La pompe à vide de «The Revenant»

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The Revenant  d’Alejandro Gonzales Iñarritu, avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter. Durée: 2h35. Sortie le 24 février 2016.

Réglons tout de suite l’aspect le moins intéressant de The Revenant, la «performance» de Leonardo DiCaprio destinée à lui faire obtenir un Oscar. Elle est entièrement conforme à ce qui est prévu dans ce cas de figure, succession de grimaces et de contorsions, dans la boue, dans la neige, dans les fleuves glacés, même dans un cheval mort. C’est une idée bien misérable du travail des acteurs, et bien méprisante des acteurs eux-mêmes, a fortiori des très bons acteurs comme Leonardo DiCaprio, que d’être sommés de se livrer à pareil numéro pour mériter une consécration.

Pour le reste, The Revenant est un film aussi antipathique qu’intéressant. Antipathique est la manière dont tout, absolument tout –les actions, les sentiments, les idées, les paysages, les sons– est asséné comme coup de massue au spectateur. L’insistance, la triple dose, la surenchère d’effets est l’idée même que se fait Iñarritu (Birdman…) de la mise en scène –en quoi il est parfaitement en phase avec une époque où règne le quantitatif, où le «toujours plus» reste la loi dominante telle que le marché l’a établi pour toutes les relations humaines, où l’emprise sur le cerveau des autres demeure le but ultime de la production, sous influence écrasante de la publicité.

The Revenant raconte une histoire en elle-même très intéressante, et inspirée d’un fait réel, mais le raconte stupidement –pas par bêtise, mais par volonté délibérée d’être stupide. C’est-à-dire d’être du côté du surjeu, du passage en force, du «coup», de la mise raflée. C’est ici que le film commence à devenir quand même intéressant, pour ce qu’il n’est pas.

Contrairement à ce qu’on répète ici et là (y compris sur Wikipedia), il n’est en aucun cas un western. (…)

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«L’Ombre des femmes»: Garrel ou l’instinct de cinéma

l-ombre-des-femmes-de-philippe-garrel-en-ouverture-de-la-quinzaine-des-realisateurs,M213681L’Ombre des femmes de Philippe Garrel. Avec: Clotilde Courau, Stanislas Mehrar, Lena Paugam. Durée: 1h13. Sortie: le 27 mai 2015.

Un couple, à Paris, aujourd’hui. Ils s’aiment mais bon ce n’est plus tout à fait ça. Lui fait des films, elle l’aide du mieux qu’elle peut. Monsieur rencontre une autre jeune femme.

Ce pourrait être un canevas de boulevard, ou plus ou moins l’argument de nombre de précédents films de Philippe Garrel. Des films qui ont pratiquement tous aussi en commun les mêmes moyens stylistiques, ce noir et blanc somptueux, comme jailli d’un incunable du cinéma, et que les grands chefs opérateurs de la Nouvelle Vague (Lubtchansky, Coutard, Kurant, cette fois Renato Berta) déploient pour le cinéaste, composant une longue route de lumière et d’ombres. Et pourtant chaque film de Garrel est unique, incomparable –L’Ombre des femmes, qui a ouvert avec éclat la Quinzaine des réalisateur à Cannes le 14 mai, tout particulièrement.

Cela tient en partie aux visages, aux corps, aux gestuelles des trois interprètes principaux. Ils sont comme trois instruments que Garrel ferait jouer successivement en duos, et dont les rencontres suscitent des harmoniques et des dissonances qui bouleversent. Stanislas Mehrar y est étonnant et Lena Paugam une belle découverte, mais au centre se trouve, extraordinaire, Clotilde Courau. Vingt-cinq ans après Le Petit Criminel, de Jacques Doillon, on redécouvre avec la puissance d’une évidence cette actrice de première force. Sa manière brute de bouger, la lumière et l’opacité de son visage et de sa voix comme un ciel changeant, quelque chose dans le port de tête qui a à voir avec un savoir et avec une sauvagerie, sont d’admirables effets spéciaux naturels, qui donnent au film une palpitation très singulière. (…)

