba au sirop d’écorces d’ananas»… Voilà de bons petits plats mitonnés avec… des déchets. Un «gaspacho aux peaux de tomates et de poivrons», une «tuile de caramel à la peau de pêche» ou une «huile parfumée aux tiges de tomates»… En voilà d’autres préparés avec des épluchures.

Sonia Ezgulian, auteur de Les épluchures, 10 façons de les accommoder et Les déchets, 10 façons de les accommoder, aux éditions de l’Epure, est maître en la matière de recyclage des exclus des cuisines, la plupart du temps relégués au fond des poubelles ou donnés aux poules et aux cochons…

Quand elle tenait un restaurant, elle achetait des produits de bonne qualité et trouvait très dommage de devoir jeter une grosse partie des légumes cultivés sans traitement et avec beaucoup de soins… Elle a alors tenté de mettre les épluchures à la carte, d’en faire des plats beaux et bons, en sortant de la «cuisine ménagère» des mémés qui mettent discrètement des épluchures dans la soupe par-ci, par-là.

Une démarche originale pour bien manger… D’abord, utiliser un produit à 90% plutôt qu’à 70%, c’est écolo et économique. Sonia Ezgulian veut «rendre hommage aux bons produits» et «limiter leur gaspillage». Mais pour se permettre de cuisiner des trognons de pommes par exemple, il faut un bon produit à la base: «faire des économies, c’est acheter de la qualité».

Ensuite, les peaux des fruits et légumes abritent souvent une grosse partie des vitamines et les fibres. Donc les épluchures permettent de bénéficier davantage des bénéfices des produits. Mais pour ne pas avaler une tonne de pesticides (qui logent aussi dans la peau) au passage, il faut donc choisir des produits issus de l’agriculture biologique ou sans traitement.

Enfin, au point de vue du goût, on y gagne aussi. Selon Sonia Ezgulian, les noyaux d’excellentes olives peuvent par exemple donner un bouillon très concentré en goût. C’est donc une cuisine de crise, mais pas désespérante, plutôt joyeuse, joueuse et originale. Alors essayez de regarder vos épluchures de patates et vos arêtes de sardines avec un peu plus de tendresse !

Lucie de la Héronnière

Photo: Poires pelées/ fred_v via Flickr CC License by

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Plus de la moitié de la population mondiale se trouve grosse

The Nielsen Company a mené une étude sur les façons de «bien manger» dans le monde, en interrogeant 25 000 personnes dans 56 pays. On se rend compte que les gens de différents continents et de différentes cultures sont parfois d’accord sur les aliments «sains». Mais aussi sur les façons de perdre du poid…  Le site Good propose une infographie mondiale reprenant des chiffres de cette étude.

Où l’on apprend que dans le monde, 53% des personnes interrogées se considèrent en surpoids (contre 50% il y a 3 ans). Les chiffres varient de 48% en Asie Pacifique à 63% en Amérique du nord.

Comment est-ce que les personnes essayent de mincir dans le monde? L’infographie pose cette question globalement, mais ayons bien conscience que perdre des kilos est surtout une préoccupation de pays riches. Ajoutons que l’étude a été réalisée via le web, et qu’elle est donc «seulement représentative des consommateurs ayant un accès à internet». Bref, parmi ceux-là, 5% des sondés utilisent des médicaments et 13% des régimes spéciaux. Ouf, 69% essayent de faire plus d’exercice physique et 78% de changer leur façon de manger.

Autour de cette même étude, le Huffington Post ajoute que partout dans le monde les gens se méfient de ce qu’on leur raconte sur les étiquettes et les packagings des aliments. 70% des personnes sont sceptiques face au terme «naturel».  Et 58% sont souvent dubitatifs en lisant les infos de base, telles que le nombre de calories…

Devant tant de perplexité, les consommateurs font alors leurs choix d’aliments «sains» en fonction d’une combinaison de connaissances culturelles et d’informations nutritionnelles. Le Huffington Post propose un slide-show de photos plus ou moins appétissantes : jus de fruits aux additifs en Amérique latine, pain enrichi en vitamine en Amérique du nord, lait de soja en Asie ou encore beurre allégé en Europe…

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Passage de flambeau sur le blog

La présidentielle s’approchant, je délaisse malheureusement de plus en plus Quand l’appétit va. Mais on a beau élire un(e) président(e) dans quelques mois, on n’arrête pas pour autant de se poser des questions sur la façon de remplir nos assiettes… Je suis donc très contente de pouvoir passer le relais de ce blog à Lucie de la Héronnière, dont le nom ne devrait pas vous être complètement inconnu si vous lisez régulièrement ce blog. Merci de m’avoir suivie et lue et d’avoir fait part de votre expérience ou de vos questions. A bientôt sur Slate.fr, ou, qui sait, sur ce blog en tant qu’invitée!

