L’étude NutriNet-Santé, initiée il y a 3 ans, étudie les comportements alimentaires et les relations entre nutrition et santé chez des volontaires recrutés sur le web. Aujourd’hui, 223 000 «Nutrinautes» (mais l’appel aux nouveaux venus continue, pour atteindre l’objectif d’une cohorte de 500 000 sujets!) remplissent chaque mois un questionnaire sur leur alimentation, leur activité physique, leur poids, leur taille, leur état de santé ou sur divers déterminants du comportement alimentaire. Tout est examiné et analysé par une équipe dirigée par le Pr Serge Hercberg. Pour lui, il s’agit d’une «recherche citoyenne».
Ces données ont notamment permis de tirer des conclusions sur l’efficacité des régimes amincissants. D’abord, 2 femmes sur 3 et 1 homme sur 2 souhaiteraient peser moins. Et même chez les sujets de poids tout à fait normal, 58% des femmes et 27% des hommes aimeraient diminuer leur poids.
Alors 76% des femmes et 45% des hommes qui se trouvent trop gros(se)s ont fait au moins un régime au cours de leur vie. Le régime étant ici défini au sens large comme «toute modification volontaire des pratiques alimentaires dans le but de perdre du poids, et ce quelle que soit la durée ou le type de cette modification, qu’elle soit de l’initiative des sujets ou prescrite par un professionnel de santé»... Pour la moitié des sujets, l’objectif est de se sentir mieux dans son corps… La raison esthétique joue pour 12,4% des personnes interrogées. Pour 11,8%, c’est parce que le surpoids peut entraîner des problèmes de santé.
Parmi les gens qui ont suivi un régime ces trois dernières années, 31% ont suivi un régime de type restrictif «marketé», c’est à dire portant le nom d’une marque (Dukan, Cohen et consorts…) ou reposant sur une méthode définie (soupe au chou, chrononutrition…). 23% ont suivi un régime restrictif «fait maison»: là, le sujet s’impose lui-même de supprimer un élément de son alimentation (graisse, sucre…) ou de prendre des substituts repas. Troisième cas, 10% ont suivi un régime portant le nom d’une marque visant à une bonne alimentation grâce à un «coaching» (par exemple Weight Watchers…). Enfin, 35% ont suivi un régime «se basant sur un suivi global des recommandations nutritionnelles avec une alimentation diversifiée, variée, incluant réduction des quantités et des grignotages, réduction des graisses et des sucres rapides…».
La conclusion principale de cette étude est que les sujets ayant suivi des régimes portant un nom de marque au marketing solide sont plus nombreux à déclarer que leur régime a eu une efficacité seulement à court terme. Par contre, un maintien de la perte de poids au-delà de 6 mois est observable chez 76% des gens qui ont suivi un régime qui n’en est en fait pas vraiment un, qui consiste à suivre «les recommandations nutritionnelles globales», autrement dit le bon sens alimentaire.
Les chercheurs précisent que les régimes restrictifs «marketés» (et encore plus pour le régime Dukan ou les méthodes basées sur des substituts repas ou des produits diététiques) sont moins bien tolérés, plus compliqués (courses, préparation des repas, repas avec les proches…) et frustrants que les régimes basés sur “le suivi global des recommandations nutritionnelles”. Enfin, les gens ayant suivi un régime visant à suivre des recommandations basiques sont les plus nombreux à avoir en même temps augmenté leur activité physique (57,5% d’entre eux).
Donc, cette étude suggère la faible efficacité à long terme des régimes «commerciaux». Le rééquilibrage de l’alimentation réussit mieux que des régimes «coups de poing» qui permettent de perdre beaucoup de poids en peu de temps et… de le reprendre très vite.
L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) avait déjà mis en garde contre ces régimes en 2010, et souligné des risques de déséquilibres nutritionnels et des risques sur la santé plus ou moins graves: des effets néfastes sur le fonctionnement du corps ou perturbations psychologiques. Nutrinet-Santé rappelle donc aussi les conséquences négatives des régimes restrictifs sans environnement médical.
Lucie de la Héronnière
Pour participer à l’étude, c’est ici.
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et oui, ce qui fonctionne le mieux… c’est le bon sens ! On se demande toujours pourquoi il n’y a pas plus de gens qui y pensent…
Les régimes “commerciaux” sont les nouveaux miroirs aux alouettes… Ils promettent beaucoup mais la desillusion est au rendez-vous. Pour perdre du poids, mangeons moins et bougeons plus 🙂