Toujours surprenant, le duo hollandais composé de Viktor et de Rolf travaille toujours ses collections de façon conceptuelle. Une idée, un thème, exploité avec culture et humour. Si, depuis leurs débuts, la question de frontière entre art et mode est souvent posée, leur dernière présentation apporte une fantasque réponse très réussie.
Leur collection se déroule en tableaux qui finissent accrochés aux cimaises tandis qu’eux, kuroko identifiables et occidentaux, ôtent les vêtements de leurs mannequins pour leur conférer un statut d’oeuvre.
Motifs de peintures parfois classiques, ainsi une main tendue qui pourrait faire songer à celle d’un Dieu créant Adam, mais non. L’inspiration est aussi résolument plus contemporaine et plonge dans des éclaboussures abstraites, tachisme coloriel, dripping anarchique.
Du passé, un vestige, celui du classique encadrement qui se casse, se fracture, s’articule, se plie à de nouvelles règles. Les mannequins s’en accommodent, part de leur tenue en mouvement.
Bord cadre, la mode sort de son modèle étriqué, mais paradoxalement demeure mode. Envie de cet art à porter jubilatoire. Non, la mode n’est pas morte.
C Peter Stigter