Cécile Dehesdin

Je laisse Lucie se présenter dans ses mots:

Journaliste très intéressée par le contenu de mon assiette, je vais donc prendre le relais sur ce blog. Vous avez déjà pu me lire ici à propos du Restaurant universitaire et de la street food. J’ai aussi écrit un livre de recettes pour étudiants, après avoir vérifié dans les kitchenettes grenobloises que les étudiants n’étaient pas tant que ça des amateurs de junk food

J’en profiterai pour donner au blog une tournure un peu plus bloguesque, avec des formats variés: des «Lu, vu, entendu» et des articles de fond, mais aussi des interviews, chroniques, critiques, reportages ici et là.

«Quand l’appétit va» traitera toujours de «bien manger», de nos manières d’engloutir tout un tas de choses, du mieux qu’on peut… Cette thématique est très vaste à explorer: parce que parler de nos manières de (bien ou pas) manger permet de parler d’agriculture, de règles sociales, de convivialité, de marketing, de croyances, de consommation, de politiques…

Vous lirez donc des articles à propos de food trucks, d’orthorexie, d’huile de palme, de burgers, de packaging, de locavores, de légumes oubliés. Mais aussi d’alimentation dans les programmes des candidats, de bouquins intéressants, de marketing fou, de nutrition latino, de sociologie végétarienne et de plein d’autres choses encore.

N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires, suggestions, ou interrogations existentielles concernant vos assiettes.

A bientôt !

Lucie de la Héronnière

Photo: So Yummy, Mr. Uncooked Potato Dives Right into It / skippyjon via Flickr CC License By

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Maigrir grâce à l’économie

 

 

L’économiste Richard McKenzie propose dans les colonnes du Daily Beast un régime en 10 points reposant sur deux hypothèses inspirées de grands concepts économiques: plus la nourriture est ou semble chère, moins on en consomme, et un régime qui réussit est celui dans lequel les avantages obtenus sont plus importants que le sacrifice.

Parmi ces dix commandements, on retrouve notamment celui de payer ses courses en espèces pour en augmenter le prix ressenti, une technique dont nous vous avions déjà parlé dans ce blog. Comme le montrait cette étude publiée en 2010 dans le Journal of Consumer Research, tirer de son portefeuille des pièces et des billets est psychologiquement plus difficile que de payer avec une carte de crédit. Aussi, les clients des supermarchés payant par carte ont plus tendance à se laisser tenter par des produits peu sains que ceux choisissant les espèces.

Et puisque l’alcool n’est pas bon pour la ligne, Richard McKenzie conseille d’acheter du vin plus cher, que l’on prendra plus de temps à déguster et que l’on consommera ainsi moins souvent. De la même manière, mieux vaut selon lui manger moins souvent à l’extérieur, mais le faire dans des restaurants plus chics: les portions seront plus saines, et moins grosses.

Parmi les recommandations facilement réalisable, il préconise de déplacer le plus loin possible du bureau les chocolats de Noël restants afin que l’effort pour les atteindre devienne supérieur à l’envie de les manger, ou de jeter toutes ses grandes assiettes pour les remplacer par des petites dans lesquelles on a tendance à moins se servir. Attention toutefois, il ne suffit pas de changer d’assiettes pour maigrir, puisqu’une bonne volonté reste nécessaire pour ne pas se resservir et perdre ainsi les bénéfices de sa nouvelle vaisselle.

Changer d’amis peut aussi faire maigrir. Une proposition fondée sur des recherches qui sont arrivées à la conclusion que l’obésité serait contagieuse… Fréquenter des personnes de la même corpulence que soi peut en effet contribuer à rendre son obésité acceptable, tandis qu’avoir des amis plus minces que soi augmente le coût psychologique du surpoids et incite à y remédier.

Un autre conseil donné par l’économiste est de faire l’effort de partager davantage de repas avec des personnes du sexe opposé, puisque la tentation de faire d’eux des partenaires sexuels diminuerait la propension à se servir de grosses plâtrées.

Photo: Small french supermarket / François Schnell via FlickrCC License by

A lire aussi sur Slate:

Pourquoi les célibataires mangent de la salade?

