Le Front national est une maladie mentale (pour le moment) incurable


A l’heure d’aujourd’hui, il n’y a pas de réponse au Front national.

Confronté à un peuple en proie à une hallucination collective, celle d’être envahi par des hordes de Musulmans sanguinaires, un peuple convaincu que si des mesures énergiques ne sont pas prises dans l’instant, il est voué à disparaître, un peuple assez tourmenté pour s’inventer des ennemis en tout point imaginaires – face à une telle distorsion de la réalité, vous ne pouvez strictement rien entreprendre pour calmer cette ardeur autodestructrice.

La force d’un peuple qui éprouve des envies de suicide ne saurait être arrêtée ou battue en brèche par un discours de raison.

Vous aurez beau le rassurer, le câliner, le réconforter, lui démontrer par a+b l’incohérence de son discours, l’inanité de ses prophéties, l’inexactitude de ses projections, l’incohérence de ses pensées, l’incongruité de son raisonnement, rien ne parviendra à changer son état d’esprit : à partir du moment où il s’est persuadé qu’il encourt un danger mortel, il ne déviera plus de sa route.

Il est en transe ce peuple-là, il a beau se composer de plus de soixante-cinq millions d’individus, il a beau être la cinquième puissance mondiale, il a beau vivre dans une relative prospérité comparée à d’autres, il a beau tout avoir pour être heureux et vivre en harmonie dans un pays béni des dieux, il n’empêche, rien n’y fait : aux yeux de certains, il court droit vers la catastrophe.

Il est comme ce malade qui, s’imaginant être poursuivi par des démons tous animés d’intentions malignes, se sentant possédé par des voix l’assaillant de pensées morbides, préfère sauter dans le vide que de continuer à vivre parmi le chaos de son esprit délabré.

C’est l’exact opposé d’un mouvement révolutionnaire libérateur qui veut que lorsqu’un peuple décide de prendre son destin en main et s’arroge le droit de renverser son bourreau, plus rien ne peut l’arrêter sauf la mise à l’écart de son oppresseur.

Dans le cas présent, l’oppresseur est un étranger dont on n’a toujours pas vu poindre le bout de son nez mais dont on subodore qu’il se trouve être à la tête d’une armée de fantassins s’entassant à nos frontières et attendant son heure pour passer à l’offensive.

Ou alors habitant déjà parmi nous et guettant un signal pour mettre en œuvre son sinistre dessein, celui d’arabiser la patrie, de défranciser la France, de transformer les églises en mosquées, d’agir en sous-main pour que demain la charia remplace la constitution.

Que rétorquer face à de telles fantasmagories qui relèvent toutes d’une déconstruction de la réalité si profonde qu’on en reste sans voix ? Démunis que nous sommes devant ce déluge de considérations dont aucune, absolument aucune ne fait sens.

Un galimatias de ratiocinations qui semblent être sorties tout droit d’un esprit en proie à un délire de persécution et dont les récents attentats ne sauraient en rien légitimer cette paranoïa latente.

C’est en cela que le Front National est une maladie mentale et incurable.

Il échappe à toute rationalité et répond à une peur qui n’est pas tellement la peur de perdre son emploi, son logis, son identité, autant d’assertions trompeuses qui ne résistent pas à l’étude des faits : jamais dans la longue histoire de l’humanité, l’homme occidental et donc hexagonal n’a vécu aussi longtemps, n’a mangé autant à satiété, n’a joui d’autant de privilèges, de conforts, d’avantages, et même si nos existences semblent être devenues aujourd’hui plus précaires ou plus tendues, elles continuent à naviguer largement au-dessus de la ligne de flottaison.

Non le Front National, sans que lui-même en soit forcément conscient, répond ou tente de répondre à une peur bien plus profonde : la grande et magnifique et légitime peur de tout être humain confronté à l’angoisse de l’existence, au néant de la mort, à l’infini de l’univers, autant de peurs que la religion parvenait hier encore à soulager, que des grands mouvements syndicaux arrivaient à canaliser, que des idéologies dominantes encadraient et inscrivaient dans un cadre bien précis où l’homme trouvait vaille que vaille un sens à sa vie.

C’est sur cette peur désormais laissée sans réponse que prospère le nationalisme.

