Installé Place Vendôme dans un des lieux historiques de la maison, le nom de Schiaparelli revient sur le devant de la scène. L’Hôtel de Fontpertuis, au 21, abrite les nouveaux salons de couture et les bureaux. D’anciens objets de l’univers d’Elsa Schiaparelli et un éclectisme mâtiné de rencontres surréalistes recomposent un décor fantasque et original.
Après une première collection capsule de quelques modèles dessinée par Christian Lacroix en 2013, un directeur artistique a été choisi : Marco Zanini (précédemment chez Rochas). 60 ans se sont écoulés entre la fermeture de la maison par Elsa Schiaparelli et le renouveau avec la première collection couture présentée en janvier 2014 en tant que membre invité. Le challenge n’est pas simple, la haute couture n’est plus le secteur prédominant de la mode, mais demeure une vitrine magnifique tout en maintenant le flambeau d’un savoir faire d’exception. L’air du temps n’est pas non plus à la créativité débridée. Ce qu’a pu faire Elsa Schiaparelli en son temps n’est peut-être pas envisageable aujourd’hui. Il faut trouver le juste équilibre tout en gardant l’originalité indissociable de ce nom extraordinaire. Le travail des ateliers pour la première collection fut particulièrement remarquable et ce n’est sans doute que dans les salons de la maison que l’on peut en avoir pleine conscience. Travail d’exception, imprimés peints à la main, broderies raffinées, couleurs délicates…
Les noms choisis invitaient au voyage : Mes Garçons du jardin … (fleurs en tête de jeunes hommes), Pluie de Paris (motifs de pois), Ciel étoilé (étoiles à gogo). Les bijoux rendaient hommage à de magnifiques fleurs carnivores ou des enveloppements de feuilles de lierre.
7 juillet 2014, une deuxième collection est présentée. La première silhouette donne le ton, hausse la fantaisie, le souvenir d’Elsa est là, magique. Les matières se mélangent joyeusement. Une carrure démesurée se déploie pour les vestes tandis que des drapés ondoyants, près du corps, dessinent les fourreaux du soir.
La fantaisie règne sur la collection, les bibis (créations de Stephen Jones) participent à la joyeuse conversation. De l’alligator, de la panne de velours, des soies…
Un zeste de broderies, très Schiap et hommage aux initiales ES.
Des imprimés inventés : Dans les ombres du jardin (papillons sur feuilles de lierre), Les amis d’Elsa (ribambelle de chiens), Central Park (écureuils et rats), Les pigeons de Notre-Dame. Un festival de couleurs sans oublier un passage rose vif. Think pink comme le décor tendu de rose drapé dans un shocking maison.
Une collection pleine de fantaisie et avec des finitions dignes de la haute couture.
Et, en paraphrasant Aragon, on ne peut que souhaiter qu’à nouveau « Il ne soit Paris que d’Elsa ».