Conserves et aliments lyophilisés: la “nourriture d’urgence”, un business très rentable

Bœuf Stroganoff ou glace napolitaine lyophilisés, les «nourritures d’urgence» ont de plus en plus de succès aux Etats-Unis. Comme le rapporte le New York Times, les Américains deviennent inquiets face aux menaces de catastrophes naturelles, économiques ou géopolitiques…

Le passage de l’ouragan Sandy n’est d’ailleurs que le dernier épisode d’une série d’évènements (tsunamis, crises économiques mondiales, etc…) nourrissant les ventes d’aliments d’urgence, en poudre ou emballés sous vide, avec une durée de vie de 30 ans. En ces temps incertains, stocker des vivres rassure.

Les acheteurs de ce genre de produits ne sont pas seulement des «radicaux en tenue de camouflage dans des cabanes de montagne», souligne la journaliste, mais aussi des hipsters, des mères de banlieue ou des retraités.

Les tristes emballages en carton ont cédé la place à des packagings joyeux, le goût s’est amélioré et il est même possible de trouver des «aliments d’urgence» en version bio ou sans gluten… En bref, «il n’a jamais été plus facile de bien manger, même pendant l’Apocalypse»…

Mark Hyland, directeur de FoodInsurance.com (un site qui propose des aliments et des plans pour préparer des stocks, adaptés à tous les budgets…), explique que sa clientèle a glissé des fanatiques et des extrémistes vers le grand public. Ses ventes ont augmenté de 80% l’année dernière: «Il s’agit juste de pouvoir prendre soin des gens que vous aimez en cas de changement inattendu dans votre vie…».

Ce genre d’entreprises de vente en ligne cible les «jeunes mères soucieuses de préserver leurs enfants de la faim». Mais le New York Times précise que les Mormons sont aussi des cibles clés, puisque les fidèles sont encouragés à stocker assez de nourriture pour survivre au moins trois mois, pour faire face à l’adversité, à un désastre ou à la fin des temps. Alors, aux Etats-Unis, la majorité des entreprises de  «nourritures d’urgence» sont gérées par des Mormons.

Au delà de considérations familiales ou religieuses, c’est la peur et l’incertitude qui poussent les gens à investir dans ces aliments. Il y a toujours eu une légère hausse de la demande pendant les campagnes présidentielles, mais aussi en fonctions des résultats industriels, des turbulences de la bourse ou des phénomènes météorologiques.

De nombreux blogs profèrent des conseils sur l’achat d’aliments d’urgence, des recettes, des idées de stockage, des démonstrations sur les bienfaits de la nourriture lyophilisée dans des périodes de privation…. Une certaine Madame Wright a ainsi créé le blog FoodStorageMoms.com pour conseiller ses lecteurs sur la façon de conserver les aliments… Un site qui compte 4000 visiteurs uniques par mois.

Brandon Brooks, co-fondateur de FoodStorageReviewer.com (un site de vente un ligne qui promet la qualité et les meilleurs prix…) déclare que la taille moyenne des commandes est de 1000 dollars. Comme beaucoup des clients, il s’est constitué une réserve, petit à petit. Ses coups de cœur? Le poulet Teriyaki et les lasagnes… Lyophilisés bien sûr.

Photo: emergency food & drink/ mbtrama via FlickrCC License by

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Mini-aliments: “facteur mignon” ou individualisme?

Mini-lasagnes, mini-tourtes au poulet, mini-gratins de macaronis au fromage… Michaeleen Doucleff s’étonne, sur Npr, d’assister aux Etats-Unis au développement de la miniaturisation des plats. L’idée serait venue de Pinterest, où l’on peut trouver des recettes de mini-sandwichs, mini-tacos et autres mets minuscules… A cuisiner le plus souvent dans des moules à cupcakes.

