The reader

Il y a tout dans cette photo. L’enfance, l’attention et le temps qui disparaît pour laisser la place à l’histoire. Le pouvoir des mots qui fait naître la lumière. Celle de la pellicule et celle de l’esprit. Cet enfant qui lit vaut tous les grands discours sur la force de la lecture, sur sa nécessité.

Crédit photo : Nathalie Chiarelli
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L’accélérateur d’amour

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C’est pour le titre que j’ai retenu ce petit roman. Et s’il y avait une recette magique à la clef ? Une de ces recettes qui échappent aux adultes, sait-on jamais ? Mais les livres pour enfants doivent être lus par les enfants, n’est-ce pas, pour que leurs messages soient parfaitement “entendus”. Alors, ce livre là, c’est Basile qui l’a lu. Basile a 9 ans, justement ! L’âge indiqué par l’éditeur. Il lui a fallut quatre soirs pour le dévorer. Il m’en a fait ce résumé :

 

 

bas2“Clément est invisible pour Kenza, une nouvelle amie de sa classe de CM2. Kenza est sublime, magnifique : il est tombé raide amoureux ! Heureusement, il peut compter sur Solenn, la fille de la copine de son père car des formules pour rendre les gens amoureux très vite, Solenn en connaît des milliers, grâce au livre de sa tante, morte il y a longtemps. Clément voudrait bien y croire, mais ce n’est pas si simple et quand tout s’accélère, attention… ! C’est là que les ados peuvent tomber amoureux dans un grand BOUM … et pas forcément de celle qu’ils croient !”

 

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Basile a aimé : toute l’histoire, en fait. Les deux amoureux, l’amitié qui existe entre eux, et il a bien aimé le moment où Clément coince un chat dans un arbre pour que Solenn le regarde aller le délivrer et l’admire !

 

 

 

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Basile n’a pas aimé : la fin, qui se termine un peu trop rapidement…

 

 

 

 

 

 

L’accélérateur d’amour, d’Arnaud Tiercelin, Ed. Le Rouergue, 9,90€

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A la joie de vivre et à ceux qui la cultivent…

… Tel est l’exergue de ce bien joli livre.  Sept contes décapants, autant de récits farçeurs comme l’indique le titre, écrits avec une audace moderne, de belles métaphores et un rythme plein d’espièglerie.

 

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À l’origine, ces contes et mystères ont été relatés à Florence en l’an 1348 ! Les auteurs ont choisi de rendre hommage à ces textes anonymes et nous donnent rendez-vous huit siècles plus tard avec un Moyen-Âge “dépoussiéré et grinçant”, à travers  une galerie de (drôles de) personnages :

un bossu avare et sa fraîche épousée,

un forgeron dupé par le Malin,

un chevalier loup-garou arracheur de nez,

un curé égaré dans une cuisine,

ou encore un cruel baron mis au défi par un ermite…

 

Très pertinents, le portrait de la Mort soiffarde ou encore la farce de Maître Renart abusant le benêt Ysengrin nous rappellent combien le fabliau est un genre littéraire à part entière, permettant de s’amuser tout en donnant du sens à une morale parfois ambigüe.

Ce livre essaime en sept soirs des récits qui sortent des sentiers battus avec une double vocation, pédagogique et ludique. Un livre pour toute la famille, en fait !

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A noter, les remarquables illustrations de Raphaël Gauthey et le beau papier souple, couleur coquille d’oeuf, qui apporte une vraie touche de modernité à la sagesse de ces récits d’un autre temps.

Récits farceurs du Moyen Âge de Sylvie Delom & Raphaël Gauthey, Ed. Didier Jeunesse. 18€

SB

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Hier soir, j’ai vu Eagles of Death Metal.

Hier soir, j’étais au concert de U2.

Très engagé, U2… On en oublierait presque qu’on vient pour la musique. L’IRA, le HIV, l’EI, durant tout le concert des vidéos ont défilé sur un écran géant au dessus de la scène et il faut reconnaître que c’est très beau, très efficace. Parce qu’avec Bono, il n’y a pas UN sujet, il y a DES sujets. C’est pour cette raison que ce qui est arrivé à Paris le 13 novembre, ça le concerne. Et on le comprend. Friday Bloody Friday. I can’t believe the news today.

