À la rose

a la rose

Elle a fleuri au printemps et je la redécouvre épanouie et croquante. J’en reçus d’abord quelques gouttes. La rafraîchissante rosée me valut quelques compliments (ce n’est pas toujours le cas avec les parfums que j’aime). Je me penchais à nouveau sur ce roman de la rose qui n’est pas, dans l’ordre végétal, mais alors pas du tout ma tasse de thé. Je ne m’identifie pas à la reine d’Alice que la seule vue d’une rose blanche insupporte ; moi, c’est aux roses que je couperais bien la tête.

Une ou deux fois des parfums à la rose m’ont plu. Je pense à Une rose (Edouard Fléchier) chez Fréderic Malle dont la présence d’une note truffe me plaisait ou à celles cueillies par Lutens. Mais À la rose de Maison Francis Kurkdjian est moins dans l’opulence, elle est croquante. Mutine, gracieuse et fraîche, elle pétille. Un zeste de fraîcheur hespéridée d’orange et bergamote, d’autres fleurs pour embellir la reine : violette, magnolia et un fond cèdre et musc. Je me suis penchée sur ce parfum quand je m’obstinais à imaginer ou à rêver au retour des notes vertes pour tourner la page des gourmands. Las, la queue de comète des friandises semble avoir encore de beaux jours. Francis Kurkdjian parlait de « l’idée de créer une composition entre figuratif et abstraction ». Pouvant osciller entre Cranach et Malevich, le parallèle me parle. Le parfumeur ajoute : « Être dans la sensation d’une caresse de pétale de rose, dans du charnel et pulpeux, sans être lourd ni opaque ou gras. Les facettes vertes que j’ai ajoutées contribuent à cette impression de nature réinventée pour donner un élan de modernité aux extraits naturels de rose (essence et absolue). » C’est sans doute cette fraîcheur un peu verte qui me donne à voir cette rose avec bonheur.

À la rose me réconcilie définitivement avec la reine des fleurs, mais seulement en parfum.

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