Alors d’où vient cette fascination pour les plats miniaturisés? Est-ce simplement une nouvelle tendance «food», une adaptation de la mode du cupcake? Ou est-ce que cela correspond, plus profondément, à un besoin d’individualiser tout? Précisons que nous avons eu des tendances similaires en France: verrines, ou plats cuisinés dans des mini-cocottes par exemple…

Alice Julier, directrice des études sur l’alimentation à l’Université de Chatham, n’est pas d’accord avec l’argument individualiste. Pour elle, le désir de réduire les plats appréciés en portions individuelles imprègne le paysage gastronomique mondial…  A l’image des tapas ou des boîtes à bento par exemple.

Elle explique que «les Japonais font ça avec la nourriture depuis toujours. Ils font de la miniaturisation et de l’individualisation à l’extrême. Ils vendent des fraises individuellement emballées et certains ont des cuisines-jouets pour fabriquer des mini-donuts et pizzas, avec des ustensiles de lilliputiens».

Tout cela ajouterait un peu de créativité, de fun et de jeu dans la cuisine de tout les jours… «Les Américains se sentent déconnectés avec leur nourriture. Cela leur redonne un certain contrôle sur la forme des aliments» précise Alice Julier.

Mais cela n’explique pas la réponse émotionnelle que nous avons (enfin, pas tous!) en voyant une mini-pizza ou une bouchée de lasagnes: «Oh, comme c’est adorable!». Nathalie Angier, abordant le sujet dans le New York Times il y a quelques années, parlait du «facteur mignon». Les humains seraient codés pour répondre positivement aux signes qui rappellent l’état de nouveau-né. Les mini-plats, mais aussi les chatons ou les bébés pandas…

Enfin, ce mouvement de miniaturisation des plats permettrait aux consommateurs de manger des mets riches sans trop culpabiliser, puisque ce sont des parts minuscules… Sauf que bien sûr, on a tendance à se resservir plus de petites portions.

Photo: mini tacos/  ginnerobot via FlickrCC License by

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“Ma cantine en ville”, un voyage au coeur de la la street food mondiale

Inde, Préparation et distribution de Lassi, © Arnaud Sarteur

Brochettes de viande à Tunis, ananas en tranches en Antananarivo, riz soufflé aux épices au Bengladesh, patates douces à la vapeur au Japon, bananes séchées et grillées à Phnom Penh… La street food est déclinable à l’infini dans chaque pays, tout comme les manières de la préparer et de la vendre: foyer au sol au Mali, homme-sandwich à Berlin, baraque à frites dans le nord de la France, mobylette avec vitrine en Indonésie, et de nombreux autres dispositifs plus ou moins bricolés.

Partout dans le monde, le phénomène de cuisine de rue s’amplifie en même temps que l’urbanisation. «Ma cantine en ville», une exposition présentée dans la galerie Via, à Paris, propose un panorama très large de ce que le monde produit comme street food.

Fiona Meadow et Michel Bouisson, commissaires de l’expo, expliquent dans le livret «Ma cantine en ville» que le développement rapide de la street food témoigne «tout à la fois de l’ampleur de la précarité économique, de l’attachement à des coutumes et à des valeurs culturelles menacées, de l’aspiration à un renouveau de l’espace public, voire de l’affranchissement des individus vis à vis des normes collectives». La street food brasse donc pas mal d’enjeux importants…

Chaque pays, chaque continent, a ses spécificités. On peut donc observer des dizaines de pratiques différentes sur des photos installées sur de grandes tables, à la manière d’un carnet de voyage de la cuisine de rue. Tout cela témoigne de «la diversité des contextes et des usages liés à cette activité, ainsi que de la capacité d’adaptation des individus à leur environnement». La street food est déclinée à l’infini, et c’est cela qui est passionnant.

