L’excitation nietzschéenne de Zlatan Ibrahimovic

19ème minute du match PSG-Dynamo de Kiev. Ibrahimovic transforme un penalty obtenu par Ménez: il lève les bras au ciel, Verratti lui saute dessus, et l’on aperçoit soudain une légère protubérance arrondir son short. Tout de suite, on pense à Cyrano de Bergerac: «c’est un roc !… C’est un pic !… C’est un cap !… Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule!» Zlatan Ibrahimovic est connu pour son absence légendaire de modestie et sa tendance à penser qu’il est un homme supérieur. Qu’il bande, ou presque, sur un terrain de football n’est donc pas si surprenant. Il correspond finalement parfaitement au concept d’excitation chez Nietzsche.

Si le philosophe allemand n’est pas toujours très clair sur le sujet (ou alors c’est trop compliqué pour moi), il estime qu’il est important d’accepter l’excitation plutôt que de la maîtriser (dans le cas de Zlatan, d’accepter d’avoir une demi-molle parce qu’il a scoré) de façon à la vivre pleinement, et donc à exister. Pour le professeur de philosophie Wolfgang Müller-Lauter, spécialiste du fou de Weimar, «Nietzsche rejette la réduction de l’excitation à des processus chimiques ou physiques».* En effet

«1. l’excitation meut, cette mise en mouvement représentant déjà par elle-même une libération de la force.

2. étant ce qui meut, l’excitation est une impulsion. Elle provoque l’acceptation de l’impulsion.

3. l’acceptation de l’excitation est un contre-mouvement. Il repose fondamentalement sur l’activité autonome de celui qui perçoit l’excitation, laquelle, le cas échéant, inclut une sélection des excitations qui lui sont proposées.»

Autrement dit, Ibrahimovic est plus puissant que les autres joueurs parce qu’il est excité, et c’est parce qu’il est plus puissant que les autres joueurs qu’il accepte d’être excité. Du coup, il peut tendre toute son excitation vers le but. Barton, par exemple, au contraire, n’arrive pas à contrôler son excitation et à tendance à déraper dans tous les sens. Quand Ibrahimovic marque et bande, Ibrahimovic philosophe. Il est décidément plus fort que nous.

Clément Noël

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*Nietzsche: physiologie de la volonté de puissance,  éditions allia, juillet 1998 pour la parution française.

Photo REUTERS de Benoît Tessier.

3 commentaires pour “L’excitation nietzschéenne de Zlatan Ibrahimovic”

  1. Ou alors, c’est d’avoir Veratti sur son dos, les mains sur la poitrine qui lui fait cet effet

  2. Nietzsche s’écrit Nietzsche et pas Nietzche. Donc on dit nietzschéen.

  3. Bon, ok, un mec sur un terrain de foot bande, et alors ?
    J’espère que Nietzsche est bien mort…

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