 

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Les ventes de bières et fromages locaux en hausse aux Etats-Unis, grâce à la crise

Alors que la crise s’est officiellement terminée en 2009, le Wall Street Journal rapporte que les américains continuent de dépenser moins et d’épargner plus. Et pourtant un rapide coup d’œil dans les rayons des supermarchés aux Etats-Unis révèle que les ventes de yaourts grecs et de bières et fromages artisanaux grimpent. Pourquoi l’appétit des américains augmente pour ces mets luxueux quand leur budget diminue?
Parce qu’ils se privent de luxes encore plus chers. Comme les Américains vont moins au restaurant, ils sont plus enclins à dépenser davantage pour la variété, le côté pratique, et peut-être même pour leur santé. La multitude apparente des différents goûts, textures et formes des yaourts grecs, du fromage artisanal et de la bière locale leur donne l’impression de choisir dans un nouveau menu à chaque fois qu’ils vont au supermarché, alors qu’ils passent moins de temps à choisir un véritable menu.

«Il n’y aura jamais de crise pour la nourriture. Juste des gagnants et des perdants», affirme Harry Balzer, vice-président du groupe NPD, une entreprise de recherche en marketing pour consommateurs. Sans surprise, le plus gros perdant a été le restaurant. Les restaurants sont plutôt chers: les Américains mangent au restaurant un quart de leurs repas, pour à peu près la moitié de leur budget nourriture selon NDP.

Les gagnants ne sont pas seulement les produits les moins chers, mais ceux qui procurent de nouvelles expériences –et prennent moins de temps. «Les Américains sont toujours en quête de nouvelles versions de plats qu’ils aiment déjà», explique Balzer. «Mais ce n’est pas assez en période de crise, donc on voit des gens demander ‘Est-ce que ça va rendre ma vie plus facile?’»

Ceux qui travaillent dans ce secteur sont d’accords pour dire que les consommateurs trouvent que ces produits gourmets ont quelque chose de plus. «Le succès des fromages artisanaux ne vient pas simplement des gens riches qui ne savent pas quoi faire de leur argent», affirme Paul Kindstedt, auteur du livre American Farmstead Cheese. «Les gens recherchent de la meilleur nourriture, et un lien plus sain et naturel avec la production locale».

Les yaourts grecs satisfont cette envie de produits meilleurs pour la santé et plus pratiques à manger. «Les yaourts peuvent remplacer tout ce que vous prenez au petit-déjeuner- et même au déjeuner», remarque Harry Balzer. Les multiples variétés permettent aussi d’avoir une nouvelle expérience bien ciblée: telle marque pour les enfants, telle autre pour ceux qui sont au régime, les yaourts buvables pour ceux qui mangent en conduisant. Le fromage et la bière artisanaux sont tout aussi flexibles. On peut déboucher une bouteille avec un sandwich au fromage fondu – ou bien se servir une bière d’une édition limitée vieillie en barrique avec un plateau de gruyère affiné en cave.

La bière et le fromage artisanal et les yaourts grecs se mangent aussi bien en version sophistiquée que pour un repas simple. On peut les voir un peu comme la version culinaire d’un autre produit qui survit à la crise: la petite robe noire.

Cindy Y. Hong, traduit par Alexis Boisseau

Photo: Rayon de bières artisanales, le 6 octobre 2010. Beaufort’s TheDigitel  via Flickr CC Licence By

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Apprendre aux bébés à manger sain

Ñammmm!!!, Gonzalo Merat via Flickr, CC-Licence-by

Manger sainement s’apprend dès la naissance. «Nos régimes alimentaires ne sont pas sains, ça, on le sait», commence Brian Mossop sur le Scientific American. De récentes études ont montré par exemple que plus de la moitié de la nourriture pour bébés trouvée en supermarché contient trop de calories venant de sucres simples, et 12% de cette nourriture est trop salée. Selon Brian Mossop, nous pourrions peut-être apprendre très tôt à aimer les nourritures saines, quel que soit leur goût.

Le goût pour la saveur sucrée vient, selon lui, de l’évolution, car les choses sucrées donnent plus d’énergie. En revanche, par habitude, nous considérons la nourriture amère ou aigre comme mauvaise:

«Alors que nous développions une préférence innée pour les choses douces ou sucrées qui nous fournissaient de l’énergie, notre réaction aux autres goûts s’est développée pour nous protéger. Un goût amer signale souvent qu’une nourriture est toxique ou empoisonnée, un goût aigre peut nous faire soupçonner que quelque chose a fermenté ou s’est gâté, deux des aversion créées par l’évolution pour permettre aux cueilleurs de manger des choses naturelles sans être malade.»

