Horreur, malheur : il me reste encore 30 ans, 4 mois et 3 semaines à vivre


Selon la dernière enquête publiée par The Lancet concernant la longévité du mâle français qui s’élèverait désormais à 78 ans et 4 mois, en toute logique, ma vie devrait s’achever aux alentours du 20 février 2046.

Ci-gît Laurent Stabilovich (1967-2046).

C’est long tout de même.

Que de chemin il me reste à parcourir.

Encore 30 années et quatre mois à me traîner, à souffrir, à me plaindre, à gémir, à changer la litière du chat, à écrire des romans illisibles, à rédiger des billets abscons, à me brosser les dents, à récurer le four, à dire bonjour, bonsoir, comment allez-vous, à manger des saloperies, à boire de l’eau, à se taper la bêtise de mes congénères, à dormir, à ronfler, à roter, à payer des impôts, à voir le niveau des océans grimper, à voter, à se torcher le cul, à pisser à côté de la cuvette.

Rien que d’y penser je suis déjà fatigué.

Remarquez c’eût été bien pire si je m’étais prénommé Laurence ; là, j’aurais eu le droit à cinq années de rab.

Les féministes devraient protester : quelle infortune de devoir se coltiner cinq années supplémentaires alors que l’homme pendant ce temps là n’en fout plus une, bien à l’abri dans son cercueil doré.

Selon la même étude, si j’étais né au Lesotho, il me resterait… non en fait je serais déjà mort.

Ah heureuse époque des siècles derniers quand on commençait à décliner dès la trentaine arrivée ; à quarante ans, les jeux étaient faits : le cimetière vous tendait les bras, le corps se ratatinait, c’était déjà l’heure des adieux.

Maintenant, à cause des progrès de la médecine à qui on n’a rien demandé, il nous faut crapahuter jusqu’à quatre-vingts balais, continuer à faire le mariole pendant des décennies, assister à la lente et inexorable décrépitude d’un corps qui n’en peut plus mais qu’on oblige à vivoter pendant quelques années encore.

Tu parles d’un progrès.

Comme si vivre était un cadeau.

Toute vie est un processus de démolition écrivait déjà Fitzgerald.

Aujourd’hui c’est même une entreprise de déconstruction à grande échelle.

On nous force à manger sain, à courir comme des dératés, à nous entretenir, à surveiller notre cholestérol, diabète, tension, poids, masse corporelle, à suçoter toutes sortes de pilules pour nous contraindre à rester vivants envers et contre tout.

Bientôt on sera tous centenaires.

On logera avec nos propres parents dans la même maison de retraite. Peut-être dans la même chambre. A se voir les uns les autres perdre la boule et converser avec des pots de fleur. A rester le cul vissé sur nos lits à regarder Questions pour un champion. 


A attendre que toute cette farce sinistre ne s’achève.


Décidément, on ne devrait jamais naître.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Les migrants d’aujourd’hui sont les Juifs d’hier


A regarder l’innombrable cohorte des pestiférés de la terre venant implorer l’Europe de l’accueillir en son sein, de lui offrir sa protection, de lui permettre d’échapper au joug de dictatures sanguinaires, on ne peut s’empêcher de penser au sort de ces millions de Juifs qui hier encore frappaient aux mêmes portes afin d’assurer leur survie.

Et recevant exactement les mêmes réponses.

Se heurtant au mur de la même indifférence, affrontant la même pusillanimité de pays bouffis d’égoïsme crevant de trouille de recevoir sur son sol des gens de mauvaise réputation.

Des contrées riches et prospères se repliant sur elles-mêmes afin de ne pas mécontenter leur population toujours aussi peu incline à faire montre de compassion envers ces mécréants dont par principe, vu leurs pedigrees, leurs coutumes, leur religion, on préfère se méfier.

Hier les Juifs, au plus fort de la tourmente nazie, erraient d’ambassades en ambassades quémander des visas que les autorités consulaires délivraient au compte goutte, en regrettant le cœur sur la main de ne pouvoir, comme ils l’auraient tant souhaité, accéder à leurs pourtant légitimes requêtes.

Leur recommandant d’aller solliciter la toujours possible clémence d’un pays voisin.

Et les condamnant à une mort certaine.

Aujourd’hui, ce ne sont plus des Juifs qui supplient ces mêmes autorités mais des Irakiens, des Érythréens, des Syriens.

Autrement dit, des sales Arabes.

Des envahisseurs dont on se dit, allez savoir, si parmi eux ne se cacheraient pas des terroristes en puissance, des violeurs d’enfants, des détrousseurs de cadavres.

Ne seraient-ils pas par hasard ces prétendus migrants des tas d’incapables tout juste bons à prier leur Dieu barbare dans leurs mosquées de fortune en vivant des subsides de l’état, incapables qu’ils sont de travailler ou de s’intégrer dans nos sociétés occidentales ?

Les mêmes insupportables rengaines.

Les mêmes réflexes de peur irrationnelle.

