Un tiers des vidéos en France sont bloquées par des “Adblock”

Crédit: Flickr/CC/Denis Bocquet

Crédit: Flickr/CC/Denis Bocquet

Les “Adblock”, ces bloqueurs de publicités disponibles gratuitement sur n’importe quel navigateur (Chrome, Firefox, etc.), qui empêchent les campagnes publicitaires (display, native adversiting) de s’afficher, sont les nouveaux fléaux des éditeurs.

Selon une étude réalisée par SecretMedia, une société qui vend une solution pour contrer les “Adblock”, l’impact est colossal sur la consommation de vidéos, et notamment en Europe. Revue de chiffres.

  • Aux Etats-Unis, 26% du temps passé à regarder des vidéos depuis un ordinateur est “adblocké”
  • Au Canada, 43% du temps passé devant une vidéo n’est pas monétisé
  • En Angleterre, le pourcentage est de 42%
  • En Espagne, le chiffre est de 41%
  • En France, on tourne autour de 33%
  • En Allemagne, c’est pire: 63% du temps passé devant une vidéo n’est pas monétisé
Crédit: SecretMedia

Crédit: SecretMedia

Marché saturé

“L’Allemagne est un bon exemple de ce que peut devenir un marché saturé par les bloqueurs de publicité”, peut-on lire dans cette étude. Il faut dire aussi que c’est dans ce pays qu’est né le plus connu de ces logiciels, Adblock Plus, édité par la start-up allemande Eyeo, dont l’activité est légale selon le jugement rendu par le tribunal de Munich en mai dernier.

Si SecretMedia a analysé l’impact des “Adblock” sur les vidéos, c’est bien sûr pour alerter les éditeurs sur les méfaits des “Adblock” sur leurs revenus et… en faire de futurs clients.

Razzia sur les vidéos en ligne

Tous les éditeurs ont en effet mis le cap sur les vidéos en ligne: parce qu’il y a une audience avide d’en consommer (en France, 33,6 millions d’internautes ont regardé au moins une vidéo sur leur écran d’ordinateur, en juillet 2015, selon Médiamétrie), parce que cette audience est jeune (les 18-34 ans regardent chaque jour 55 minutes de vidéos, sur leur ordinateur ou sur mobile) et “bankable” auprès des annonceurs, et parce que le CPM (coût de la pub pour mille affichages) est plus élevé que sur des formats classiques.

“C’est là que l’argent est”, confirme Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Résultat, les vidéos sont devenues des nids à publicités. Presque trop. “Trop de médias ont saturé leurs productions de vidéos payantes, qui se lancent automatiquement, souvent avec le volume au maximum”, reprend Frédéric Filloux. “Dans les vidéos aux sujets plus légitimes, souvent précédées de pré-roll publicitaire de 30 secondes, la plupart des éditeurs ont agi contre le sens commun et ont décidé ne pas permettre aux internautes de “passer” la pub après 5 secondes. Quand on ne peut pas échapper à ces publicités, le contenu devient juste insupportable”.

Bloquer les publicités et le nombre d’impressions sur une vidéo

D’après SecretMedia, non seulement les “Adblock” bloquent l’affichage des publicités, mais ils “font aussi disparaître un certain nombre d’éléments, comme les liens renvoyant sur d’autres vidéos, des widgets, et bien sûr les mesures d’impression”. C’est dont tout le système de mesure qui est remis en cause, et qui empêche l’audience d’être monétisée.

Alice Antheaume

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Tout ce que vous ne savez pas sur le consommateur d’informations français

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Crédit: Flickr/CC/joeshlabotnik

Pour s’informer, le Français reste fidèle à sa télévision, tout en utilisant beaucoup les alertes envoyées sur son smartphone. Tels sont les résultats de l’enquête “Digital News Report” réalisée chaque année par le Reuters Institute for the Study of Journalism. Voici ce qu’il faut en retenir si vous avez la flemme de le lire.

>> Le portrait 2014 du consommateur d’informations français >>

>> Le portrait 2013 du consommateur d’informations français >>

>> Le portrait 2012 du consommateur d’informations français >>

Il utilise la télévision comme principale source d’informations. C’est le cas pour 58% des sondés. 29% se servent des médias numériques comme source prioritaire, quand seulement 3% passent par des journaux imprimés.

Crédit: Digital News Report 2015

Crédit: Digital News Report 2015

Avec l’Italie, le Japon et l’Allemagne, la France figure parmi les pays qui témoignent de “la plus grande allégeance aux médias traditionnels”, note le rapport, bien qu’il y ait des différences tranchées dans les usages selon les générations. Tous pays confondus, plus on est jeune plus on se tourne vers les sources d’informations en ligne quand plus on est vieux plus on allume sa télévision.

Il se sert beaucoup de son smartphone pour s’informer, mais guère plus que l’année dernière. En 2014, 35% des sondés en France déclaraient recourir à leur téléphone pour obtenir des informations chaque semaine, quand, en 2015, ils sont 37%. Au Danemark, ils sont 57% à s’informer via leur smartphone.

Crédit: Digital News Report 2015

Crédit: Digital News Report 2015

La tablette n’est pas vraiment entrée dans ses moeurs. 18% des Français sondés utilisent la tablette pour s’informer. C’est exactement le même pourcentage que l’année dernière, ce qui laisse penser que cet outil, à la fois onéreux et qui ne bénéficie pas d’un taux de renouvellement très fréquent, a stoppé son expansion.

