On vous a beaucoup parlé des cantines scolaires françaises sur Quand l’appétit va. On ne pouvait que vous relater une jolie initiative ailleurs dans le monde qui –pour l’instant– se termine mal. Depuis début mai, l’Ecossaise Martha Payne, 9 ans, a ouvert un blog où elle poste tous les jours des photographies de ce qu’elle mange à l’école, avec le contenu de son plateau détaillé et noté: les aliments présents, le nombre de bouchées qu’elle a prises (pour mesurer les portions), si le repas était sain, s’il était bon, son prix, et même le nombre de cheveux retrouvés dedans (heureusement, 0).
>> Mise à jour: Martha a été réautorisée à photographier ses repas et à bloguer!
Never Seconds («jamais de rab») est devenu viral très rapidement, et des médias comme le Time Magazine, le Telegraph ou le Daily Mail ainsi que de nombreux blogs consacrés à la nourriture en ont parlé. Des enfants, ou des adultes déjeunant dans des cantines scolaires, se sont mis à lui envoyer des photos de leur repas, notés, depuis Israël, la Californie, l’Espagne ou le Japon. Martha a même eu l’idée d’encourager les gens à faire des dons à Mary’s Meals, une organisation caritative qui permet de payer des repas scolaires à des enfants en Afrique.
[Mise à jour: avec la polémique autour de l’arrêt forcé du blog de Martha, sa page de dons pour Mary’s Meal a explosé les compteurs. Elle voulait lever 7.000£. Ce vendredi 15 juin, les dons sont passés de 2.500£ à 11h à plus de 16.000£ à 14h15! Soit l’équivalent d’au moins deux cuisines, d’après ses calculs.]
Martha, qui signe ses posts «Veg», a même eu droit à l’attention de Jamie Oliver, le chef anglais qui a fait évoluer la nourriture scolaire en Angleterre grâce à une série d’émissions télévisées. Il lui a envoyé une copie dédicacée d’un de ses livres en l’encourageant à continuer.
Sauf que Martha risque de ne pas continuer, comme le rapporte Wired. Ce mercredi 14 juin, elle a posté un billet expliquant:
«Ce matin en cours de maths on m’a fait sortir de la classe pour m’emmener dans le bureau de ma prof principale. On m’a dit que je ne pourrai plus prendre de photos de mes repas à la cantine à cause d’un gros titre de la presse aujourd’hui.
J’écris seulement mon blog, pas des journaux, et je suis triste de ne plus avoir le droit de prendre de photos. Ça va me manquer de partager et noter mes repas, et de voir les photos des vôtres également.»
Son père –qui l’a aidée à créer le blog mais ne gère pas son contenu, précise Wired– a rajouté quelques mots, précisant que l’école de Martha avait été super et les avait soutenus, et que c’était le Argyll and Bute Council, le conseil régional, qui avait décidé d’interdire ces photographies. Plusieurs médias britanniques tentent de contacter ce conseil.
Dans ses premiers billets, les repas de Martha n’étaient pas fameux: une croquette de pomme de terre et une part de pizza, peu de légumes, de quoi inquiéter son père (et ses lecteurs). Elle a rapidement été interviewée par la BBC locale, en même temps qu’une représentante de la région affirmant que Martha faisait de «mauvais choix» à la cantine et qu’il y avait bien sûr toujours des tomates cerises et autres salades disponibles, ce à quoi Martha a répondu qu’elle n’en avait jamais vu. Les tomates cerises sont apparues avec l’attention médiatique, et grâce au blog les enfants ont appris qu’ils avaient le droit à autant de pain, de fruits et de salades qu’ils le voulaient (apparemment ça avait toujours été le cas mais ils n’étaient pas au courant, et pensaient notamment qu’ils devaient finir leur assiette s’ils voulaient avoir droit à un fruit).
