L’Etat castrateur

 

Considérant que par la grâce de Dieu tout-puissant je ne fume point et que de voiture je n’ai pas, je devrais me réjouir de voir que la France possède en sa Ministre de la Santé une femme de caractère bien décidée à terrasser à coups de décrets tonitruants cet ennemi de l’intérieur, cette petite frappe sanguinaire, cette meurtrière en série, j’ai nommé la cigarette casse-poumon.

De cette tige de goudron qui encrasse nos poumons, pollue l’atmosphère, amoindrit nos capacités respiratoires et finit par hâter notre visite au cimetière municipal.

Fumer c’est mal.

Très mal.

Faut pas fumer.

Ni à la maison, ni au travail, ni aux toilettes, ni au restaurant, ni au bar-tabac, ni dans le train, ni dans l’avion, et surtout, surtout pas en voiture quand tu t’en iras rendre visite à tata Huguette et que pour te distraire pendant ton long voyage tu embarqueras sur la plage arrière de ton bolide ton brave moutard assez ahuri pour être né après le 31 décembre 2002.

Par contre, si la mère du marmot a eu la bonne idée d’accoucher avant cette date fatidique, t’as pas de soucis à te faire, tu es autorisé à rouler tranquille. C’est la Ministre qui l’a dit.

Ton gamin étant âgé de douze ans et plus, tu peux, si ça te chante, fumer ta collection complète de cigares havanais, suçoter douze paquets de gitanes de rang, expectorer des nuages de fumée thermonucléaires dans la tronche de cake qui te sert de fils, personne n’ira jamais te le reprocher.

Avec un peu de bol, on te décernera même un diplôme de secouriste.

Par contre, si le nain a moins de douze ans, tu risques gros : une amende à la première infraction, le fouet pour la seconde, la camisole de force pour la troisième, la quatrième te verra séjourner dans l’Ile du Diable, et au bout de cinq, tu goûteras de la guillotine.

On ne rigole pas avec la santé en France.

Considérant que le français moyen cherche par tous les moyens à empoisonner ses enfants, qu’il ne sait rien du danger de la cigarette, qu’il ne lui viendrait jamais de son propre chef l’idée d’éteindre sa cigarette avant de monter en voiture quand il s’agit d’amener sa progéniture à son entraînement de pétanque, l’Etat a donc été contraint de prendre les devants et de sortir son fouet législatif.

Là où un simple rappel au bon sens aurait suffi, comme souvent dans pareil cas, l’Etat a préféré légiférer afin de s’assurer que son message a été bien entendu.

L’Etat s’occupe de nos vies avec la même rigidité scrupuleuse qu’une mère supérieure surveille ses jouvencelles à l’intérieur de son couvent ou qu’un sergent-chef s’occupe de ses bidasses dans le périmètre de sa caserne.

Il nous pouponne, il nous sermonne, il nous protège, il nous punit, il nous récompense, il nous juge, il nous jauge, il nous scrute, il décide, il pense pour nous, il ordonne, il sévit, il exécute, il admoneste, il régule, il cajole, il est tout à la fois, notre moi, notre çà et notre surmoi.

Bientôt il nous ordonnera de baisouiller avec notre partenaire dans la seule position du missionnaire afin de ne pas solliciter de trop notre aine gauche déjà mise à rude épreuve par la pratique scandaleuse mais encore tolérée d’un sport aussi dangereux que le tennis ou le golf sans parler du lancer de javelot par temps de pluie.

Avec une jouissance devant intervenir douze minutes au plus tard après le début des hostilités.

Et nous interdira de réflechir par nous-même tant il est vrai que de penser de trop fatigue le cerveau et finit par provoquer des ruptures du ligament au niveau de l’oreille interne droite.

 

L’Etat a autant confiance en ses citoyens que ses citoyens ont confiance en lui.

C’est dire la profondeur de la crise.

 

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Requiem pour un otage

 

Hier encore on ne vous connaissait pas.

Aujourd’hui vous êtes devenu un membre de notre famille dont on pleure la disparition.

On ressent comme un vide.

Une douleur nous chiffonne le cœur.

Une colère aussi. Un besoin de vengeance. Une soif de justice.

Des chiens d’hommes vous ont ôté la vie de la manière la plus barbare qu’il soit.