Sa confiance dans l’information est très modérée. 38% des Français déclarent avoir confiance en “l’information en général”, un pourcentage qui augmente dès que les sources sont connues des utilisateurs. En effet, 49% ont confiance lorsqu’il s’agit de “leurs sources d’informations”. En l’occurence, la télévision est le pourvoyeur d’informations les “plus justes et les plus fiables” selon 43% des sondés, quand 26% estime que les sources numériques sont plus sûres. En termes de cote de confiance, l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis ont des taux encore inférieurs à ceux de la France, alors que la Finlande, le Brésil et l’Allemagne bénéficient des meilleurs scores.

Crédit: Digital News Report 2015

Crédit: Digital News Report 2015


Facebook joue un rôle de plus en plus important pour s’informer.
35% des interrogés en France utilisent Facebook pour trouver, lire, regarder, partager ou discuter des informations. Ils étaient 27% l’année dernière, ce qui montre l’essor du réseau social de Mark Zuckerberg dans l’information. En revanche, Whatsapp n’apparaît pas dans les radars français, tandis qu’il constitue un réseau de distribution des infos essentiel au Brésil, en Espagne ou en Italie.

 

Crédit: Digital News Report 2015

Crédit: Digital News Report 2015


Pour trouver des informations en ligne, le Français passe le plus souvent par les moteurs de recherche (40%).
Sinon, il va directement sur la page d’accueil (27%), ou passe par les réseaux sociaux (21%) ou par l’email (21%).

Crédit: Digital News Report 2015

Crédit: Digital News Report 2015

Il est un gros consommateur de pushs et de notifications sur mobile. 14% des sondés utilisent les alertes envoyées sur leurs écrans de smartphone comme un moyen d’accéder aux informations publiées en ligne. Fait notable, la France est le pays qui témoigne de la plus forte utilisation des pushs pour l’information. “C’est un moyen clé de rappeler au bon souvenir des lecteurs la pertinence de son titre dans un marché extrêmement compétitif”, relève le rapport.

Crédit: Digital News Report 2015

Crédit: Digital News Report 2015


S’il recourt à des médias anglo-saxons pour s’informer, ce sont surtout des pure-players anglo-saxons.
Et non des médias traditionnels. Quand le New York Times a été visité par 1% des sondés, BBC 3% et CNN 2%, le Huffington Post, Buzzfeed, Vice, MSN et Yahoo! récoltent plus de voix (25% en tout). Parmi ces pure-players, il y a une prime aux anciens sur les nouveaux: Buzzfeed et Vice font chacun 1%, tandis que MSN monte à 7% et Yahoo! à 8% en France.

Il ne paie guère pour de l’information en ligne. Qu’il s’agisse d’un abonnement, ou d’un paiement à l’article, seuls 10% des Français disent avoir sorti leur carte bleue pour accéder à des informations. L’année dernière, ils étaient 12%.

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Alice Antheaume

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Portrait robot du consommateur d’informations français en 2014

Crédit: Flickr/CC/ofernandezberrios

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Pour s’informer, le Français est Google News-dépendant, utilise de plus en plus son smartphone, aime les articles sous forme de listes, les vidéos d’actualités, rechigne toujours à payer pour de l’information, fait davantage confiance à une signature journalistique qu’à la renommée d’une rédaction, et préfère parler de l’actualité avec ses proches de visu plutôt que sur les réseaux sociaux.

Tels sont les principaux traits du consommateur d’informations français version 2014, selon l’enquête Digital News Report 2014 réalisée par le Reuters Institute for the Study of Journalism, et présentée à l’Ecole de journalisme de Sciences Po le mercredi 17 septembre.

>> Pour voir le portrait 2013 du consommateur d’informations français, c’est ici >>

>> Pour voir le portrait 2012 du consommateur d’informations français, c’est là >>

  • Le Français passe par Google pour s’informer

La majorité des Français sondés passent par des moteurs de recherche (40%), et notamment par Google News, une spécificité hexagonale qui ne date pas d’hier. Les autres s’informent en étant happés par email dans leurs messageries (24%) ou en se rendant directement sur le site ou sur l’application du média (23%) – d’où la place encore importante laissée à la page d’accueil des sites d’informations français. Une plus faible proportion (14%) découvre les informations via les réseaux sociaux. Quant au push sur mobile, il ne draine pas les foules (6%).

Crédit: Présentation Reuters Institute for the study of Journalism

  • Le Français est “multi-outillé” pour s’informer

Pour accéder aux informations, 36% des Français utilisent au moins deux supports (par exemple ordinateur + téléphone ou ordinateur + tablette ou téléphone + tablette), 22% utilisent comme outil principal leur téléphone, 8% recourent à la seule tablette, des chiffres qui ont beaucoup progressé depuis l’année dernière.

A noter: les plus accros à l’information, donc ceux qui se connectent plusieurs fois par jour, sont des hommes (72% d’entre eux s’informent plusieurs fois par jour, contre 59% de femmes). En outre, le fait d’utiliser une tablette ou un smartphone plutôt qu’un ordinateur fixe favorise leur consommation multi-quotidienne d’actualités.

