Oui je suis bien-pensant et alors ?


C’est la nouvelle insulte à la mode.

Sitôt une pensée émise, peu importe sa nature ou sa consistance, qui aurait l’inconvénient d’être partagée par le plus grand nombre, voilà que les nouveaux chiens de garde, les fidèles cerbères pleins de fiel de nos nouveaux idéologues à la petite semaine, s’en viennent d’un air supérieur et vaguement condescendant vous crachoter au visage la suprême insulte ” Encore un bel exemple de bien-pensance que voilà !”

Autrement dit que vous avez perdu votre capacité réflexive et que vous vous contentez désormais d’épouser le mouvement dominant, que vous prenez bien soin de marcher dans les clous, que vous remâchez des idées convenues en vous assurant de ne choquer personne, d’être dans la norme, le doigt sur la couture de votre irréprochable et morne respectabilité.

Vous êtes comme tout le monde, un mouton de Panurge nourri à la sousoupe servie par la toute-puissance publique, une lavasse sans aspérités, un être au rabais tout juste bon à baisser son pantalon devant l’ordre établi, un infâme suiveur, un affreux conformiste.

Pire, une raclure d’humaniste !

C’est que désormais pour se vanter d’être un rebelle, un vrai, un nouveau punk, il faut absolument afficher des opinions contraires au sentiment général, quitte à marcher dans la boue du nationalisme le plus pestilentiel qui soit, à se tenir aux côtés des penseurs les plus réactionnaires qui existent et à clamer des idées en tous points contraires à la morale élémentaire.

Être contre quel qu’en soit le prix à payer, non plus comme autrefois pour effrayer le bourgeois, envoyer paître les convenances, vivre dans sa radicalité la plus extrême parfois au prix de sa vie, mais par seul souci de laisser libre cours à ses atrabilaires pensées, de justifier son aversion contre les hommes de bonne volonté, de cracher dans la soupe amère de sa nostalgie remontant à une époque où la France était ou se pensait encore comme le centre de l’univers.  

Quoi ? Vous vous émouvez de l’image d’un enfant échoué sur une plage turque, mais mon pauvre ami, vous êtes pitoyables de conformisme, vous hurlez avec la meute, vous êtes dégoulinant de sentimentalisme, vous transpirez la bienséance, c’est affreux, c’est d’une niaiserie confondante.

Quoi ? Vous prônez une France ouverte sur l’extérieur, tolérante, multiculturelle, accueillante envers l’étranger, mais c’est inouï de mièvrerie comme raisonnement, c’est céder à des accès de bonté insupportables, c’est écœurant de sollicitude.

Aujourd’hui, l’anticonformiste, celui qui ose s’insurger contre l’ordre établi, se doit d’être réactionnaire, vaguement raciste, un brin antisémite, un tantinet xénophobe.

C’est la marque du révolté.

Celui qui prend des risques.

Au risque d’être voué aux gémonies.

Et de devenir un martyr.

Il se démarque, il provoque, il défie.

Et ce faisant, il se complaît dans la plus abjecte des postures : celle du prédicateur n’hésitant même plus à soutenir les thèses les plus nauséabondes, à monter le peuple contre les élites, à caresser dans le sens du poil la petite crapule nationaliste qui, lui, ose dire tout-haut ce que tout le monde pense tout-bas : la France partant en débandade à cause d’une immigration incontrôlée, la perte des repères due à l’injonction faite de renoncer à ses propres valeurs pour ne point choquer l’immigré du coin de la rue, l’insécurité qui galope à cause du laisser-aller général et de la tolérance affichée vis-à-vis des petits délinquants d’origine évidemment maghrébine…

Le rebelle est populiste dans l’âme.

Singulier renversement de tendance.

Pourtant, il me semble, à mes yeux bien naïfs, j’en conviens, que l’authentique révolte, loin de toutes ces prises de positions racoleuses au possible, consiste avant tout à refuser toutes les injustices.

A récuser tous les sectarismes.

A ne jamais accepter qu’on puisse reprocher à un individu d’être ce qu’il est : noir, arabe, juif, blanc, jaune.

A accepter les différences, prôner l’ouverture sur l’autre pour enrichir son propre patrimoine personnel, vivre debout sans jamais céder à la moindre compromission avec la racaille venue d’extrême droite et d’ailleurs.

Et si cela c’est de la bien-pensance, alors oui je suis bien-pensant et fier de l’être.

Et je vomis ceux qui ne le sont pas.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Nadine Morano ou le triomphe de la bêtise ordinaire


Ne nous y trompons pas.

La phrase lancée l’autre soir par Nadine Morano, ”Nous sommes un pays judéo-chrétien de race blanche”, cette phrase qui nous interpelle et nous choque, cette phrase abjecte, cette phrase de tous les racismes et de tous les ostracismes, cette phrase aussi immonde soit-elle, reflète une pensée partagée par un nombre de plus en plus grand de Français.

Ce n’est pas un écart de langage.

Ce n’est pas un dérapage ni un pétage de langue ni une quelconque déformation de sens.

C’est la mise en mots d’une ”idéologie”, celle de la France pour les Français, celle de la France profonde, celle d’une France arc-boutée sur elle-même, que partage, comme d’autres l’ont partagée avant, une frange non négligeable de la population française.

