S’il fut président d’Hermès pendant 28 ans (de 1978 à 2006), Jean-Louis Dumas en fut aussi et surtout l’âme. S’il vient de disparaître, son nom reste attaché à une maison qu’il a su faire évoluer. En tant que directeur artistique, il a réussi à insuffler poésie et humour à une entreprise pour laquelle qualité et savoir-faire allaient de soi.
-A comme Architecture. Sous son impulsion, la maison Hermès a ouvert ou rénové des boutiques prestigieuses mais pas tapageuses, faisant appel notamment à Renzo Piano pour un bâtiment en briques de verre à Tokyo, dans le quartier de Ginza (2001). L’architecture intérieure étant confiée à Rena Dumas, son épouse, aussi à l’origine de la remise à neuf de l’historique vaisseau amiral du 24 Faubourg.
-B comme Birkin. Si la maison avait un sac mythique au nom de la princesse Grace de Monaco, le Kelly. Jean-Louis Dumas eut l’idée d’en faire imaginer un pour Jane Birkin qu’il avait simplement croisée lors d’un voyage et qui rêvait d’un sac grand format, pratique.
-C comme Carré. Le carré est l’incontournable chez Hermès depuis 1937 et continue à représenter un chiffre d’affaires conséquent pour la maison. Chaque année de nouveaux motifs viennent habiller le 90X90cm (ou aussi désormais le 70X70cm). Depuis 2003 Bali Barret préside à la division soie et orchestre les créations de designers, d’artistes.
-F comme Fantaisie. Un petit sac, un motif de visage bonhomme, drôle et singulier. Une idée farfelue de Jean-Louis Dumas s’est posée en couleurs sur un mini-sac de cuir.
-G comme Groupe. Née en 1837, la maison est aussi devenue un groupe avec l’acquisition notamment de John Lobb, Puiforcat, Saint-Louis et des parts dans la société Jean Paul Gaultier. Si la société est cotée en bourse depuis 1993, la famille en détient toujours une large majorité.
-H comme Hilton Mc Connico. Le designer collabore régulièrement avec Hermès et Jean-Louis Dumas depuis 1989, créant des scénographies poétiques et surprenantes (le teddy bear géant dans la boutique !).
-M comme Mode. Pour le développement de la mode au féminin (débutée en 1967) ont été choisies de fortes personnalités, de vrais talents. Après le pôle de créateurs (Tan Giudicelli, Thomas Maier, Mariot Chanet, Marc Audibet…) dirigé par Claude Brouet ont succédé Martin Margiela de 1997 à 2004 et ensuite Jean Paul Gaultier. Au masculin, c’est Véronique Nichanian qui, depuis 1990, crée les collections masculines avec succès.
-P comme Parfum. Depuis la première eau composée en 1950, les parfums se sont succédés avec les mythiques Calèche, l’Eau d’orange verte… Après le merveilleux Jardin en Méditerranée, Jean-Claude Ellena est devenu le parfumeur exclusif d’Hermès en 2004, ajoutant un exquis Jardin sur le Nil et un intrigant Jardin après la mousson. Fragrances plus intimistes, les Hermessences complètent la perception d’Hermès en tant que véritable maison de parfums.
-T comme Thème. Chaque année Jean-Louis Dumas choisissait un thème qui allait nourrir les différents secteurs en termes d’inspiration. Pour lancer le thème étaient organisés des événements fantaisistes où les invités se comportaient de façon bon enfant, chantant en choeur Etoile des neiges, portant sur la tête un ridicule déguisement d’insecte, dégustant un mémorable repas sans couverts (« les mains »), se travestissant pour un improbable bal ou encore partant dès potron-minet visiter Rungis à 5 heures du matin.
-V comme Vitrines. Depuis 1978, c’est Leila Menchari qui orchestre les mises en scènes toujours étonnantes de la boutique du 24 Faubourg quatre fois par an. Raffinement, fantaisie baroque, onirisme, métissage de cultures, d’inspirations, fête des couleurs signent l’esprit Hermès tel que Jean-Louis Dumas le voyait.