  • Le Français ne paie guère pour de l’information

Seuls 12% des sondés déclarent avoir payé au cours de l’année précédente pour obtenir des informations en ligne, soit en s’offrant un abonnement, soit un article à l’unité soit une application. Il y a certes une réserve de 10% qui se disent prêts à payer à l’avenir, mais cela reste du déclaratif.

confiance

Ce qui motive ces acheteurs français, c’est, d’abord, la variété des informations qu’ils peuvent trouver en payant (49%). Ensuite, la recherche de contenus signés par des journalistes connus (40%). C’est d’ailleurs un point spécifique à notre pays: les Français font davantage confiance à des journalistes en tant qu’individus qu’à la renommée d’un journal ou d’une chaîne de télévision. Et, troisième raison qui motive le paiement pour de l’actualité, la facilité d’accès à un contenu “quand ils veulent et où ils veulent” (39%).

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Tous pays confondus, les plus enclins à dégainer leur portefeuille pour de l’information sont des hommes de plus de 55 ans, ayant un niveau d’études égal ou supérieur à BAC+3 et pourvus d’une tablette.

  • Le Français n’est pas très “engagé” en ligne

Seuls 21% des Français partagent chaque semaine une information – via email, sur les réseaux sociaux, par chat ou via Skype – quand les Italiens sont 44% à le faire. Ils ne se désintéressent pas pour autant de l’actualité, mais quand ils en discutent, ils préfèrent le faire de visu (30%), à la machine à café, lors de repas familiaux, plutôt qu’en ligne, aux yeux de tous.

D’ailleurs, l’idée de débattre de l’actualité ou d’afficher les informations que l’on recommande en ligne et en public semble susciter la méfiance dans l’hexagone. Lorsqu’ils partagent des actualités, les Français le font avant tout loin du regard des autres, via email (13%) et/ou sur une messagerie instantanée (15%). Ils sont 11% seulement à le faire sur les réseaux sociaux et 10% à “liker” sur Facebook des contenus.

  • Le Français est sur Facebook et YouTube

Pour s’informer, les plates-formes communautaires les plus populaires en France sont Facebook (27% des sondés y trouvent des informations) et YouTube (16% y visionnent des vidéos d’actu), devant Google Plus (10%) et Twitter (7%).

Si Twitter a été un réseau social clé pour les journalistes et les politiques, notamment pendant la campagne présidentielle de 2012, “depuis le tweetgate déclenché par Valérie Trierweiler, le gouvernement est devenu plus prudent”.

Conséquence ou non, en matière politique, “la plupart des Français sont plus passifs en ligne que leurs homologues européens, sauf lorsqu’il s’agit de commenter les programmes télévisés” sur les réseaux sociaux. Ils sont même près de 4,6 millions à affirmer avoir déjà commenté en direct un programme télévisé sur un réseau social, selon une autre étude sur la Social TV.

A noter, l’émergence des applications comme Whatsapp, racheté par Facebook en février pour 19 milliards de dollars. En Espagne, 26% des sondés s’en servent pour partager des informations. En France, 1% seulement mais c’est un phénomène qui n’existait pas encore l’année dernière.

  • Le Français aime les listes et les vidéos

Les Français apprécient avant tout les articles de type “liste” (53%) avec des titres et sous-titres faciles à digérer – vous êtes vous-même en train d’en consulter un exemple ici -, ainsi que des longs formats écrits (44%). Autres formats prisés, les photos et les vidéos.

Contrairement aux autres pays étudiés, où le texte reste le format référentiel suprême en ligne, l’appétit pour la vidéo est remarquable en France. 40% des Français privilégient les vidéos d’actualité, contre 25% qui préfèrent le texte, et 35% qui butinent à la fois du texte et de la vidéo. Des chiffres qui justifient les investissements massifs des rédactions pour produire des vidéos. Pour l’heure, les deux obstacles à la consommation de vidéos en ligne sont 1. le découragement quand la vidéo ne se charge pas et 2. l’envie de regarder la vidéo sur un plus grand écran.barrieres

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Alice Antheaume

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Les chiffres de l’offensive mobile

Crédit: Flickr/CC/Cory M. Grenier

Crédit: Flickr/CC/Cory M. Grenier

Les consommateurs d’informations sur mobile vont devenir plus nombreux que ceux qui utilisent leurs ordinateurs. En novembre 2013, 11,3 millions de Français ont utilisé leur mobile, tablette ou smartphone, pour consulter sites et applications d’actualité, et ce, en moyenne sur 5 jours par mois, selon Médiamétrie.

Bien sûr, cela a de l’impact sur les rédactions. En 2013, 40% du trafic de CNN provenait du mobile (tablettes et téléphones). En 2014, ce sera sans doute 50% voire plus. Ce renversement est déjà entré en vigueur pour Le Monde, qui fait davantage de pages vues depuis son application mobile que depuis son site Web, ainsi que pour The Guardian à certains moments de la journée.

Les médias ne sont pas les seuls à s’intéresser à la façon dont on pourrait distribuer et calibrer les informations sur petit écran. J’ai déjà parlé ici de News Digest, la nouvelle application de Yahoo!, développée par le jeune Nick D’Aloisio, 18 ans, millionnaire, qui résume automatiquement l’actualité deux fois par jour. Ce lundi, Facebook lance, uniquement aux Etats-Unis, une application mobile appelée “Paper” pour ses 945 millions d’utilisateurs mensuels qui se connectent au réseau social via leur smartphone ou leur tablette.