Comme le note Wired, «on s’angoisse pour réussir à rendre les enfants enthousiastes à propos de la nourriture saine, à faire qu’ils ne préfèrent pas ce qui est mauvais pour eux, qu’ils ne gâchent pas ce qui est bon pour eux […] et voilà qu’une enfant, par sa propre créativité et curiosité, fait tout ça, et enthousiasme des enfants dans le reste du monde. Et voilà qu’on la réprimande. Insupportable».
Wired encourage les internautes à écrire au Argyll and Bute Council sur leur page de contact, ou à leur parler sur Twitter. Sur le réseau social, des dizaines de messages sont envoyés à @argyllandbute par minute, par des gens énervés de leur décision. Des centaines de commentaires encouragent Martha à continuer sans photographie (mais, comme elle l’expliquait un jour où elle avait oublié son appareil, elle ne trouve pas juste de noter un repas que ses lecteurs ne peuvent pas voir), en dessinant par exemple.
C. D.
lire le billetMichael Bloomberg, le maire de New York, envisage d’interdire la vente des boissons sucrées et sodas de plus d’un demi-litre dans les cinémas, les échoppes de rue et les restaurants. Selon le New York Times, la mesure ne s’appliquerait pas aux boissons gazeuses light, aux jus de fruits, aux boissons lactées comme les milk-shakes ou au boissons alcoolisées.
Dans une ville où plus de la moitié des adultes est obèse ou en surpoids, Thomas Farley, commissaire à la santé, rend les boissons sucrées responsables de la moitié de l’augmentation de l’obésité dans la ville au cours des 30 dernières années. Un tiers des New-Yorkais boit une ou plusieurs boissons sucrées chaque jour…
Stefan Friedman, le porte-parole de l’Association de la boisson de New York, représentant l’industrie du soda, a largement critiqué la proposition du maire: «le département de la santé de la ville de New York a une obsession malsaine à attaquer les boissons gazeuses (…). Il est temps pour les professionnels de santé d’avancer et de trouver des solutions qui vont effectivement lutter contre l’obésité. Ces mesures zélées servent juste à détourner l’attention…».
La proposition doit passer par le Conseil de la Santé. Cela ne devrait pas poser de problème, puisque ses membres sont nommés par Bloomberg lui-même. Il a déclaré qu’il ne prévoyait pas d’effet négatif sur les entreprises locales, et suggéré que les restaurant pourraient toujours augmenter les prix des boissons de petits formats s’ils voyaient leurs bénéfices diminuer…
Pour The Salt, le blog food de Npr, cette mesure ne va en rien changer les habitudes des buveurs de soda ni faire baisser le nombre d’obèses. David Just, qui enseigne le comportement économique à la Cornell University, est «extrêmement sceptique». Pour lui, la manière dont la proposition est structurée va juste provoquer des rebellions… Tout simplement, les gens qui veulent boire beaucoup de soda vont être amenés à acheter deux portions plus petites… De plus, les énormes gobelets de jus de fruit ou de cappuccinos bien sucrés, non concernées par la mesure, contiennent aussi un nombre de calories aussi très élevés.
Michael Blommberg n’en est pas à son coup d’essai contre l’obésité. Depuis plusieurs années, les chaînes de fast-food de New-York doivent inscrire le nombre de calories en face de chaque plat et boisson, tandis que les gras trans artificiels ont été interdits dans les restaurants. Enfin, cet hiver, une campagne de pub choc avait déjà suggéré aux habitants de réduire leurs portions de soda XXL.
