Dans un petit passage du 18ème arrondissement de Paris, des dizaines de personnes franchissent une porte, munis de cabas vides, et en ressortent avec des plaques d’œufs, des sacs de pommes, du beurre frais ou encore un joli petit lapin tout prêt à être cuisiné.
Ils viennent de se rendre dans une Ruche qui dit oui, une société qui répond plutôt bien aux aspirations locavores de nombreux consommateurs. Le principe? C’est une plateforme communautaire d’achats groupés effectués directement auprès des producteurs locaux. Des consommateurs construisent une ruche de quartier ou de village (pour l’instant, 447 ruches en France), autour d’un responsable de Ruche.
Les producteurs font des offres de produits disponibles. Puis les membres commandent, par internet. Si la commande atteint une quantité ou un poids minimal global, c’est validé et le producteur livrera sa marchandise lors d’une distribution de la Ruche…
A chaque nouvelle proposition, chaque membre de la Ruche est libre de participer ou non à la commande. Chacun compose son «menu»: le système est donc souple. Et on paye tranquillement par internet. Bref, un circuit court plutôt malin.
Lapins au juste prix
Jeudi soir dans la Ruche du 18ème, Françoise propose des lapins bien au frais dans une glacière, mais aussi des Å“ufs bio, du cidre, du pain d’épice, du beurre magnifique et du fromage. Elle a apporté les produits de «La Ferme du Lapin Compote», dans le Val d’Oise, mais aussi ceux de quelques producteurs voisins. Car le but c’est entre autres de limiter les transports…
Françoise, «militante du bio et du local depuis des années» et également restauratrice, explique que «la Ruche, c’est une façon très simple d’être en relation directe avec les gens, et j’aime ça! Et comme il n’y a pas d’intermédiaire, pour nous c’est très intéressant». En effet, les producteurs fixent eux-mêmes les prix de vente en fonction des coûts de production et de la distance qui les sépare du lieu de distribution.
Mais en fixant les prix, le producteur sait aussi qu’il faut compter 20% (sur les montants hors taxes) de prélèvements pour la Ruche: 10% pour celui qui gère la Ruche (pour trouver un local et assurer les distributions) et 10% encore pour le fonctionnement général (développer le site, accompagner les producteurs, contrôler les certifications des exploitations…). Florence, responsable de la Ruche du 18ème, précise que “le producteur fait des offres de prix incluant ce paramètre. Ces 20% sont très faibles en comparaison avec ce qui se pratique dans les circuits de distribution classique”…
Pour Françoise, la Ruche est “une très jolie synthèse entre Amap, réunion Tupperware, site marchand et circuit court…». Les producteurs peuvent aussi faire partager leur activité sur le site: quand est-ce que les tomates seront mûres ? Où en est la production du cidre ? Quand est-ce que les framboises vont débarquer ?!
«On a conscience de ce que l’on mange»
Côté consommateurs, c’est gagnant aussi. Tristan, 21 ans, est inscrit dans la Ruche depuis peu. Ce soir là , on avait besoin de bras, il était donc bénévole préposé à la distribution de viande:
«Pour moi ce qui est important c’est le contact direct avec le producteur, et le côté développement durable, les produits ne font pas des tours et des détours! On achète ce qui nous plaît et qu’on ne trouve pas partout : par exemple l’autre jour j’ai acheté de la coriandre. Entre cette belle botte et le truc rabougri dans un plastique qu’on trouve au Monoprix, rien à voir! Par contre c’est souvent des grosses quantités… Mais c’est l’occasion de faire des bonnes bouffes!».
Xavier, 30 ans, explique les raisons de sa présence: «Je fais partie des personnes qui espèrent manger mieux… J’aime le fait maison. Ici, on partage avec les producteurs. On a conscience de ce que l’on mange…».
Et puis à la Ruche, les gens sont plutôt sereins. Il s’agit de voisins, qui ne se connaissent pas forcément, et qui ont une occasion de se retrouver pendant le moment de la distribution, sur le lieu trouvé par le responsable (chez un particulier, dans un restaurant, une école, une entreprise…). Pour Florence, c’est «un moyen de créer des liens dans le quartier!». Ici, la distribution a lieu tous les 15 jours, le jeudi soir. La grande première a eu lieu le 19 janvier, et il y a plus de monde à chaque fois…
Les légumes et la viande sont des piliers. Et d’autres produits varient, comme les fromages, les pâtes fraîches, le nougat. Un minotier (ndlr, c’est l’exploitant d’une minoterie, établissement où l’on fabrique de la farine…), vient même de temps en temps. Il s’agit de producteurs déjà en lien avec l’organisation générale de la Ruche qui dit oui, ou des producteurs dénichés spécialement pour chaque ruche. Si un membre connaît un super producteur de petits fromages de chèvre, il peut lui proposer de participer…
Florence, la responsable de la Ruche du 18ème, est aussi diététicienne:
«Tout cela est en lien avec ce que je prône dans ma profession, c’est à dire non pas faire un régime mais travailler sur les sensations alimentaires, retrouver le plaisir, se rassasier mieux avec des bons produits qui procurent une satisfaction intense. Le lien alimentaire est aussi primordial : les gens savent qui produit ce qu’ils mangent. J’essaye de faire cuisiner mes patients, et pour cela, savoir d’où vient le produit est très important».
20h, la distribution se termine. Un monsieur repart, l’oeil gourmand, avec un lapin tout prêt à être cuisiné, quelques patates et des oeufs. Et franchement, il a l’air ravi.
Lucie de la Héronnière
Crédit photos Miel, Tomme au cidre et fromage de chèvre: Miléna Perdriel.
Autres photos: Lucie de la Héronnière.
[…] https://blog.slate.fr/bien-manger/2012/02/19/manger-mieux-manger-juste-un-soir-a-la-ruche/ […]
Merci Lucie, pour cet article si riche en informations !
Je suis heureuse d’être dans le 18ème et de faire partie de la Ruche de Florence depuis le début. En plus de la qualité du concept de la Ruche Qui Dit Oui, nous avons la chance d’être accueillis par une personne attentionnée et professionnelle, ses choix de producteurs et son esprit peuvent nous assurer de bien manger, dans tous les sens du terme ;))
Longue vie à la Ruche !
De très bons produits (ah ce poulet l’autre jour !!!), Florence en animatrice passionnée et attentive à tous, beaucoup de convivialité, y a pas à dire elle est vraiment bien la Ruche du 18ème !
manger bon et manger bien, choisir, se réunir… que du bon !
Des poulets doudus, du pot au feu succulent, des betteraves rouges crus et des topinambours, de pommes de terres pour le goût de chacun ; du fromage de chèvre, du fromage blanc battu ‘texturé’.
De la farine de blé T80 et un peu de petit épeautre, de la levure, du sel, de l’eau et beaucoup de patience pour un excellent pain – à déguster avec du beurre demi-sel et du miel – juste le top ! Une partie de farine de châtaignes pour varier les crêpes… que dire de plus… des plateaux d’oeufs, des boissons -certaines pétillent d’autres pas-, des pâtes à venir et un fruit ‘parci-parlà ’- tout est dit !
A la ruche du 18ème, on trouve plein de bons produits, on rencontre plein de gens sympas et ce n’est que le début.
C’est facile, pas contraignant, en phase avec mes envies et mes idées (ben oui, je suis un peu bobo quand même !).
J’en redemande !!!! Encore merci Flo d’avoir mis toute cette énergie à ouvrir notre ruche.
Amis et voisins, venez nous rejoindre !