Les mêmes tergiversations de nos gouvernants incapables d’apporter une réponse adéquate à ces damnés de la terre et tenant des discours de circonstances tout en adoptant des mesures visant par tous les moyens à les empêcher d’envahir leur pays.

La même méfiance des populations autochtones.

Et les mêmes drames qui se répètent.

Ces mêmes visages hagards, ces mêmes enfants traumatisés, ces mêmes corps brisés de fatigue, à bouts, sans ressources, sans argent, sans rien, maudits d’entre les maudits, errant de camps en camps, de tentes en tentes, d’abris de fortune en abris de fortune, à la recherche d’un endroit où se poser, redevenir des êtres humains, entrevoir un destin autre que le retour dans leur pays de naissance où seule une mort certaine les attend.

Ces mêmes innocents, coupables de rien, chassés de leur pays natal, de leur maison, de leur terre, prenant tous les risques pour échapper à cet enfer qu’est devenue leur vie.

Tentant de fuir ces exactions, ces bombardements, ces exécutions de masse perpétrées par des gouvernements ou des organisations ivres de sang et de violence.

Et face à cette même incommensurable détresse ce même Occident, frileux, calculateur, cynique.

Ces mêmes pays qui se regardent en chien de faïence, attendant de l’autre qu’il fasse le premier geste, incapable de la moindre initiative, attendant juste que le temps passe, que cessent d’affluer à nos frontières ces pauvres hères qui ont de surcroît le culot de nous donner mauvaise conscience et de nous culpabiliser.

Ces mêmes morts atroces qui nous donnent des remords.

Pourtant cette même inertie coupable.

L’immobilisme comme seule réponse.

 Ainsi va le monde.

”L’Histoire est un cauchemar dont j’essaye de  me réveiller” disait le personnage de Stephen Dedalus dans Ulysse de James Joyce.

Il semblerait, à la lecture des événements présents, que le réveil n’est toujours pas prêt de sonner.


Ou alors trop tard.


Comme d’habitude.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Ma carrière avortée de tireur d’élite


Si d’aventure, la prochaine fois que vous empruntez le Thalys, vous apercevez un petit escogriffe, à moitié chauve, le nez proéminent, l’air mauvais, ressemblant trait pour trait à mon frère jumeau, en train de se diriger vers les toilettes en trimballant un sac de golf, c’est que votre dernière heure aura sonné.

Parce qu’avec moi et ma maîtrise des armes à feu, militaires américains ou pas, Jean-Hugues Anglade ou Béatrice Dalle dans le wagon, en caleçon ou en tee-shirt, ce sera le carnage assuré.

Rien à voir avec ce jean-foutre d’Ayoub El Khazzani pas foutu de recharger sa kalachnikov sans se prendre les pieds dans sa carabine.

Avec moi, ce sera propre, carré, méthodique, soigné.

Dans la pure lignée de l’excellence française telle qu’on me l’a enseignée lors de mon service militaire.

Tu armes, tu vises, tu tires.

C’était durant l’hiver 1991.

Au sein d’un bataillon de chasseurs alpins.

La crème de la crème.

Suite à une erreur informatique, par un concours de circonstances resté inexpliqué à ce jour, alors que comme tous les pistonnés de la terre, j’aurais dû accomplir mes classes en forêt de Fontainebleau à ramasser des champignons, je me suis retrouvé au beau milieu d’une bande de fous furieux bien décidés à transformer cette limace de Stabilovitsch en un tireur d’élite de tout premier plan.

Un jour de décembre, après cinq tours de caserne passés à hululer des chants d’amour et de paix, le sergent nous a dit ”aujourd’hui vous allez devenir des hommes, des vrais. Direction le stand de tir, on va apprendre à dégommer des Rouges ” (Le mur de Berlin venait de tomber, il n’avait pas eu le temps de mettre son logiciel à jour, le militaire n’étant pas forcément  réputé pour sa dilligence intellectuelle )

On m’a tendu un FAMAS, le fusil de référence des forces françaises libres.

Chargé.

Avec des vraies balles. Des balles faites pour tuer. Des balles de mort.

J’ai pris le fusil ou plutôt c’est le fusil qui m’a pris.

Dire que je n’en menais pas large serait en dessous de la vérité.

Disons juste que j’avais les dents qui claquaient, le cœur qui battait à tout rompre, les jambes qui ne me portaient plus, les mains qui tremblaient, la bouche sèche, le souffle coupé, les yeux écarquillés.

J’avais entre les mains une arme capable de tuer.

De tuer vraiment.

Le sergent nous a expliqué le pourquoi du comment, les règles de sécurité élémentaires, la technique et la tactique, comment respirer, comment viser, comment recharger, la vitesse de la balle, la façon dont elle pénétrerait dans le cœur du Bolchevique de service, les dégâts qu’elle causerait, le trou béant qu’elle occasionnerait au niveau de sa poitrine.

C’était poétique à souhait.

On aurait dit Malraux pleurant du Rimbaud.