Photo: Untitled/ wholehole via FlickCC License by
lire le billetDans le journal Libération d’hier, un inquiétant article intitulé Japon: l’assiette aux becquerels évoque les retombées de Fukushima dans l’alimentation des Japonais. Et donc les forts relevés en becquerels, l’unité internationale pour mesurer la radioactivité. Pour plus de détails, un article de Sciences et Avenir publié en mars explique très bien comment on calcule les valeurs limites dans les aliments…
Les consommateurs décryptent maintenant précisément les étiquettes des produits et les taux de radioactivité: les Japonais ont de plus en plus de doute sur le système de surveillance. L’envoyé spécial de Libé a ainsi rencontré Yukiko Tsujiyama, une femme qui fait ses courses avec un dosimètre pour contrôler scrupuleusement les niveaux de radiation. Elle suit sur Twitter les communiqués des ministères pour avoir des infos fraîches sur la sécurité alimentaire et ses normes changeantes. Elle a aussi arrêté de faire ses courses au marché et dans les centres commerciaux, pour commander par exemple sur le site Daichi Wo Mamoru Kai (Association pour la préservation de la Terre).
Le reportage évoque aussi Nahoko Nakamura, analyste du réseau indépendant chargé des mesures de la radioactivité. Elle s’alarme de certains taux prélevés sur des champigons shitake ou des anguilles… La française Martine Carton, mariée à un Japonais, fait quant à elle des mesures sur les aliments avec un spectromètre acheté 8000 euros. Si le relevé n’est pas de 0 becquerel, pas question d’y toucher.
Les normes sont fixées par le gouvernement et ont évolué depuis la catastrophe. Roland Desbordes, président de l’association française Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), explique à Libération: «Ce sont des quantités faibles dans l’absolu. Mais elles s’accumulent car depuis un an, les Japonais ont déjà avalé beaucoup de becquerels. Il y a un risque de développer des cancers, des pathologies immunitaires et cardiaques».
Il n’y a pas vraiment de stratégie cohérente de la part du gouvernement, et il est impossible de mesurer la radioactivité de la totalité de la nourriture vendue dans une ville de 35 millions d’habitants comme Tokyo… Pendant ce temps là, des cas de fraude à l’étiquetage ont été constatés dans les supermarchés. Pas de quoi rassurer les Japonais. Une franco-Japonaise précise: «le lait, l’eau, la viande, les légumes, tout pose question. On se demande s’il vaut mieux manger des aliments chinois aux pesticides ou bien ceux de Fukushima irradiés.»
Pendant ce temps là, on vient juste d’apprendre que des thons rouges pêchés en Californie quelques mois après Fukushima ont peut-être transporté des matériaux radioactifs depuis le Japon.
Photo: In our local supermarket – Nishi-Ogikubo/ dlisbona via FlickCC License by
lire le billetLes Anglais ont aussi leur rengaine des 5 fruits et légumes par jour, le «Five-a-day». Dans un article intitulé «Fruitizz, une boisson aux fruits… et aux dix cuillères à café de sucre», Rue89 explique que McDonald’s essaye de se plier à cette règle en Grande-Bretagne. Après les fruits à croquer dans les Happy meals, le géant du fast-food lance Fruitizz, en collaboration avec Coca-Cola. Il s’agit d’une boisson pétillante à base de fruits…
Sur le site britannique de McDonald’s, Fruitizz est présentée comme «pleine de bulles et fruitée. Elle contient du raisin, de la pomme, du jus de framboise et de l’eau pétillante. Il n’y a pas de sucre ajouté ni de colorants et goûts artificiels et c’est l’un des cinq fruits dont votre enfant a besoin chaque jour».
Quoi, une dose de fruit, vraiment? Mais alors, «un fruit saupoudré de 12 cuillères de sucre» comme l’affirme Rue 89: «Fruitizz est aux fruits ce que la pizza est aux légumes». La nouvelle boisson contient en effet 49 g de sucre dans 50 cl, soit l’équivalent d’un Fanta et un peu moins qu’un Coca (56 g). Et ce, alors que les besoins journaliers d’un enfant –à qui se destine d’abord cette boisson– sont de 50 g par jour.
Des voix s’élèvent… Tam Fry, du Forum National sur l’obésité, déclare au Sun que “pour une boisson censée être saine, la dose de sucre est épouvantable. Le danger pour les enfants est incroyable”. Pour la diététicienne anglaise Crisrina Merryflield, “l’eau est une meilleure option. Ou le lait puisqu’il apporte du calcium et des vitamines et minéraux”.