Le nier serait stupide, vain, voire criminel.

Oui il existe des gens de tous horizons, de toute tendance politique, de toute condition sociale, des retraités, des professeurs, des garçons coiffeurs, des péripatéticiennes, des secrétaires de direction, des chefs d’entreprise, qui, au plus profond d’eux-même, sans être forcément des racistes enragés ou des xénophobes acharnés, pensent que oui, la France, c’est avant tout un territoire qui a vocation à être peuplé de personnes qui leur ressemblent.

Ils sont riches, ils sont pauvres, ils sont analphabètes, ils sont de grande culture, ils habitent au cœur des villes, ils vivent à la campagne, ils sont célibataires, ils ont des enfants, ils sont jeunes, ils sont moins jeunes, ils sont athées, ils sont croyants mais tous partagent cette intime conviction que la France c’est d’abord une identité constituée de gens de “race” blanche, entretenant des rapports plus ou moins étroits avec la chrétienté et dont, dans l’idéal, les ancêtres vivaient déjà dans l’hexagone.

On en rencontre de plus en plus qui, sans même se cacher, sans prendre de gants, sans ambages, expriment cette féroce croyance en une France qui ne saurait être la France si elle devait composer avec des personnes issues d’une autre culture, d’une croyance différente, d’une couleur de peau trop bronzée pour être honnête.

La France, c’est la France, pas un assemblage de troupeaux bigarrés constitués d’êtres venus d’ailleurs qui ne partagent aucune valeur avec l’âme profonde du pays, qui ne peuvent pas saisir son essence même, qui quelque fut leur degré d’intégration, leur réussite professionnelle ou scolaire, leur enracinement, demeureront à tout jamais des ennemis de l’intérieur.

Qui le jour venu n’hésiteront pas à prendre les commandes du pays pour le précipiter dans les abîmes, le forcer à changer de paradigme, l’arabiser de force avant de prêter allégeance au Prophète.

C’est d’une bêtise sans nom, c’est une fantasmagorie absolue, c’est un raisonnement qui tient du délire le plus échevelé, c’est absurde, c’est révoltant de connerie mais c’est ainsi.

Et c’est sûrement commun à nombre de peuples. 

Et c’est précisément parce que c’est une pensée qui se situe au-delà du champ de la raison qu’elle est comme impossible à combattre.

La bêtise a ceci d’effrayant que n’étant pas construite sur un raisonnement intellectuel articulé, ne reposant point sur une succession d’idées qui mises bout à bout finissent par aboutir à un semblant de pensée, celui ou celle qui s’efforcerait de la démonter sera voué à échouer. 

Il aura beau la dénoncer, démontrer par a+b sa parfaite inanité, prouver sa totale absurdité, il faillira toujours à la faire disparaître.

La bêtise est plus forte que tout.

Elle triomphe de tous les raisonnements, elle terrasse toute intelligence, elle reste sourde à tous les discours de bon sens.

Elle est insubmersible.

Il ne sert rien d’essayer de l’attendrir, il faut juste savoir qu’elle existe, qu’elle est là, dans le cœur profond des hommes et des femmes, ne jamais la sous-estimer, la surveiller de près afin que de sentiment elle ne devienne pas action, c’est la seule chose qu’il convient de faire : la garder dans son viseur et sitôt qu’elle tente de s’émanciper, la forcer à regagner ses terres.

En employant tous les moyens nécessaires.

En ne tentant jamais de la justifier par je-ne-sais-quel conditionnement économique, d’essayer de la comprendre tout en la rejetant, de lui trouver des circonstances atténuantes là où elle demande une intransigeance infaillible. 

Quant à Nadine Morano, nul besoin de lui tomber dessus.

Du haut de son indécrottable bêtise, elle nous domine et nous dominera toujours.

Il suffit juste de se boucher les oreilles.


Ou éviter de l’inviter à des émissions juste pour avoir la satisfaction de voir ses chiffres d’audience augmenter comme ces monstres d’autrefois qu’on exhibait dans les cirques pour mieux remplir les gradins.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                            Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Faussaires d’intellectuels


L’époque est aux pitres de salon.

A ces ”intellectuels” de basse-cour  qui viennent crachoter leurs antiennes moisies sur des plateaux de télévision, à ces culs-de-jatte de la diarrhée verbale contemporaine, bouffis d’auto-suffisance, admirateurs éperdus de leur propre génie, pantouflards révolutionnaires épatés de venir secouer l’establishement à une heure de grande écoute et essaimant sans que personne ne trouve à redire des idées fleurant bon le renouveau national.

Ah qu’ils sont donc laids ces nouveaux fanfarons de la pensée hexagonale, ces petits marquis imbus d’eux-mêmes se sentant pousser des ailes et n’hésitant plus à soutenir des thèses certifiées conformes par un parti politique, dont par pudeur ou par calcul, ils n’osent encore reconnaître comme le leur.

Pour eux, l’heure de leur revanche a enfin sonné.

Peu importe que d’intellectuels, ils ne possèdent que le titre mais jamais la cohérence, la rigueur, le maintien, le sérieux, l’éthique, la modestie.