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LIRE AUSSI L’ENTRETIEN AVEC PHILIPPE GARREL

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«Le Sel de la terre» de Wim Wenders: une ode aux clichés

 

Salgado08Cet homme-là est assurément un personnage intéressant. Contraint de fuir la dictature au Brésil, son pays, dans les années 1960, exilé en France mais voyageant dans le monde entier, il est devenu au cours des années 1970 un des photographes les plus célèbres de son époque. Sebastião Salgado a conquis ce statut, et s’y est maintenu durant des décennies, en photographiant certains des lieux les plus déshérités de la planète, plusieurs des pires tragédies qui ont ensanglanté la fin du XXe siècle: les famines au Sahel, les guerres en Yougoslavie, l’extrême pauvreté et la violence un peu partout dans le tiers monde, l’ampleur et le caractère destructeur des migrations de masse sous l’effet de la pauvreté et des guerres, le génocide des Tutsis au Rwanda et ses suites au Congo…

Salgado n’est pas du genre à faire un saut dans un coin où il se passe quelque chose de terrible pour repartir aussitôt. L’essentiel de ses travaux est fondé sur des recherches approfondies, de longue période passées sur place, des rencontres et des échanges avec ceux qu’il photographie, et auxquels il lui est souvent arrivé de se lier de manière durable. A la fois journaliste, militant, chercheur et artiste, Salgado a accompli un énorme travail.

Le résultat, rendu public grâce aux plus grands magazines du monde entier, d’innombrables expositions et une dizaine de livres à grand succès, est un très vaste ensemble de photos caractérisées par un style reconnaissable entre mille. Esthétisation de la misère, sentimentalisme exacerbé, clichés de la souffrance manipulés par la prise de vue et le traitement en laboratoire, utilisation d’un noir et blanc contrasté aux reflets quasi-métalliques. Avec Salgado, les malheurs des hommes mis en images comme des pubs pour Mercedes ou des défilés de mode. Un triomphe.

Wim Wenders, qui dit avoir été bouleversé il y a 25 ans par des images de Salgado, dont il a immédiatement acquis deux tirages qui sont toujours dans son bureau, consacre au photographe un portrait coréalisé avec le fils de son sujet, Juliano Ribeiro Salgado. Ouvertement admiratif, pour ne pas dire hagiographique, le film reconstitue un parcours qui mènera l’homme d’image, revenu dans son pays après le retour de la démocratie, à se consacrer un temps à faire renaitre la flore et la faune dans sa région natale du Minas Gerais. (…)

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Mekas-Guerin/Correspondances de cinéastes/Mekas

Au Centre Pompidou jusqu’au 7 janvier

Plus qu’une semaine pour découvrir au Centre Pompidou les films de Jonas Mekas et de José Luis Guerin, ainsi que la correspondance vidéo qu’ils ont échangé. Chacun des deux est une figure majeure de l’activité du cinéma aujourd’hui, ce qui les distingue est aussi significatif que ce qui les rapproche.

Jonas Mekas, qui vient de fêter ses 90 ans, est l’inventeur du « ciné-journal », inlassablement depuis qu’il a commencé d’enregistrer son quotidien et ses rencontres avec une caméra Bolex au début des années 50. Il a non seulement documenté la vie de l’underground américain depuis plus d’un demi-siècle tout en mettant au point des formes plastiques et narratives anticipant parfois avec 30 ou 40 d’avance ce que le numérique rendrait habituel. Avec un humour, une gentillesse et une générosité exceptionnelles, il s’est battu aussi comme un superninja pour faire vivre toute une nébuleuse de création, dite expérimentale qui, aux Etats-Unis, sans lui et quelques autres, aurait simplement crevé la gueule ouverte. Récemment, le film Free Radicals de Pip Chodorov rappelait le rôle décisif joué par ses article dans Film Culture et les deux organismes qu’il a créés, The Filmmaker’s Cooperative et l’Anthology Film Archives. Artiste et activiste toujours, il vient de terminer Outtakes from the Life of a Happy Man (« Reliquats de la vie d’un homme heureux »), composé de séquences jamais montées de tous ses tournages, et qui sera présenté à Beaubourg le 7 janvier à 20h.

