Kristin Bauer, la Pam de True Blood en interview

La saison 5 de True Blood, la dernière d’Alan Ball, débute ce soir sur OCS Max à 20h40. A cette occasion, j’ai pu discuter avec Kristin Bauer Van Straten, au cours d’un petit coup de fil depuis Rome, où elle participait à la Fiction Fest. L’interprète de Pam revient sur la saison 5 de True Blood, bien entendu, sur la place grandissante de son personnage, sur ce qu’on y apprend de ce vampire au sale caractère, et sur la dure vie d’actrice dans une série au casting si peuplé…  Attention, il y a quelques spoilers dans cette interview.

Pam est absolument partout dans les premiers épisodes de cette saison 5 !
Oui, c’est vraiment chouette, j’ai beaucoup aimé le fait qu’on découvre enfin comment elle est devenue vampire, comment elle a rencontré Eric, quelle était la nature de leur relation… Lire et tourner ce début de saison a été un vrai plaisir. Si Pam est si présente, c’est surtout à mon avis du au fait que ce nouveau chapitre se déroule essentiellement autour du monde des vampires.

Vous avez gagné en importance dans la série, au fur et à mesure des saisons…
Oui, au début, je n’étais finalement que la partenaire d’Eric. J’apparaissais de temps en temps, je tournais une scène ou deux, généralement des répliques sarcastiques au possible, mais on ne savait pas grand-chose d’elle. Avec la saison 3, on a commencé à découvrir un peu plus en profondeur la relation entre Pam et Eric, et à réaliser qu’elle n’est pas qu’une vampire cynique, mais une femme vulnérable et fragile. On l’a même vu pleurer. Il a fallu attendre la saison 4 pour qu’elle décroche une ligne narrative indépendante. Les choses se sont construites très lentement, et le personnage n’a finalement été complet qu’en 5 saisons ! On ne voit ça que sur HBO…

Ça n’a pas été un peu frustrant ?
Si… Nous sommes tellement nombreux dans cette série, il faut attendre. Ça a été assez éprouvant de ne pas savoir où ce personnage allait. A chaque fois que je recevais un scénario, je tournais les pages en espérant y croiser Pam… Ça a été dur, mais du coup la récompense de cette saison 5 a été encore plus douce.

Ça ne doit pas être évident de faire partie d’un casting aussi large. Quand votre personnage est moins présent, vous devez vous demander si ça veut dire que vous êtes nulle…
Oui, les acteurs prennent toujours tout personnellement. Ça n’a généralement absolument rien à voir avec vous, mais si vous n’êtes pas dans un épisode, vous devenez parano. Ça fait partie du job. Intellectuellement, vous comprenez qu’il y a plein d’autres personnages, mais vous ne pouvez vous empêcher de vous sentir vulnérable… Il y a en revanche deux avantages à cette situation : vous ne travaillez pas tous les jours, et vous pouvez regarder la série comme un fan, parce que vous ignorez la majeure partie de l’intrigue, celle qui ne vous concerne pas ! Le monde des humains, le monde des fées, les loups-garous, tout ça, je ne connais pas ! Bien sûr, je vais aux lectures de groupe, mais généralement je ne m’en souviens pas 6 mois plus tard, quand la série est diffusée.

Retournons à votre personnage, Pam. Va-t-on enfin comprendre pourquoi elle a l’air tout le temps de mauvais poil ?
(Rires) La saison 5 explique pourquoi c’est un personnage qui déteste tout le monde – sauf Eric. Sa vie a été très difficile, elle a vécu à une époque où les femmes étaient mal traitées, et Eric l’a tiré de cela, en quelque sorte. Ça explique pourquoi elle l’aime tant, et pourquoi elle méprise à ce point les humains, qui sont « des animaux ou de la nourriture » pour elle. Elle ne voulait plus être humaine, elle a choisi de devenir un vampire. Ça en dit long sur sa souffrance…

C’est finalement un personnage très mélancolique, qui s’est suicidée pour devenir vampire…
C’est quelque chose que j’ai découvert en lisant la scène, et ce simple geste apporte une lumière toute différente sur la personnalité de Pam.

Tout ça est expliqué dans des flashbacks, une figure de style casse-gueule. Comment True Blood s’en sort sans trop de dégâts ?
Ces flashbacks sont inspirés par une scène, une action qui se déroule dans le présent de la série. Depuis la fin de la saison 4, on sait que Pam et Eric sont en froid, et c’est ce qui déclenche ses souvenirs. Sa peine du moment lui rappelle très logiquement l’origine de leur relation.

Les saisons de True Blood ont souvent une thématique centrale. Qu’en est-il selon vous de cette saison 5 ?
Je trouve que c’est une saison hautement politique. Ça ne m’a frappé qu’après coup, mais le slogan « everything is at stake » (« tout est en danger », « tout est remis en cause ») me fait penser aux élections présidentielles américaines… La politique du monde vampirique et son impact sur le monde humain remet tout en cause dans cette saison.

La série semble être de moins en moins profondément métaphorique, et de plus en plus un pur divertissement…
Je ne suis pas sûre… Vu de l’intérieur, ce n’est pas facile à dire. En tant qu’actrice, je pense beaucoup à la complexité de mon personnage et à ce qu’il veut dire, je ne me concentre pas essentiellement sur le fun et le divertissement. Ceci étant dit, ça me semble être une évolution logique : faire en sorte que les premières saisons soient très complexes, riches en métaphores, pour pauser l’univers et les ambitions de la série, avant, par la suite, de se relâcher un peu et de laisser l’œuvre vivre. Pour autant, cette saison 5 retourne à quelque chose de très métaphorique, et commente la vie politique, religieuse, et pas mal d’autres sujets sérieux.

Alan Ball n’est désormais plus le showrunner de True Blood. Craignez-vous ce départ ?
Je ne crois pas qu’Alan partirait de la série s’il avait le moindre doute sur ceux qui vont le remplacer. C’est un moment délicat, à la fois triste, inquiétant et excitant. La dernière lecture a été très émouvante. Seul l’avenir nous dira si les choses vont bien se passer, et quel impact ça va avoir sur nous autres acteurs…

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