Non pas des hommes non pas des chiens mais des bêtes sourdes d’ignominie qui, se situant au-delà de toute morale, ont décapité en eux les derniers filaments d’humanité qui leur restaient.

Sur toutes vos photos, on vous voit sourire et avec vos cheveux gris, vos rides charmantes, votre regard malicieux, on devine que vous deviez être un homme attachant avec qui on aurait volontiers échangé quelques paroles, partagé un repas, bu un verre.

Vous aviez une bonne tête tout simplement.

Vous aimiez la montagne.

Alors parce que la passion se moque des frontières et des possibles dangers, vous vous étiez rendu en une région encore inconnue de vous, découvrir d’autres horizons, d’autres monts à gravir, d’autres défis à relever.

Des esprits par trop scrupuleux vous le reprochent déjà.

Vous savez ces gens assis qui de leur vie n’entreprennent jamais rien et cheminent de la maternité jusqu’au cimetière d’un pas tellement prudent qu’on finit par les confondre avec leurs propres ombres.

Et viennent vous rappeler, du haut de leur canapé, votre inconscience ou votre légèreté de vous être ainsi égaré dans des territoires où rien n’est jamais acquis d’avance, où la vie danse encore sur le fil de l’incertitude, où la sauvagerie de l’homme éclate parfois sans prévenir.

Moi je ne vous reproche rien.

On ne reproche pas aux gens de vivre leur vie.

On les admire.

A quoi avez-vous pu penser quand vous avez compris le sort qui vous attendait ?

A la folie des hommes sûrement.

A leur assujettissement aveugle à un Dieu qu’ils prétendent servir et dont ils usurpent les principes pour tâcher de combler ce vide qui les terrifie.

A la nature qui jamais ne ment ou ne triche.

A ces montagnes qui vous ont appris la réelle valeur des choses, vous ont enseigné l’humilité et l’apprentissage de la beauté, ne vous ont jamais déçu en comblant vos rêves d’enfant.

Hervé Gourdel, guide de haute montagne dans le Mercantour, est aussi un passionné de photograhie.

Et à votre famille.

A votre femme et à vos fils.

A vos parents.

Auxquels on pense si fort.

Qu’on aimerait secourir, prendre dans nos bras, à qui offrir nos maigres épaules pour mieux les laisser épancher leur impossible chagrin et tenter de les réconforter tout en sachant qu’on ne guérit pas de ces blessures-là, que les plaies ne se referment jamais et qu’on reste seul à souffrir d’une absence dont on ne se consolera pas.

Et nous pleurons avec eux.

 

Notre cœur a été abîmé aujourd’hui.

Notre sang s’est alourdi de tristesse.

Notre âme a gémi de longs sanglots.

On se souviendra encore longtemps de vous.

 

Comme d’un frère lointain dont on ne savait rien mais qui nous manque déjà.

 

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Le chat est un juif comme les autres

 

Je proclame ici, que suite à mes expérimentations opérées sur mon chat, à l’observation purement scientifique de son comportement, je suis dans la mesure d’affirmer, d’une manière irréfutable, le caractère profondément juif de ce dernier et partant son appartenance au peuple élu.

Autrement dit, si le chien dans sa soumission à l’autorité, dans son penchant obstinément suiveur, dans sa capacité à tendre l’autre bajoue, exalte des valeurs profondément catholiques, le chat lui, par son attitude frondeuse, par sa capacité à survivre en milieu hostile, dans sa paranoïa atavique, scande tout au long de sa vie des valeurs intrinsèquement juives.

Tout comme n’importe quel juif de pacotille, le chat n’accorde jamais sa confiance à autrui.

Constamment sur ses gardes, conscient de son extrême vulnérabilité que des siècles de poursuite dans des ruelles malfamées ont consolidée, averti du constant danger que représente toujours l’autre, le chat, tout comme le juif, sait devoir compter, en toutes circonstances, uniquement sur lui-même.

C’est ainsi que mon chat, lorsque survient dans le déroulé de sa journée parfaitement cadencée (croquettes, sieste, câlin, croquettes, sieste, croquettes, câlin, sieste, croquettes, câlin, course, sommeil) un évènement imprévu – coups frappés à la porte, apparition d’une personne inconnue, bruit non répertorié dans sa conscience animale – ne connaît qu’une seule et unique réponse : la fuite.