Non eux s’apparentent plus à des clowns, des clowns sinistres, aigris et rassis qui aiment par-dessus tout s’entendre pérorer, ont besoin de la lumière des médias afin d’exister, sont prêts à toutes les bassesses, à tous les renoncements pour venir se prostituer dans des émissions crasseuses de futilité, exulter le temps d’un instant de se sentir ainsi vénérés.

Imagine-t-on un seul instant des Jankélévitch, des Lévi-Strauss, des Georges Steiner, des Braudel, des Dumezil, quitter leurs chères études pour s’en aller bavasser des banalités parmi des clampins de tout genre, de l’actrice porno à l’humoriste de bas étage, du chanteur attardé à la vedette du moment ?

Les imagine-t-on se livrer à ce genre de pantalonades obscènes, de diatribes foireuses, de discours à l’emporte-pièce où l’on parle de tout et de rien, dans la confusion la plus totale, lors d’un similis de joutes intellectuelles qui ne sont que des inconsistances éjaculations verbales tout juste bonnes à émoustiller les réseaux sociaux, ces nouveaux juges-arbitres de la pensée contemporaine.

Oui des pitres qu’ils sont.

Qui se répondent l’un l’autre.

Se soutiennent et s’admirent.

Moi Michel, toi Eric. Toi Eric, moi Alain. Moi Alain, toi Michel.

Tous ensemble, tous ensemble.

Et en viennent à professer des idéologies racoleuses, à prophétiser, si jamais n’y prenait-on garde, des lendemains apocalyptiques, à promouvoir le repli sur soi qui n’est rien d’autre que la négation même de toute intelligence, laquelle sait de tout temps la richesse des influences croisées ; le retour aux valeurs sacrées, la glorification du peuple, de ce brave peuple qui jamais ne se trompe, qui est l’innocence même, qui incarne le bon sens à la française, qui réfléchit et agit là où les élites s’agitent.

Et qu’on bafoue.

Qu’on ne veut entendre.

Qu’on humilie.

Ce peuple, très exactement le même qui à Nuremberg, lors des grandes réunions du national-socialisme, se comptait par millions à vociférer des Heil Hitler au son des trompettes de la renaissance germanique.

Ce peuple qui aujourd’hui vient nous expliquer que le problème ce n’est plus le Juif, enfin pas pour le moment, de lui on s’en occupera plus tard, mais l’Arabe, le Musulman, la crevure d’étranger qui ne rêve que d’une seule chose : violer notre Marianne nationale, imposer ses lois et ses coutumes, saper nos institutions, distiller le poison de sa religion sanguinaire quand ce n’est pas mettre le feu à nos églises.

Ainsi va la France.

A reculons.

Droit dans le fossé.

Avec une obstination féroce, emmenée par un troupeau de salmigondis de penseurs à la petite semaine, ambassadeurs à peine déguisés d’une France blanche et chrétienne ou alors athée, c’est selon, qui après avoir frôlé les abîmes sous les ordres du Maréchal, s’apprête à remonter dans le grand huit de son incurie mentale.


Bienvenue à bord.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Kippour, le retour, saison 5776


Et voilà c’est reparti pour un jour.

Le nouveau Kippour est arrivé.

Chaque année on pense pouvoir l’éviter, passer à travers les mailles du talith, feinter avec les hasards du calendrier mais non, septembre survient et nous voilà convoqués à nouveau devant le tribunal du Grand Pardon afin d’expier nos prétendues fautes et demander à l’Autre Empoté de nous amender de nos innombrables péchés commis durant l’année.

Putain de Kippour.

Le jour où le goy de service appelant son dentiste attitré, son banquier favori, son médecin chéri, tombe invariablement sur  leur répondeur où Dieu en personne se charge de l’avertir qu’au vu de la liste de leurs impairs perpétrés durant l’année écoulée, Messieurs Samama, Goldstein, Abecassis  ont été condamnés à ne point travailler pendant vingt-quatre heures, à jeûner jusqu’à ce que rédemption s’ensuive et à prier pour le salut de leur âme.

Le fait est que presque tous les Juifs, qu’ils fussent croyants fervents, athées enragés, agnostiques perplexes, qu’ils résident en Terre Sainte ou glandouillent en diaspora, obéissent à ce commandement divin et passent leur journée de Kippour à se morfondre au fond de leur lit à regarder la dernière saison de Mad Men en attendant l’heure de la délivrance.

Moi le premier.

Même si j’ai toujours pensé qu’entre Dieu et moi, si quelqu’un devait jamais demander pardon, ce serait plutôt à Lui de le faire tant depuis le jour où Il s’est mis en tête de s’occuper de nos affaires, Il s’est montré d’une parfaite incompétence et nous a conduits à éprouver un nombre si grand de malheurs et de tragédies que c’est à se demander dans quelle divine faculté il a obtenu son diplôme de Grand Maître de l’Univers.

Kippour c’est aussi, c’est surtout une affaire de famille.