Chez MacDo, on défent le bébé… Un porte-parole de McDo explique au Daily Mail: «il est très difficile de réduire les calories contenues par les jus de fruits sans introduire de sucres artificiels. Comme tous les jus de fruits, Fruitizz contient des sucres naturels qui viennent des fruits et c’est pour cela que Fruitizz correspond à une des cinq portions de fruits et légumes nécessaires.»
McDonald’s aurait passé 3 ans à développer cette boisson qui selon ses créateurs “plait aux enfants et a en même temps des bénéfices nutritionnels”. Pour l’instant, le breuvage controversé ne va pas sortir d’Angleterre. Sa commercialisation pourrait être étendue aux Etats-Unis dans l’année, mais rien n’est prévu en France.
photo: Department 56 Mcdonald’s Sign / Lunchbox photography via Flickr CC License By
lire le billetLa Fondation Jamie Oliver lance la première édition du Food Revolution Day. Le 19 Mai, on va se mobiliser dans 45 pays du monde «pour une alimentation saine, joyeuse et durable».
Jamie Oliver, c’est le super médiatique chef anglais qui a publié plusieurs chouettes bouquins de cuisine et possède des restaurants à Londres et dans d’autres villes britanniques. Il est aussi militant pour le «bien manger», en partant du principe que l’obésité est causée par une alimentation industrielle trop riche. La fondation qui porte son nom a été créée pour promouvoir une alimentation équilibrée, par l’éducation au goût, l’apprentissage de la cuisine et le développement de l’utilisation d’aliments frais, à la maison, à l’école et dans les entreprises.
Jamie a donc imaginé dans son cerveau bouillonnant un événement international pour partager les bienfaits d’une «alimentation différente», «adopter une vraie philosophie de vie positive et poser un regard neuf sur nos habitudes alimentaires». Edouard Morhange, organisateur du Food Revolution Day en France, explique que “c’est une étape supplémentaire dans ce combat pour se réapproprier l’alimentation et lutter contre des maux qui tuent beaucoup dans nos sociétés”. Pour lui, “si on veut lutter contre la tendance à réchauffer des plats industriels tout prêts, l’éducation alimentaire à l’école est primordiale. Si on apprenait une dizaine de recettes à chaque enfant, les bénéfices sur la santé seraient énormes…”.
En quoi consiste cette journée du 19 mai? Il s’agit justement de nombreuses actions pour «promouvoir, éduquer et valoriser tous ceux qui se battent pour une alimentation plus saine». On pourra donc assister à des évènements de sensibilisation aux risques d’une mauvaise alimentation et de conseils en matière de choix alimentaires. Concrètement, il y aura des cours de cuisine, des visites de marchés de producteurs, des rencontres avec des acteurs de l’alimentation…
Sur la page Facebook et le site du Food Revolution Day,vous pouvez consulter les évènements qui auront lieu près de chez vous. En France les actions sont surtout à Paris, mais l’équipe espère susciter de l’enthousiasme pour pouvoir étendre plus largement l’évènement l’année prochaine. Par exemple, les parisiens pourront tenter un blind test organoleptique (en comparant les produits fermiers avec ceux issus de la grande distribution) à la Bellevilloise, un “pique-nique eat-in” (avec des petits plats frais et faits maison!) aux Buttes Chaumont, ou encore une visite des Jardins du Ruisseau…
Chacun peut aussi monter un “dîner”, en s’engageant à acheter des produits frais, à les cuisiner et à partager un repas avec des amis, ce qui peut être l’occasion de se réunir autour d’une table et de valeurs. Et éventuellement de discuter de nouveaux projets de circuits courts, de jardins partagés…
Edouard Morhange précise qu’il y a de nombreuses initiatives (chaque organisateur est libre du format qu’il préfère) dépendant des pays, du mode de vie et des besoins des gens: “les idées partent de la base. On n’impose pas un modèle unique d’évènement”. Et cela parce que l’alimentation est “une préoccupation de citoyen, et pas seulement de consommateur”.