Petit rappel des faits : le lendemain des attentats de Paris, U2 , qui devait jouer à Bercy (pardon, à l’Accor Hôtels Arèna…) annulait son concert ; son leader, Bono, se rendait devant le Bataclan pour rendre hommage aux victimes et dans les jours qui suivirent, multipliait les annonces dans les médias pour dénoncer toute forme d’atteinte aux libertés et lancer des messages de paix. Un mois après ce séisme d’amplitude mondiale, Bono décidait d’inviter le groupe californien Eagles of Death Metal , encore traumatisé, à le rejoindre sur scène à Paris. C’était hier soir.

Alors ce matin, tout le monde m’a dit : “ Han ! Ca devait être SUPER ÉMOUVANT ”

Et bien non, ça n’était pas émouvant.

 

drapeauPendant les rappels, l’impressionnante passerelle de résille sur laquelle avaient été projetées les vidéos a soudain affiché un drapeau français où ont défilé tous les noms des victimes des attentats, tandis que Bono interprétait, à genoux et non sans efforts de prononciation, un couplet de  “Ne me quitte pas”. Bel hommage, pourtant sans émotion, sans doute trop préparé.

 

Après avoir repris quelques tubes, Bono a alors annoncé que le nom des Eagles of Death Metal était à jamais associé à l’histoire de Paris et l’on a vu débarquer sur scène Jesse Hugues, gominé et tout de blanc vêtu, suivi de ses musiciens. Après quelques embrassades et effusions (entre powerful rockers) U2 a déclaré “vouloir rendre aux Eagles une scène, puisqu’on leur avait volé la leur il y a un mois”.

C’est à ce moment là que ce qui aurait du se passer ne s’est pas passé. Peut-être qu’on s’attendait à un mot du groupe californien, juste un mot, pas une déclaration… Sauf  qu’on a vu Jesse Hugues, survolté, se mettre à traverser le gigantesque podium en sautillant à pieds joints, haranguant la foule dans son micro – façon chauffeur de salle – pour être certain que tout le monde “avait bien enviiiiiie de s’amuser !!!”.

Envie de s’amuser ? Oh oh. Je ne pense pas que c’était la première chose qu’avaient à l’esprit les 20.000 personnes présentes.

Sur un plan vibratoire, en tous cas dans l’invisible, la foule dégageait tout autre chose que l’envie de s’amuser… avec Jesse Hugues.

Public endeuillé ? Public inconsolable ? Je ne sais pas à quoi pensaient ces 20.000 personnes mais moi, quand j’ai vu arriver les Eagles, j’ai pensé à plein de trucs.

J’ai d’abord pensé à ce que fait ce type quand il descend de la scène et qu’il ne chante plus : il milite. Pour les armes à feu, contre l’avortement et pour soutenir Donald Trump (lire l’article sur Slate.fr ). Aïe.

J’ai pensé à ce qui c’était passé il y a un mois. Aux victimes. A toutes ces personnes dont on connaît maintenant les prénoms et qui étaient comme moi devant ce rockeur vibrionnant il y a quatre week-ends, à le regarder faire son show.

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J’ai pensé au café “A la bonne bière” qui a réouvert en bas de la rue du Faubourg du Temple, et devant lequel j’étais passée le matin même. Un très beau message sur une grande ardoise a été installé devant l’entrée, pour remercier tous ceux qui les ont aidés le 13 au soir – les pompiers, le SAMU, les voisins – et pour nous dire, aussi, que la vie en terrasse reprend.

 

 

 

 

IMG_3227J’ai pensé à tous ces messages d’espoir, de résistance, de paix ou de soutien, qui jalonnent les rues autour de la Bonne Bière, du Carillon et des autres lieux, sur les murs, sur les vitrines des commercants, sur les poteaux des parcs-mètres, sous formes de graffitis, d’autocollants ou d’images photocopiées simplement scotchées sur des portes cochères.