Des croquis expliquent simplement comment les restaurateurs de rue d’organisent, se fournissent, cuisinent, valorisent leurs plats… Faire de la street food nécessite souvent beaucoup d’imagination! Les tenanciers d’échoppes de rue doivent s’adapter au climat (et fabriquer des auvents par exemple), trouver des enseignes attractives, un véhicule qui se faufile dans les rues, des plats qui plaisent à la population locale…

Partout dans le monde, un «dispositif de cuisine de rue» doit être bien pensé pour assurer ses fonctions de déplacement, de préparation, de conservation des aliments, de cuisson, de présentation, voire de consommation (une poignée de tables et chaise en plein air). Il faut donc mêler tous ces paramètres pour réussir une bonne cuisine de rue, à Bangkok, à La Paz ou à Tunis.

La grande diversité de ces situations de street food montre aussi «l’inégalité des conditions selon les zones géographiques», liée à l’expansion des villes et des occupations différentes de l’espace social urbain. Il y a par exemple bien entendu beaucoup de différences entre le food truck californien ultra moderne et le vendeur de brochettes sur un chariot de supermarché aménagé au Pérou.

Au final, une phrase de l’expo résume bien ce beau panorama photographique: «La street food est l’équivalent du restaurant, dispersé en fragments. Ce n’est pas un restaurant dans lequel on rentre, mais un restaurant que l’on parcourt».

France – Bordeaux, Crêperie mobile, © Nous sommes

Grande-Bretagne – Londres, Vendeur de hot-dogs, © Fiona Meadows

Etats-Unis – Los Angeles, Camion de restauration indienne, © Atelier Barda

Pérou – Surquillo, Restaurant / bar mobile, © Boris Lefevre

Jusqu’au 18 novembre 2012 à la Galerie Via, 29 avenue Daumesnil 75012 Paris, Entrée libre.

Lucie de la Héronnière

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Elections américaines: qui gagne dans les sondages alimentaires?

Loin des sondages classiques réalisés par des instituts sur des échantillons représentatifs, des restaurants américains réalisent des «sondages alimentaires», comme le rapporte le Washington Post. Ils demandent aux clients de «voter» pour un candidat en commandant un plat spécifique, ou en choisissant telle ou telle couleur de gobelet.

Pour l’auteur, «c’est le genre de sondages que Vladimir Poutine pourrait adorer». Mais à Washington, nul sondage ne peut être ignoré, alors les journalistes de All we can eat sont allés enquêter.

Parmi les principaux résultats de ce «sondage alimentaire», on apprend que «chaque tasse à café compte»! Chez 7-Eleven, les clients peuvent choisir entre le gobelet bleu Obama, et le rouge Romney. Selon les derniers chiffres (classés Etat par Etat!) 59% des buveurs de ce café soutiennent Obama, contre 41% pour Romney.

Chez BGR, chaîne de burgers, le Burger du gouverneur Mitt Romney (contenant du bœuf, du hommard et de la sauce hollandaise), gagne peu à peu du terrain sur le Burger du Président Obama (une galette remplie de boeuf et poivrons).

Le fondateur de la chaîne, Mark Bucher, déclare même au Washington Post: «c’est intéressant, les ventes de burgers se sont calquées sur les sondages nationaux». Il a observé des similitudes évidentes entre les ventes de ses burgers présidentiels et les résultats des débats entre les candidats.

Chez California Tortilla, le «Obama’s chicken Teriyaki Luau Bowl» (au poulet grillé, sauce teriyaki, sauté de légumes, et, clin d’œil, ananas grillé) a plus de succès que le «Romney’s Mexican Mitt-Loaf Bowl » (composé de pain de viande et de pommes de terre, mets favoris du candidat).

Pendant ce temps-là, Bayou Bakery, demande à ses clients de choisir entre un “Potus (President of the United States, ndlr) hot-dog” (avec boeuf haché, oignons blancs, moutarde, cornichon, aneth, tranches de tomates, poivre, sauce relish sucrée et sel de celery) et un “Mitt-Chigan Dog” (viande cuite à la vapeur, piment, oignons blancs hâchés et moutarde). Là, Mitt Romney est en avance.

Au restau The Occidental, la competition concerne les cookies, sur la base des recettes d’Ann Romney et de Michelle Obama. Celui de Madame Romney est aux M&M’s, beurre de cacahuète et flocons d’avoine, tandis que celui de Madame Obama, tout en noir et blanc, cache des pépites de chocolat à la menthe (les recettes sont ici!).