Si on consent à ne rien bouffer ni boire pendant une journée, c’est parce que nos parents faisaient de même, imitant en cela leurs propres parents qui eux-mêmes s’inspiraient de leurs propres parents qui à leur tour copiaient l’attitude de leurs propres parents qui eux-mêmes…et c’est par ce mimétisme  institutionnel et séculier que nous nous revendiquons tous comme étant les fils de Moïse and Co, établis en Galilée depuis la nuit des temps, spécialistes en ouverture de mer Rouge et organisateurs de raids à pied dans le désert du Sinaï qui peuvent durer jusqu’à quarante années.

Donc comme n’importe quel autre couillon de Juif, en ce jour de Kippour je ne travaille pas, ce qui à dire vrai, pour un écrivaillon au rabais comme moi, ne constitue pas un changement fondamental dans mes activités quotidiennes : je ne compte plus les journées, les semaines, les années même où Kippour ou pas, fort de mon libre-arbitre, je ne travaille point du tout.

Et je ne mange ni ne bois.

Je passe la journée dans un état comateux, je me traîne du canapé du salon à mon lit, je ne pense à rien, j’attends, je somnole, je compte les secondes, je regarde ahuri le cheminement des aiguilles de l’horloge de la cuisine, je souffre, je maudis ma race, je suis tellement hagard que j’en oublie de demander pardon ; quand sonne l’heure de la reprise des activités, j’avale un jus d’orange, un vague bout de gâteau, un ersatz de blanc de poulet et je me recouche aussitôt.

Et non, à la différence de tous ces fayots de Juifs, de Rabbi Jacob d’opérette qui se précipitent au temple entendre le son du chophar, je ne me rends pas à la synagogue du quartier.

D’abord j’ignore où elle se trouve exactement, deuxièmement je suis pauvre comme Job et n’entends pas dépenser des fortunes pour avoir le droit de m’assoir à côté de Monsieur Boutboul qui, entre deux prières, va encore essayer de me vendre ses assurances-vies et troisièmement, si je veux parler à Dieu, je l’appelle directement sur son portable, je n’ai pas besoin d’intermédiaires, ni de culs-terreux de rabbins, ni d’arbitres des élégances religieuses, pour entretenir un dialogue avec Lui.

Je prèfere L’apostropher de mon lit.

De toutes les façons, comme Il est sourd de naissance, Il ne prend jamais la peine de répondre.


Je suis mon propre rabbin.

C’est bien mieux ainsi.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Je suis un misanthrope humaniste

 

Je n’aime pas les gens.

Ils me fatiguent. Ils m’exaspèrent. Ils me déçoivent.

D’ailleurs j’évite de les fréquenter.

Je peux passer des journées entières sans me frotter à l’un d’entre eux hormis la caissière du supermarché avec qui j’échange un vague signe de tête.

Quand je me rends à une soirée, ma seule obsession est de les éviter et si j’en vois un arriver bille en tête vers moi, je me précipite aux toilettes, je me cache sous la table, je me dissimule derrière les rideaux, je cherche protection dans les jambes de ma moitié.

Je suis toujours effaré de constater que les gens qui, il y a encore cinq minutes ne se connaissaient pas, parviennent à entretenir des conversations enjouées autour de sujets parfaitement futiles avant de se séparer et de s’en aller participer à un autre groupe de discussions.

Je dois être asocial.

J’ai des amis pourtant mais hors d’eux point de salut, point de compromis, point de relations tièdes dont je sais d’avance qu’elles seront décevantes et sans lendemain.

Je vomis toutes ces fastidieuses conventions sociales qui nous obligent à nous intéresser à des individus dont on se fiche éperdument, qui nous sont même intuitivement antipathiques mais avec qui il faut malgré tout pactiser afin de ne point paraître comme hautain ou snob.

Au fond de moi, je suis à peu près persuadé que 99% des gens qui peuplent cette planète sont, lorsqu’ils sont pris dans leur radicale individualité, des couillons avérés, des êtres d’une parfaite insignifiance, des personnes odieusement bêtes, méchantes, prêtes à vous poignarder dans le dos si la nécessité se faisait sentir.

Et pourtant ces mêmes gens pris dans leur globalité, représentant un groupe bien distinct d’individus réunis dans un cercle commun d’intérêts partagés, souvent je les aime, parfois même je les admire, j’ai envers eux des élans spontanés teintés d’infinie tendresse et de compassion éternelle.

Je les comprends.

Je sais leurs souffrances, le poids de leurs déceptions, leurs difficultés à exister, leurs impossibilités à concilier leurs rêves avec une réalité qui les submerge et les écrase : ils sont comme des rats de laboratoire tournant à l’infini dans leurs cages et appelant une aide qui jamais ne viendra.

Ils sont irrémédiablement seuls, perdus dans un monde bien trop grand pour eux, sans outils pour l’affronter, obligés à se soumettre à des lois iniques, allant effarés et égarés sur le chemin de leur existence dont ils peinent à comprendre le sens.

Ils boivent de trop, fument, se droguent, s’oublient devant leur télévision, tentent par tous les moyens d’échapper à leur atroce solitude, fondent des familles, contractent des emprunts, investissent dans des assurances-vie, cherchent à se protéger des vicissitudes d’un destin qui pourtant finira toujours par les broyer et les briser.