Or, plusieurs études tendent à prouver que l’on peut être habitué très tôt (avant six mois) à manger de la nourriture saine, quel que soit son goût. Le plaisir pour les choses amères est en effet contrôlé par un gène qui s’active entre le cinquième et sixième mois. Selon Gary Beauchamp, un biopsychologue et expert en chimie des sens interrogé par Brian Mossop:

«Si l’on nourrit un bébé avec [une formule à base de caséine un peu amère et aigre, mais savoureuse] avant qu’il ou qu’elle ait quatre mois, la plupart l’accepte avec plaisir. Ils semblent l’aimer. Mais si vous commencez à le nourrir à cinq ou six mois, il est déjà trop tard

Brian Mossop commente:

«À cet âge là, la fenêtre d’influence s’est déjà fermée, et manger la solution de caséine ne procure absolument aucun plaisir».

C’est la preuve qu’il existe bien une période, très tôt dans la vie de l’enfant, pendant laquelle il peut accepter et apprendre à aimer (pour la vie) des saveurs qui lui sembleront autrement âcres, qu’elles soient présentes dans des aliments sains ou non.

Gary Beauchamp travaille en collaboration avec Wendy Sue Swanson, une pédiatre à l’hôpital pour enfants de Seattle, qui est de son avis. Elle recommande aux parents d’offrir aux enfants des fruits frais, et de la nourriture non transformée, et de leur apprendre «à chercher à boire de l’eau quand ils ont soif, et non des sodas ou des jus de fruits».

C.L.

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A la recherche du bien manger

Succès d’audience sur le web, succès d’audience dans les magazines —et pas uniquement féminins—, succès des livres des stars internationales du régime (coucou Dukan!), abondance de diététiciens –ils sont plus de 6.000 à exercer en France. Notre quête du moins —bien— mieux—sainement manger est insatiable. Soit par manque de temps ou d’argent, soit par trop plein d’informations et d’influences extérieures, on ne sait plus ce qu’on devrait manger ni quand et comment on devrait manger.

Or ces décisions alimentaires ne nous satisfont pas: d’après les premiers résultats de l’étude NutriNet-Santé en novembre 2009 (qui veut suivre les mêmes sujets pendant au moins 5 ans, avec des questionnaires à remplir en ligne), non seulement 42% des hommes et 49% des femmes se trouvent trop gros, mais en plus 30% des femmes de poids normal se trouvent trop grosses (13% des hommes) et 63% des femmes de poids normal voudraient maigrir (30% d’hommes).

Pour enfin obtenir des réponses à toutes mes (nos?) questions, nous avons décidé d’ouvrir un blog sur le sujet: ça veut dire quoi, le «avec modération» du «manger de tout avec modération»? Pourquoi est-ce que mon collègue Grégoire n’arrive-t-il pas à s’empêcher de finir son assiette (voire mon assiette) alors qu’il n’a plus vraiment faim? Pourquoi les garçons (et Titiou —qui au passage considère que les viennoiseries ont leur propre groupe nutritionnel—) pensent-ils que les pommes de terre sont des légumes? Est-ce que c’est réellement possible de manger 5 fruits et légumes par jour? Est-ce qu’un chaton meurt qu’à chaque fois que je ne finis pas mon assiette? Peut-on manger ET bouger en même temps? Est-on foudroyé sur place de malnutrition si on ne prend pas de petit dej?

Je m’intéresserai aux études qui sortent sur le lien entre nourriture et santé, sur les régimes et la nutrition, aux questions très quotidiennes autant qu’aux grandes interrogations existentielles, bref à tout ce qui permettra de faire le tri entre toutes ces informations souvent contradictoires que Cosmo, Glamour, GQ, votre mère, vos collègues et l’étiquette de votre chocolat préféré assènent.

Attention, ceci n’est pas un blog régime. «Bien manger», c’est aussi justement réussir à ce que la nourriture reste un plaisir, sans les interrogations et/ou la culpabilité et les idées fausses qui vont avec. Et une habitude qui s’installe sur la durée, sans avoir à passer par des périodes de frustrations culinaires suivies de reprises de poids.

Ralliez-vous à ma quête du manger bien! J’ai besoin de votre aide: quelles sont les grandes questions existentielles que vous vous posez sur la nourriture? Et plus généralement, ça veut dire quoi pour vous «bien manger», et qu’est-ce qui vous en empêche au quotidien?

Premier épisode à venir: Faut-il manger 5 fruits et légumes par jour?

Cécile Dehesdin

PS: Un grand merci à Camille Bosqué, qui a réalisé la bannière de ce blog.

So Yummy, Mr. Uncooked Potato Dives Right into It / skippyjon via Flickr CC License By

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