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IMG_2958J’ai pensé à ces enfants que je suis allée rencontrer dans leur école 8 jours après les attentats, pour un atelier d’écriture, parce qu’ils en avaient gros sur le coeur et que c’était bien de pouvoir l’écrire. J’ai pensé à toutes ces lettres magnifiques qu’ils ont produites ce matin là au C.D.I. de leur école, visages fermés, sourcils fronçés et leurs stylos qui ne lâchaient plus la feuille. J’ai pensé à cette jeune fille , d’origine tunisienne, dont l’élan patriotique m’a bouleversé. J’ai pensé à ce jeune garçon qui a raconté dans sa lettre que sa maman était au Bataclan et qu’il aurait aimé être à sa place parce que, depuis, elle et la France “avaient changé”. J’ai pensé à ce qui, en effet, ne serait plus jamais pareil.

Et j’ai trouvé la prestation des Eagles of Death Metal hier soir bien indécente.

Et l’idée de U2, un brin marketée.

Je sais, je sais ! Show must go on, mais tout de même…

SB

 

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Des dessins & des maux.

 

Continuer d’écrire, continuer de dessiner, continuer de créer. Voici la plus foudroyante des ripostes à lancer contre ceux qui veulent nous en empêcher. Une riposte de papier, une riposte de couleurs, une riposte qui reste pacifique et qui permet aux  enfants d’exprimer ce qu’ils ressentent. Car le plus important n’est pas ce que les enfants disent mais ce qu’ils taisent…

Merci à tous les enseignants qui, aujourd’hui, ont laissé à leurs élèves un espace et du temps pour lâcher ce qu’ils avaient sur le coeur. Les émotions ont plus que jamais leur place à l’école, elles aident à se construire, tout autant que les mathématiques.

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Dessin de Fuchsia, classe de 5ème.

Paris, 16 novembre 2015.

SB

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Lucie, Lucie dépêche-toi !

Lucie a 17 ans. Comme elle s’amuse à le dire elle-même, elle est “rousse, myope, alsacienne et fille unique”. Mais Lucie est bien plus que ça. Elle est l’une des septs lauréates du Prix Clara et elle est particulièrement talentueuse. Sa nouvelle intitulée « Héritage » raconte la visite en prison de Blanche à son père, condamné à perpétuité pour meurtre,  et qu’elle ne connaît pas. Une écriture redoutable, à tous les sens du terme. Lisez cette interview, et retenez bien ce nom, Lucie Heiligenstein : à coup sûr, vous le retrouverez sans tarder couché sur une couverture. Il y a au fond de cette jeune fille une urgence à écrire, alors, comme le dit la chanson, ” Lucie, ne t’arrête pas…”

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                                                          Lucie Heiligenstein. Photo : G.Cambon

Qu’est ce qui t’a inspiré cette nouvelle ?

Ce sont deux romans d’Amélie Nothomb qui m’ont influencée pour écrire « Héritage » : il s’agit de Métaphysique des tubes et des Catilinaires. Du premier j’ai tiré le thème du dégoût, fruit de la rencontre entre Blanche et son père et l’un des éléments les plus importants dans mon histoire. Dans Métaphysique des tubes, ce dégoût est présent dans la scène de l’étang, passage dans lequel la jeune Amélie se voit attribuer la mission de nourrir les carpes japonaises qu’elle a reçues en cadeau ; jour après jour, elle subit ce moment comme une torture, jusqu’à ce que les gueules immenses sortant de l’eau et lui exposant leur tube digestif sans aucune retenue ne lui donnent des envies de suicide tant elles la répugnent. Dans Les Catilinaires, j’ai été touchée par le personnage d’Émile qui ne semble pas se connaître lui-même et ai repris cette caractéristique pour mon héroïne ; comme lui, ce n’est qu’à la chute du récit que Blanche ne comprend véritablement ce qui se cache en elle. J’ai repris la dernière phrase du roman, « Je ne sais plus rien de moi », et l’ai transformée en « Plus jamais elle ne serait Blanche ».

Que t’apporte l’écriture ?

On voit parfois l’écriture comme un espace de liberté totale, dans lequel on décide du destin de chacun des protagonistes ; mais généralement, le maître n’est pas celui qui rédige. J’ai souvent l’étrange impression qu’après avoir été écrites, les idées évoluent et suivent leur cours de manière indépendante. L’écriture m’apporte donc la rencontre avec des personnages, des lieux, des événements, dont je ne connais pas l’origine exacte, et qui, pourtant, ont d’abord pris forme en moi.

