Dernière adoubée dans le cercle très fermé de la haute couture, Yiqing Yin a célébré son intronisation par une magnifique collection. Sur le thème Blooming Ashes, un peu mélancolique, l’ornement jaillit, flamboyant, resplendissant. La parure a droit de cité. Le travail sur les plissés, les drapés est magistral.
La créatrice n’hésite pas à citer Deleuze et son ouvrage sur le baroque : « Le problème n’est pas comment faire un pli mais comment le continuer, lui faire traverser le plafond, le porter à l’infini ». Référence au Bernin, le vêtement sert de modèle à la sculpture pour lui donner sa complexité. « Si le baroque se définit par le pli qui va à l’infini, à quoi se reconnaît-il au plus simple ? Il se reconnaît d’abord au modèle textile tel que le suggère la matière vêtue : il faut déjà que le tissu, le vêtement, libère ses propres plis de leur habituelle subordination au corps fini ». Les robes chez Yiqing Yin donnent à ses mannequins une allure sculpturale dans leur somptuosité, mais ils demeurent aussi simplement des vêtements.
Une touche d’asymétrie vient redessiner de nouvelles amazones qui pourraient aussi jouer les Galatée. Maille arachnéenne, entrelacs, robes tressées.
Gamme de couleurs sourdes : bordeaux, ocre, vert. Un poil de fourrure.
Une touche d’ultra contemporanéité avec une robe semée de LED et de cordes de piano (avec le sculpteur Bastien Carré).
Une collection puissante et exquise, fragile et guerrière. Coup de coeur absolu.
Photos Shoji Fujii