Lucie de la Héronnière
lire le billetLe svelte président des Etats-Unis s’est plusieurs fois laissé photographié pendant qu’il mangeait un repas s’apparentant à de la junk food… Le Physician Committee for Responsible Medicine (PCRM, un Comité de Médecins américains pour une médecine plus responsable, basé à Washington), demande officiellement au Président Obama d’arrêter de se montrer en public en train d’ingurgiter des burgers, frites et autres hot-dogs.
Ces médecins prévoient de lancer une pétition le 10 mai appelant à “un décret interdisant les séances de photos officielles qui montrent le Président, sa famille, le Vice-Président et les Membres du Cabinet du Président consommant des aliments malsains et transformés qui peuvent causer cancer et obésité” .
Sur leur site, les médecins du PCRM expliquent que “depuis sa prise de fonction, le president Obama a posé devant les appareils photos entre autres en train de manger un hot-dog à un match de basket avec David Cameron, en train de manger des cheeseburgers avec le russe Dmitri Medvedev, ou encore s’arrêtant dans un fast-food pour partager un burger avec un journaliste. Ses prédécesseurs, comme Bill Clinton, George W. Bush ou Ronald Reagan ont aussi été photographiés dégustant de la junk food, de la crème glacée ou un Big Mac.”
Pour le PCRM, ces photos de présidents sont plus médiatisées que les messages nutritionnels, et contribuent donc à l’ignorance dans ce domaine. Les médecins de l’association pensent aussi que ces séances photos, souvent organisées dans des restaurants, sont une bonne pub pour certains produits. Par exemple, Barack Obama aurait donné un coup de pouce publicitaire aux chaînes Five Guys Burger and fries en s’y arrêtant à Washington en 2009…
Selon USA Today, le docteur Susan Levin, directrice du Comité pour la thématique de l’éducation à la nutrition, déclare que “la Maison Blanche ne montrerait jamais la photo d’un Président avec une cigarette, alors pourquoi peut-on le montrer en train de manger des choses qui causent le cancer?”. Elle ajoute: “Hot-dogs, hamburgers et de nombreux autres aliments malsains tuent chaque année plus d’Américains que le tabac et coûtent plusieurs milliards aux contribuables en soins de santé. Le Président peut manger ce qu’il aime en privé, mais pas pendant des évènements publics. Nos dirigeants doivent être des modèles”.
Photo: DSC02626, Johnny Rocket’s, Redwood City, CA, USA/ jimg944 via FlickrCC License by
lire le billetCinquième épisode du tour du monde du bien manger de Maud Descamps
J’avais connu le pire à Dunedin dans le sud du pays, mais mon parcours gustatif en Nouvelle-Zélande s’est sensiblement amélioré au fil des jours pour atteindre le pur plaisir à Napier, région viticole où l’on sait recevoir le voyageur.
Il faudra des années pour que la Nouvelle-Zélande devienne un pays hautement gastronomique. Les scories d’une mauvaise cuisine british souillent encore trop souvent les assiettes, vous poussant à vous demander si le chef du pub dans lequel vous avez atterri après avoir tourné en vain dans les rues de Dunedin vous en veut personnellement.
D’abord il y a la serveuse qui vous rappelle que la cuisine ferme dans dix minutes. Mais il n’est que 20h20! Inutile de contester, ici on mange tôt. Vient ensuite la carte, variée certes, mais les prix affichés réduisent sensiblement le choix. Alors ce sera saucisses-purée avec oignons caramélisés. Au moins on limite les risques…
Arrive alors l’assiette, longuement attendue en sirotant une bière blonde maison pas trop mauvaise. Quatre gigantesques saucisses –genre andouillettes– échouées tels quatre petits baleineaux sur une mer de purée industrielle gisent devant moi. Rien qu’à les observer je n’ai déjà plus faim. Faut-il les secourir?
