Le proverbe «Ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre» prend une nouvelle signification en Arabie saoudite alors qu’un restaurant de la ville de Dammam a décidé de faire payer une amende à ceux qui ne finiraient pas leurs assiettes, rapporte le site Gulf News.
Pour le propriétaire du restaurant Fahad Al-Anezi, cette mesure radicale vise à «réduire le gâchis alimentaire et l’extravagance des commandes». «Il y a beaucoup de clients qui passent de larges commandes pour impressionner les gens autour d’eux et stimuler leur prestige social», ajoute-t-il.
Le montant de l’amende est déterminé proportionnellement aux restes laissés. Soulignant que la mesure avait été bien accueillie par l’ensemble de ses clients, Fahad Al-Anezi ne semble pas motivé par l’appât du gain. «Nous voulons simplement encourager nos clients à rationaliser leurs dépenses alimentaires alors que la famine sévit en Afrique… Nous avons pris cette décision après avoir remarqué que des cliens commandaient plus de nourriture qu’ils n’en avaient besoin», dit-il au site émirati Emirates 24/7.
Fahad Al-Anezi n’est pas le premier restaurateur à ne pas supporter que ses clients ne finissent pas leurs assiettes. En juillet, un restaurateur suédois s’était énervé quand des clients, qui avaient payé pour une formule buffet à volonté, avaient réclamé un dessert alors qu’ils n’avaient consommé que la moitié de leurs plats principaux. Ils avaient été conduits à quitter le restaurant. «Je ne me soucie guère qu’ils aient une ou dix assiettes mais j’attends d’eux de manger toute la nourriture prise et de ne pas la gâcher. Vous pouvez vous asseoir ici toute la journée, mais ne jetez pas la nourriture», avait estimé Henrik Cui, rapporte le site britannique Metro.
Le site Kipp Report pèse le pour et le contre d’une amende. D’un côté, cela pourrait avoir un impact positif sur la quantité de nourriture –en excès dans certains restaurants– et la crainte d’une amende pourrait nous faire réfléchir sur nos habitudes alimentaires. D’un autre côté, la mesure, difficilement applicable sur le plan national, pourrait avoir un effet économique négatif sur les recettes du restaurant, privé d’une partie de sa clientèle effrayée à l’idée d’avoir à finir son assiette à la miette près ou à réfléchir à deux fois avant de tenter un nouveau plat qu’ils n’apprécieraient pas.
Photo: Restes d’un repas au restaurant freddie boy via Flickr CC License by
lire le billetÑammmm!!!, Gonzalo Merat via Flickr, CC-Licence-by
Manger sainement s’apprend dès la naissance. «Nos régimes alimentaires ne sont pas sains, ça, on le sait», commence Brian Mossop sur le Scientific American. De récentes études ont montré par exemple que plus de la moitié de la nourriture pour bébés trouvée en supermarché contient trop de calories venant de sucres simples, et 12% de cette nourriture est trop salée. Selon Brian Mossop, nous pourrions peut-être apprendre très tôt à aimer les nourritures saines, quel que soit leur goût.
Le goût pour la saveur sucrée vient, selon lui, de l’évolution, car les choses sucrées donnent plus d’énergie. En revanche, par habitude, nous considérons la nourriture amère ou aigre comme mauvaise:
«Alors que nous développions une préférence innée pour les choses douces ou sucrées qui nous fournissaient de l’énergie, notre réaction aux autres goûts s’est développée pour nous protéger. Un goût amer signale souvent qu’une nourriture est toxique ou empoisonnée, un goût aigre peut nous faire soupçonner que quelque chose a fermenté ou s’est gâté, deux des aversion créées par l’évolution pour permettre aux cueilleurs de manger des choses naturelles sans être malade.»
Or, plusieurs études tendent à prouver que l’on peut être habitué très tôt (avant six mois) à manger de la nourriture saine, quel que soit son goût. Le plaisir pour les choses amères est en effet contrôlé par un gène qui s’active entre le cinquième et sixième mois. Selon Gary Beauchamp, un biopsychologue et expert en chimie des sens interrogé par Brian Mossop:
«Si l’on nourrit un bébé avec [une formule à base de caséine un peu amère et aigre, mais savoureuse] avant qu’il ou qu’elle ait quatre mois, la plupart l’accepte avec plaisir. Ils semblent l’aimer. Mais si vous commencez à le nourrir à cinq ou six mois, il est déjà trop tard.»