Je les regarde, je souffre pour eux, je ressens au plus profond de moi une infinie tristesse pour ce qu’ils endurent ; ce sont des frères, ils m’attendrissent, j’aimerais leur venir en aide, leur dire qu’ils ne sont pas tout seuls, que je suis là, à leurs côtés, que je le serais toujours, en toutes circonstances.

J’ai le culte de la compassion.

Je ne l’affiche pas mais elle est là, en moi, tout le temps, à chaque seconde de mon existence.

Cette compassion que je ressens vis-à-vis de l’humanité dans son ensemble, je la dois aux livres.

 

Qu’est-ce qu’un roman si ce n’est un cri, un appel au secours, un vagissement qui se répercutant à l’infini entre en résonance avec vous.

L’apprentissage de la douleur d’être dans un monde perdu dans les ténèbres où tous nous allons, incertains, hagards, terrassés d’angoisse et de peur, et auquel, magnifiques de désespoir et de courage, nous tentons de résister, de demeurer inflexibles dans nos convictions et nos espoirs, déterminés à ne laisser personne crever sur le bas de la route.

Ainsi va ma vie.

Entre certitude que mon voisin de palier vit par procuration et préoccupation que malgré tout, dans cet immeuble fouetté par les vents mauvais, il puisse demeurer debout et vivre sa vie sans s’abîmer de trop.


Je suis un misanthrope humaniste.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Le tango funèbre de l’Europe


Je ne sais pas ce qu’il faut entreprendre pour résoudre la crise des migrants.

J’ignore s’il existe une solution viable pour tous et acceptable par tous.

Et je serais bien incapable de dresser un plan d’action qui tienne la route et satisfasse tout son monde.

En revanche, je sais une chose, une seule : si ces familles entières venant frapper à la porte de l’Europe étaient blanches, chrétiennes et baptisées, depuis belle lurette une solution eût été déjà élaborée pour les accueillir.

En un tournemain, on aurait trouvé des logements adéquats, chaque pays de l’Union Européenne se serait enorgueilli d’ouvrir grandes ses portes à ces frères de cœur et de sang, les églises auraient sonné le rappel des troupes, les hommes politiques se seraient empressés de dérouler le tapis rouge pour faciliter l’intégration de ces brebis égarées dans le dédale de l’Histoire.

Personne, dans nos villes et nos campagnes, ne se serait fait à l’idée de laisser des centaines de milliers de familles, fuyant la guerre et les persécutions, errer à la frontière de l’Europe comme des fantômes et quémander la protection d’un des états membres.

Jamais on n’eût accepté de les laisser à leur triste sort, c’eût été le plus grand des péchés, le Christ ne nous a-t-il pas enseigné d’aider son prochain en toutes circonstances ? N’est-il pas de notre devoir sacré par-delà toute éternité de venir en aide à des hommes et des femmes chassés de leurs terres natales par des dictateurs sanguinaires ? Dieu tout-puissant ne nous l’ordonne t-il pas ?

On aurait même rivalisé pour être le meilleur élève de la classe européenne, on aurait débloqué des fonds par milliards, nul n’aurait trouvé à y redire : en trois coups de cuillères à pots, la crise eût été réglée, l’âme de l’Europe sauvée et on serait tous allé au Paradis.

Faudra-t-il donc que ces réfugiés qui croupissent hors de nos frontières aillent se faire, comme d’autres hier, baptiser en douce, changer la consonance de leurs noms, se ”décirconcir” le sexe pour qu’enfin la soi-disante toute chrétienne Europe daigne les accepter ?

Ou bien va-t-elle comme hier encore avec ses Juifs dont elle ne voulait rien savoir, tergiverser à l’infini, dire tout et son contraire, attendre que les choses finissent par s’arranger, s’inventer mille et unes excuses pour ne rien entreprendre qui puisse choquer les populations crevant de trouille d’être envahies par des bandes de sauvages, et dont on redoute par-dessus tout les changeantes humeurs électorales  ?

Combien de temps encore cette pitoyable mascarade va-t-elle durer ?

Combien de morts, de vies défuntes, d’existences broyées va-t-on devoir comptabiliser pour que cessent ces atermoiements, ces reculades, ces hésitations, ces incohérences, cette politique des petits pas où chacun se regarde en chien de faïence et rejette sur l’autre la responsabilité de son inaction ?

Combien ?

Va-t-on devoir attendre d’être au pied du mur pour enfin se décider à réagir ?

Est-il si difficile de comprendre que parmi tous ces gens implorant notre clémence se trouvent le futur chirurgien qui nous sauvera la vie, le prochain chercheur qui trouvera un remède au mal dont nous souffrons ou bien ces dizaines de milliers d’honnêtes travailleurs n’ayant que leur courage, leur ténacité et leur dignité à offrir, et qui demain combleront les attentes de nos entreprises désespérant de trouver des petites mains à même d’effectuer des taches rebutantes ?

Ces enfants aux regards terrorisés n’ont ni religion ni croyance ni couleur de peau : ils n’ont que leurs innocences à nous offrir.

Qui pourra nous faire croire que dans un continent fort de 508 millions d’âmes l’arrivée d’un misérable million de migrants serait une chose impossible à réaliser, représenterait un objectif inatteignable, concourrait à semer le désordre et la pagaille ?