55% des mangeurs préfèrent celui de Michelle, et 43% celui d’Ann. Ceux qui restent sont les indécis du cookie (et/ou candidat!), les voix précieuses qui feront peut-être basculer le vote…

Image: Capture d’écran du site de 7-eleven

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Histoires de thé au Musée Guimet

Le thé est la boisson la plus bue dans le monde, après l’eau… 4 millions de tonnes de feuilles de thé ont été consommées en 2010. Le Musée Guimet, à Paris, y consacre une exposition qui durera jusqu’au 7 janvier 2013: «Le Thé à Guimet, Histoires d’une boisson millénaire».

Le parcours commence par une dégustation d’un intéressant breuvage créé spécialement pour l’occasion par le Palais des Thés, concocté avec du yuzu, du bleuet, du thé vert et de la fleur de cerisier. Et se prolonge avec une grande histoire des moments forts de l’expansion du thé (qui peut être blanc, vert, jaune, bleu-vert, rouge, noir…) et de ses usages sur le continent asiatique.

Née en Chine, la consommation du thé a connu trois grandes phases dans les manières de le préparer et de le déguster. D’abord, sous la dynastie des Tang (618-907), les Chinois étaient à «l’âge du thé bouilli»: ils broyaient les feuilles en fines particules et les faisaient bouillir dans une marmite en ajoutant des aromates. Cette pratique perdure encore en Mongolie et au Tibet.

Ensuite, sous les Song (960-1279), le thé était «battu». La recette: mettre dans un bol du thé vert réduit en fine poudre. Le battre en le mélangeant avec l’eau bouillante. «Cette émulsion mousseuse constitue un breuvage tonique», souligne l’expo. C’est pendant cette période que le thé se popularise. Les Japonais boivent encore du «thé battu».

Enfin, on parle de «thé infusé» sous les dynastie des Ming et des Qing (1368-1911) et encore aujourd’hui, en Asie et dans le reste du monde: «l’âge du thé infusé est né à la suite du décret de 1391 promulgué par l’empereur Hongwu, au début des Ming, qui imposa un retour à la simplicité». Alors les feuilles de thé sont juste cueillies, séchées et torréfiées, puis plongées dans l’eau pour révéler leurs saveurs. C’est là que la théière prend un rôle important…

Pour chacune de ces périodes, le Musée Guimet expose des ustentiles de préparation et de dégustation, bols, théières, soucoupes, mortiers… La fin (et malheureusement seulement la fin, mais le Musée Guimet est dédié aux arts asiatiques!) est consacrée à l’extension du thé dans le monde et sa transformation en enjeu commercial important, avec des services en porcelaine français, des théières arabes ou indiennes.

Aujourd’hui, les quatre grands producteurs de thé sont la Chine, l’Inde, le Sri Lanka et le Kenya, et on boit le thé très différemment en Angleterre, au Maroc, au Japon ou en Mongolie. Les manières de consommer le thé ont bien évolué, et évoluent encore…

En sortant, on peut humer des bols remplis de thé du Palais des thés, et identifier les notes “épicées”, “florales”, “fruitées” ou “boisées”. Et se rendre compte que le thé sollicite vraiment les sens, l’odorat donc, mais aussi le goût bien sûr, la vue (par exemple le Thé vert Perles de Jasmin est formé de petites boulettes, tandis que le Long Jing Premium est fait de longues et fines feuilles…), ainsi que le toucher et l’ouïe lors de la cérémonie du thé. Peut-être parce qu’il s’agit d’une expérience très immédiate, le thé, parti de Chine, est bien devenu une boisson quasi universelle.

