Premier biopic consacré à Yves Saint Laurent, le film de Jalil Lespert retrace une vingtaine d’années glorieuses depuis les débuts du couturier chez Christian Dior jusqu’à ses grands succès personnels en mode.
Mais, s’il n’en reste qu’un, c’est Pierre Bergé, omniprésent dans le film, compagnon, amant, homme d’affaires qui cherche à protéger Yves Saint Laurent de ses démons.
Quand il est choisi par Boussac pour succéder à Christian Dior, Yves Saint Laurent a déjà les yeux de la mode rivés sur lui, mais son statut de réformé lui vaudra la perte de son poste. Avec l’aide de Victoire Doutreleau, amie et mannequin vedette, qui « épousera Paris Match » en convolant avec Roger Thérond, le duo Bergé Saint Laurent s’attelle au lancement de la nouvelle maison de couture.
Le rôle titre va comme un gant à Pierre Niney, jouant le personnage avec une timidité maladive, des maladresses d’élocution, des tics… Dans le rôle de Pierre Bergé, Guillaume Gallienne joue très bien, mais a un physique moins mimétique. Victoire (la seule femme qu’Yves Saint Laurent aurait voulu épouser) est interprétée par Charlotte Le Bon, beaucoup plus grande que la vraie Victoire, mais pétillante. Les deux muses des années 70 que sont Betty Catroux et Loulou de la Falaise sont jouées par Marie de Villepin et Laura Smet, très loin de l’élégance bohême chic de son personnage !
Les grandes figures de l’époque passent : Bernard (Buffet), Zizi (Jeanmaire) Karl (Lagerfeld) et surtout Jacques (De Bascher) sulfureux personnage fantasque, ami-amant des deux créateurs. Une galerie de portraits des années 70, bohême chic, luxe, volupté et excès (drogue, sexe).
Les affres de la création, la passion du travail sont bien dépeintes. Crayonnant sans cesse, multipliant les croquis et se défoulant en cachette en dessinant la vilaine Lulu, Saint Laurent habille les femmes. Le cheminement de la robe Mondrian, une palette de couleurs, les pages d’un livre et une robe à jamais iconique. La révolution smoking met définitivement la femme en pantalon bien avant l’évolution de la loi. Aux débuts, le créateur est critiqué pour son attachement au passé, à la couture alors que les années 60 projettent une vision du futur avec Paco Rabanne, Pierre Cardin, Courrèges et que Karl Lagerfeld est déjà dans le prêt-à -porter (Chloé). Pourtant Yves Saint Laurent, tout en maintenant le flambeau passéiste de la couture, fait ses petites révolutions de style avec la saharienne, le smoking, ses thématiques folkloriques,… et le lancement du prêt-à -porter Rive gauche… Sûrement très proche d’une certaine réalité de la vie d’Yves Saint Laurent, le biopic de Jalil Lespert semble un peu sage, manque sans doute un souffle de cinéma.
Aujourd’hui le nom Yves Saint Laurent signe aussi une grande marque de cosmétiques (depuis quelques années dans le giron de L’Oréal). Le film met en scène la prise de vue mythique du portrait du couturier nu sous la caméra de Jeanloup Sieff et qui devint la campagne du premier parfum pour homme avec une mémorable accroche : « Depuis 3 ans cette eau de toilette est la mienne. Aujourd’hui elle peut être la vôtre. » Pour le film, les maquillages des héroïnes ont été imaginés par l’équipe créative YSL dans l’esprit du style de l’époque autour des héroïnes : Victoire, Betty et Loulou.
En salle en janvier.