Le Catalan José Luis Gerin, qui a débuté au milieu des années 80, fait des films qui ne ressemblent pas à ceux de Mekas. Et qui pourtant, à leur manière, inventent eux aussi une relation entre documentaire, imaginaire, intimité et recherche. Il est devenu la figure de proue d’un très dynamique mouvement appelé un peu sommairement « documentaire espagnol », avec Barcelone comme épicentre.  Son plus récent long métrage distribué, le magnifique Dans la ville de Sylvia, avait également donné lieu à un vaste travail photographique, pictural et éditorial, autre façon de déployer un rapport au monde profondément cinématographique. Au Centre Pompidou, outre ses films, Guerin présente une installation vidéo, La Dame de Corinthe, rêve éclaté autour de la naissance mythique de l’image. Dans Guest, inédit également montré à Pompidou, il met à profit les invitations dans des festivals du monde entier pour enregistrer un sentiment du monde inquiet, affectueux et travaillé d’innombrables questions.

Dans la salle où se succèdent les vidéos qui composent leur correspondance, Mekas et Gerin parlent à tour de rôle, en voix off. Des camps nazis à l’émotion d’une rencontre au coin d’une rue, des voyages aux amis, aux arbres et aux chats, bien des échos circulent d’un film à l’autre. Parfois surgit un moment qui s’impose pour lui-même, comme cette rencontre avec une jeune femme illuminée de joie de vivre et d’amour pour le cinéma, et qui mourrait peu après avoir été filmée… Les très belles images en noir et blanc de Guerin, sa manière de faire jouer ensemble un grand savoir et un grand amour du cinéma, produit un contrepoint aux images brutes et à la légèreté de Mekas. Ils miment un peu le coup de la correspondance, avec énormément d’affection et de respect l’un pour l’autre. On ne retrouve pas la linéarité des échanges qui présidait à la première en place de cet exercice complexe, quand Abbas Kiarostami et Victor Erice se répondaient par images interposées – ce qu’en France on put découvrir au Centre Pompidou lors de l’exposition « Correspondances » en septembre 2007. Moins serré, le dialogue des deux réalisateurs multiplie les directions comme deux arbres d’essence différente, arbres aux nombreuses ramifications qui auraient poussé côte à côte. Le Centre Pompidou annonce d’autres échanges vidéo entre des couples de cinéastes, il est à prévoir que loin de devenir une forme établie, un tel dispositif permette au contraire d’inventer à chaque fois son propre régime d’échos et de sens, ce qui est évidemment beaucoup plus intéressant.

Il importe que tous ceux qui le peuvent profitent des derniers jours pour entrer dans cet échange subtil et fécond (sans se laisser intimider par la file d’attente énorme pour l’expo Dali, quelle idée !: il y a une autre entrée sur le côté). Pour tous les autres, la bonne nouvelle est la parution du coffret DVD « Jonas Mekas » chez Potemkine. Six disques, 15 films de toutes durées, pour une fois la formule publicitaire qui les accompagne a raison : « Des hymnes au bonheur, des odes à la vie et à la liberté ».

On espère l’édition française de l’intégrale Guerin (qui existe en Espagne, chez Versus). En attendant, on peut se plonger avec profit dans le numéro 73/74 (juin 2012) de la toujours excellente Revue documentaire, qui lui est entièrement consacré.

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L’Adolescent et la botte

Fin avril, les cinéastes syriens lançaient un appel à leurs collègues du monde entier pour s’élever contre le massacre des populations civiles dans leur pays et les soutenir dans le combat pour la démocratie. Cet appel a suscité un vaste mouvement de solidarité. Durant le Festival de Cannes, la Quinzaine des réalisateurs projetait avant chaque séance l’un des courts métrages «Les œuvres des cinéastes censurés nous manquent terriblement». Le 12 mai, la SRF (Société des réalisateurs de films) organisait un débat public consacré à la répression dont sont victimes les cinéastes. Pour cette occasion, le réalisateur syrien Oussama Mohammed, qui participait à ce débat a rédigé le texte L’Adolescent et la botte, lu sur scène par l’actrice Darina Al Joundi, qui en a aussi fait la traduction. Ce texte s’inspire d’une vidéo diffusée sur YouTube montrant des violences et humiliations infligées à un jeune manifestant arrêté à Deraa par les services de sécurité. Poème de colère et d’espoir que nous reproduisons in extenso. JMF