On s’est allongé, la cible était à deux cent mètres, le sergent a dit ”dégommez moi ces putains de Soviets, je veux voir le sang couler”, j’ai fermé les yeux, j’ai appuyé à trois reprises sur la gâchette, battant sans le savoir le record mondial de tir au FAMAS le plus rapide jamais enregistré depuis les guerres puniques ; je me suis relevé en beuglant ”deuxième classe Sagalovitsch, tir terminé sergent.”

Le sergent m’a regardé comme si j’étais Lénine en personne et quand il a lu mon nom sur ma veste de treillis, il n’a plus eu de doute. Sa compagnie abritait un putain de Bolchevique qui était en train de saboter les forces de l’Alliance.

Il faut dire que mes balles, au lieu de s’encastrer droit devant dans ma cible, avaient cru bon à mi-chemin de leur parcours de changer de direction et avaient préféré, non pas venir taquiner la cible de mon voisin de tir, ni même celle du voisin de mon voisin, mais celle se situant à l’extrémité gauche du stand de tir, défiant de la sorte toutes les lois de la balistique.

Un tueur était né.

Clint Eastwood avait trouvé à qui parler.

Le monde pouvait trembler, Billy the Kid avait enfin son digne successeur.

Les tentatives suivantes se soldèrent par le même résultat : avec une régularité exemplaire, je cartonnais toujours la cible la plus éloignée de mon objectif initial, mon seul souci étant de me débarrasser au plus vite de la cohabitation forcée avec cette arme dont je ne voulais rien savoir.

J’étais le tireur le plus inepte de ma génération et par ma maladresse assumée, je frôlais le génie.

C’est tout juste si je ne recevais pas la Croix de guerre pour mes prouesses répétées.

On venait de loin pour assister à mes démonstrations.

Jusqu’au jour où j’en ai eu assez.

Je me suis révolté contre ma propre incurie.

J’aurais eu l’air malin si demain les Allemands rouvraient leurs camps de vacances.

Je me devais de me prouver que moi aussi, comme tous mes camarades de classe, j’étais né pour tuer.

Alors j’ai pris mon FAMAS, je lui ai dit maintenant fini de jouer, je suis plus fort que toi, tu ne m’impressionnes pas, je vais te montrer de quel bois je me chauffe : je me suis allongé, j’ai bien retenu ma respiration, je me suis concentré, j’ai fait feu.

Ce jour-là, je suis devenu un homme.

Un vrai.

En une séance, j’avais abattu un régiment entier de Rouges, j’avais triomphé de ma peur, j’avais pris le pas sur mes hésitations.

Le sergent m’est tombé dans les bras.

Je le savais Stravinsky, putain je le savais depuis le début que t’étais un tout bon toi.


J’attends maintenant le coup de fil de Daesh.


La prochaine tournée c’est pour moi.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Heureux comme un chat en son carton


La seule chose qui me console quand j’assiste au triste spectacle de ma compagne rentrant de shopping les bras chargés de cartons en tous genres, synonyme de fins de mois difficiles, c’est d’anticiper la joie que ces derniers ne manqueront pas de procurer à mon auguste chat.

Après le silence de Dieu pendant la Shoah, l’affection porté par mon chat aux boîtes à chaussures demeure la plus grande question métaphysique de mon existence.

Celle dont je sais d’avance que je ne trouverai jamais de réponse satisfaisante.

Qui continuera à me hanter même au-delà de ma mort.

La première que je poserai au premier larbin du ciel rencontré ” Mais pourquoi, pourquoi donc mon chat entretenait-il des affinités si électives avec un misérable bout de carton alors qu’il avait la possibilité de se vautrer dans un coussin de luxe, moelleux à souhait, acheté à la farfouille pour la modique somme de deux cents euros ?

Et lui, de me répondre comme à son habitude ” Pourquoi pas ? ”

Le regardant roucouler dans sa boîte ou se lover dans son rectangle en carton comme Emmanuelle dans son légendaire fauteuil en osier, je ne sais plus qui de la boîte ou de mon chat je suis le plus jaloux.

Sûrement des deux.

Trouver une pareille félicité à s’encastrer dans une surface aussi minuscule avec la tête recouverte d’une patte, les oreilles rabattues contre la queue, le ventre se torsadant sur lui-même en une pirouette digne de figurer en tête d’affiche d’une école de cirque, prouve d’une manière certaine la parfaite schizophrénie du chat à se complaire tantôt dans les soyeuses fanfreluches de madame, tantôt dans l’exiguïté contrariante de ces boiboîtes où il semble pourtant être la plus heureuse des créatures terrestres.

Il est alors Moïse dans son berceau dérivant le long du Nil avant d’être récupéré par la fille de Pharaon.

Le Capitaine Achab, se tenant à l’extrémité de son embarcation, afin de trouver trace de Moby Dick.

Boudu sauvé des eaux.

