Des bastons, de l’intox, de la traîtrise, des buts de fou… Tous les ingrédients pour qu’OM-PSG soit (enfin) un grand match.
Cela fait déjà trois semaines qu’on vous bassine avec ça : OM-PSG est arrivé. L’affiche fut souvent d’un intérêt sportif limité ces dernières années, malgré la mayonnaise montée plus ou moins laborieusement par Canal, vendeur de soupe Ligue 1 en chef. La preuve avec l’utilisation abusive et répétée du terme “clasico”. Mais cette année, c’est dit, ce premier affrontement entre Marseille et Paris sera la mère de toutes les batailles. Au moins jusqu’au match retour. Pensez donc : l’OM a réussi un début de saison au-delà de toute espérance, et pointe en tête du championnat, avec tout juste trois points d’avance sur le PSG des galactiques version Ligue 1. De quoi se pourlécher les babines. Mais qu’attend-on au juste de ce match ? Voici les ingrédients nécessaires pour qu’enfin, cette affiche soit vraiment digne du terme “clasico”.
Des bastons
L’an dernier, un tacle bien appuyé de Lucho sur Momo Sissoko avait donné le ton d’un OM-PSG dominé par Marseille 3-0. Traditionnellement, les affrontements entre les deux équipes sont heurtés. Evidemment, on est bien loin du début des années 90, où les Di Meco, Fournier, Llacer, Boli et consorts se taclaient joyeusement les deux pieds décollés : une époque de poètes guerriers, où un terrain de football ressemblait parfois plus à une bataille napoléonnienne lors de la campagne de Russie qu’à une bluette romantique comme on le voit parfois aujourd’hui.
La saison 92-93 fut sans aucun doute la plus houleuse. Canal monte à l’époque une grande équipe à Paris. L’OM semble stagner, et la suprématie nationale est en jeu. Denisot et Tapie échauffent les esprits. “On va leur marcher dessus”, prévient l’entraîneur parisien Artur Jorge, “l’OM vivra l’enfer”. Une déclaration qui n’empêchera pas son équipe de s’incliner 1-0, et Raymond Goethals de jubiler d’un : “Boli, Casoni, Di Méco, on ne leur marche même pas sur les pieds.”
Quelques mois plus tard, en mai, rebelote à Marseille. C’est le match du titre, le week-end suivant le sacre de Munich. Rencontre heurtée qui de termine sur le score de 3 buts à 1.
Dernier exemple en date de jolie baston, l’expulsion en février 2000 de Jérôme et Laurent Leroy, pour un début de bagarre générale à la 18e. Au fond du seau, l’OM domine Paris 4 à 1, se rapproche du maintien, Paris est freiné dans la route à la Ligue des champions.
Cette année, bien que situé en début de saison, ce clasico a une vraie importance. Paris a besoin d’une victoire de prestige pour légitimer son projet pharaonique. L’OM doit montrer à ses supporters qu’il sera un bastion de résistance à ”l’étoile noire” de la capitale. De l’or en barre pour les commentateurs, un shoot hormonal pour les acteurs. On imagine Zlatan rencontrant la cheville de Nkoulou (et inversement), Valbuena se roulant par terre après un tampon de Sakho, des sorties poings en avant de Mandanda, des bisous de Kaboré aux tibias de Verratti, etc. D’ailleurs, Cheyrou et Baup sont chauds.
De l’intox, du trash talking et des dérapages
Un épisode rocambolesque serait le bienvenu pour épicer une Ligue 1 apathique. On vote pour une affaire de type “ammoniaque dans les vestiaires”. En octobre 2005, les Parisiens se plaignent d’une odeur étrange dans leur pièce. L’entraîneur Laurent Fournier est même victime d’un malaise et de vomissements. Le délégué du match pointe “une atmosphère qui piquait les yeux et la gorge”. La commission de discipline exclut cependant “une manœuvre délibérée” de la part de l’OM. Les joueurs du PSG, Jérôme Rothen en tête, multiplient pourtant les accusations sur la présence d’ammoniaque dans le vestiaire visiteur du Vélodrome. Agacé, Pape Diouf répond avec sa verve habituelle : “Je pense qu’on se rend compte du ridicule des déclarations de certains joueurs ou membres du PSG. Un garçon comme Rothen, ce petit télégraphiste, doit se couvrir de ridicule.”
Un bon OM-PSG ne serait donc rien sans une bonne polémique. Et une bonne polémique demande un bon scénario. Experts en la matière, les Italiens nous avaient envoyé voilà une bonne douzaine d’années un orfèvre en comedia dell’arte, Fabrizio Ravanelli. Qui eut la bonne idée de tomber dans une des plus belles simulations de l’histoire du championnat, en novembre 1997, pour une victoire 2 buts à 1 en terre parisienne. Superbe joueur, il laisse ce soir là sa plus grosse empreinte sur l’histoire de la D1.
