Le temps retrouvé de la Comtesse Greffulhe

 

La comtesse Greffulhe, nÈe Elisabeth de Caraman-Chimay (1860-1952), portant la robe aux lis crÈÈe pour elle par la maison Worth

 

Garde-robe d’exception au Palais Galliera avec les trésors de la comtesse de Greffulhe. Immortalisée par Proust qui s’en est inspiré pour son personnage de la duchesse de Guermantes, la comtesse a marqué les esprits de son époque par sa beauté remarquable et par sa façon de s’habiller avec élégance et originalité.

Ensemble du soir (robe et bolÈro)

Née Elisabeth de Caraman-Chimay et nièce de Robert de Montesquiou, elle a épousé Henry de Greffulhe en 1878. Si son mari finance ses toilettes, il la délaisse. Elle constate avec humour : « Ayant un mari qui me lâche, j’en prends mon parti gaiement … il aime à me voir briller, pour qu’on dise qu’il n’a pas épousé une dinde ». Proust écrit : « Aucun élément n’entre en elle qu’on ait pu voir chez aucune autre ni même nulle part ailleurs. Mais tout le mystère de sa beauté est dans l’éclat, dans l’énigme surtout de ses yeux. Je n’ai jamais vu une femme aussi belle ». La petite histoire rapporte que les couturiers lui présentaient leurs modèles et que la comtesse terminait la présentation par : « Faites-moi tout ce que vous voudrez… qui ne soit pas ça. »

ROBE DU SOIR

La comtesse organise sa vie d’abord à Dieppe et imagine la création de la Société des grandes auditions musicales de France et s’attachera notamment à faire jouer Wagner.

L’exposition donne à voir une cinquantaine de ses tenues créées par les couturiers les plus célèbres : Worth, Fortuny, Babani, Lanvin, Nina Ricci…  Le nom de certaines maisons a traversé le temps, d’autres ont disparu. Parmi les vêtements, une cape russe, création de Worth à partir d’un manteau d’apparat offert par le Tsar Nicolas II à la comtesse. Les robes de Worth plongent dans le style des débuts de la couture et le volume prisé au XIXe siècle. La robe aux lys (1896) en velours noir est couverte d’applications en forme de fleurs de lys.

ROBE BYZANTINE PORTEE PAR LA COMTESSE GREFFULHE POUR LE MARIAGE DE SA FILLE

Des robes de Babani, une maison aujourd’hui disparue et spécialisée dans l’Orient.

Manteau du soir

 

Des pièces de Fortuny dont les vêtements sont aussi cités par Proust :  « mais on me dit qu’un artiste de Venise, Fortuny a retrouvé le secret de leur fabrication et qu’avant quelques années les femmes pourront se promener, et surtout rester chez elles, dans des brocarts aussi magnifiques que ceux que Venise ornait, pour ses patriciennes, avec des dessins d’Orient. ». L’élégance de Lanvin, la grâce de Nina Ricci complètent la garde-robe.

Le talent de la comtesse résidait aussi dans sa façon d’accessoiriser ses tenues, ainsi  la pose d’un voile : « C’est à elle que nous devons l’idée de ces enroulements de tulle dont les femmes s’enveloppent à l’Opéra ou dans les dîners ».

Dans ses plus belles tenues, la comtesse aimait se mettre en scène et se faire photographier ainsi par Nadar. À la veille de sa mort, Proust cherchait encore une photo de la comtesse et se plaignait de ne pas l’avoir d’un ami reçue : «  Pour me la refuser jadis, vous aviez allégué une bien mauvaise raison, à savoir que la photographie immobilise et arrête la beauté de la femme. Mais n’est-il pas précisément beau d’immobiliser, c’est-à-dire d’éterniser un moment radieux. C’est l’effigie d’une jeunesse éternelle… »

Un panorama exquis de la mode et de la couture au travers des tenues les plus marquantes de la comtesse. Et pour une nouvelle rêverie, des dessins d’Aurore de la Morinerie qui réinterprète quelques tenues.

19 Silhouette -  illustration Aurore de la Morinerie

 

La mode retrouvée. Les robes trésors de la comtesse Greffulhe. Palais Galliera. Jusqu’au 20mars.

 

Nadar La comtesse Greffulhe portant la robe aux lys. C Nadar / Galliera / Roger-Viollet.

Nina Ricci Ensemble du soir C Julien Vidal / Galliera/ Roger Viollet.

Jeanne Lanvin Robe du soir C P.Joffre et C.Pignol / Galliera /Roger-Viollet

Worth. Robe byzantine. C L. Degrâces et Ph. Joffre /  Galliera / Roger-Viollet

Babani Manteau du soir. C R. Briant et L. Degrâces / Galliera / Roger-Viollet

C Aurore de la Morinerie

Un commentaire pour “Le temps retrouvé de la Comtesse Greffulhe”

  1. Pour en savoir plus sur la comtesse Greffulhe et ses relations avec Proust et son œuvre, je vous recommande l’excellente biographie de Laure Hillerin, “La comtesse Greffuhe, l’ombre des Guermantes” (Flammarion, 2014). On trouve toutes les informations et actualités sur ce livre sur le site web http://www.comtessegreffulhe.fr

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