Tout cela va si vite qu’il paraît urgent de réactualiser les chiffres clés du mobile. En voici quelques uns, récupérés au cours de conférences et en surfant sur de récents rapports en ligne.

Avez-vous repéré d’autres chiffres récents? N’hésitez pas à les partager.

Alice Antheaume

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Qui sont les journalistes professionnels français?

Ils vieillissent, sont de plus en plus précaires, et se féminisent. Telles sont les conclusions du rapport de l’Observatoire des métiers de la presse, réalisé à partir des données 2012 de la CCIJP, la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels. Des données qui, hélas, ne permettent pas de mesurer le nombre de journalistes travaillant pour le numérique.

37.477 journalistes ont une carte de presse en France en 2012. C’est à peine plus que l’année précédente, en 2011, où l’on en dénombrait 37.286. En réalité, il y a plus de journalistes en France que cela mais tous ne demandent pas leur carte de presse pour effectuer leur métier.

Age

Les “encartés”, comme on les surnomme, ont en moyenne 42,9 ans – 42,3% de l’ensemble ont plus de 45 ans, 28% ont moins de 35 ans. Des chiffres qui “témoignent d’un vieillissement régulier des journalistes encartés”, note le rapport, et notamment en presse écrite et télévision. Les plus jeunes exercent dans la production audiovisuelle.

Compétences

Le plus gros vivier de journalistes encartés travailleraient dans le secteur que l’étude appelle “presse écrite” (66% du corpus), une catégorie un peu fourre-tout qui comprend la presse quotidienne nationale, la presse quotidienne régionale, les agences de presse comme Reuters ou l’AFP, mais aussi les sites d’informations des quotidiens et magazines ainsi que les pure players. Pas étonnant, donc, que cette catégorie fasse le plein, devant la télévision (14,8%), la radio (9,5%) et la production audiovisuelle (2,5%).

Quelle part prennent les journalistes numériques dans ce corpus? Difficile à dire, d’autant que ceux qui travaillent, par exemple, pour les sites de Radio France sont répertoriés dans la catégorie radio tandis que ceux qui produisent sur France TV Info figurent dans la catégorie télévision. Interrogée sur ce point, Nathalie Barret, responsable des Observatoires des métiers, reconnaît que cette répartition n’est pas satisfaisante. “En essayant d’isoler les journalistes ayant déclaré qu’ils travaillaient sur un .fr, .info, .com, ou .org, nous constatons qu’ils formeraient 3.5% de l’ensemble”, m’explique-t-elle. “Nous sommes bien en deçà de la vérité”. Obtenir un pourcentage plus précis dépend de la déclaration que font les journalistes au moment de demander ou renouveler leur carte de presse auprès de la CCIJP. Or spécifier qu’on travaille sur le site de lexpress.fr plutôt que pour l’hebdomadaire n’est pas “nécessaire” pour obtenir sa carte. En outre, les rédactions font souvent des demandes collectives et ne rentrent pas dans les détails des attributions de chacun de leurs journalistes.

Contrats

Le pourcentage de CDI? 73.7% – 74,2% l’année précédente, en 2011. Quant aux journalistes en contrats précaires (CDD ou piges), ils sont 21,3%. Sans surprise, les pigistes et CDD sont sur-représentés dans les moins de 26 ans (67,7%). “Dans la tranche d’âge 26-34 ans, un journaliste sur trois a un contrat précaire”, diagnostique le rapport.

Salaires

Le salaire moyen d’un journaliste professionnel en CDI? 3.790 euros bruts par mois. D’un journaliste en CDD? 2.506 euros bruts par mois. D’un pigiste? 2.257 euros bruts par mois. A noter, “un journaliste diplômé d’un cursus reconnu en CDI ou CDD gagne en moyenne 12% de plus qu’un journaliste diplômé d’un cursus non reconnu”. Pourquoi? Cela fait partie des questions que se posent les jeunes journalistes. Voici la raison: à Radio France, le premier salaire perçu varie en fonction de la formation. Un étudiant d’une école de journalisme reconnue, comme l’Ecole de journalisme de Sciences Po, peut obtenir 2.160 euros bruts par mois, quand un étudiant d’une formation non reconnue par la profession des journalistes reçoit, lors de sa première année, 1.757 euros bruts. De même, au Monde.fr, un jeune journaliste non titulaire de sa carte de presse gagne 2.300 euros bruts mensuels quand un journaliste titulaire d’une carte de presse obtient 2.900 euros bruts.

D’une manière générale, on gagne mieux sa vie en étant un homme et en travaillant pour la télévision ou la production audiovisuelle, et ce, même si les contrats y sont plus précaires – ce sont les fameux CDD d’usages, qui s’échelonnent sur une saison télé, de septembre à juin.

Condition féminine

On dénombre 45,7% de femmes encartées en 2012 contre 54,3 % d’hommes – un pourcentage qui, d’ailleurs, ne cesse de monter – . Pourtant, elles sont peu représentées dans les postes de direction, et notamment les plus hautes fonctions, la direction de la rédaction (26,2% de femmes) et la rédaction en chef (34%). Elles sont un tout petit peu plus présentes aux postes de direction des rangs inférieurs, soit rédaction en chef adjointe (36,4% de femmes) et chef de service (37,9% de femmes), mais on est loin de l’équilibre. Il n’y a guère que la fonction de chef de rubrique qui recueille 52,2% des femmes. En même temps, on peut être seule à sa rubrique et être chef de rubrique – c’est une fonction qui va pas forcément de pair avec manager une équipe.