Il propose un ordre nouveau qui mettra fin à ce désordre métaphysique en inscrivant au cœur de son projet le repli sur soi, la négation de l’autre, le rétablissement des frontières, la mise hors d’état de nuire de l’étranger, le rétablissement de l’autorité en tant que valeur cardinale de la société, autant de propositions qui sont comme un apprivoisement de la mort, un refus de la vie et un désir d’anéantissement.

Une idéologie funèbre comme le fut le nazisme, comme le sont tous les totalitarismes.


Le Front National s’incarne dans une pulsion morbide qui travaille l’âme du pays au point de précipiter sa chute.


C’est à cette peur qu’il faut savoir répondre.


Autant dire que la partie ne fait que commencer.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

8 commentaires pour “Le Front national est une maladie mentale (pour le moment) incurable”

  1. L’irrationalité ne manque certes pas aujourd’hui en France. Mais les Français n’en sont pas tous pas frappés, à la différence des animaux malades de la peste de La Fontaine. Assez loin s’en faut. Quand les calculs politiciens et les appétits de pouvoir sont relativement bien distribués dans la classe politique ; quand les citoyens dits lambda n’en sont pas dupes, malgré leur abandon à quelques fortes pulsions et passions (phobies et peurs), peut-on les juger en proie à un quasi-délire obsidional ? Quelques-uns, peut-être, mais ne généralisez-vous pas à l’extrême ?

    Ne serait-il pas plus raisonnable (tout en se rappelant que les reportages sur les frontières européennes assez mal protégées, et d’autre part, ceux sur les attentats dévastateurs ont sans doute contribué à rendre irrationnelle cette peur chez certains) d’observer que de tout autres motivations – « crise » aux effets interminables, déception face aux promesses politiques très mal ou pas du tout tenues, depuis trois bonnes décennies ; effets économiques de la mondialisation et des changements dus à la « révolution » technique qui menacent ou frappent les moins formés dans leur vie professionnelle, donc dans leur vie quotidienne… – rendent suffisamment compte du succès du Front national ?

    Ses électeurs, pour une grande part, sont moins atteints de « fantasmagories » que crédules. Toute idéologie n’est autre qu’une foi reposant sur des promesses se révélant (du moins l’Histoire l’apprend-elle) mensongères. Or, si la « foi » frontiste – on ne parle nullement des cadres et dirigeants ! –, paraît foncièrement dangereuse, c’est parce qu’avant même d’évoquer idéologie frontiste, morale, ou humanisme (ce serait naïf…), son socle a pour assise partielle des visées économiques et politiques irréalisables et dans le monde actuel et dans celui étriqué que le F.N. propose. Dès lors, comment les angoisses (chômage, déclassement, etc.) du gros de l’électorat du Front national pourraient trouver là remèdes ? Et puis, si ledit électorat ne s’enquiert même pas du programme – qui d’ailleurs ne porte pas sur les régions –, n’est-ce pas simplement qu’il se conduit en client soucieux de changer de… fournisseur politique, pour ne plus voir les « partis de gouvernement » qui l’ont déçu ?

    Que cet électorat ne s’avise pas maintenant qu’il sera bientôt la dupe d’un parti n’ayant pas gouverné (donc, digne d’être essayé) relève surtout d’espérances déçues, ainsi sans doute que des bonnes manières médiatiques dont les Le Pen ont depuis quelque temps bénéficié, sans oublier l’absolu manque de travail programmatique des autres partis. Cela ne semble pas relever de « la grande et magnifique et légitime peur de tout être humain confronté à l’angoisse de l’existence, au néant de la mort, à l’infini de l’univers ». Laquelle est foncièrement métaphysique, et non politique.

  2. bonjour,
    Je ne suis pas sur que le vote FN soit motivé par la peur d’une invasion d’étrangers non chrétiens en plus! 🙂 sauf pour une petite partie.
    Mais après avoir essayé à tour de rôle le PS et l’ UDF-RPR-UMP-LR à plusieurs reprises avec les 35 h payées 39 qui n’ont pas été payées 39 et qui n’ont pas marché, les promesses toutes aussi infructueuses et fallacieuses des autres, les 2 camps nous disant à l’unisson c’est la faute de l’europe, c’est la faute de l’euro, on ne peut pas faire ce qu’on veut… il est logique que ceux qui ont cru les promesses des uns aient la crédulité de croire celles de ceux qui “n’ont pas été essayés” et qui nous promettent justement de sortir de l’europe et de l’euro!