A chaque fois que ma moitié s’aventure hors de chez nous, voilà que tous les deux, mon chat et moi, nous nous mettons à prier : l’un pour qu’elle ne croise pas sur sa route un de ces escarpins dont sa carte bleue raffole, l’autre au contraire afin qu’elle s’entiche d’une quelconque paire de souliers, sabots, espadrilles, baskets, tongue, bottes, bottines ; peu importe la forme pourvu qu’il ait le carton.

Et à ce jeu-là, à mon grand désespoir que je partage avec mon banquier, je dois avouer que ses prières se trouvent être exaucées bien plus souvent que les miennes.

C’est son port d’attache.

Son refuge.

Son totem. Son hamac. Son bâton de pèlerin. Son buisson ardent.

Serait-ce donc le seul endroit où il se sente en sécurité, à l’abri de toutes mésaventures, dans la parfaite tranquillité d’une boîte à chaussures sentant encore bon le cuir de vache ?

Ou bien alors représente-t-il ce malheureux carton la précarité de toute existence et la consolation de pouvoir trouver son bonheur, non pas dans des rêves de grandeur, mais dans la simple sollicitation d’une vie simple et modeste où il faut apprendre à se contenter de ce que l’on possède au lieu de chercher à acquérir des châteaux en Espagne ?


Ah mystère indicible de la vie féline, sauras-tu un jour me révéler tous tes impossibles secrets ?

Me diras-tu, vieux compagnon de route, la raison de toutes ces étrangetés ?


Ouais c’est ça, compte-dessus et bois de l’eau fraîche. En attendant j’ai faim, au lieu de faire ton poète du dimanche, je pourrais pas ravoir des croquettes, dis ?

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Bientôt cinquante ans et je ne possède toujours rien


Je ne sais comment je me suis débrouillé, mais voilà, arrivant bientôt sur les rives de la cinquantaine, je me rends compte que je ne possède rien, absolument rien, tragiquement rien.

Et si je continue de la sorte, je mourrai aussi pauvre que Job.

La liste de ce que je ne possède pas est infinie : maison, voiture, plan d’épargne logement, assurance vie, actions en bourse, crédits à rembourser, yacht, points pour la retraite, maîtresse, argent planqué sous le matelas, compte off-shore, lingots, écran plat, bijoux, montres, téléphones portables, enfants, chiens, bons du trésor, drone, argent caché au congélateur dans un faux paquet de haricots verts, champ de patates à cultiver, dettes.

Bref, je n’ai rien à déclarer ou presque.

J’ai bien une femme mais je crois bien que c’est elle qui me possède plus que le contraire.

Quant à mon chat, je suis de toute éternité son esclave.

Il faut dire que je n’ai pas l’esprit de propriété.

Avoir mon propre appartement par exemple, enfin par appartement j’entends une surface habitable constituée de quelques mètres carrés, ne m’est jamais apparu comme une nécessité absolue ou comme représentant le Graal des Graals.

A la différence de nombres de mes contemporains, je n’ai jamais partagé cette obsession d’avoir un chez moi bien à moi.

De pouvoir rentrer dans ses pénates et de se dire, le cul engoncé dans son canapé comme une caricature d’emplâtre de bourgeois ahuri, voilà tout ceci m’appartient, c’est à moi et à personne d’autre, je suis le seul à pouvoir en jouir, je suis roi en mon domaine, ces murs sont les miens, ce plafond aussi, ce parquet idem, tout ceci est à moi, rien qu’à moi, juste pour moi, me voilà tranquille jusqu’à ma mort.

Des gens bien attentionnés, des amis même parfois, m’ont expliqué un bon millier de fois, avec ce ton mi-doucereux mi-vertueux qu’emprunte le médecin pour conjurer son patient d’arrêter de fumer, que de continuer à louer comme je m’obstine à le faire depuis ma naissance représentait une pure folie.

De l’argent dépensé en pure perte.

“Depuis le temps, avec tout l’oseille que tu refiles chaque mois à ton propriétaire, tu aurais pu largement t’offrir un studio avec vue sur le périphérique.”

C’est fort possible.

Et après ?

Rien que l’idée d’aller quémander à un banquier anonyme de quoi assurer une mise de départ, remplir des formulaires en pagaille, parapher des contrats illisibles, m’engager à rembourser jusqu’à ce que mort s’ensuive mon crédit à la con, payer des taxes à tire larigot, m’occuper de changer la cuvette des chiottes avec mon propre argent, assister à des réunions de syndic avec d’autres propriétaires dont par principe je me méfierais comme de la peste, s’engueuler avec eux pour savoir s’il faut repeindre la cage d’escalier en bleu azur ou en vert pomme, suffit à me décourager.

J’aime cette idée de vivre en un lieu que je pourrais quitter demain si d’aventure il me prenait l’envie d’aller voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte.

D’être sans attaches aucune.

C’est sûrement une hérésie d’un point de vue économique mais c’est ainsi.

Ne rien posséder représente après tout une forme de liberté absolue.

C’est la garantie de rester maître de son destin.

En toutes circonstances.

