Photo Katerina Jebb
Petite bulle incongrue et poétique au coeur de la mode, la présentation d’Olivier Saillard était exquise.
Tombé dans le chaudron de la mode, Olivier Saillard en est aujourd’hui un des conservateurs officiels (aux Arts décoratifs) et commissaire d’expositions. En assemblant des tissus brodés, perlés pour en faire des sacs customisés, il s’est aussi essayé à la création. Depuis plusieurs saisons, il explore le territoire de la mode en lui dédiant des mots, des textes qui tourbillonnent autour des chiffons. Il a commencé par des textes, posés sur l’imaginaire (j’ai encore un fax qu’il m’a envoyé, inventant en prose un vêtement qui pourrait être mien). De ces différents éléments, il a fait des recueils, a exposé des textes accrochés sur des cintres…
Depuis quelques saisons, il s’encanaille, il ose davantage. Il présente le plus souvent avec l’exquise Violeta Sanchez des « collections » événements au moment de la couture.
Le 26 janvier, ente deux défilés, il avait installé son salon (avec une assemblée de « vrais » gens de mode) au théâtre de l’Odéon pour une « Leçon de Haute couture Printemps-été 2010.
A partir d’une collection de vêtements chinés, pas « mode » pour un sou, mais émouvants, touchants, rapiécés ou en loques, a été dressé un inventaire dans un système à la fois proche de Prévert et de Pérec. Violeta et Olivier, compères et complices, ont déballé, regardé, montré leurs trouvailles. Numérotés pour le « défilé », les vêtements associent jeux de mots pour initiés (« Jacqueline Sitbon ») et descriptions exquises : « bleu de chauffe au sang bleu », « rayure tennis Lascaux », « new look des pelleteuses », « curriculum vitae d’une vie au travail », « broderie pique-asiette », « point zigzag, après pastis », « 50 ans de cocktail en milieu municipal », « dentelle aux abois par temps de chien »…
Et le N°15 :
Scène de ménage
De Coco à Rei
Trous sans date
Siècle moderne
Un moment de fantaisie exquise “jusqu’à ce que mode s’en suive”. Un « manifeste poétique contre la surproduction de la mode ».
Photo Vincent Lappartient