    La désillusion sera terrible et à moins qu’un vrai homme d’état émerge, je crains que par la suite de soit les démagogues de l’autre coté qui soient essayés!

    L’avenir n’est pas rose! 🙂

  3. “Il est en transe ce peuple-là, il a beau se composer de plus de soixante-cinq millions d’individus, il a beau être la cinquième puissance mondiale…”

    6ème puissance mondiale. Oui, nous avons perdu un rang, dépassé par l’Angleterre, et les médias ont commencé à nous en informer un certain 7 janvier 2015 vers 9h du matin… avant de passer aux infos que l’on connaît. Ce passage du 5ème au 6ème rang est une des nombreuses raisons qui m’ont poussé à voter FN.

  4. Psychanalyser ce partit, c’est déjà avoir perdu le débat.
    ce n’est pas la victoire du FN mais la fin de la gauche.

  5. Politique : bien, bien . les français qui ont voté FN c’est que le gouvernement Valls à contribué à alimenter cet élan politique. Avant les gouvernements avec le travail et les impôts que ce travail gênerait et les indemnisations en moin pour le peu des chômeurs, il pouvait emprunter de l’argent et faire du social, sous le président Sarkozy on a découvert qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses et c’est lui même qu’il l’a dit! Après on a élu le président Hollande, sur des esperances d eldorado, mais très vite la réalité à éclaté et comme dit le proverbe : on voit le mâcon au pied du mur. Et le président a nommé premier ministre mr Valls que lui n’a pas trouvé mieux que nommer des ministres très jeunes en politique et sans expérience, heureusement il a gardé Mr Fabius .celui qui a eu le courage de supprimer ” la vignette auto” un vrai cauchemar des fin d année pour des millions des pauvres .actuellement on vois que mr Valls à pour seule occupation que se focaliser sur Nicolas Sarkozy, et en faisant ainsi il agace davantage les français qui au seuil de la pauvreté se sentet abandonnés comme sur un bateau qui prend l’eau et à la dérive sans un Admiral et l équipage pour le diriger. Hier il a déclaré que n’était pas la pour s’excuser ! A mon avis il a fait cadeau d un milions des vois au FN pour dimanche prochain avec une telle déclaration. C’est vrai que le FN est composé de la nièce et tantes,mais la réalité est là et si on veut faire disparaître le FN mr le premier ministre mr Valls ferait mieux de réunir tous les partis Républicains et travailler ensemble à s occuper UNIQUEMENT AUX ATTENTES DES CYTOYENS. merde! Ils vont le comprendre ou non? Pendant que j’écris mes pensées sur Bfmtv un journaliste dit qu’il faut combattre le travail au noir ! Encroyable ! Heureusement que on peut encore faire quelque heure au black pour s acheter du pain, tandis qu’on lit sur les journaux qu’un certain michel Platini à touché 1,8 millions d euro pour un travail ( au noir?).

  6. Superbe article !
    “Une idéologie funèbre comme le fut le nazisme, comme le sont tous les totalitarismes.

    Le Front National s’incarne dans une pulsion morbide qui travaille l’âme du pays au point de précipiter sa chute.”

    ces phrases sont d’une telle vérité que ça en fait froid dans le dos !

  7. Etant donné que la proposition de départ est erronée, toute la demonstration se fait logiquement dans le vide.

    Ce peuple que vous semblez si peu comprendre ne réagit pas aux attentats, la peur favorisant traditionnellement le pouvoir en place. Il n’adhère pas non plus à l’amateurisme du FN, il vote contre…comme il a voté contre Sarkozy, comme il a voté contre Chirac. En l’absence de représentativité d’une élite politique si éloignée de sa réalité, il lance un dernier coup de semonce en l’air dans une élection à enjeu minimes avant en effet de viser le palais si les rois fénéants ne se lèvent pas, si les discours continuent à financer l’immobilité, l affairisme, et les lubriques complicités de la sphère artistico politico journalistique parisianiste. Il faut dire que l instrumentalisation de la justice dans l affaire Tapie, puis Taubira, a servi de catalyseur pour comprendre que la démocratie aux pouvoirs indépendants était un mirroir aux alouettes

  8. La posture me fait penser à ces ados qui pensent tout savoir sans rien connaitre.

    Que de vilains mots posés sur des français comme nous autres…

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