De ne pas se ronger jusqu’au sang si d’aventure les cours de la bourse venaient à chuter, si votre niveau de vie se détériorait, si un événement imprévu vous couchait à terre.

Si je n’ai rien à rembourser, si je ne dois rien à personne, si je ne croule pas sous les emprunts, alors je puis continuer à tracer ma route sans me soucier de trop des aléas de l’existence.

Il me suffit d’ajuster mon train de vie à mes revenus du moment pour survivre à n’importe quelle catastrophe.


Ainsi vais-je.


Amen.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Nul aux échecs et pas fier de l’être


J’étais programmé pour être un génie des échecs.

Le digne successeur de Bobby Fischer ou de Gary Kasparov.

J’avais tout pour moi : un patronyme sentant bon les effluves de la Neva, le caractère introverti propre aux grands maîtres de la discipline, une imagination débordante prête à commander au destin de cavaliers capricieux, de tours ténébreuses, de dames hautaines, de fous solitaires, de rois frileux.

Un père plus prompt à disséquer à l’infini des parties d’échecs qu’à se passionner pour ses affaires et excellant bien plus dans le maniement de la diagonale du fou que dans la recherche de nouveaux clients.

Et désireux de voir son fils marcher dans ses pas au point de le bercer en lui contant les différences entre la défense Alekhine et la défense sicilienne.

De lui fourrer entre les mains, avant même qu’il ne sache lire, le bréviaire des échecs de Tartakover en le conjurant de l’apprendre par cœur et de l’adopter comme son livre de chevet.

Un père qui dut hélas déchanter en s’apercevant bien vite que son crétin de fils était plus doué pour tirer des coups-francs directs dans la lucarne que pour donner le tournis à ses pions ou à ses fous, condamnés dès lors à errer comme des âmes en peine sur un échiquier bien trop vaste pour eux.

C’est que j’ai toujours été irrémédiablement nul aux échecs.

Absolument nul.

De la race de ces joueurs atrocement médiocres qui, s’ils maîtrisent le mouvement des pièces et comprennent la finalité du jeu, s’avèrent en tout point incapables d’établir une stratégie élaborée, d’anticiper les coups de l’adversaire, de se projeter deux coups en avant, de tisser patiemment sa toile afin de provoquer la fatale erreur d’un cavalier trop orgueilleux pris en tenaille entre deux fous pernicieux.

Non, j’ai l’imagination d’un poussin, je me contente de bouger mes pièces sans réaliser que je les précipite vers un funeste destin, j’ai beau me concentrer, je n’arrive à rien, je ne vois rien, je n’anticipe rien, je découvre les coups tordus de mon adversaire au moment même où il les éxécute, je sacrifie une tour sans jamais toucher le dividende de cette offrande : je suis nul.

Et d’être aussi nul me rend fou de rage.

Je ne comprends pas.

Je ne suis tout de même pas le dernier des idiots.

J’ai lu La Défense Loujine de Nabokov, Le Joueur d’échecs de Zweig, j’ai vu Les Joueurs d’Echec de Satyajit Ray, disséqué le Septième Sceau de Bergman ; avec mon père, j’ai été à bonne école, je suis plutôt vif, j’ai du répondant, je suis capable d’écrire mentalement un roman par jour,  et pourtant quand vient l’heure de disputer une partie, je ressemble à un joueur de foot qui tomberait par hasard sur un monologue shakespearien, j’ai le regard hagard de l’empaffé de service qui continue à confondre Primo Levi avec Marc Levy.

Quand je joue contre l’ordinateur, je suis obligé de régler la mire pas plus haut que le niveau 2, celui où la machine évolue comme si elle venait d’avaler un litre de mescal, procède à un holocauste de ses pièces, se suicide au bout de cinq coups en envoyant sa Dame se balader derrière les lignes ennemies, laisse son roi se promener en string, abandonne ses tours sur l’aire de repos.

C’est que les échecs, tout comme le scrabble d’ailleurs, peuvent apparaître comme des  disciplines plus ou moins littéraires où pourtant seuls les esprits versés dans les mathématiques et la froide logique triomphent.

Il n’y a pas de place pour les sentiments aux échecs.

Il faut posséder un esprit parfaitement ordonné, à même de raisonner, d’anticiper, de prévoir, sans se laisser perturber par des affects ou des accès de sensiblerie.

Il faut être philosophe, calculateur, posséder cette intelligence abstraite, conceptuelle, analytique, capable d’établir des stratégies retorses en ne laissant rien au hasard, taire le romantisme qui menacerait de vous amener dans le fossé de vos illusions perdues.

Je ne possède aucune de ces qualités.

Je sais marier des mots entre eux ; je suis incapable de coordonner le mouvement d’un cavalier et d’un fou, de commander à une armée de pions de se positionner de telle manière qu’ils laissent la route libre à une Dame, exécutrice de mes sombres desseins, de fomenter des coups d’état sur un Roi bien à l’abri dans l’antichambre de son château.