Où écris-tu ?

J’écris presque toujours en deux phases : la phase de recherche et celle de rédaction. Durant la première, j’écris dans un carnet (j’en suis déjà à mon septième…) : je cherche des idées, je n’hésite pas à coucher sur le papier absolument tout ce qui me vient, même les choses les plus farfelues (c’est d’ailleurs généralement celles qui me plaisent le plus !), je sélectionne, je construis un plan. Durant cette phase, je peux écrire dans mon lit, au CDI, dans le train ;  en fait, presque n’importe où, tant que personne ne fait attention à moi. La phase de rédaction est assez explicite ; c’est celle où mon plan manuscrit se transforme en phrases tapées sur le clavier de mon magnifique ordinateur portable au clavier rose reçu à Noël dernier. Là, je préfère être tranquille chez moi ; mais le TGV (surtout les trajets interminables de cinq heures) me convient aussi ; la seule condition essentielle pour que je puisse écrire est d’avoir de la musique dans les oreilles.

As-tu un rêve d’écrivain, lequel ?

Si par « rêve d’écrivain », vous me demandez quel genre d’écrivain je rêve d’être, j’ai bien du mal à répondre. Je viens à peine de commencer mon premier roman, je ne suis donc qu’au tout début de ma possible carrière. Pour l’instant, je me plonge dans la science-fiction ; mais comme pour mes lectures, presque tous les genres littéraires m’attirent. Devenir un auteur touche-à-tout, mélangeant tous les styles qu’il apprécie pour créer son propre univers, tout à fait unique, serait certainement quelque chose d’extraordinaire.

 Quel livre t’a le plus marquée dans ton enfance ?

Comme beaucoup de jeunes de ma génération, mon enfance a été profondément marquée par la saga Harry Potter. J’ai découvert le premier tome lorsque j’avais dix ans et, même si j’avais déjà lu de nombreux livres, c’est l’œuvre littéraire qui m’a le plus secouée. C’est extrêmement rare qu’un livre vous fasse en même temps franchement rire, frémir de peur, et vous donne des crises de larmes durant des heures entières, ce qui m’est arrivée durant la lecture de la série. J’admire énormément J.K. Rowling et son univers si riche, même lorsque l’on se détache de l’histoire des personnages principaux ; comme J.R.R Tolkien, elle a réussi à créer un monde en entier, dans lequel les sorciers vont à Poudlard, se promènent à Pré-au-Lard, font leurs achats sur le Chemin de Traverse et collectionnent les Chocogrenouilles. J’ai bien-sûr rêvé, comme des milliers d’enfants, de m’exercer un jour au Quidditch en montant un balai magique ; et, évidemment, j’ai déjà essayé de fixer mon stylo en lançant un énergique « Wingardium Leviosa ! », même si ce dernier a obstinément refusé de léviter.

Qu’écris-tu en ce moment ?

En ce moment, comme ce sera sans doute le cas durant plusieurs mois, je travaille sur deux projets à la fois. Le premier est le plus vaste que j’ai jamais entrepris ; j’ai enfin commencé l’écriture d’un roman de science-fiction, dont j’ai inventés les personnages lorsque j’étais en Seconde. Je sais que ce sera un travail d’endurance et, pour ne pas me décourager, je continue à rédiger des nouvelles pour des concours entre deux chapitres. La prochaine sera sur le thème de la lumière.

 

Propos recueillis par SB

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Prix Clara, une volonté de fer.

En 2006, Clara, une jeune écrivaine en herbe de 13 ans, décède brutalement d’une malformation cardiaque de naissance qu’elle ignorait. Depuis, chaque année, un concours de nouvelles est organisé à sa mémoire. Il retient des textes écrits par des adolescents de toute la France qui ne doivent répondre qu’à une seule condition : avoir moins de 18 ans.  Les nouvelles, une fois retenues, sont publiées par les éditions Héloïse d’Ormesson dans un recueil couronné du désormais très prestigieux “Prix Clara”. Prestigieux, parce que le jury est présidé par le joyeux Erik Orsenna qui a rassemblé autour de lui onze personnalités du monde des lettres et de l’édition : Romain Sardou, Christine Albanel, Bernard Lehut, Anne Goscinny, Bernard Spitz, Héloïse d’Ormesson, Alexandre Wickham, Camilla Antonini, Gilles Cohen-Solal, Isabelle Lebret et François Dufour.