La fuite éperdue, désespérée, irraisonnée vers un endroit parfois connu de lui seul où il se pense être à l’abri de tout danger : au fin fond d’un placard enfoui sous la pile à caleçons de son maître, à l’arrière d’une bibliothèque de fortune, sous le matelas du lit, au-dessus du frigo derrière la corbeille à fruits, au cul de la table à repasser, dans les décombres du panier à linge…

Le syndrome Anne Franck.

Exactement à l’image du juif qui sollicite, par temps de guerre, les moindres recoins de son habitation afin d’échapper à la rafle de quelques gendarmes par trop zélés et s’entiche d’un double plafond, pratique l’enfermement volontaire à l’ombre d’un grenier ou opte pour une retraite dans une cave confinée.

Comment ne pas percevoir dans cette attitude précautionneuse et emplie d’une sagesse éternelle le fondement même de l’identité juive consécutive à des siècles de persécution et de déportation ?

Cette peur de servir de victime expiatoire à la folie des hommes ou des chiens.

Cette crainte d’être le bouc émissaire d’un peuple frustré dans sa révolution nationale ou d’une bande de garnements défroqués cherchant à tromper leur ennui.

Il est à noter, concernant mon chat, que dans pareille situation évoquée plus haut, j’ai beau essayer de le rassurer par des paroles apaisantes, lui réitérer mon total engagement à le protéger en cas de réel danger, lui jurer ma parfaite loyauté en le forçant à me regarder droit dans les yeux afin d’y lire ma détermination entière à le défendre au péril de ma vie, il n’en a cure.

A l’heure où sa vie se retrouve en danger, il sait ne pouvoir compter que sur lui-même.

Tout comme le juif en cavale qui dans sa fuite renonce à demander de l’aide à quiconque et poursuit son chemin sans demander son reste.

Ou qui à force d’avoir été dénoncé par sa voisine de palier en vient à changer de trottoir lorsqu’un gendarme apparaît au loin, et ce même en temps de paix, ou à refuser d’ouvrir au plombier, quand bien même l’aurait-il lui-même convoqué, si ce dernier se trouve avoir un accent sentant bon les remparts de Varsovie.

En définitive, le chat et le juif partagent la même obsession : parvenir à survivre entourés d’ennemis qui ont juré leur éradication définitive.

 

Ce qui explique, quand des coups sourds sont frappés impunément à la porte, me voir essayer par tous les moyens de ralentir mon chat (croche-pattes, cloutage de moustaches, torsion de la queue) dans sa fuite effrénée afin d’être le seul à profiter de la meilleure cachette.

 

Chatcun pour soi !

 

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La gauche peut trembler, Benoît Hamon a décidé de se laisser pousser la barbe

 

D’évidence, l’évènement principal de la journée d’hier n’était pas les fanfaronnades télévisées de notre président, pas plus que le remarquable match nul obtenu par Saint-Etienne contre de coriaces Azerbaïdjanais, et encore mois la question référendaire proposée à ces ivrognes d’écossais.

Non, l’information majeure, capitale, incontournable, lourde de conséquence pour l’avenir, est que Benoît Hamon a décidé, contre vents et marées, de se laisser pousser la barbe.

Non pas une simple barbichette de bon aloi, non pas une de ces coquettes barbes de trois jours tellement à la mode auprès de nos célébrités médiatiques, mais une barbe hirsute, broussailleuse, cafouilleuse, dévorant la moitié de son visage.

Une de ces barbes de gros nounours débonnaire qui d’ordinaire viennent garnir les mentons de responsables syndicaux acquis à la cause de la sauvegarde de l’ours polaire en milieu hostile.

Qu’est-ce donc qui motive un homme apparemment sain d’esprit, d’une normalité sans faille hormis une tendance à gauchir tout ce qu’il touche, à arborer une telle extravagance capillaire, susceptible de susciter la controverse, alimenter les rumeurs les plus folles, fourbir des armes à ses nombreux ennemis ?

Certes, il est tout à fait possible que Monsieur Hamon ne soit plus en odeur de sainteté avec son barbier.

Ce sont des choses qui arrivent.

Un dérapage verbal lors d’une séance de décrassage, une envolée lyrique au sujet des avantages scandaleux réservés à certaines professions réglementées incluant celle des coiffeurs et voilà que tous les barbiers de la capitale décident d’un commun accord de bouder les joues de l’ancien Ministre de l’Education.