De quels atrophies mentales doit-on souffrir pour s’imaginer un seul instant que ces personnes qui représenteraient 0.2% de la population européenne totale viendraient chambouler en profondeur l’ordonnancement de nos existences quotidiennes ?

Le souvenir de ces six millions de Juifs qu’on a laissé crever comme des chiens sous les yeux apathiques des gouvernements et opinions publiques d’alors ne vous somme-t-il pas de réagir avant que de pareilles tragédies ne se renouvellent d’une manière ou d’une autre ?

Aujourd’hui voilà qu’on dresse des barbelés à nos frontières et demain ce sera quoi ? Des miradors ?


L’humanité est une et indivisible.


Ou alors elle n’est pas.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Le monde me déborde


Parfois, et même de plus en plus souvent, ce monde me dépasse, me déborde, me dévaste.

Il est bien trop grand pour ma modeste personne.

Bien trop complexe au regard de mon intelligence limitée.

Et il va trop vite, beaucoup trop vite, s’éparpille dans toutes les directions, m’assaille de toutes parts, m’interroge, me questionne, finit par me donner le tournis.

La question des réfugiés, la montée des océans, la progression des populismes, les replis identitaires, la découverte de nouvelles planètes, la démographie galopante, la crise, partout la crise, toujours la crise, auxquels viennent se rajouter sa petite vie à mener, le combat quotidien pour se maintenir à flot, le chat qui vieillit, mon père qui ne rajeunit pas non plus, moi même qui ne suis plus de la toute première jeunesse.

Vertige.

Sans oublier les assauts de questionnements métaphysiques qui n’ont jamais cessé de me tarauder depuis l’adolescence, tout cela a-t-il donc un sens, tout cela a-t-il jamais eu un sens, quelles forces peuvent donc mouvoir ce sublime mécanisme terrestre, le monde d’après existe-t-il et pourrait-il être pire que celui-ci ? 

Ressac de questions infinies qui se superposent à celles bien plus prosaïques engendrées par ces flux d’actualités qui, déboulant de toutes parts désormais,  à chaque seconde de votre existence, vous obligent à vous confronter à des problèmes dont la complexité vous laisse désemparé, démuni, incapable que vous êtes de penser le monde dans sa globalité sans se rendre compte de l’impossibilité de la tâche.

Ce monde avec sa cohorte de drames, de guerres, de désastres, de famines, de sécheresses, de maladies qui vient frapper à votre porte, directement chez vous en temps réel et vous somme de prendre parti, d’être pour ou contre, de vous situer dans tel ou tel camp sans vous laisser l’occasion de reprendre votre respiration.

Ces millions de femmes et d’hommes plongés dans des situations impossibles qui d’un seul coup vous font prendre conscience de l’incroyable chance qui est la vôtre de vivre dans un pays riche et industrialisé, et en même temps ne manque pas de vous culpabiliser, tant le contraste entre votre vie douillette et les leurs vous apparaît comme insupportable.

Trop d’écart.

Votre impuissance à les aider autrement que par des actions symboliques qui, si elles soulagent votre conscience, demeurent sans effet sur les racines du mal tant elles plongent dans des terreaux multiples et imposent des solutions à grande échelle, étrangères à votre seule volonté.

L’incroyable complexité d’une époque qu’on devine en train de s’achever, cette période née au lendemain de la seconde guerre mondiale et qui aura permis à l’Occident de prospérer, de vivre grassement des décennies durant, sans se soucier un seul instant d’autres continents qui dans le même temps s’enfonçaient dans la misère la plus radicale.

L’impression de se retrouver soudain à un tournant, d’être propulsé dans le chaos de la grande Histoire, d’être rattrapée par elle, de pressentir d’une manière confuse et pourtant bien réelle que l’heure de vérité a sonné, que les grands équilibres sont en train de vaciller sur leurs socles, que les années à venir s’annoncent sombres et incertaines comme jamais.


En même temps, samedi soir, Saint-Étienne s’en est allé battre Montpellier.


Il y a toujours des raisons d’espérer.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Claire Chazal, mon amour secret


Lundi, à 16h23, la nouvelle est tombée, drue, nette, implacable, sur tous les téléscripteurs du monde entier : Claire Chazal ne présenterait plus le journal télévisé.

Depuis, comme tous les Français, je suis dévasté.

Décomposé.

Je n’ai plus goût à rien.

Il me suffit de songer à Claire, à ce qu’elle fut, à tous ces moments de bonheur que nous avons partagés ensemble, à nos merveilleux instants de complicité et à nos clins d’œil échangés qui étaient autant de minutes dérobées au temps, pour que monte en moi cette irrépressible envie d’en finir avec la vie puisque, sans elle, sans sa chaleureuse présence, mon existence n’a plus de sens.

Alors, pour me consoler, pour résister à l’appel du vide, comme le poète, je me souviens de ces jours anciens et je pleure.

Ces week-ends que nous passions ensemble, en toutes saisons, sous toutes les latitudes, quand le vendredi soir arrivé, elle venait me retrouver dans l’intimité de mon salon et chuchoter ces nouvelles que je n’écoutais même pas, seulement soucieux de suivre le mouvement de ses lèvres qui m’hypnotisaient comme des chants de sirène.