Lucie de la Héronnière

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Malgré la crise, le business du cupcake prospère à Athènes

Nicole Kotovos était à la recherche d’une idée géniale pour commencer une nouvelle vie, loin de New York et de son boulot dans une chaîne de télé. Elle a donc décidé de quitter les Etats-Unis pour rejoindre sa patrie d’origine, la Grèce, avec l’objectif d’ouvrir une pâtisserie américaine et d’apporter la mode du cupcake à Athènes. Npr raconte cette drôle d’histoire d’une femme arrivée en 2008, un peu au mauvais moment…

Pourtant, la boutique Cupcakes Hamptons a bien vu le jour. Puis deux autres… «La crise avait déjà commencé ici, mais je savais que le café et les petits gâteaux avaient encore une chance, même dans ces circonstances. Les boulangeries-pâtisseries sont résistantes à la récession», souligne Nicole.

Alors, dans une rue athénienne, le petit magasin de Nicole Kotovos ressemble beaucoup à une pâtisserie américaine: une vitrine avec des jolis gâteaux multicolores, le menu sur un tableau noir, des étagères en bois blanc… Les clients grignotent des cupcakes accompagnés de cafés grecs.

«C’est quelque chose de nouveau ici en Grèce. Et savoureux. Si votre café est bien noir, c’est encore meilleur», raconte Chris Papadimas, un jeune client, à Npr. Hamptons a été le premier café-pâtisserie de ce genre à ouvrir à Athènes, d’autres ont suivi. «J’ai fait quelques recherches à ce sujet. Je savais que les Grecs adoraient les pâtisseries grecques. Mais je savais aussi qu’ils étaient ouverts d’esprit», explique Nicole.

Elle a donc formé ses employés à la cuisine américaine, et ajusté les recettes à cause du climat humide de la Grèce: «Nous avons travaillé trois mois pour aboutir à un cupcake supportant le climat! En été, nous gardons les pâtisseries bien au frais, évidemment».

Nicole a dû aussi apprendre à faire des affaires en Grèce, trouver des financements, importer des matières premières, s’adapter aux lois du travail… «Il y a beaucoup de potentiel en Grèce, et je crois sincèrement qu’un jour le pays va attirer les entreprises et les hommes d’affaires qu’elle mérite, et qui vont lui être bénéfique. C’est encore loin, mais j’ai constamment cette pensée positive sur l’avenir de la Grèce, et c’est ce que j’aime ici». En attendant, elle poursuit son rêve américano-grec, en affirmant que la pâtisserie est un domaine qui peut parfaitement prospérer en temps de crise.

Photo: Cupcakes/ lamantin via FlickCC License by

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La cuisine totalitaire (ou l’art de bien manger en ex-URSS)

«La cuisine totalitaire»… Le titre de cet ouvrage est quelque peu trompeur. On s’attend à un recueil de recettes des pires dictateurs de l’Histoire du monde. En fait, il s’agit d’un livre sur la cuisine soviétique, la popote pratiquée en ex-URSS, de l’Azerbaïdjan à la Sibérie, en passant par le Tatarstan…

Les auteurs, Wladimir et Olga Kaminer, ont grandi en Russie et ont obtenu la nationalité est-allemande juste avant la réunification. Ils expliquent que la cuisine russe est extrêmement simple, avec pour unique but de remplir l’estomac.

Mais que «si, sous l’Empire totalitaire, on voulait ravir ses papilles, il fallait plutôt regarder du côté de la cuisine soviétique. Pendant un demi-siècle, l’URSS a retenu le meilleur des recettes de ses quinze républiques: les plats pimentés du Caucase, les mets crémeux d’Ukraine, la nourriture exotique d’Asie, l’alimentation équilibrée des pays baltes, et une douzaine d’autres comme ça».

Alors les deux auteurs malicieux nous embarquent dans un voyage drôle et très intéressant en ex-URSS… Pour une bonne partie des anciennes Républiques soviétiques, ils nous livrent des anecdotes alimentaires décapantes, datant d’avant et d’après la chute du mur. Comme celle de Gleb, l’ami biélorusse qui fabrique à l’armée des pommes de terre sautées à partir de trois fois rien. Ou celle de la dégustation du Lula Kebab dans la famille d’une nouvelle fiancée en Azerbaïdjan. Ou encore celle de la pseudo drogue ouzbek qui s’avère être un thé très fin. Plein d’histoires drôles qui en disent beaucoup sur ces contrées et leurs habitudes alimentaires.