Il se peut aussi que désormais privé de son salaire d’édile de la République, rattrapé par le coût de la vie, découvrant ahuri le prix exorbitant de ses lames de rasoir favorites, il ait décidé, anticipant mieux que quiconque l’aphasie prolongée de notre croissance économique, de sabrer dans les dépenses courantes et de modifier en profondeur sa façon de consommer, à commencer par cette superfétatoire obligation de se raser le visage tous les matins venus.

A moins que ne pouvant plus se voir en peinture, honteux d’avoir été berné comme un bleu par son camarade Arnaud, point encore remis de sa déconfiture ministérielle, il retarde à l’infini le moment de se croiser dans la glace et de se demander “toi que je regarde au fond des yeux, l’inconnu avec qui je dois cohabiter, qu’as-tu donc fais de ta vie, qu’est-ce qui t’as pris de défier ainsi le premier ministre auquel tu avais pourtant juré fidélité ? ”

Ah les détours que peut prendre la haine de soi quand, écœuré d’être ce qu’on est devenu, sachant la faute irréparable, connaissant le poids de son impair, on en vient à se mépriser avec une telle radicalité que la seule vue de son propre visage déclenche au plus profond de soi des vagues de dégoût capables de tout emporter sur leur passage.

Confrontés à de pareilles situations, certains enjambent des ponts, quelques-uns s’essayent au vol plané du haut de leur immeuble, et d’autres enfin se résolvent à se laisser pousser la barbe dans une sorte de renoncement méditatif, de passage obligé vers une sanctification mystique où l’apparence humaine n’a plus cours, supplantée par la seule élévation de l’esprit vers des sommets de pureté inaccessible.

 

Quant au rédacteur de ce billet barbant et inconsistant, étant déjà atteint d’une calvitie étendant peu à peu son empire sur son crâne d’œuf, il préfère pour le moment rester imberbe du visage, soucieux qu’il est de veiller à présenter à son entourage le parfait visage d’un homme certes sans qualités mais aussi sans poils.

 

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Le dégoût du football

 

Année après année, le football s’éloigne de moi.

A la longue, il finirait presque par me donner la nausée.

Trop, beaucoup trop d’argent, ont (presque) fini par avoir raison de mon amour, de ma dévotion pour lui.

Ce n’est plus un sport, c’est devenu une mère maquerelle d’une vulgarité inouïe, une pute de luxe, une catin assoiffée de bijoux et d’oseille, qui exhibe chaque semaine son veau d’or devant lequel, nous autres amoureux transis de la prose footballistique, seraient censés nous prosterner et remercier des capitalistes plus ou moins véreux de nous offrir un tel spectacle.

Les clubs de football, autrefois étendards et porte-paroles d’une ville, d’une histoire, d’une mémoire, d’une culture, sont devenus de simples caisses enregistreuses, des entreprises sans cœur ni âme qui se contentent d’aligner des millions avec une ostentation obscène afin d’attirer dans ses filets les meilleurs joueurs de la planète.

Tout en se moquant éperdument de respecter les valeurs intrinsèques des couleurs qu’elles sont censées représenter.

Capables d’évoluer sans l’ombre d’un joueur formé au club, vague agglomérat d’individualités amoureuses de leurs nombrils, venues chercher non plus la gloire, non plus la communion avec le public, non plus la reconnaissance de leurs pairs, mais juste de quoi engraisser encore un peu plus leur mirobolant compte en banque.

Les joueurs s’échangent comme autrefois les vignettes de nos collections Paninis et changent de club avec la même avidité qu’une call girl délaisse un hôtel pour en coloniser un plus prometteur.

Sans aucun scrupule, on les voit passer d’un club à un autre avec une déroutante désinvolture, capables d’une année sur l’autre de déclamer leur amour éternel pour une équipe qu’ils quitteront sans regrets quelques mois plus tard.

De rouler une pelle à l’écusson de leur maillot après chaque but marqué, comme pour mieux signifier leur appartenance inébranlable à son histoire, avant de s’en servir la saison suivante comme torche-cul à leur collection de lingots d’or.

Les clubs ne représentent plus rien si ce n’est des ribambelles de millions qu’on dépose sur les pelouses en offrande à des joueurs mercenaires qui viennent goulûment se servir avant de décamper ailleurs.