C’est un handicap lourd à porter.


A cause des échecs, ma vie est un échec.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Hier, à 14h18, je suis devenu Canadien


De la vie totalement insipide et magnifiquement raté de Sagalovitsch (1967-2054), de celui qui fut tout à la fois un écrivain raté, un blogueur avorté et un crétin patenté, s’il ne fallait retenir qu’une date, ce serait sans en douter celle du 12 août 2015.

Ce jour-là, Stabilovitsch, 1m53 pour 88 kilos, doté d’un Q.I négatif, affublé de toutes les tares possibles jamais rencontrées chez un seul individu,  cérébralement pétomane, métaphysiquement incontinent, intellectuellement aphone, fut admis pour de bon dans la grande famille canadienne.

Il allait sur ses quarante-huit ans, semblait en avoir soixante-dix, ressemblait à un fantôme de joueur de pipeau.

Il n’avait rien pour lui, ni talent, ni argent, ni diplôme, ni même téléphone portable, il vivotait en vampirisant l’existence de sa compagne (ainsi que son portefeuille), il traînait sa légendaire mauvaise humeur du matin au soir, il passait ses journées à regarder les pérégrinations du cadavre de son poisson rouge tournant en rond dans son aquarium en s’interrogeant sur le sens de la vie, il perdait ses cheveux, il en voulait à la terre entière mais la terre entière ne savait même pas qu’il existait.

Seul le Canada, après moult tergiversations, réunions au plus haut sommet de l’Etat, concertations entre les corps constitués, par souci de ne pas accabler de trop un être humain que les autres nations du monde avaient pourtant jugé comme irrécupérable, voulut bien l’accepter comme citoyen à part entière de ce pays grand comme la Russie de ses ancêtres judéo-bolcheviques.

Dans son journal, à la date du 12 août 2015, Sapotrovitch écrivit :

”Réveil tardif. Plus de beurre. Ai dû manger mes deux tartines sans rien pour les accompagner. Sentiment d’échec. Eu envie de me recoucher mais C. ne m’en a pas laissé la possibilité. Dispute. Cris. Me suis enfermé dans la salle de bains. Désespoir. Plus de dentifrice. Ai dû me brosser les dents sans rien. A nouveau sentiment d’échec. A midi, C. est venu me demander si j’étais prêt. Prêt pour quoi ai-je répondu. Cris. Dispute. Avais complètement oublié que nous étions le jour du serment. C. a voulu que je mette une chemise. Ai refusé opiniâtrement. ”

Finalement, comme on peut le constater sur les images d’archives qui nous restent, Sagapoulovitch mit bel et bien une chemise et se rendit à la cérémonie de citoyenneté.

A 14h18, il se leva de son siège et levant mollement son bras droit récita d’une voix atone le serment qui le consacrait comme citoyen canadien :

Je jure/Que je serai fidèle/Et porterai allégeance/A Sa Majesté la reine Elizabeth Deux/Reine du Canada/A ses héritiers et successeurs/Que j’observerai fidèlement les lois du Canada/Et que je remplirai loyalement mes obligations de citoyen canadien.

Voilà c’était fait.

Pour ce morceau de bravoure, un juge lui remit son certificat de nationalité.

Sagagalopitrich remercia son éminence et rentra chez lui.

Il était épuisé.

Il retira sa chemise, salua son poisson rouge, s’affala sur son canapé, s’abîma dans la contemplation du plafond.

Il ne réalisait pas.

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Il se demandait ce qu’auraient pensé son grand-père enterré à Sousse, ses grand-mères allemandes et roumaines, son père belge, sa mère tunisienne, son frère français, son chat apatride, s’ils avaient su que désormais leur illustre lignée s’inscrivait sous le haut patronage de la Reine d’Angleterre en un pays où jamais jusqu’à alors aucun Sagalovitsch ne s’était encore aventuré.

Il partit alors d’un grand rire sonore.


Décidément, il était bien un Juif en cavale.

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Tel-Aviv sur Seine, les néo-nazis israéliens colonisent Paris


J’étais tranquille, j’étais peinard, c’était dimanche, après deux chroniques un peu lourdes à digérer, j’allais enfin revenir à quelque chose de plus primesautier, peut-être rédiger un billet sur ma fameuse recette de flanc à la rhubarbe que la terre entière m’envie quand paf, bim, boum, a déboulé, sortie de nulle part, la polémique au sujet de Tel-Aviv sur Seine.

Tu parles d’une polémique.

Enfin, après tout c’est l’été, il fait chaud, ce n’est pas folichon au niveau de l’actualité, il faut bien nourrir la bête médiatique, le peuple a besoin d’os à ronger et quoi de plus délicieux à savourer qu’un bon kebab venu direct du Proche-Orient avec le parfum de souffre qui l’accompagne.

Déjà Paris-Plages quelle invention mais quelle invention !

J’ignore le nom du trublion qui un jour a eu cette brillante idée de transformer les quais de la Seine en une réplique de Palavas-les-Flots mais chapeau bas à vous.