Parmi les premières demandes, figurent un grand nombre de femmes (56,2% contre 43,8% d’hommes), des contrats précaires (61,2 des premières demandes sont en CDD ou piges), et faisant une demande sur le tard.

A noter: la tranche 45-56 ans est de plus en plus nombreuse à faire une première demande de carte de presse. Le rapport estime qu’il s’agit “probablement de reconversions professionnelles vers le journalisme”. L’effet Roselyne Bachelot?

Alice Antheaume

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Qui es-tu, consommateur d’informations français?

Crédit: Flickr/CC/gothopotam

L’année dernière, les Français étaient très actifs pour commenter les informations en ligne et répondre à des sondages portant sur l’actualité. Cette année, ils ne participent plus autant. Ils disent préférer s’informer par les médias traditionnels, tout en ne boudant pas leur plaisir lorsqu’il s’agit de suivre un “live”, ce format qui permet de raconter en ligne, au fur et à mesure, via texte, son, vidéo, image et interaction avec l’audience, un événement.

C’est ce que révèle la nouvelle étude intitulée “digital news report” publiée par le Reuters Institute for the Study of Journalism ce 20 juin 2013. En comparant les usages des consommateurs d’informations en France, en Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, Danemark, aux Etats-Unis, au Brésil et au Japon, elle dégage les spécificités des consommateurs d’informations en fonction de leur pays d’appartenance. Et donne à voir un portrait réactualisé du consommateur d’informations en France.

  • Le Français reste attaché à la télévision

Le Français, donc, se fie volontiers aux médias traditionnels pour accéder aux actualités, et notamment à la télévision, alors que le pays bénéficie d’un taux de pénétration d’Internet important (80%) et d’un nombre de pure-players exceptionnel. Paraxodal? La France est le seul pays étudié où même les moins de 34 ans conservent une forme de “loyauté envers la télévision”, note le rapport, et ce, alors que, partout ailleurs, Internet est la principale source d’informations pour les moins de 45 ans.

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

L’attachement aux médias traditionnels se retrouve en Allemagne où les habitants, bien que très connectés (83% de taux de pénétration d’Internet), restent fidèles à la télévision et continuent à lire des journaux imprimés chaque semaine. Pour s’informer, les Japonais et les Américains, eux, utilisent plutôt des pure-players et des agrégateurs en ligne tandis que les Brésiliens – l’échantillon porte sur ceux qui vivent en ville – se tournent en majorité vers les réseaux sociaux.

  • Le Français participe moins à l’actualité en ligne depuis que l’élection présidentielle est terminée

L’engouement pour l’élection présidentielle étant passé, la verve française serait retombée alors que la France était en 2012 le pays européen “le plus engagé” en ligne, participant à la construction de l’information et répondant à qui mieux mieux à des sondages sur l’actualité. Un engagement qui, d’après l’étude, s’est effondré en 2013. Autant dire que ni l’affaire Cahuzac ni le débat sur le mariage pour tous n’ont suffi à re-mobiliser les commentaires des internautes.

Cette année, pour discuter de l’actualité, le Français en parle avec sa famille et ses amis, en envoyant l’information qu’il a repérée par email ou, encore, en la recommandant sur un réseau social. Sur le créneau de la participation, les Français se font donc distancer par les Américains et les Espagnols, les plus actifs dans le partage de liens, et par les Brésiliens, les plus gros commentateurs d’articles sur les sites d’informations.

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

  • Le Français aime les listes et les “lives”

Les Français apprécient avant tout les articles de type “liste” – vous êtes vous-même en train d’en consulter un exemple ici -, les blogs, les vidéos et les sons, et, spécificité hexagonale, les “lives” qui privilégient l’instantanéité et sont réactualisés en temps réel pour raconter un événement inopiné ou un match sportif. Sur ce point, ils talonnent les Japonais, très friands de ce type de format. A l’opposé, les Danois et les Allemands se tournent plus volontiers vers des contenus plus longs.

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

  • Le Français lit des informations nationales

Le Français aime la politique, les actualités qui concernent son pays, les informations internationales, mais il aime beaucoup moins les informations locales, notamment sur sa ville, les informations people ou l’“entertainment”, ainsi que les informations sur la bourse et la finance. En outre, exception culturelle française ou pas, il ne semble pas non plus se ruer sur les informations concernant l’art et la culture.

  • Le Français accède à l’actualité via des moteurs de recherche

Pour trouver des informations en ligne, les Français passent par les moteurs de recherche, un chemin d’accès majoritaire – un Français effectue en moyenne 134 recherches en ligne par mois -, bien loin devant la recommandation sociale et les agrégateurs. Au Japon, à l’inverse, ce sont en majorité les agrégateurs qui permettent d’accéder aux informations, quand, au Brésil, ce sont les réseaux sociaux qui y mènent.