Je plonge ma fourchette dans la masse dense et ferme et commence à découper avec précision une tranche de mon «festin». La première bouchée est douloureuse. Puis il y a la purée et enfin la bière qui aident à avancer. Mais en milieu de course je cale. Mon corps dit non.
La serveuse débarrasse l’assiette. Mon corps se sent mieux. La serveuse m’apporte l’addition et une petite boite en polystyrène. Je l’ouvre, curieuse. Surprise! Les trois petits baleineaux que j’avais osé abandonner sont là, posés sur quelques restes de purée et d’oignons. La culpabilité me gagne… lorsque je fais glisser la boîte dans la poubelle postée à la sortie du pub.
Je décide d’attendre d’être à Auckland, capitale économique du pays, pour retenter l’expérience. Si les cartes affichent désormais toutes sortes de cuisines du monde dans les multiples restaurants du centre, les fast-foods semblent tout de même avoir gagné la partie. Difficile de discerner les façades de Queen street, dans le centre-ville, cachées derrières les enseignes lumineuses qui se chevauchent presque.
Derrières les immenses vitres, ce sont surtout des ados –maoris dans plus de 70% des cas– qui passent commande au caissier guère plus âgé qu’eux. Plus de la moitié des jeunes que je vois est en surpoids. Pas vraiment une surprise dans un pays où l’obésité touche jusqu’à 25% des enfants et jusqu’à 44% de adultes maoris. Une population plus encline à la prise de poids et plus touchée par la pauvreté.
«La plupart de mes patients sont maoris, quasiment tous sont en surpoids et présentent des problèmes de diabète. On constate surtout, et comme dans n’importe quel pays industrialisé, une mauvaise alimentation liée directement à la paupérisation d’une catégorie de la population», m’explique Jason, un jeune médecin généraliste qui quitte Auckland pour s’installer du côté de Napier, sur la côte est.
C’est à Napier, capitale de l’art déco, que cette balade gustative prend enfin du corps. Duncan Mc Lean, éleveur à Hawkes Bay, est à peine surpris par mon expérience malheureuse. «Il y a quinze ans, il n’y avait même pas de pizza en Nouvelle-Zélande. Moi j’ai grandi avec la viande de mouton qu’on mangeait midi et soir accompagnée de pommes de terre», se rappelle mon ami fermier. «Aujourd’hui on trouve un peu de tout dans les restaurants à condition d’y mettre le prix», précise-t-il. Pas évident en effet de trouver un plat convenable à moins de 25 dollars australiens (19 euros).
J’oublie alors l’expérience de Dunedin et des baleineaux et prend place autour de la grande table en bois de Duncan et Eleonor, son épouse. D’abord on débouche une bouteille de merlot du vignoble voisin, puis Eleonor sort quelques côtelettes d’agneau grillées au four et des tranches de chevreuil accompagnées de pommes de terre et de haricots. «Voilà un repas typique», me lance l’institutrice en découpant la viande rosée.
L’agneau fond sur ma langue tandis que le chevreuil se couperait presque avec une fourchette. Duncan me ressert du vin. La France n’est pas très loin, à la seule différence qu’ici l’agneau est bien meilleur!
lire le billetLa journaliste globe-trotteuse Maud Descamps a entamé un tour du monde d’un an au mois de septembre. En plus de sa chronique un samedi sur deux dans les Carnets du monde sur Europe 1, elle raconte pour Quand l’appétit va ses découvertes culinaires au fur et à mesure de son périple. Passionnée de cuisine et de bonne bouffe, Maud a éduqué son palais du côté de Lille pendant vingt ans, avant d’aller l’affiner dans le sud-ouest, à Toulouse, puis en Australie. Suivez-là sur twitter!