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Le Prix Clara 2015 a été remis cette semaine à l’Hôtel de Ville de Paris à sept lauréates, sept adolescentes talentueuses dont les nouvelles font résonance avec l’actualité autour de plusieurs thèmes : l’homophobie, la condition des femmes dans le monde, le virus Ebola, la vie après la mort,…

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Ces jeunes filles sont originaires d’île de France, de l’Ain, de Montpellier, de Rennes et de Strasbourg. Si elles aiment écrire et confient poser des mots sur le papier depuis plusieurs années, c’est la première fois que leurs écrits sont publiés. Leurs textes, forts, émouvants, audacieux et d’une grande qualité littéraire ont tout pour donner des complexes à des écrivains nettement plus confirmés.  Et à les lire, on en oublie très vite leur âge pour ne retenir que leur imagination et leur inspiration. La plus jeune des auteurs, Chimère Vanbremeersch, qui vit à Malakoff, a (des Doc Martens rose fuchsia) et seulement 13 ans…

 

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Mais le plus important dans toute cette histoire est la vocation caritative du Prix Clara.  Les bénéfices des ventes de ce recueil de nouvelles sont en effet versés à l’Association pour la recherche en cardiologie du foetus à l’adulte (ARCFA) de l’Hôpital Necker-Enfants malades. Acheter ce livre, c’est faire un geste utile pour la recherche. C’est aussi une manière de se souvenir de Clara…

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Un seul regret à noter pour cette version du Prix  2015 : parmi les lauréats, pas un seul garçon! Si la maire de Paris Anne Hidalgo a  pu paraître un peu féministe en soulignant qu’elle constate que les filles sont en général plus volontaires que les garçons  (dans leur volonté de “faire”) , le discours du Professeur Damien Bonnet qui co-dirige l’unité médico-chirurgicale de cardiologie pédiatrique à Necker, s’est voulu plus subtil. Il arrivait de Necker où il avait eu la réunion d’acceuil des nouveaux arrivants médecins de son unité et a confié s’être aperçu qu’ils étaient 13 à cette réunion, lui et …douze jeunes femmes.

En savoir plus :

Comment participer au Prix Clara ?      Blog sympa : le blog animé par les anciens lauréats

SB

 

L’INTERVIEW DE CHIMÈNE VANBREMEERSCH, 13 ANS

Auteur de la nouvelle “Pour l’amour d’un robot”

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Depuis quel âge écris-tu ?

Je ne sais pas spécialement à quel âge. J’ai toujours adoré m’inventer des histoires, mais je les gardais souvent dans ma tête. J’ai tout de même le souvenir d’avoir écrit plusieurs livres en papier, entre 6 et 8 ans environ.

Est-ce qu’il est important que les histoires que tu écris délivrent un message ?

Non, mes histoires ne délivrent pas de message spécialement. J’écris ce qui me passe par la tête !

Où écris-tu ?

J’aime bien écrire par terre, sur mon coussin. J’écris d’abord dans un cahier bloc-notes avant de tout taper à l’ordinateur, puis de corriger certaines fautes et passages de l’histoire.

As-tu un rêve d’écrivain ?

Mon rêve d’écrivain serait d’avoir tout les livres possibles à ma disposition. Ce serait plus un rêve de lecteur, d’ailleurs !

Le livre qui t’a le plus marqué dans ton enfance ?

Le premier livre que j’ai vraiment aimé est Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle. J’ai adoré et j’adore toujours la série Percy Jackson de Rick Riordan et sa suite Héros de l’Olympe. Je ne lis presque que du fantastique.

En combien de temps as-tu écris “Pour l’amour d’un robot” ?

J’ai écris ma nouvelle très très vite. J’avais mon idée en tête et je ne voulais pas la laisser s’envoler. 45 minutes au brouillon, une demie heure à taper sur l’ordinateur, puis environ une heure de corrections et de vérifications.