On ne dira jamais assez la félicité de sentir le sable chaud vous picoter la peau à l’heure où passe devant vos yeux ahuris une carcasse de péniche traînant son poids de mélancolie sur le fleuve maussade, promenade insolite saluée par le klaxon d’automobilistes s’écharpant au-dessus de votre crâne,  le tout sous le regard ahuri de touristes qui se dépêchent de retourner à leur hôtel s’enquérir de leur bikini afin de profiter de la dernière folie de la ville lumière.

Et l’ivresse de respirer l’air cristallin de l’océan, ses senteurs iodés, ses parfums de vacances, le doux murmure des vagues, le vent dans les cheveux, la morsure du soleil, la mer allée à l’éternité.  

Mais revenons à nos colons, heu, à nos moutons, désolé, ma kippa a fourché.

Donc jeudi prochain, si j’ai bien tout suivi, les bouffeurs de falafel débarquent sur la promenade des Parisiens et certains de s’offusquer, de s’exclamer ”mais comment est-ce possible, ça ne vous a pas suffi d’avoir les Allemands en 40, vous laissez maintenant nos berges être colonisées par ces nouveaux nazis d’israéliens qui dévorent à pleine bouche des enfants palestiniens au moment de l’apéritif.”

Et l’extrême gauche de s’époumoner, d’alerter les autorités sur ce scandale absolu, sur cette capitulation devant le régime le plus sanguinaire de la planète, responsable d’une politique génocidaire à grande échelle, sur ce rapprochement avec une ville reconnue dans le monde entier pour son intolérance, son homophobie, sa fermeture d’esprit, ses penchants ségrégationnistes, son rigorisme, son sectarisme.

Tel-Aviv, ville de tous les apartheids.

Ce qui est remarquable avec l’extrême gauche c’est de constater, avec quelle constance, tout au long de l’histoire du siècle passé et visiblement de celui-ci, elle a toujours eu le génie defendre des causes indéfendables, de s’enthousiasmer pour des régimes hautement démocratiques, incarnés par un cheptel d’humanistes irréprochables, de Staline à Mao, de Chavez à Castro, de cautionner les pires des dictatures, tout cela au nom du peuple souverain, de la défense du prolétariat, du soutien à l’opprimé devant l’oppresseur.

Difficile d’imaginer mouvement politique qui a autant les mains sales, qui s’est autant fourvoyé, qui a autant frayé avec l’intolérable.

J’ai passé deux mois de ma vie à Tel-Aviv.

J’ai souffert comme jamais.

C’est sale, c’est foutraque, c’est pollué, c’est congestionné, c’est décadent à souhait, tout le monde est sous ecstasy, sous perfusion d’houmous, ça crie, ça hurle, ça baise, ça ne dort jamais, c’est tapageur, c’est vulgaire, c’est clinquant, c’est vivant, c’est bruyant, c’est consumériste, c’est fatiguant, c’est éreintant, c’est épuisant, c’est tout et son contraire, c’est tendre, c’est doux, c’est beau, c’est une ode au plaisir, à la vie, à l’hédonisme le plus échevelé, c’est une ville tout à la fois festive et lascive, compulsive et électrique, éclectique et frénétique.

On dira l’indécence de vivre de la sorte quand quelques dizaines de kilomètres plus loin une population d’un million et demi de personnes vit dans un dé à coudre.

On n’aura pas forcément tort sans pour autant avoir complètement raison.


C’est compliqué Israël.

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Comment croire en Dieu après la Shoah ?


Car finalement, elle est là la question, la seule qui au fond mérite d’être posée, la seule qui résiste au temps, la seule qui nous interpelle au plus profond de notre âme.

La seule qui doit être prise en considération quand on s’interroge sur les fondements même de sa foi, lorsque, sans fard ni artifice, dans ce face-à-face terrible avec nous-mêmes, on s’essaye à comprendre l’essence même de notre être, la raison de notre présence sur cette terre, le pourquoi de notre existence.

Comment parvenir à concilier la croyance en un Dieu aimant et protecteur et l’effroyable réalité des chambres à gaz ?

Comment ?

J’aurais pu être croyant avant la Shoah ; après, en conscience, je ne le peux plus.

Je n’accepte pas l’idée d’un Dieu qui abandonnerait ses enfants à un sort si funeste, qui se détournerait de la tragédie en train de se dérouler sous ses yeux pour vaquer à ses occupations, qui laisserait le marteau de l’innommable s’abattre sur son peuple et ne viendrait pas le secourir.

Je sais.

Je sais la réponse du croyant.

Dieu est Dieu.

Il n’a de comptes à rendre à personne.

La folie des hommes ne le concerne en rien.

Son rôle n’est point d’intervenir dans le cours des affaires humaines aussi tragiques soient-elles.

Je connais cette phrase bouleversante d’Élie Wiesel déclarant à propos d’Auschwitz  que ” le silence de Dieu c’est encore Dieu.”