La blondeur cendrée de ses cheveux, la coquetterie de son regard, la malice de son sourire.

La grâce faite femme.

Elle apparaissait comme froide, hautaine, distante ; elle était seulement timide.

Le monde était trop vaste pour elle.

A force de décortiquer jour après jour la laideur de ce monde, elle en avait fini par concevoir une sorte de dégoût qui ne la quittait jamais.

Alors, parce qu’il faut bien vivre, elle s’étourdissait dans les bras des hommes, en quittait un pour se jeter dans les bras d’un autre, se persuadait d’être amoureuse ; ils finissaient par la quitter, effrayés par l’entièreté de sa passion avec laquelle elle ne transigeait jamais.

Les hommes sont lâches, c’est bien connu.

Moi je la savais.

Je connaissais le moindre de ses secrets.

A force de l’observer, je pouvais dire à la couleur de son chemisier les reflets  de son humeur.

Quand elle interrogeait nos présidents, je me tenais tout près d’elle afin de la rassurer, je pouvais sentir son cœur cogner ; elle, elle ne laissait rien paraître mais moi je savais l’inquiétude qui la ravageait, le tourment de ne point être à la hauteur, la peur de poser une question dont le sens échapperait à son éminent interlocuteur.

Je la couvais du regard, je l’encourageais, je la rassurais.

J’étais son refuge, elle était mon port.

Différente à chacune de ses apparitions, mariant cette élégance innée avec ce charme de l’insolence feutrée, elle n’en demeurait pas moins, malgré le succès, malgré la gloire, malgré l’argent, cette jeune cadette qui avait dû travailler fort pour imposer sa présence à la tête d’un journal télévisé qui jusqu’à alors était la chasse gardée d’ambitieux prêts à tous les renoncements pour asseoir leur autorité en ces lieux où défilent, semaine après semaine, les plus grands de ce monde, Line Renaud en tête.

Claire fut cette femme, la plus belle d’entre toutes, qui prouva que dans ce milieu de chacals, d’hypocrites et de ventriloques, on pouvait prétendre à l’excellence tout en incarnant la simplicité d’être.


Ah, la Claire est triste, hélas !

Et j’ai vu tous ces journaux.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Germanophobe un jour, germanophobe pas toujours


Pour ceux qui suivent ce blog de près, ils connaissent déjà mon amour immodéré pour l’Allemagne.

Je ne compte plus les billets où j’ai vanté le génie allemand, la beauté des femmes allemandes, la splendeur de la littérature allemande, la douceur de l’âme allemande, la délicatesse de cœur du citoyen allemand, son courage dans l’adversité, sa loyauté, sa bravoure, son charme.

Autant vous dire que, contrairement à d’autres esprits chagrins toujours prompts à voir dans les habitants de cette contrée d’indécrottables nostalgiques du troisième Reich,  je n’ai guère été surpris par cette formidable vague de solidarité qui a balayé ce pays ces derniers jours, et a vu des dizaines de milliers de ses citoyens accueillir à bras ouverts des réfugiés dont personne ne voulait.

Non, je n’ai pas été sidéré de voir la compassion dont ils ont fait montre envers ces gens-là, leur ouverture d’esprit, leur disponibilité, leur capacité à se mobiliser afin d’attendrir le désespoir de familles entières réchappées tout droit de l’enfer.

Tout cela m’a paru parfaitement normal et routinier.

Pas une seule seconde, je n’ai pensé ”comme c’est drôle, hier encore ils accompagnaient d’autres pestiférés pour s’assurer qu’ils montaient bien à bord de trains les emmenant vers une mort certaine, et voilà qu’aujourd’hui ils saluent l’arrivée d’autres trains remplis de damnés revenant d’une mort tout aussi certaine.”

Et à celui qui, obtus dans sa germanophobie latente, se permettrait d’avancer que tout ceci n’est qu’opportunisme, calcul démographique, manière bien pratique de recruter de la main d’œuvre à moindre prix, je dirais peu importe : voilà un peuple qui a répondu présent le jour où l’humanité crevait sous son poids d’égoïsme et de lâcheté, qui a su, le temps d’un instant, oublier son quant-à-soi et son petit intérêt personnel pour embrasser la plus juste des causes.

Alors qu’à la même heure, la France était occupée à écouter les immondices langagiers de la cheftaine du redressement national éructant ses mensonges  outranciers sous les vivats enthousiastes de milliers de couillons, grognant comme à la belle époque, on est chez nous, on est chez nous.

Ah qu’elle est donc laide à contempler cette France-là, ce qu’elle donne envie de la gifler pour qu’elle reprenne ses esprits, combien on a envie de dire à ces pathétiques adhérents à un simili fascisme hexagonal de fermer leur grande gueule de colons à la petite semaine et de les assurer non seulement de notre parfait mépris mais de notre ferme intention de ne jamais les laisser aboyer sans réagir.

Quel contraste entre cette Allemagne généreuse, tolérante, ouverte et cette France recroquevillée, rance, immobile applaudissant à tout-va leur égérie perdue dans ses fantasmes d’une France blanche, catholique, marchant au pas, vitupérant l’étranger et vivotant dans le strict périmètre de ses frontières comme ses familles consanguines qui, de peur de voir du sang mauvais couler dans leurs veines, préfèrent se marier entre elles pour préserver la noblesse de leur race.