 

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Deuxièmes films: attention, danger de formatage

– «La Permission de minuit», de Delphine Gleize, avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos / REZO FILMS –
Comment le financement du cinéma par la télévision enferme les films en principe conçus pour le grand écran dans une norme et formate les jeunes réalisateurs prometteurs.
Mois après mois, l’histoire se répète. On signale l’arrivée sur nos écrans du nouveau film de jeunes réalisateurs «prometteurs» — c’est à dire dont les premiers longs métrages avaient inspiré engouement pour l’œuvre et espoirs pour l’avenir de leur auteur. Et mois après mois, le même scénario déprimant se répète. Passée l’épreuve du passage à l’acte du premier film, ces réalisateurs se révèlent pris dans une machine qui les écrase, ou au moins les limitent sévèrement. On appelle ça le «formatage», expression un peu abstraite qui trouve avec ces films une illustration particulièrement claire, et cruelle.

Les outils de ce formatage sont systématiques, c’est la grande idée des producteurs (ou parfois des réalisateurs eux-mêmes) pour «valoriser» un talent créateur sous forme de produit finançable et consommable. La recette n’a rien de très original: vous aviez un œil, un ton, un style ? On va rentabiliser ça avec les deux piliers de la mise en circulation selon les exigences d’un système dominé par les diffuseurs télé: c’est tout bête, il faut faire un film de genre, avec une vedette.

Pour ne prendre que des films sortis depuis le début de cette année, voilà comment on se retrouve avec L’Avocat de Cedric Anger, polar avec Benoit Magimel, Avant l’aube de Raphaël Jacoulot, thriller avec Jean-Pierre Bacri, La Permission de minuit de Delphine Gleize, mélo avec Vincent Lindon, le plus récent du lot sorti le 2 mars, en attendant Coup d’éclat de José Alcala, polar avec Catherine Frot (annoncé pour le 27 avril).

Ces quatre cinéastes (on en aurait cité d’autres en prenant une autre période de référence) avaient fait preuve d’originalité et d’audace dans leurs premiers films – Le Tueur pour Anger, Barrage pour Jacoulot, Alex pour Alcala, Carnages pour Delphine Gleize.

En regardant leurs nouveaux films, surtout si on a en tête les premières réalisations des auteurs, les effets de ce formatage sautent aux yeux. Ce sont les automatismes du scénario, même si celui-ci possédait au départ une certaines singularité dans le thème (La Permission de minuit : la relation entre un enfant atteint d’une maladie orpheline et son médecin) ou l’approche narrative (l’écart à géométrie variable entre le patron d’hôtel et son employé dans Avant l’aube). (Lire la suite)

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Un point d’interrogation dans la neige

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Poupoupidou de Gerald Hustache-Mathieu sort le 12 janvier. Bonne nouvelle, d’autant plus qu’inattendue.

C’est un de ces clichés débiles dont il on ne peut pas plus se défaire que le capitaine Haddock de son sparadrap. Tous les films français se ressembleraient, ils seraient bavards, nombrilistes et germanopratins. Il suffit pourtant de prendre la liste des meilleurs films de l’an dernier (mais toutes, oui toutes les années précédentes donnerait le même résultat), pour exploser ce préjugé pénible. En quoi concerne-t-il Carlos, White Material, Des hommes et des dieux, Vénus noire, Tournée, Bas fonds, Film: socialisme, Nénette ou La Reine des pommes ? Pourtant, s’il est un domaine où les films français ont plus de mal à se trouver un ton et un style, c’est du côté du film de genre, et notamment de ce genre particulier qu’est le film noir. Très rares sont les réalisations récentes qui échappent et à l’enlisement dans les restes d’un héritage depuis longtemps capté par la télé (le polar-à-la-française, misère) et à l’imitation médiocre du film d’action hollywoodien. C’est pourquoi Poupoupipidou est une si heureuse nouvelle.