Le football, sport hier encore incertain, plein de surprises et de rebondissements, est devenu affreusement prévisible.

Chaque année les mêmes équipes, les plus fortunées, les plus encrassées d’argent, les plus dégoulinantes de fric, se disputent les titres nationaux et européens, finissant par constituer une élite consanguine renouvelée à grand-peine et entretenant en son sein des connivences coupables.

Les joueurs changent mais l’argent reste.

D’une année à l’autre, une équipe peut se permettre de bouleverser la moitié de son effectif sans rien perdre de son prestige, juste en procédant à des transferts juteux à même de leur permettre de figurer en bonne place dans les compétitions disputées.

Les entraîneurs sont désormais des stars à part entière dont on se complaît à examiner la gestuelle sur leur banc de touche afin de mieux saisir l’essence même de leur supposé génie.

Tous les samedis, c’est la foire aux vanités recommencée.

Les gens ne vont même plus au stade, ils vont au zoo assister aux pitreries de joueurs transformés en homme-sandwichs, tous plus ahuris les uns que les autres, bien plus préoccupés de l’apparat de leur ahurissante coupe de cheveux ou de la dernière version de leur tatouage que de parfaire leur technique balle au pied.

L’amoureux du football lui, cherche encore des raisons d’aimer son sport.

Il regarde mais ne s’enthousiasme plus.

Il n’assiste plus à des matchs mais à des performances.

Il cherche en vain un joueur capable de lui redonner le frisson de son enfance ou une équipe susceptible de lui ressembler.

Il est orphelin.

Quelque chose s’est cassé.

 

En même temps, jeudi soir, Saint-Etienne se déplace à Qarabag (???) au Stade Tofiq-Béhramov à Bakou pour le compte de la première journée de la Ligue Europa.

 

Ça va chauffer nom de Dieu !

 

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Pourquoi je n’achèterai pas l’Iphone 6

 

Voilà c’est décidé, après une longue séance d’introspection, j’ai pris la douloureuse mais ferme résolution de ne point concourir à l’achat de la dernière merveille d’Apple.

C’est que, à ma grande honte et au désespoir de mon concierge et de ma maîtresse scandinave, il me faut convenir que je ne possède pas d’IPhone 5S. Ni même d’IPhone 5. Pas plus d’IPhone 4 ou 3 ou 2 ou 1 voire 0.

D’ailleurs étant con comme la Lune et Venus réunies avec Saturne en supplétif pour s’assurer de ma parfaite incongruité, de téléphone intelligent, je n’en ai point.

Juste une vieille antiquité de bidule tout décati avec un écran grand comme la ficelle de mon string léopard, lent comme une limace atteinte de pleurésie, véloce comme un guépard reposant au cimetière des éléphants et qui doit tout juste servir à téléphoner. Et encore.

Oui je sais, pour ce forfait inqualifiable, pour ce comportement en tout point contraire à la déclaration des droits de l’homme, je mérite la cour martiale.

Ou la décapitation en place publique pour refus de participer à la plus grande couillonerie de ce début de siècle, j’ai nommé l’obligation d’acheter des biens de consommation dont l’utilité approche de zéro et l’infini.

Inutile de mentionner que pour toutes ces raisons j’attendais la présentation de l’IPhone 6 avec l’impatience caractéristique du demeuré de la crèche guettant dans le ciel muet l’apparition d’un clochard céleste porteur de révélations capitales sur le salut de son âme.

Palpitant d’appréhension, récitant des chapelets de versets à la mémoire du génie interstellaire que fut Steve Jobs, mon maître à penser, mon berger, mon étoile, le Moïse de mon panthéon personnel, je sautillais sur mon canapé avec l’allégresse d’un perroquet venant d’ajouter un nouveau nom à son vocabulaire, tout à ma joie de découvrir les nouveaux développements du plus bel objet jamais inventé par l’homme depuis le balai-brosse.

Je n’ai pas été déçu.

Pensez, un écran encore plus large, une résolution de l’image de 401 points par pouce,  un capteur photo iSight 8 mégapixels avec mise au point Focus Pixels, enregistrement Full HD et slow motion jusqu’à 240 images par seconde, une caméra FaceTime 1,2 mégapixel compatible 720p en vidéo, Touch ID, baromètre, LTE catégorie 4, NFC, Voice over LTE.

