Un prénom, un visage mutin, un mannequin d’avant les tops, Bettina est une légende de mode. Photographiée par les plus grands : Blumenfeld, Cartier-Bresson, Doisneau, Horst…, ses clichés en noir et blanc sont l’objet d’une délicieuse exposition chez Azzedine Alaïa.
Après une enfance en Normandie, Simone Micheline Bodin imagine devenir danseuse puis dessinatrice de mode. Après la Libération, elle part à l’aventure pour Paris. Un rendez-vous chez un couturier se charge de son destin, elle deviendra mannequin à une époque où les jeunes filles ne travaillaient que pour un couturier et faisaient partie d’une « cabine ». Elle travaille chez Lelong, Christian Dior lui propose de l’engager, mais c’est finalement Jacques Fath qu’elle choisit. Elle devient la muse du couturier qui la rebaptise en Bettina. Son mariage avec Benno Graziani lui donne le nom de famille qu’elle gardera.
Elle a un style bien à elle, elle a appris à se servir de son physique et à composer avec son visage. Ses taches de rousseur, elle les masque et offre aux photographes un teint blanc. Elle ourle ses yeux d’un trait et apprend des trucs ainsi une bouche maquillée de noir qui ressort d’avantage sur des clichés en noir et blanc. Elle ose une coupe de cheveux courte et très vite est partout. Paris Match parle d’elle comme la Française la plus photographiée de l’époque.
En 1952, elle entre chez Givenchy qui lance sa maison et crée pour elle la blouse Bettina, un chemisier à manches à volants superposés ; un modèle que Gruau immortalisera en dessin.
Invitée à Hollywood, Bettina est au summum de sa gloire et était rémunérée 7 000 francs de l’heure.
Quand elle rencontre l’amour de sa vie, Ali Khan, Bettina abandonne son métier, mais le couple sera victime d’un accident de voiture qui coûtera la vie au prince.
De loin en loin Bettina participera à la vie de la mode à Paris ainsi pour Chanel en 1969 ou en collaborant avec Ungaro. Il y a quelques années, par amitié, elle fut mannequin vedette et unique d’un défilé d’Adeline André.
Entourée de ses portraits en noir et blanc, la crinière rousse et habillée en Alaïa, Bettina fait revivre la magie des années 50.
Photos
-Georges Dambier
-J.-P. Charbonnier
-E. Savitry
-Robert Doisneau