Parle-moi de tes Doc Martens…

Pourquoi cette couleur ? Tout simplement car il n’y avait plus que cette couleur ainsi que du noir dans le magasin. J’ai toujours adoré les couleurs, et trouvais le noir trop triste pour entrer dans l’hiver!

SB

 

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Hitler et l’autre Éva.

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J’aimerais parler d’autres auteurs qu’Elise Fontenaille, mais il y a peu de romans comme les siens qui, lorsqu’on les ouvre, vous mettent dans cette incapacité de les refermer, tant l’on est abasourdis par la force de l’histoire racontée, comme par l’intensité des mots pour la dire. Dans “La révolte d’Éva”, Elise Fontenaille raconte un fait divers peu imaginable tant il est épouvantable. Un père, fan d’Hitler, bat ses trois filles avec une violence qui n’a d’égale que la récurrence avec laquelle il s’y applique. La mère, par faiblesse, par peur, par lâcheté, par bêtise, ferme les yeux et… tricote.

Éva, notre jeune narratrice est, parmi les trois soeurs, celle qui prend le plus de coups. Son père lui dit l’aimer, oh oui ! pourtant ce qu’il aime le plus, c’est la taper. Les échappées de la petite sont rares, elles les organisent dans la forêt ou dans sa tête. Dans les deux cas, il y en un sur lequel elle peut compter, c’est son chien. Elle l’aime tant, lui au moins. Jusqu’à ce que son père l’abatte. Comme un chien.

Les mots sont justes, coupants, sans violence ajoutée, sans violence inutile. La cruauté est situationnelle, elle exprime l’horreur brute d’une enfance vissée autour de la souffrance.

Difficile de conseiller cette lecture à des enfants, et pourtant il s’agit là de vraie littérature, celle qui permet d’entendre TOUT ce qui s’est passé. L’erreur serait vraiment de vouloir donner à cet ouvrage vocation de documentaire ou de plaidoyer. Parce que non, ce livre là est bien plus encore. Sa résonance doit sa puissance à sa qualité littéraire. C’est un cri magnifique dans un silence assourdissant, un texte d’une grande émotion,  une lecture d’adulte à n’en pas douter, mais d’adolescents ?… Ce sera à vous de juger.

SB

 

La révolte d’Éva, d’Élise Fontenaille

Editions Le Rouergue, 8,30€

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Se raconter des histoires.

Envie de vous parler de trois beaux albums chez Thierry Magnier en ce début d’automne…. Trois formats très particuliers, un peu imposants, mais qui font la part belle aux illustrations, tout en magnifiant le texte. Le froid revient, c’est le moment de se remettre à lire des histoires le soir à vos enfants. Parce qu’avec l’été, vous aviez un peu abandonné… Mais si, mais si.

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Dans la tête d’Albert d’Annie Agopian nous emmène dans la tête d’un chien soucieux du bien-être de son maître (le fameux Albert). L’animal se demande ce qui peut bien se passer dans le cerveau de cet humain avec lequel il vit pour qu’il percoive le monde si différemment de lui. Sur de larges pages aérées, les dessins de Carole Chaix sont de véritables fresques nous permettant de suivre ce qui se passe en réalité dans la tête des deux antagonistes. Sublimes noirs & blancs soutenus d’audacieux crayonnés de couleur, ils saisissent au point qu’il devient presque difficile de suivre l’histoire tant ces illustrations forment un monde à elles seules, semblant raconter un scénario à part entière ! C’est bien là ce qui fait la réussite de ce binôme auteure/illustratrice. D’autre part, d’une grande pertinence, des représentations du cerveau d’Albert rythment à leur tour l’album sous la forme de coupes scientifiques laissant comprendre les mécanismes psychiques de l’être humain  avec tout ce qui le constitue : ses interrogations, ses doutes, ses fantasmes, ses vérités, ses volontés. Au delà de l’histoire, formidable, cet album est un véritable périple dans les noeuds que l’on se fait si souvent – trop souvent ? – dans la tête.

Dès 5 ans.

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Dans la tête d’Albert, d’Annie Agopian et Carole Chaix, 16,50 €.