La traîtrise est aussi un bon ingrédient à toute intrigue. Lorsqu’un joueur passe d’un club à l’autre, il attise nécessairement le ressentiment. On se souvient de ce pauvre Frédéric Déhu, soulevant la Coupe de France 2004 sous les huées des Parisiens, en raison des rumeurs (justifiées) en faisant un joueur de l’OM la saison suivante. Jérôme Leroy, Heinze, Cana, Doudou Cissé ont aussi connu des moments un peu bizarres en jouant pour les deux clubs. Rien n’arrivant bien sûr à la cheville du traitement réservé par les supporters du Parc à Fabrice Fiorèse, couard parmi les couards, traître parmi les traîtres. Le 31 août 2004 à 23h45, Fabrice Fiorèse signe à l’OM et déclare avoir enfin “trouvé une famille” alors qu’il se sentait “en prison” à Paris. Trois mois plus tard, son retour est particulièrement délicat. Sylvain Armand lui dit bonjour.
armand tacle fiorèse par j-mythiques
Pour le reste, de jolies banderoles d’insultes, des noms d’oiseaux fournis pendant 90 minutes, et des corners tirés sous la protection des CRS. Beaucoup de choses pour un joueur de la qualité de Fiorèse…
PSG-OM_le_calvaire_de_Fiorese_au_parc par calius45
Sinon, une bonne dose de trash talking est aussi la bienvenue. Comme jadis Artur Jorge, ou plus récemment Taye Taiwo.
Parmi quelques citations bien senties, Christophe Bouchet, président de l’OM entre 2002 et 2004 : “Le PSG, c’est un truc froid, c’est pasteurisé… C’est un bon camembert Président, sans véritable saveur.” En traînant sur Internet, on retrouve aussi une sortie téméraire de Bernard Lama en 1992 : “Les Marseillais sont des voyous et je suis bien placé pour le dire puisque j’en côtoie en équipe de France. C’est honteux ! Ils donnent l’image de ceux qui les dirigent. Je suis heureux de ne pas être Marseillais.”
Quant aux Parisiens, on attend encore de leur part un coup de provoc’ digne de l’affaire des minots de 2006, lorsque les mini-poussins de la Canebière décrochèrent le match nul au Parc. Dommage que les Parisiens n’envoient pas leur CFA au Vél’, avec Luyindula, Papus et Armand en renfort.
Alors quelles provoc’ cette année ? Anigo va-t-il traiter Ancelotti de “suppôt du berlusconisme” ? Sissoko va-t-il arracher la casquette d’Elie Baup ? Mandanda annoncer sa signature à Paris le 1er janvier ? André Ayew donner une biffle sur le crâne de Christophe Jallet ? Maxwell mettre une quadruple dose de caféine dans la gourde de ses copains ?
Des buts de ouf
C’est aussi et surtout cela que l’on veut voir dimanche soir. Pour ceux qui n’ont pas ouvert les vidéos plus haut, on ne peut s’empêcher de remettre la tête canon de Basile Boli lors du 3-1 de mai 93.
But de Boli.OM vs PSG MARSEILLE par jah06530
Côté PSG, la dernière décennie a été marquée par quelques récitals. Pauleta et Ronaldinho, notamment, ont été particulièrement en verve contre Marseille. Le Portugais empêche encore Fabien Barthez de dormir, avec notamment ce bijou commenté avec sa retenue habituelle par le très lusophile (pour rester poli) Denis Balbir.
Ou encore celui-ci, en 2004, pour une victoire 2-1 du PSG.
Pour Ronaldinho, les Paris-Marseille servent de post-it, manière de rappeler au monde que, oui, un jour, il a bien fait danser la France, et pas seulement sur la piste du Queen. Avec notamment une perf majuscule en mars 2003, pour deux buts et une passe.
Un autre joueur s’est déchaîné contre l’OM : Vikash Dhorasoo, en finale de la Coupe de France 2006, avec un but aussi chouette qu’inattendu. Et qui correspond à peu près à l’enterrement de sa carrière. Depuis, il tente de foutre des coups de tatane, mais tout le monde s’en fout.
L’heure est donc aux paris. On hésite entre un coup du scorpion de Blaise Matuidi, une bicyclette de Jérémy Morel ou un csc de Jérémy Menez…
Et puis bon, ben, sinon, il y a aussi des trucs à éviter
Comme les grosses bastons en tribunes du printemps 93, commentées avec pitié par Charles Biétry.
Ou encore le déferlement des supporters parisiens gare Saint-Charles et sur la Canebière il y a quelques années.
Ludovic Job avec le concours de ses camarades