  • Le Français préfère toujours son ordinateur fixe pour s’informer

Ordinateur? Tablette? Smartphone? Tout à la fois? Dans tous les pays sondés, de plus en plus d’utilisateurs s’informent via une combinaison de plusieurs outils. Un tiers des répondants utilisent au moins deux supports, et c’est le plus souvent l’ordinateur et le smartphone. Est aussi en vigueur l’alliance de l’ordinateur et la tablette, voire l’utilisation des trois (ordinateur, téléphone et tablette) en même temps. Tandis que les Danois dégainent par réflexe leur smartphone pour accéder aux informations, les Français sont toujours, pour la majorité d’entre eux, des usagers fidèles de l’ordinateur, avant le smartphone, et avant la tablette.

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

  • Le Français prêt à payer pour de l’information en ligne s’il a entre 25 et 34 ans et gagne plus de 50.000 euros par an

En 2012, seuls 8% des Français sondés avaient payé pour accéder à des informations en ligne, selon la précédente étude du Reuters Institute. En 2013, ils seraient désormais 13% à avoir franchi le cap. Fait notable, les utilisateurs les plus enclins à passer à l’acte ont entre 25 et 34 ans. Et ils le font davantage depuis une tablette, ainsi que depuis un smartphone, plutôt que via un ordinateur fixe.

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

En France et Allemagne, relève l’étude, il y a une corrélation entre le montant des revenus et l’acte d’achat: les foyers gagnant plus de 50.000 euros par an sont deux fois plus prêts à acheter de l’info en ligne que ceux qui gagnent moins de 30.000 euros par an. Enfin, en France, l’achat d’une application constitue l’acte de paiement le plus fréquent pour accéder à des infos en ligne, alors que s’abonner aux sites d’informations prévaut aux Etats-Unis et au Danemark.

Crédit: Digital News Survey 2013/Reuters Institute

Alice Antheaume

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8 indices clés sur les voraces du mobile en 2013

Crédit: Flickr/CC/Opensourceway

A l’occasion du World Mobile Congress 2013, le grand raout mondial sur le mobile qui se tient chaque année à Barcelone, les instituts multiplient les états des lieux sur le mobile, ses usages, et ses utilisateurs. On a épluché deux rapports, celui de Comscore intitulé “Mobile Future in Focus 2013“, et celui de Nielsen, “The Mobile Consumer, a global snapshot”. Que faut-il en retenir?

>> A lire aussi: Petit mobile deviendra grand >>

  • Les propriétaires de smartphones et les autres

125 millions d’Américains (sur 310 millions) et les deux tiers de la population chinoise sont maintenant équipés de smartphones, c’est-à-dire de téléphones reliés à Internet. En France, le smartphone atteint 55% de pénétration en France. A noter, plus de la moitié des Russes (51%) possèdent deux mobiles ou plus, remarque Nielsen. A ce stade, six ans après le lancement du premier iPhone en 2007, le marché du smartphone a connu une courbe de progression extraordinaire. Reste en dehors de ce marché un groupe que ComScore nomme “la majorité tardive”, encore non convertie au smartphone, généralement peu portée sur les nouvelles technologies et plus soucieuse des tarifs que la moyenne.

Crédit: Comscore

  • Des tablettes qui téléphonent, et des téléphones dont l’écran s’agrandit

Alors que les téléphones d’aujourd’hui ont des écrans de plus en plus grands (32 cm en diagonale comme le Galaxie Note 8.0), les tablettes, comme l’iPad mini, rapetissent. Un néologisme anglo-saxon a même vu le jour: “phablet”, contraction entre phone (téléphone) et tablet (tablette), le “joujou des indécis”, titre Libération. “Les définitions de ce qui constitue un smartphone, une tablette ou d’autres outils mobiles vont continuer à s’effacer”, analyse le rapport de Comscore, “chaque nouvel appareil aura ses propres spécifications techniques et des dimensions qui lui sont propres”.

  • Poussée mobile

1/3 du temps passé en ligne ne se fait plus depuis l’ordinateur, autant dire que la connexion depuis les supports mobiles n’est plus un “accident de parcours”. Les médias, eux aussi, se préparent à voir leurs lecteurs se connecter davantage depuis un mobile que de leur ordinateur. Le téléphone s’utilise surtout dans deux configurations: en mouvement, entre deux rendez-vous, dans les transports, et aussi dans des moments plus calmes, de repos ou de détente. La tablette, elle, est privilégiée le soir, dans le canapé familial, et au moment du coucher.

Crédit: Comscore

  • Avis de “showrooming”

Nouvelle tendance 2013, le “showrooming”. Ce mot désigne l’action de se rendre dans un magasin repérer un produit, voire l’essayer quand il s’agit par exemple d’un habit, avant de procéder à son achat via son smartphone, en ligne donc, à un tarif plus avantageux que celui observé dans le magasin. A noter, les Sud Coréens, habitants de la patrie de la marque Samsung, sont les plus actifs pour faire du shopping en ligne et utiliser des services bancaires depuis leur téléphone, détaille Nielsen.

  • Nouvelles positions au bureau

Au travail, pour tenir ces appareils mobiles, le corps humain se plie dans tous les sens. Et au final, il y a neuf nouvelles positions au travail, listées dans une étude commandée par l’entreprise de mobilier de bureau Steelcase.