J’ai été foudroyé d’émotion non retenue au point d’inonder de mes larmes le tapis de ma souris ; je me suis prosterné devant mon écran et j’ai révéré les ingénieurs d’Apple d’avoir pu réaliser de telles prouesses technologiques, d’avoir osé repousser encore un peu plus loin les limites du possible, et sans même comprendre comment ni pourquoi, j’ai été pris d’une érection pantagruélique.

Je n’avais rien ressenti de tel depuis les premiers pas de mon chat sur mon parquet, ce sentiment inouï de comprendre que ma vie, ma propre vie, allait basculer dans une autre dimension où plus rien ne serait jamais pareil, où j’aurais désormais accès à un nombre si important de fonctionnalités que mon esprit galoperait dorénavant sur les crêtes d’une inventivité à jamais recommencée.

Je pressentais que désormais je pourrais à la fois appeler ma chérie afin de savoir s’il restait du pain azyme dans la corbeille à pain, tout en tweetant avec mon chat afin de connaître l’évolution de son rhume des foins et, en attendant sa réponse, me renseigner sur l’heure de la prochaine marée, commander dans la foulée sur un site d’achat en ligne un maillot de bains dessiné par un créateur tibétain, avant de découvrir le nombre exact de calories que j’avais brûlées entre le moment où j’étais sorti du métro et celui où j’avais entrepris de me prendre en photo en train de téléphoner à ma chérie afin de savoir s’il restait du pain azyme dans la …

Je vais rentrer dans une nouvelle ère.

Je le sens de tout mon être.

Avec l’IPhone 6, je deviens le prophète de ma propre vie.

 

Et le califat de mon calIphone.

 

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Mais il est fou ce Thévenoud !

 

Longtemps, longtemps après que le parti socialiste aura disparu, on se souviendra encore de ce brave Monsieur Thévenoud.

De cet incroyable personnage tout droit sorti de l’imagination d’un romancier fabuliste, capable durant la même période de détenir la vice-présidence de la mission d’information sur la fraude fiscale, tout en omettant plus ou moins sciemment de remplir sa propre déclaration d’impôts.

Il faut le dire, le répéter, l’asséner mais on frôle là le génie absolu quand avec un tel aplomb on parvient à tenir, sans rien trouver à y redire, des positions aussi antagonistes.

De ce génie qui vous déconcerte et vous sidère, provoquant chez vous comme une sorte d’effarement mêlé à un sentiment d’irréalité, une espèce de stupeur muette si prononcée qu’elle plonge votre esprit dans un océan de perplexité où vous vous retrouvez à vous demander, non plus si l’essence précède l’existence, mais si le cas du Sieur Thévenoud procède de la folie, de l’inconscience ou de la désinvolture.

Cette capacité inouïe à endosser le rôle du cheval blanc de l’évasion fiscale tout en étant l’un des moutons noirs de cette administration des impôts à laquelle il est censé apporter de nouvelles méthodes pour empêcher des chenapans de son espèce ou apparentés de prospérer à l’ombre de la citadelle de Bercy.

Une dualité quasi dostoïevskienne.

Thévenoudalovitch.

Il y eut jadis dans notre bourgade un homme nommé Taras Thevenoudavitch marié en première noces à Sofia Elouagivitch qui déclencha un scandale si retentissant que des curieux dépêchés de Moscou débarquèrent aussitôt la nouvelle répandue pour mieux connaître ce personnage si singulier dont l’ascension fut tout aussi fulgurante que sa perte…

Non pas que notre lascar, comme un Cahuzac de bazar, se serait essayé d’une quelconque manière à tromper le fisc en recherchant la clé des paradis perdus, ce qui eût été d’une banalité confondante, mais plutôt qu’il nous rejoua en sifflotant la partition du Fantôme de l’Opéra : va donc voir là-bas si j’y suis, tais-toi quand tu parles, la vérité si je mens, je ne déclare rien donc je ne suis pas, et puisque je ne suis pas je ne paye pas.

Limpide.

L’attitude de l’homme de bonne volonté qui vient prêter renfort aux forces de l’ordre pour arrêter un délinquant qui ressemblerait trait pour trait à son propre portrait.

