Vestige du passé la toile de Jouy ? Non, trois expositions la mettent en scène avec fantaisie et souvent humour. À déguster au musée de Jouy-en-Josas et hors les murs à HEC.
On the toile réunit des interprétations contemporaines autour de la fameuse toile ainsi une projection vidéo de Brigitte Zieger où, dans un décor champêtre, les personnages (des femmes) se lèvent et munies d’un revolver (caché dans les jupes) tirent façon Calamity Jane avant de retourner sous les branches bienveillantes d’un arbre.
Sheila Bridges, afro–américaine de Harlem, se pose la question de ses origines. Dans Harlem Toile, elle réintroduit des personnages africains, jouant non sans humour sur les clichés. Brooklyn Toile est un papier peint imaginé par une agence (Revolver New York, Vincent Ficarra, Adela Qersaqi) pour Mike Diamond des Beastie Boys qui voulait un motif en hommage à son quartier. Se découvrent façon toile de Jouy Brooklyn Bridge, Coney Island…
Isabelle de Borghrave (re)connue pour son travail sur les costumes en papier a conduit la toile sur de nouveaux territoires dans de grands panneaux peints.
Sans oublier quelques pièces plus contemporaines réinterprétées par des créateurs ainsi Jean Paul Gaultier pour Hermès.
Et en passant dans le musée, un oeil sur des motifs traditionnels comme le coquecigrue inspirée d’un nom du bestiaire de Rabelais. Un délicieux mot à ajouter à son vocabulaire pour remplacer baliverne.
À l’extérieur, l’arbre de Jouy renoue avec une des histoires d’Alice, les rosiers peints. L’artiste Casilda Desazars de Montgaillard imagine une toile mise à sécher, entourée de fleurs et d’un bain coloré « rouge ».
L’autre exposition, Le tapis Moghol, une tradition réinventée remet la « toile » à l’heure indienne. Des artistes se sont penchés sur ces toiles de chintz, dites indiennes à qui Oberkampf a légué le nom de toile de Jouy. Juste retour des choses que les indiennes inspirent leur pays d’origine. Douze artistes se sont plongés sur cette histoire et la font baigner dans l’univers des mythes indiens et rendent hommage à la nature. Shrabani Roy associe passé et présent dans A journey from Chintz to Tattoo parlor avec des motifs de tatouées.
Un livre accordéon inspiré des « thangkas » traditionnels (Paula Sengupta). Aditya Basak choisit des motifs de kalamkari, qui furent très prisés par les Occidentaux ainsi l’histoire du jeune Krishna dérobant des vêtements de femmes…
Sur le campus d’HEC dans l’espace d’art contemporain, les regards se sont posés sur la toile de Jouy réinterprétée par les artistes. Actions anonyme met la toile de Jouy (universelle) dans tous ses états de produit de consommation et questionne : mondialisation, globalisation… Sharon Kivland imagine une pastorale, mais dont les personnages ne sont pas « complets ».
Corine Borgnet a grandi dans une chambre aux murs tapissés de toile de Jouy et demeure fascinée par cet environnement qui a bercé (imprimé ?) son enfance. Aujourd’hui elle métamorphose la toile en objets, curieuses expansions habillées de motifs de toile de Jouy.
Kouka brouille les repères dans sa « Toile de Jouy bantoue » enrichie de représentations de guerriers africains.
Une toile de Jouy bien vivante aujourd’hui.
Musée de la toile de Jouy et HEC jusqu’au 27 juillet
C Les artistes et le Musée de la toile de Jouy à Jouy-en-Josas
+ Jacotte Courtois de Viçose