Athena Hohenberg est une maman américaine. Son histoire est racontée par le Monde.fr: elle vit à San Diego et gave son enfant de Nutella. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte que la pâte à tartiner n’est pas vraiment un produit diététique et sain… En février 2011, elle décide alors d’intenter une action en nom collectif contre l’entreprise Ferrero, en argumentant que la publicité montre le Nutella comme «un exemple de petit déjeuner équilibré et savoureux» et une pâte «plus saine qu’elle ne l’est en réalité».
Athena a été «choquée de découvrir que le Nutella était une nourriture ni saine ni nourrissante, mais à peine mieux que des bonbons, et qu’il contenait des niveaux élevés de graisses saturées». En effet, le Nutella est composé essentiellement de sucre, d’huile de palme, de cacao et de lait écrémé. Même si très savoureux, le Nutella n’est pas tout à fait ce qu’on appelle un”petit déjeuner équilibré” (et Athena n’a pas dû beaucoup lire les étiquettes pour ne pas s’en rendre compte avant).
Ferrero nie les accusations et décide de «conclure un accord avec les parties impliquées». Alors Ferrero USA, filiale du fabricant de pâte à tartiner, versera jusqu’à 4 dollars par pot de Nutella acheté en Californie entre août 2009 et le 23 janvier 2012, ou dans le reste des Etats-Unis entre janvier 2008 et le 3 février 2012. Les consommateurs doivent envoyer leur demande avant le 5 juillet, mais le remboursement ne peut pas excéder 5 pots… Au total, cela correspondrait à la coquette somme de 3,05 millions de dollars. Le monde.fr ajoute que cette somme ne va pas beaucoup pénaliser l’entreprise, qui est largement bénéficiaire. La filiale USA s’engage aussi à «modifier certaines déclarations marketing sur le Nutella» et à mieux détailler les informations nutritionnelles…
Précisons que l’accord ne concerne pas le reste du monde. Donc dommage, un aficionado européen ne pourra pas se faire rembourser sa consommation de Nutella des trois dernières années… Et nous n’aurons pas non plus droit à des mesures spéciales pour de meilleures informations nutritionnelles. Les publicités vont continuer à décrire le Nutella comme faisant partie intégrante d’un «petit déjeuner équilibré», aidant les enfants à avoir de l’énergie toute la journée et comme un produit contenant des jolies noisettes, du lait et du bon cacao. Et bien sûr sans jamais mentionner dans les spots télévisés un des principaux ingrédients, l’huile de palme.
Photo: Nutella. 38-365./ PV KS via FlickrCC License by
lire le billetUn Big Mac en sortant du bloc opératoire? Aux Etats-Unis, c’est possible. Npr décrit cette implantation du fast-food à l’hôpital… Dans la caféteria du Centre médiacal Truman de Kensas City, on peut sagement acheter un repas à faible teneur en calories, en gras et en sodium. De l’autre côté du mur, on peut aussi acheter des frites bien salées dans un des restaurants de la grande enseigne jaune…
Cette affaire est délicate pour le directeur de l’hôpital, John Bluford. En tant que président de l’Association américaine des hôpitaux, il a lancé l’année dernière un appel à l’élimination des aliments malsains présents dans les établissements de santé, qui donnent «un message incohérent» au personnel et aux patients.
Mais l’hôpital Truman a signé en 1992 un contrat de 25 ans avec MacDo. A une époque où les bénéfices financiers l’emportaient sur les éventuels risque sanitaires… Le problème, c’est qu’il n’est pas si facile de se défaire d’un contrat avec la grande chaîne de fast-food. La Clinique de Cleveland a essayé, en vain.