J’entends l’argument ”d’un Holocauste contre un retour en Terre promise. ”

Et, à cette litanie d’arguments,  j’adresse une fin de non-recevoir.

Je ne peux pas adhérer à l’idée d’un Dieu qui permettrait à son peuple de sortir d’Égypte au prix d’exploits retentissants pour quelques siècles plus tard l’abandonner à la porte des fours crématoires.

De ce Dieu-là, je n’en veux pas.

J’entends encore l’affreux cris des déportés qui jusqu’à l’ultime seconde continuaient à lever les yeux au ciel en Lui demandant ” qu’attends-Tu pour venir nous sauver ? Ne sommes-nous pas Tes Fils ? N’as-tu pas conclu une alliance avec nous ? N’es-tu pas le Dieu d’Israël ? Pourquoi, alors que nous avons tant besoin de toi, continues-Tu à te taire ? ”

Et je réfute, oui je réfute, de tout mon être, cette idée d’un Dieu qui se figerait dans le silence pour mieux nous punir de ne pas avoir suivi à la lettre ses consignes ou ses préceptes et nous abandonnerait à notre triste sort pour nous ramener vers Lui.

Je conçois qu’un tel Dieu puisse exister, je n’affirme pas son impossibilité à exister, je dis simplement, en tant que personne humaine, en tant que Juif né après la Shoah, dans la pleine acceptation de ma condition d’être doué de conscience, mon désaccord entier, total, irréversible ou presque avec Lui.

Je réalise la naïveté de cette assertion, je saisis toute l’insignifiance de mon raisonnement, je perçois même son caractère enfantin et pourtant, envers et contre tout, je la maintiens.


Je suis divorcé avec Dieu.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Con comme un colon


Pour un juif de la diaspora comme moi, un colon israélien représente tout à la fois le pire des cauchemars possibles et un objet d’opprobre absolu.

C’est le roi des emmerdeurs.

Le pied nickelé du judaïsme.

L’homme au cerveau circoncis.

La preuve éclatante que l’abus de religion est dangereux pour la santé mentale.

C’est celui qui prend la Bible pour un cadastre et qui t’explique les yeux dans les yeux que sa maison construite en territoire occupé se trouve être l’endroit exact où selon le psaume 124 du livre d’Esther, la nièce de la grand-tante de Moïse a élu domicile pour engendrer le petit-fils de la gouvernante du Roi Salomon.

Parfaitement.

Il faut bien comprendre que le Juif religieux, le vrai, l’authentique, le cent pour cent casher, est un vrai branleur de première.

Au lieu de travailler comme tout un chacun, il préfère passer ses journées à se triturer l’esprit sur des textes sacrés que depuis la nuit des temps il essaye d’interpréter afin de mieux comprendre l’origine du comment du pourquoi.

Spécialiste en décorticage de versets bibliques, il joue aux mots croisés avec les lettres de l’alphabet hébraïque, il compile des statistiques sur la récurrence de locutions adverbiales qui tendrait à légitimer l’hypothèse que selon toute vraisemblance, Dieu sait aussi bien jouer au badminton qu’au hockey sur glace, il décrypte des versets mystiques pour dire avec certitude l’heure exacte où tu peux aller jouer au tennis avec ton voisin de palier.  

C’est le roi des chiffres et des lettres, version Ancien Testament.

Et pendant qu’il ”étudie”, silence dans la salle, prière de la fermer, Rabbi Jacob prie, Madame prépare dans son chaudron sa soupe aux choux qu’elle fera avaler à sa quinzaine de moutards avant de les emmener chez le coiffeur se faire tirer les papillotes.

Tout cela ne prêterait pas à conséquence – après tout chacun se débrouille comme il peut avec l’indéchiffrable mystère de l’univers – si pour les plus exaltés d’entre-eux, ils ne possédaient pas une légère tendance à imaginer que Dieu, dans son infinie sagesse, les avait désignés pour être son scrupuleux porte-parole.

Avec les conséquences que l’on sait et dont nous avons eu ce week-end un bref et tragique aperçu.

Les Juifs religieux purs et durs sont un cancer de la société israélienne.

Des parasites exemptés d’impôts, exemptés de service militaire, exemptés de tout – on ne touche pas aux enfants de Dieu – vivant des subsides d’un état qu’ils gangrènent de l’intérieur en l’acculant à aller de surenchères en surenchères afin de s’assurer de leur vote.

Et c’est là tout le drame.

Il faudrait agir une bonne fois pour toutes afin que ces esprits ancrés dans le marbre du temps ne polluent d’aucune manière le domaine public.

Puisqu’ils lévitent à des hauteurs inaccessibles pour nous autres pauvres mortels, il serait sage qu’ils restent ainsi perchés dans les limbes de leur croyance éternelle et ne viennent point se mêler des affaires courantes qui s’accommodent fort mal, en terre promise comme ailleurs, du rigorisme religieux.


Israël s’en porterait bien mieux et le monde entier avec.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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