 

” UNE ÎLE “ de Fanny Michaëlis est un ouvrage tout simplement renversant. Qui ne se raconte pas. Il faut l’ouvrir et se laisser emporter par le mouvement, les tons, les angles de vues, la force des traits, par tout ce que raconte cette histoire avec des mots et des dessins. C’est saisissant ! Un pêcheur, une minuscule petite fille, une très vieille femme… Des cheveux, des pelages, des fourrures, des boules de poils, on est là dans une histoire d’étoffe, dans toute la symbolique du terme… Il y a dans cet album la résonance de ces contes, qu’enfant, on a lu et relu sans jamais pouvoir se défaire de leur empreinte, pour tout ce qu’ils nous permettaient d’abandonner à notre fol imaginaire.

Dès 7 ans.

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Une île, de Fanny Michaelis, 16,50 €.

 

“LE LOUP VENU “ de Gauthier David et Marie Caudry est une histoire écrite et dessinée par un tandem qui sait de quoi il parle. Ces deux là, amoureux dans la vie, vivent en lisière de forêt. Et c’est sans doute pour cela que l’on est dans la forêt quand on ouvre leur livre… Et qu’on se sent une toute petite chose face à leurs dessins… Une certaine nostalgie, là encore, dans le choix des tons qui n’est pas sans rappeler les teintes des albums d’autrefois, comme Marlaguette, des rouilles, des rouges, des verts tendres, des verts sapins, des jaunes bouton d’or, des bleus francs, et un noir vraiment noir. Pour une histoire de loup et de petite fille dont rien ne vous sera révélé ici, car peu importe ce que je vous en dirais, on est surtout, avec cet album, dans une histoire de vibrations avec l’animal et la nature.

Dès 5 ans.

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Le loup venu, de Gauthier David et Marie Caudry, 16,50 €.

Ces trois albums sont disponibles en librairie, parus aux Editions Thierry Magnier.

SB.

 

 

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Attention, pépite !

Ce livre était conservé, devinez où ? Dans la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France… Ouvrage d’une grande modernité, il a pourtant été réalisé en 1958. Son auteur, Charlotte Zolotow, une américaine née en 1915 et disparue en 2013, a commis plus de 70 albums explorant le monde intérieur de l’enfance, ses émotions et son univers quotidien. Son livre, « Bonne Nuit » (Sleepy Book) a connu trois versions illustrées différentes. La première interprétation par Vladimir Bobri (1898-1986), un ukrainien, peintre, décorateur de théâtre, graphiste, illustrateur, auteur, guitariste et auteur lui-même, est sans doute la plus originale. C’est donc celui que la BNF a choisi de rééditer pour la première édition française de ce texte délicat, sorte de comptine propice au coucher des plus petits.

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Avec des mots simples et des paroles rassurantes, Charlotte Zolotow dresse 14 décors nocturnes, de la caverne de l’ours jusqu’à la chambre à coucher des enfants, endormis sous leur couette douillette. Jouant des allitérations, elle inventorie les différentes façons qu’ont les animaux de dormir, à l’opposé de celle plus traditionelle des êtres humains. C’est amusant, c’est doux, c’est un joli rituel pour l’endormissement. D’un trait sobre, avec des formes épurées, des tons sophistiqués et des aplats silencieux de gris nuit… Bobri met magnifiquement en page ces scènes sereines de sommeil.

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Pour les connaisseurs, la typographie de l’édition française a été redessinée et numérisée d’après celle dessinée par Rudolf Koch en 1923, l’ouvrage a été imprimé en quatre tons directs (noir, gris, vert tendre, rose) sur papier offset Senbo Munk Dkal en 150 g et le papier de couverture est du Kraft White.

Sachez que depuis 15 ans, le nom de Charlotte Zolotow est associé à un prix très prestigieux, le Charlotte Zolotow Award, qui distingue chaque année l’auteur du meilleur texte d’album publié aux États-Unis…

Injustement oublié, cette pépite de Charlotte retrouve grâce à Albin Michel et à la B.N.F. sa place dans nos bibliothèques. Les enfants vont bien dormir. Donc, nous aussi.

SB

« Bonne Nuit » de Charlotte Zolotow et Bobri.

Albin Michel Album – dès 3 ans –15 €

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