Sur les 14 000 McDonalds implantés aux Etats-Unis, “seulement” 27 sont dans des hôpitaux, selon la chaîne. Toujours selon Ronald, la présence de ces échoppes peut apporter commodité et confort aux patients. Ou même réveiller les papilles des gens subissant des traitements forts… Danya Proud, la porte-parole de McDo, va même jusqu’à dire que la chaîne peut s’adapter à tous les régimes: “aujourd’hui, nous avons une grande variété dans nos menus. Nous avons confiance en nos clients pour qu’ils fassent des choix appropriés pour eux, leurs familles et leurs modes de vie”…
Le journal Ouest France précise que 2000 médecins et professionnels de la santé se sont insurgés devant cette aberration en envoyant une lettre à une vingtaine de directeurs d’hôpitaux, demandant la fermeture pure et simple de ces McDo. L’entreprise est accusée entre autres de se faire «un bonus d’image, en faisant croire que ses produits sont bons pour la santé», puisqu’ils sont «associés à des hôpitaux».
Mais pendant que certains hôpitaux essaient de rompre les contrats avec les chaînes de restauration rapide, d’autres s’en donnent à cœur joie. Des restaurants Chick-fil-A ont récemment ouvert dans plusieurs établissements, comme au Texas ou en Caroline du Sud. Et le fast-food à l’hôpital américain est loin d’être éradiqué, puisque d’autres chaînes ont déjà des points de vente depuis plusieurs années, comme KFC ou Pizza Hut.
Photo: Happy Meal Play Set // Dinette Happy Meal/ Stéfan via Flickr CC License by
lire le billetContrairement aux idées reçues, les Japonais ont depuis longtemps délaissé leur céréale emblématique.
Contrairement aux autres gadgets japonais très populaires, le four à pain Gopan n’est pas tellement design et ne tient pas dans la poche d’un pantalon. Mais cet appareil électroménager de Panasonic qui vaut 600 dollars (460 euros) a un véritable atout: il permet de cuire des pains à partir de grains de riz entiers crus. Depuis leur commercialisation en novembre 2010 au Japon –le seul pays où ils sont disponibles actuellement–, ces appareils (dont le nom procède d’un joli jeu de mot associant gohan, qui signifie «riz cuit» en japonais, et pan, «pain»), se sont vendus comme des petits pains!
Vous n’êtes peut-être pas surpris qu’un appareil qui permet de faire cuire du riz soit très apprécié au Japon. Après tout, c’est le royaume du sushi et de l’okayu. Pourtant, vous devriez l’être. Les concepteurs du Gopan avaient pour mission de trouver une machine visant à encourager les consommateurs à manger plus de riz. Car, ces quarante dernières années, les Japonais ont de plus en plus privilégié les produits à base de blé, tels que le pain, les pâtes, les pizzas et les nouilles, tandis que la consommation de riz a baissé de plus de 50%.
Comment se fait-il que le Japon soit devenu tellement obsédé par le blé qu’il a fallu inventer un gadget tel que le Gopan pour que sa population consomme du riz déguisé en farine de blé? Derrière l’histoire du passage de cette nation du riz au blé, se cache une longue campagne acharnée de la part du propagandiste les plus chevronné du secteur –le gouvernement américain, naturellement.
Au début des années 1900, les Japonais consommaient du blé, mais en petite quantité. Cette céréale ne constituait en aucun cas un produit alimentaire essentiel. Les classes moyennes fréquentaient des cafés branchés de style occidentaux servant des pâtisseries, gâteaux et autres viennoiseries, appelées anpan, fourrées au caramel de haricots noirs. Les ouvriers des villes consommaient aussi du blé, mais essentiellement sous forme de nouilles udon, courantes dans les échoppes de rue ou restaurants. On en faisait toutefois plutôt un en-cas qu’un vrai repas. (Les soba, des nouilles à base de sarrasin, également dit blé noir –une plante à fleurs qui n’a pourtant rien à voir avec le blé– étaient aussi un snack traditionnel.)
Les agriculteurs et la population rurale ignoraient pratiquement tout du blé; leur alimentation consistait en un mélange de riz, d’orge et de millet, agrémenté de légumes et de poissons. Et la plupart des Nippons en étaient très satisfaits: dans les années 1980, lorsque la marine japonaise tenta d’introduire un régime alimentaire occidental comprenant du pain et une sorte de biscuit dur et sec appelé kanpan, les militaires se mirent en grève.
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