Sous ce titre qui affiche à la fois une désinvolture joueuse et son clin d’œil à Marilyn, s’avance en effet une réinvention du genre, à la fois contemporaine et bien inscrite dans son territoire, son double territoire, réel (une petite ville de province) et imaginaire (le fantasme américain).  Aux côtés du dépressif écrivain à succès (de polars, justement) David Rousseau, l’enquête est menée de la plus inventive manière en compagnie de la morte elle-même, réincarnation de miss Monroe dans le bourg le plus froid de France (Mouthe, Jura).

C’est bizarre et précis, imprévisible et drôle, hanté d’une étonnante petite musique. Quelque chose comme du Bashung, je veux dire des tempos anglo-saxons décalés par un sens poétique transgressif venu d’une longue histoire très française. Une histoire d’identité mutante, ce que raconte aussi le film, à propos de ses deux protagonistes, la beauté locale qui voulut être une star et le romancier qui veut échapper à ce qui a fait sa réussite. Et aussi bien sûr le réalisateur français qui s’attaque à un domaine saturé de mythologie US.

Poupoupidou 00213David Rousseau (Jean-Paul Rouve) face au portrait de Candice Lecoeur (Sophie Quinton).

Gerald Hustache-Mathieu multiplie les allusions et les citations empruntées à une vaste palette cinéphile, c’est pour mieux raconter une histoire triste et violente par touches joyeuses et rêveuses, rythmées de brusques embardées du récit, où la vraisemblance cède volontiers le pas à d’autres formes de justesse – logique ludique du système scénaristique revendiqué crânement, glissements ou surgissements des émotions, des phobies et des pulsions.

Le réalisateur reçoit pour cela plusieurs renforts bienvenus. D’abord ce paysage de neige et de silence, filmé comme un décor naturellement fantastique. Puis ses deux interprètes principaux, Sophie Quinton qui campe la Norma Jeane de sous-préfecture retrouvée morte dans le no man’s land inter-frontalier,  et qui a été l’actrice de tous les précédents films du réalisateurs, courts et long. Et le très inattendu Jean-Paul Rouve, ex-Robins des bois auquel on confesse n’avoir jusqu’à présent guère prêté attention au cinéma, ce n’était pourtant pas faute de l’avoir vu (une trentaine de rôles depuis dix ans). L’élégance fêlée qu’il offre à son personnage joue avec l’énergie désordonnée de sa partenaire qu’il ne rencontre jamais, pour donner au film un tonus étrange et cocasse, un stimulant déséquilibre.

Il faudrait ajouter, parmi les forces du film, la réussite des rôles secondaires, défi sine qua non du film de genre, et à bien des égards épreuve de vérité : c’est là, dans la capacité à danser avec les archétypes (impossible de s’en passer, danger maximum de s’y figer) que se joue beaucoup de la réussite d’un tel projet. Après un premier long métrage (Avril, en 2006) qui laissait un peu incertain, on se dit en se laissant glisser sur la luge de Poupoupidou que le film de genre offre à Hustache-Mathieu exactement ce qui manquait : un système de codes, à la fois pour s’en servir et pour les déjouer.

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Qui sont les cinéastes que Téhéran emprisonne?

Jafar Panahi et Mohammad Rassoulof sont des citoyens engagés pour la liberté dans leur pays, et aujourd’hui des symboles de la répression qui y sévit. Mais ce sont d’abord des cinéastes, et il importe de les connaître aussi pour leur œuvre.
panahiJafar Panahi (Photo Reuters)
Jafar Panahi vient d’être condamné à une double peine incroyablement lourde, six ans de prison + interdiction de filmer, d’écrire des scénarios, de voyager (sauf pour se rendre à La Mecque) et de parler à des médias pendant vingt ans. Bien connu des cinéphiles depuis du monde entier depuis quinze ans, il a en effet été révélé dès son premier long métrage, Le Ballon blanc, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1995, où il reçoit la Caméra d’or.
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