La conduite d’un directeur de conscience prônant la chasteté comme seul et unique principe de vie et qu’on retrouve tous les soirs Chez Huguette à lutiner le popotin de soubrettes déguisées en mères supérieures.

Les agissements d’un moniteur d’école détenteur d’un permis de construire mais nullement de conduire.

Pour sa défense Thomas Thevenoud a admis qu’il souffrait d’une phobie administrative.

Ne reste plus qu’à soigner le patient par le biais d’une thérapie comportementale cognitive où, étape après étape, sans jamais essayer de le brusquer de peur de provoquer une fatale rechute, un personnel qualifié lui apprendra à se familiariser à nouveau avec une déclaration d’impôts, en partant de la case patronyme pour arriver triomphant à celle de la somme à déclarer.

Avant de l’inscrire aux Oubliants Anonymes afin de l’aider à résister à la tentation, un soir d’ivresse, de culbuter à nouveau dans le ravin de ses errements passés en omettant par exemple de s’acquitter du règlement de son loyer

 

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Quand la France se suicide

 

Il est fascinant, surtout vu de l’extérieur, de voir de quelle manière la France fonce droit dans le mur de sa désespérance, comment elle tisse avec des forces obscures des affinités électives qui la mènent tout droit dans le ravin de l’Histoire.

Cet acharnement à pratiquer la politique de la terre brulée, à se détourner des partis traditionnels pour s’en aller s’offrir, cuisses grandes ouvertes, à une formation nationale assez roublarde dans ses déclarations pour laisser entendre qu’elle en a fini avec ses errements du passé, et présentant désormais le doux visage d’une brebis bêlant son amour pour la démocratie et le respect de chacun.

Belles paroles qui voleront en éclat si, par l’expression de la volonté populaire, elle accédait aux plus hautes responsabilités, libérant ce flot de haine grignotant peu à peu le cœur de la nation française.

Ce serait alors le temps des ratonnades autorisées, de la mise au pas des médias institutionnels, de la revanche des obscurs, des envieux et des aigris qui, ivres de leur victoire, n’hésiteront plus à recourir à la force pour se débarrasser de la figure de l’étranger, de cet autre se présentant d’abord sous les traits de l’arabe du coin puis du juif de service avant de régler son compte à ses semblables, coupables de ne pas adhérer à la cause du prétendu redressement national.

La faillite manifeste des partis politiques est avant tout notre propre faillite : il serait trop facile de rejeter la seule faute de cette chute collective sur nos élus, en se gardant bien de se remettre soi-même en cause. Eux c’est nous. Nous c’est eux.

La faillite d’un pays vivant dans le lustre de son passé glorieux, incapable d’admettre les bouleversements engendrés par un monde nouveau, rechignant à monter dans le train de la modernité et pleurnichant dans son coin de ne plus être le premier de la classe.

Et attendant tout du politique, tout en hurlant sa désapprobation dès lors que ce dernier émet juste l’hypothèse de procéder à des ajustements qui apparaissent dès lors comme des saignées opérées à cœur ouvert, des sacrifices inacceptables dont on se plaît pourtant à accepter le principe du moment qu’il ne s’applique pas à sa propre personne.

Si demain un gouvernement, comme dans tant d’autres pays, décidait de plus rembourser les crèmes hémorroïdaires, les pastilles anti-gastriques ou les cachets contre la toux, il prendrait le risque de précipiter dans la rue des millions de français scandalisés à l’idée de voir l’Etat se détourner de sa mission première, celle de permettre de soigner ses blessures culières à moindre frais.

J’ai quitté la France en 2009, ce pays où j’étais né de parents étrangers.

Où j’avais grandi à l’école de la République.

Et où j’étais atteint d’une sorte de fatigue existentielle, d’une désespérance de plus en plus grandissante de vivre au sein d’une société moisie, repliée sur elle-même, figée de peur, rongée par un racisme et un antisémitisme latent dont je pressentais que ses plus belles heures étaient encore à venir.

Ce n’était pas bien courageux, juste salutaire.

Je n’avais pas l’âme d’un damné ni la vocation d’un martyr et assurément, considérant la fragilité de mes liens avec ce pays, il m’était plus facile qu’un autre de m’en détacher.