Crédit: Steelcase

 

  • SMS mon amour

L’échange de SMS reste l’activité préférée des utilisateurs de smartphones, et ce, quelque soit le pays observé. Selon Nielsen, aux Etats-Unis, chaque mois, les utilisateurs envoient et reçoivent 764.2 SMS, passent et reçoivent en moyenne 164,5 appels et parlent dans le combiné pendant 644.1 minutes (plus de 10 heures). Après les SMS, la prise de photos est la deuxième activité la plus répandue, suivie de la consultation de ses emails et de la météo. Voilà pour les smartphones. Côté tablettes, c’est la recherche d’informations sur le Web qui constitue le premier réflexe, avant la consultation des emails, des réseaux sociaux et la pratique de jeux.

Crédit: Comscore

  • Le royaume des applications

Au royaume des applications mobiles, l’application Facebook est reine avec, sur 1 milliard d’inscrits, 600 millions qui s’y connectent depuis mobile. Elle est présente sur 3 smartphones sur 4, rappelle l’étude de Comscore. En général, les utilisateurs préfèrent utiliser les applications, optimisées pour petit écran, sur lesquelles ils passent les 4/5 de leur temps de connexion, plutôt que de surfer directement sur l’Internet depuis un navigateur avec leur téléphone. Sur mobile, les applications de jeux et de réseaux sociaux sont parmi les plus populaires dans la moitié des pays du monde observés par Nielsen.

  • Vidéo vs TV

Regarder des vidéos depuis un mobile pourrait avoir de l’influence sur le temps passé devant la télévision, analyse Nielsen, du moins en Chine. Les Chinois sont les plus friands de consommation de vidéos depuis mobile puisque 17% d’entre eux en regardent au moins trois par jour par ce biais. Conséquence inédite ou simple coïncidence, les propriétaires de smartphones chinois déclarent regarder davantage la télévision traditionnelle grâce à leur mobile. Un effet de la “Social TV”?

Crédit: Nielsen

 

Alice Antheaume

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La vie des Américains en images

L’engouement pour l’image, à l’ère numérique, ne faiblit pas. Bien au contraire. Selon une récente étude du Pew Research Center, auprès d’un échantillon représentatif de 1005 Américains, 46% d’entre eux ont déjà posté en ligne des photos et des vidéos qu’ils avaient eux-mêmes créées, tandis que 41% partagent sur le réseau photos et vidéos qu’ils ont trouvées en ligne et qui sont produites par d’autres.

En outre, si 32% des sondés multiplient les activités (partager en ligne leurs productions ET celles des autres), 56% font l’un ou l’autre.

Crédit: Pew Research Center

Qui sont ces Américains qui partagent ainsi des images fixes et animées sur le réseau? Ceux qui postent leurs propres photos sont en majorité âgés de 18 à 29 ans, suivis des 30-49 ans. «Plus l’utilisateur est âgé, moins il a tendance à partager ses photos personnelles», observe le site Search Engine Watch.

Qui sont ceux qui sélectionnent des images produites par d’autres dans le but de les partager? Des femmes en majorité et de la catégorie des 18-29 ans.

Autres précisions sur les revenus de ces «créateurs» et «sélectionneurs»: ceux qui produisent eux-mêmes leurs vidéos gagnent en majorité entre 30.000 dollars (23.100 euros) et 49.000 dollars (37.700 euros) par an. Enfin, ceux qui gagnent plus de 75.000 dollars (57.700 euros) par an sont a priori moins portés sur le partage de contenus produits par les autres.

AA

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Portrait de la France des consommateurs d’informations

Comment, en 2012, s’informe-t-on? C’est sur cette question que s’est penché le Reuters Institute Study of Journalism, en analysant la façon dont les Américains, les Anglais, les Allemands, les Danois et les Français sont en contact avec l’actualité.

Cette étude (en PDF), publiée le 9 juillet 2012, montre que Facebook joue désormais un rôle clé dans le partage d’informations, supplantant les emails et Twitter, que les plus jeunes (16-24 ans) s’informent sur les réseaux sociaux plutôt qu’en cherchant dans des moteurs de recherche et que les smartphones sont de plus en plus utilisés pour accéder à l’actualité – 28% des Anglais et des Américains et 32% des Danois disent utiliser leur mobile chaque semaine pour ce faire. La France s’y révèle très active: elle est en effet prolixe en matière de participation aux sondages en ligne et de production de commentaires, pas tant dans l’impasse que cela.

En reprenant les questions posées par cette enquête, voici le portrait, en creux, des consommateurs d’informations français.

  • Quelle source d’informations avez-vous utilisée au cours de la dernière semaine pour vous informer?

Les Français répondent en majorité la télévision et le Web, comme les Danois, quand les Allemands restent attachés aux journaux imprimés – qu’ils regardent à 68% au moins une fois par semaine, et les Américains et les Anglais privilégient le Web.

Et si l’on regarde de plus près les sources d’informations uniquement en ligne, les Français se connectent avant tout sur les sites des journaux, les Anglais sur les sites des chaînes de télévision, et les Américains sur d’autres sources d’informations en ligne, comme les pure-players et les portails d’informations tels Yahoo! et Google News, ainsi que sur les blogs et les réseaux sociaux.

Crédit : Reuters Institute for the Study of Journalism

  • Quelle catégorie d’informations vous intéresse le plus?