Qui eût pu penser que le sursaut démocratique nécessaire pour rendre sa dignité à l’Europe viendrait d’un pays qui a poussé jusqu’à l’innommable son désir de se débarrasser de ceux dont le seul tort était d’être différents ?

Et qui eût pu penser que ce serait en France que cette même tentation renaîtrait avec son cortège de pensées nauséabondes et d’idéologie scabreuse ?

L’histoire est peut-être un éternel recommencement.

Il n’empêche, un nombre conséquent d’Allemands, sa chancelière en tête, nous ont laissé entendre cette semaine qu’ils n’étaient pas prêts à rejouer la sinistre farce du nationalisme à tout-crin là où un nombre tout aussi conséquent de Français, farcis d’ignorance, continuent à donner des lettres de crédit à la plus nauséabonde des idéologies.


Comprenne qui pourra.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Aylan Kurdi n’est pas mort noyé, nous l’avons assassiné


Je ne suis pas du genre à brocarder nos hommes et femmes politiques.

J’exècre cette manière que bon nombre d’entre nous avons de vilipender à tout-va, de les rendre responsable de tous les maux de la terre, de les mettre tous dans le même sac en les traitant d’arrivistes, d’affairistes, de magouilleurs à la petite semaine.

Surtout quand ces commentaires viennent de la part de gens assis et rassis qui, de leur vie, ne font rien, n’entreprennent rien, ne tentent rien et restent le cul engoncé dans leur canapé à attendre que d’autres se bougent pour eux, tout en se permettant de les critiquer si par malheur on en vient à les bousculer dans le train-train de leurs petites mesquines habitudes.

Pour autant, quand ces mêmes politiques manquent à leurs devoirs, se comportent comme des épiciers, oublient l’essence même de leur rôle, se vautrent dans les parfums du populisme, détricotent leur sens moral pour des  calculs électoraux,  c’est à mon tour de les vouer aux gémonies.

Il faut le dire et le répéter : l’attitude de nos gouvernants face à la crise des réfugiés ou des migrants a été d’une nullité aussi navrante que constante.

Il aura fallu la photo d’un malheureux gosse échoué ou plutôt assassiné sur une plage turque, assassiné par vos manquements à la simple solidarité humaine, assassiné par votre aveuglement à ne point prendre en considération leurs épouvantables situations, assassiné par vos égoïsmes et vos replis identitaires, pour qu’enfin vous vous décidiez à réagir.

Vous avez tellement eu peur de froisser un électorat qui, aveuglé par sa propre bêtise, en vient à professer des âneries monumentales, que vous en avez oublié le fondement même de toute morale sans laquelle toute existence humaine se perd dans le néant de sa propre futilité.

Le nez sur les sondages d’opinion, devinant que la population n’était pas prête à entendre des discours prônant l’accueil de ces damnés de la terre, essayant de ménager les susceptibilités des uns et des autres, vous avez fini par vous perdre dans des circonvolutions verbales, des postures hypocrites, indignes de votre statut.

Vous saviez exactement ce qui se passait, vous étiez au courant de l’enfer que vivaient ces réfugiés, vous connaissiez leur désespoir et leur fragilité, mais, vous vous êtes montrés incapables de vous hisser à la hauteur de l’enjeu.

Il a fallu que l’exemple vienne de l’autre côté du Rhin, que Madame Merkel vous mette devant vos propres responsabilités, que survienne l’assassinat de cet enfant pour que vous vous décidiez à réagir.

Et encore.

C’est dans ces heures où le genre humain vacille, où se nouent les tragédies les plus effroyables, où des mers se transforment en cimetières marins, que nous vous attendons au tournant, que nous avons besoin de vous, impuissants que nous sommes, à un simple niveau individuel, d’entreprendre une démarche qui fasse sens.

Que vous preniez la parole afin de vous élever au-dessus de la marée mugissante de l’opinion obnubilée par ses intérêts personnels, pour dire, avec vos mots à vous, pas ceux de vos communicants ou d’autres collaborateurs, des mots venus des tréfonds de votre âme et de votre cœur, la vérité de cette tragédie se déroulant devant nos portes.

Sans calculs, ni faux-semblants.

Sans tenter de ménager la chèvre et le chou.

Sans penser aux possibles conséquences électorales.

Dire haut et fort que ce n’est pas en accueillant dix mille, cent mille personnes que du jour au lendemain notre nation va sombrer dans le chaos.

Que notre pays est bien assez fort pour porter assistance à ces gens qui n’ont plus rien sans pour autant chambouler nos équilibres.

Que non ces réfugiés ne sont pas des criminels en puissance mais des familles tentant par tous les moyens d’échapper à leur sort funeste.

Que vous arrêtiez pour une fois d’employer des formules creuses, des mots vides de sens, des promesses à l’emporte-pièce, et deveniez des hommes d’État capables de tenir un discours allant à l’encontre des sentiments répandus dans la population.

C’est l’essence même de votre rôle dans nos sociétés démocratiques.


Que vous soyez des hommes.


Tout simplement.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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