Je suis devenu un Français du dehors, tout autant attaché à ce pays, tout autant impliqué dans ses affaires intérieures mais comme dissocié de lui, conservant avec lui des connivences étroites mais teintées d’une sorte de langueur propre à l’exilé, conscient de mon défaut de légitimité pour le juger mais ne me résignant pas à l’abandonner à son sort.

Et vivant désormais à des milliers de kilomètres de lui, je ne peux m’empêcher de frissonner d’effroi et de dégoût mêlés quand je le vois adopter les comportements d’une vieille dame aigrie vitupérant l’attitude d’un monde qu’elle ne comprend plus, et s’en allant confier ses maigres économies à un marchand des quatre-saisons revêtu des couleurs nationales.

 

Quand un peuple décide en conscience de se suicider, on ne sait jamais s’il parviendra un jour à ressuciter.

Ni dans quel état.

La France est en train de s’ouvrir les veines.

Son sang commence à perler sur les terres meubles de son désespoir.

Elle peut être encore sauvée mais le temps presse.

 

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Valerie Trierweiler ou la pornographie des sentiments

 

Dégueulasse.

On a beau avoir cherché et parfois même trouvé des circonstances atténuantes à Valérie Trierweiler, admettre que la manière dont elle fut traitée par le chef de l’Etat ne rehausse en rien l’éclat de ce dernier, il n’en demeure pas moins que de livrer ainsi ses secrets d’alcôve à la face de l’opinion publique provoque chez nous au mieux de la consternation au pire du dégoût.

Rien ne peut justifier de jeter de la sorte l’opprobre sur un homme dont on croit comprendre que la seule faute fut de cesser d’aimer celle qui pensait avoir noué avec lui une relation assez forte pour résister à l’appel de l’Elysée.

Et pour tout dire, autant peut-on comprendre la rage et le dépit d’être supplantée par une autre, la colère de l’apprendre par le biais d’un journal de caniveau, la nécessité presque thérapeutique d’inscrire sur le papier l’expression de son ressentiment, autant ne peut-on que réprouver cette odieuse manière d’essayer de tirer quelque profit de cette déconfiture amoureuse.

Cette façon putassière de créer l’évènement afin de rentabiliser au maximum la rédaction de ses confessions, l’odieuse machinerie visant à distiller à la presse quelques extraits croustillants, les plus graveleux, les plus susceptibles de créer la polémique, cette course après de possibles rentes, cette manière de prostituer ainsi son cœur afin de susciter l’attention et de jeter en pâture l’intimité d’un couple, tout cela révulse et écœure.

Pourtant, combien on sent la fragilité chez cette femme, combien on devine les impossibles tourments par lesquels elle a dû passer, combien on soupçonne que l’apparente dureté dont elle faisait montre en public n’était que l’expression d’un malaise venu de cette soudaine exposition, cette incapacité à trouver sa vraie place au milieu de cette foule de courtisans et autres rivales papillonnant autour de l’objet de son amour.

Le complexe d’une provinciale née modeste et parvenue à force de ténacité, de travail et espérons-le d’un certain talent au sommet de ses espérances les plus folles avant la chute brutale dans le ravin d’un cocufiage devenu affaire d’état.

Oui de cette Valérie-là, on pouvait se sentir proche.

Mais pas de celle qui, ivre de jalousie et de rancœur, d’aigreur et d’amertume, vient nous agresser avec le récit partial, forcément partial, d’événements, d’anecdotes et de révélations dont par principe on ne connaîtra jamais la réelle teneur.

Et qui au fond ne nous concernent en rien.

 

Ce règlement de comptes écrit à la va-vite dont il suffit de lire les extraits proposés pour réaliser toute la laideur d’une écriture réduite à sa plus simple expression, désincarnée, simpliste afin de ne pas perturber un de ces vagues lecteurs habitués à acheter ses nourritures spirituelles en même temps que son baril de lessive et son saucisson en promotion au supermarché du coin.

Il y a tout à parier que Valérie Trierweiler finira par avoir honte d’avoir manœuvré de la sorte.

Peut-être est-ce déjà le cas.

Peut-être que cette femme éprouvée regrette-t-elle déjà l’exposition de ses blessures les plus secrètes, cette pornographie des sentiments qui salit tout autant la personne visée que celle qui les rédige.

 

Et qui prend pour témoin une France en droit d’attendre de celle qui, il y a quelques mois encore la représentait parfois à l’étranger, un peu plus de dignité et de tenue.

 

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