Wladimir et Olga entendent aussi démonter nos idées reçues. Ainsi, «les vrais russes n’aiment pas le caviar». Après avoir été «un objet politique instrumentalisé», ce met est réservé aux tables de fête, mais souvent peu apprécié. «Ils ont mangé tout le hareng et les cornichons, mais ils ont laissé le caviar», se plaignait souvent la mère de l’auteur. En fait, même les nouveaux riches russes, pour frimer, ne mangent pas du caviar à la louche, mais préfèrent se faire livrer des sushis en jet privé ou engloutir… de l’ananas.

Pour l’auteur, loin de cliché caviar et pelménis (un ravioli farci), «le seul plat qui corresponde vraiment aux clichés sur les Russes et leur cuisine nationale est la vodka, qui est bien souvent considérée comme un plat principal en soi».

A côté de ces anecdotes, de quoi mettre en pratique: des recettes typiques des Républiques soviétiques. Comme par exemple la salade d’orties arménienne, le tolma (filet de veau avec des coings) géorgien, la tarte “petite patate” biélorusse, le bortsch ukrainien, le poisson aux canneberges et au miel sibérien, le pudding de carottes letton, la soupe nomade tatar ou encore le Teftelen (boulettes à la viande hachée) à la mode cosaque de Russie du sud… Certaines préparations demandent un certain esprit d’aventure culinaire, d’autres sont simplissimes à reproduire.

Enfin, au cas où, les Kominer nous mettent en garde: “l’ingrédient le plus important de la cuisine russe est l’humeur du cuisinier. Dans un bon jour, il est capable de sortir de sa toque un esturgeon rempli de caviar, de jongler avec des brochettes devant la table, ou de cracher du feu avec de la vodka. Dans un mauvais jour, cela peut devenir encore plus acrobatique. Il faut absolument vider son assiette, car les cuisiniers russes sont très susceptibles”. Nous voilà prévenus.

Lucie de la Héronnière

La Cuisine totalitaire, Wladimir et Olga Kaminer, Gaïa Editions, Septembre 2012.

Photo: The map of USSR/ cod_gabriel via FlickCC License by

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Plus que six mois pour les sodas XXL à New York

La fin des boissons sucrées taille XXL approche à New York. Proposée par le maire de la ville Michael Bloomberg, l’interdiction de vente de larges boissons sucrées au restaurant, dans la rue et au cinéma a été approuvée le 13 septembre par le département santé de la mairie de New York –dont les membres sont choisis par le maire–, rapporte le New York Times.

Après le vote, Michael Bloomberg a estimé qu’il s’agissait «du plus grand pas fait par une ville pour lutter contre l’obésité», et qu’il pensait que ça «aiderait à sauver des vies».

Sauf si un juge bloque l’application de la mesure, d’ici six mois il ne sera pas possible de vendre des boissons dans des verres de plus de 16 ounces (50 centilitres). Les lobbys de l’industrie du soda comptent bien tenter de tout faire contre cette échéance, peut-être notamment via des plaintes devant la justice.

La ville affirme que la moitié de ses habitants est obèse ou en surpoids, mais ceux qui critiquent la mesure pensent qu’elle pourrait affecter les recettes des petites entreprises. Les établissements concernés sont ceux qui sont inspectés par le département de la santé (depuis Starbucks jusqu’aux stands de hot-dogs dans les stades). Les épiceries comme 7-Eleven ou les distributeurs de boissons ne seraient pas concernés. Ne sont pas non plus concernés les jus de fruit, les boissons à base de lait comme les milkshakes, ou les boissons alcoolisées (ni les boissons light, bien sûr).