Brian Mossop commente:
«À cet âge là, la fenêtre d’influence s’est déjà fermée, et manger la solution de caséine ne procure absolument aucun plaisir».
C’est la preuve qu’il existe bien une période, très tôt dans la vie de l’enfant, pendant laquelle il peut accepter et apprendre à aimer (pour la vie) des saveurs qui lui sembleront autrement âcres, qu’elles soient présentes dans des aliments sains ou non.
Gary Beauchamp travaille en collaboration avec Wendy Sue Swanson, une pédiatre à l’hôpital pour enfants de Seattle, qui est de son avis. Elle recommande aux parents d’offrir aux enfants des fruits frais, et de la nourriture non transformée, et de leur apprendre «à chercher à boire de l’eau quand ils ont soif, et non des sodas ou des jus de fruits».
C.L.
lire le billetSuccès d’audience sur le web, succès d’audience dans les magazines —et pas uniquement féminins—, succès des livres des stars internationales du régime (coucou Dukan!), abondance de diététiciens –ils sont plus de 6.000 à exercer en France. Notre quête du moins —bien— mieux—sainement manger est insatiable. Soit par manque de temps ou d’argent, soit par trop plein d’informations et d’influences extérieures, on ne sait plus ce qu’on devrait manger ni quand et comment on devrait manger.
Or ces décisions alimentaires ne nous satisfont pas: d’après les premiers résultats de l’étude NutriNet-Santé en novembre 2009 (qui veut suivre les mêmes sujets pendant au moins 5 ans, avec des questionnaires à remplir en ligne), non seulement 42% des hommes et 49% des femmes se trouvent trop gros, mais en plus 30% des femmes de poids normal se trouvent trop grosses (13% des hommes) et 63% des femmes de poids normal voudraient maigrir (30% d’hommes).
Pour enfin obtenir des réponses à toutes mes (nos?) questions, nous avons décidé d’ouvrir un blog sur le sujet: ça veut dire quoi, le «avec modération» du «manger de tout avec modération»? Pourquoi est-ce que mon collègue Grégoire n’arrive-t-il pas à s’empêcher de finir son assiette (voire mon assiette) alors qu’il n’a plus vraiment faim? Pourquoi les garçons (et Titiou —qui au passage considère que les viennoiseries ont leur propre groupe nutritionnel—) pensent-ils que les pommes de terre sont des légumes? Est-ce que c’est réellement possible de manger 5 fruits et légumes par jour? Est-ce qu’un chaton meurt qu’à chaque fois que je ne finis pas mon assiette? Peut-on manger ET bouger en même temps? Est-on foudroyé sur place de malnutrition si on ne prend pas de petit dej?
Je m’intéresserai aux études qui sortent sur le lien entre nourriture et santé, sur les régimes et la nutrition, aux questions très quotidiennes autant qu’aux grandes interrogations existentielles, bref à tout ce qui permettra de faire le tri entre toutes ces informations souvent contradictoires que Cosmo, Glamour, GQ, votre mère, vos collègues et l’étiquette de votre chocolat préféré assènent.
Attention, ceci n’est pas un blog régime. «Bien manger», c’est aussi justement réussir à ce que la nourriture reste un plaisir, sans les interrogations et/ou la culpabilité et les idées fausses qui vont avec. Et une habitude qui s’installe sur la durée, sans avoir à passer par des périodes de frustrations culinaires suivies de reprises de poids.
Ralliez-vous à ma quête du manger bien! J’ai besoin de votre aide: quelles sont les grandes questions existentielles que vous vous posez sur la nourriture? Et plus généralement, ça veut dire quoi pour vous «bien manger», et qu’est-ce qui vous en empêche au quotidien?
Premier épisode à venir: Faut-il manger 5 fruits et légumes par jour?
Cécile Dehesdin
PS: Un grand merci à Camille Bosqué, qui a réalisé la bannière de ce blog.
So Yummy, Mr. Uncooked Potato Dives Right into It / skippyjon via Flickr CC License By