Comme on l’écrivait au moment où Bloomberg a proposé cette mesure, pour The Salt, le blog food de NPR, cette mesure ne va en rien changer les habitudes des buveurs de soda ni faire baisser le nombre d’obèses. David Just, qui enseigne le comportement économique à la Cornell University, est «extrêmement sceptique». Pour lui, la manière dont la proposition est structurée va juste provoquer des rebellions… Tout simplement, les gens qui veulent boire beaucoup de soda vont être amenés à acheter deux portions plus petites… De plus, les énormes gobelets de jus de fruit ou de cappuccinos bien sucrés, non concernées par la mesure, contiennent aussi un nombre de calories aussi très élevés.

Michael Blommberg n’en est pas à son coup d’essai contre l’obésité. Depuis plusieurs années, les chaînes de fast-food de New York doivent inscrire le nombre de calories en face de chaque plat et boisson, tandis que les gras trans artificiels ont été interdits dans les restaurants. Enfin, cet hiver, une campagne de pub choc avait déjà suggéré aux habitants de réduire leurs portions de soda XXL.

Photo: Untitled/ wholehole via FlickCC License by

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“Globalement, les Etats-Uniens n’ont pas une alimentation moins saine que celle des Français”

En France, les 21-34 ans mangent moins équilibré qu’aux Etats-Unis. C’est l’un des résultats d’une grande enquête du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) intitulée “Comparaison des modèles alimentaires français et états-Uniens”, synthétisée dans un document publié ce mercredi.

Pour obtenir ces résultats, le Credoc utilie le PANDiet, un indicateur synthétique, qui prend en compte négativement le sodium ou les acides gras saturés, et positivement les vitamines et minéraux. Les jeunes adultes français mangeraient beaucoup de sandwichs et peu de légumes. Une conséquence de l’entrée dans la vie active? “Si cela devenait un phénomène générationnel, il y aurait un risque d’affaiblissement du modèle alimentaire français”, s’inquiètent les auteurs de l’étude.

Mais le constat est le même pour les plus de 65 ans: les Français mangent moins équilibré que les Américains. Par contre, notons que les 15-20 ans modèrent mieux leurs apports en gras, salé en sucré en France: “Malgré leur faible consommation en fruits et légumes, ils ont l’alimentation la plus équilibrée, avec les 45-64 ans”.

Autre constat intéressant de l’étude, “le modèle français se distingue par des prises alimentaires moins fréquentes (3,9 par jour contre 5,5 aux Etats-Unis) mais composées d’une plus grande variété d’aliments”. Moins de grignotages, donc, et plus de diversité. Cependant, les auteurs précisent quand même qu’il y a eu “une forte baisse de la diversité alimentaire chez les enfants de 3 à 14 ans entre 2007 et 2010”.

En outre, les comparaisons sur les sujets de plus de 15 ans montrent que même s’il y a globalement des différences qualitives, il n’y a pas de différence quantitative entre les deux pays (on absorbe la même quantité d’énergie). On ingère en moyenne 2095,3 calories par jour en France, et 2073,2 aux Etats-Unis.

Par contre, la part des apports caloriques apportée par les boissons est plus importante aux Etats-Unis (17% contre 10% en France). La consommation d’alcool est à peu près équivalente mais les Américains consomment plus de sodas, de jus de fruits ou de lait…

Une des conséquences est que les Américains avalent plus de sucres, mais les Français plus d’acides gras saturés et de cholestérol. Le rapport explique que “cette différence peut s’expliquer par la consommation plus élevée de produits tels que fromages, charcuteries, viennoiseries, viandes et oeufs”. Mais comme les Français mangent plus de fruits et légumes, l’apport en fibre est plus élevé dans l’Hexagone.

Selon l’OCDE, une personne sur 10 est obèse en France, et presque 40% de la population est en surpoids. Le taux d’obésité approche les 35% aux Etats-Unis. L’obésité est toutefois bien multi-factorielle. Alors, au final, en moyenne “les Etats-Uniens n’ont pas une alimentation moins saine que celle des Français”. Mais “les comportements extrêmes sont cependant plus visibles aux Etats-Unis, alors qu’en France, les écarts entre les individus sont plus ténus”.

Photo: Dinner/ jeff_golden via FlickCC License by

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Bien manger au Costa Rica: La «pura vida» jusque dans l’assiette

Gallo Pinto at breakfast, via wikimedia commons

La douceur de vivre de ce petit pays de seulement 270 kilomètres de large, partagé entre la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique, s’apprécie jusque dans l’assiette.

Le Costa Rica est loin d’être le pays de la gastronomie. Mais en cherchant bien on découvre quelques endroits propices à la dégustation, face aux vagues de l’océan Pacifique. Des joyaux verdoyants perdus entre terre et mer le long de côtes sauvages, là où les routes goudronnées ne vont pas et où toutes les conditions sont réunies pour s’imprégner de ce que les Ticos (les habitants du Costa Rica) appellent la pura vida.

La douceur de vivre

La pura vida, littéralement la vie pure, la vraie vie, la douceur de vivre, est une philosophie de tous les jours. La recherche d’une vie simple qui se traduit jusque dans la cuisine nationale, bien loin des mets sophistiqués du Mexique ou du Guatemala. Au Costa Rica la simplicité est reine, mais les mets sont frais.

A commencer par les fruits que l‘on détache des arbres et déguste encore tièdes, chauffés par le soleil. Mangues, goyaves, bananes, ananas, citrons verts, pastèques, avocats, noix de coco, sont chaque jours pelés, coupés, mixés en jus ou en smoothies délicieux et mélangés à du lait de coco. De petites gorgées de jus venus tout droit d’un autre monde, loin de celui de nos rayons fruits et légumes de supermarché. Ici les fruits ont du goût, celui du paradis. La boisson parfaite pour se mettre en appétit.

Le riz et les haricot: la comida tipica

Vient ensuite l’heure du déjeuner, el almuerzo. Alors on se retrouve à la terrasse d’un soda, un petit comptoir local servant quelques plats du jour sur des tables de jardin recouvertes de nappes au plastique usé.

On commande un guacamole –mélange d’avocats onctueux, de tomates, de petits oignons frais, de jus de citron vert et de coriandre ciselée– que l’on mange du bout des doigts sur de petites tortillas en triangle.

Guacamole y nachos via wikimedia commons

Puis arrivent les stars de la table: le riz et les haricots noirs. Mélangés avec des oignons, des poivrons et de la coriandre, ils forment le plat national, le gallo pinto –le coq tacheté– fierté tica mais dont le Nicaragua réclame aussi la paternité.

Servi au petit déjeuner avec un œuf sur le plat ou au déjeuner accompagné de patacones –des bananes plantains frites et coupées en fines tranches–, le gallo pinto se déguste dans tout le pays.

Le casado, l’éternel mariage

A Malpais ou à Montezuma –surnommé Montefuma en référence aux nuages de fumées de cannabis qui envahissent parfois l’air de ce petit village de hippies– le gallo pinto a depuis longtemps été adopté par les hordes de surfeurs –locaux ou venus du monde entier– comme plat unique entre deux sessions de vagues.

Surfeurs au Costa Rica / Maud Descamps

Pour ceux qui prennent davantage le temps de déjeuner, le choix se portera sur une autre spécialité, proche du gallo pinto, le casado, c’est-à-dire le repas de l’homme marié. Un repas bon et copieux comme celui que tout homme marié s’attend à voir se voir servir par son épouse. Il s’agit en fait de la formule utilisée pour nommer le plat du jour généralement composé de riz, accompagné de haricot rouges ou noirs, de poulet ou de poisson frais, de céréales et d’épices peu pimentées. Un plat encore une fois peu sophistiqué mais qui, comme son nom l’indique, vous donne l’agréable impression de manger à la maison.

Maud Descamps

Mise à jour du 6/09/12: il s’agit de l’océan Pacifique, pas Atlantique.

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