Les Français préfèrent les sujets de politique intérieure, juste devant la politique tout court ; la politique intérieure remporte aussi les suffrages aux Etats-Unis, suivie des informations locales ; quant aux Allemands, ils sont davantage portés vers les informations internationales régionales.

La catégorie d’informations qui marche le moins bien, à contrario? Les informations économiques et financières pour la France, tandis qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, ce sont les arts et la culture qui font chou blanc – alors que ce type d’actualités est prisé en France.

Crédit : Reuters Institute for the Study of Journalism

  • Quel outil avez-vous utilisé au cours de la dernière semaine pour vous informer?

En France, et dans tous les autres pays analysés dans cette étude, c’est l’ordinateur qui domine, et de très loin, suivi du mobile et de la tablette, dans de plus faibles proportions. Le Danemark est le pays où le mobile fait la percée la plus forte, derrière l’ordinateur néanmoins.

  • Avez-vous déjà payé en ligne pour obtenir des informations?

Là encore, le Danemark a une longueur d’avance, ses habitants étant les plus nombreux à être passés à l’acte de paiement en ligne pour de l’info. De l’autre côté de l’échelle, les Anglais sont les plus réticents à cette idée – seuls 4% d’entre eux disent l’avoir déjà fait, quand les Français et les Américains le font un peu, mais dans de faibles proportions.

  • Avez-vous participé à la production d’informations en ligne au cours de la dernière semaine?

Discussion par messagerie instantanée sur l’actualité, partage d’informations sur les réseaux sociaux, publications de commentaires sous un article, etc.: les Américains sont une majorité à participer à la production et au partage d’informations en ligne. Et, surprise, la France est le “pays européen le plus engagé” sur ce créneau, devant l’Allemagne, l’Angleterre et le Danemark.

Crédit : Reuters Institute for the Study of Journalism

  • De quelle façon participez-vous à la production d’informations ou partagez-vous des infos?

40% des Français sondés déclarent participer à un sondage en ligne chaque semaine et 21% commentent des informations sur les réseaux sociaux. “L’élection présidentielle française était en cours lorsque notre étude a été menée”, précise le Reuters Institute, “ce qui peut expliquer ces chiffres légèrement plus élevés” en France.

Conclusion? La rapide mutation du papier vers le numérique telle que l’ont connue les Etats-Unis ne trouve pas vraiment “sa réplique dans les pays européens”, constate l’étude du Reuters Institute, qui veut pour preuve l’exemple de l’Allemagne, très attachée au papier et dont “les habitudes de lecture montrent une faible utilisation d’Internet”.

Alice Antheaume

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2012: Etat des lieux des médias américains

Le futur du journalisme passera par les mastodontes de la technologie. C’est l’une des conclusions que tire le rapport annuel du Pew Project for Excellence in Journalism, The State of the News Media 2012.

Session de rattrapage pour ceux qui n’auraient pas encore eu le temps de parcourir cet état des lieux sur les médias aux Etats-Unis.

Crédit: stateofthemedia.org

1. Relations unilatérales entre éditeurs et entreprises de nouvelles technologies

Ceux qui mènent la danse s’appellent Amazon, Apple, Facebook et Google. Les rédactions, elles, cavalent derrière pour suivre le rythme.

Pour attirer de l’audience et pour diffuser des contenus, les médias (se) sont soumis aux règles des géants de la technologie. Une dépendance déjà annoncée dans le rapport de l’année dernière.

En 2012, la tendance se confirme. Certes, le Financial Times et le Boston Globe ont créé des applications en HTML 5 pour pouvoir les changer à leur guise sans devoir soumettre les mises à jour à la validation d’Apple. Mais ce type d’émancipation reste limité, estiment les auteurs du rapport, Amy Mitchell et Tom Rosenstiel.

Alors que Apple, Google, Amazon et Facebook tentent d’accompagner chaque seconde de nos vies numériques (terminaux, moteurs de recherche, navigateurs, réseaux sociaux, messageries, plates-formes de jeu et de commerce en ligne), vont-ils finir par s’offrir des médias? Possible, mais à condition qu’ils y “trouvent un intérêt”, reprennent les auteurs. Et qu’ils considèrent que ces médias puissent constituer l’un des ingrédients du “tout numérique” qu’ils entendent proposer aux utilisateurs…

2. La montée du mobile et une lecture plus “immersive”

“Plus de 4 adultes américains sur 10 possèdent aujourd’hui un smartphone, et 1 sur 5 une tablette. Les nouvelles voitures que l’on fabrique intègrent de l’Internet à bord.” En tout, plus d’un quart de la population américaine, soit 27%, s’informe maintenant via mobile.

Et c’est une bonne nouvelle pour les médias. Car la consommation d’informations en mobilité s’ajoute à celle via des supports plus “traditionnels”. “8 Américains sur 10 consomment des informations depuis leur mobile et s’informent aussi sur leurs ordinateurs”, en se tournant davantage vers des marques de presse historiques et en témoignant d’une immersion plus intense, précise le rapport.

Conséquence: l’émergence de nouveaux usages avec une lecture de l’information qui permet de faire une pause, de lire en différé, de surligner des idées importantes sur l’actualité. D’où la demande pour de longs formats journalistiques, ce que les intervenants du festival South by South West, à Austin, avaient aussi martelé.

Enfin – et c’est un phénomène nouveau – la montée du mobile a fait venir au numérique – et au journalisme numérique – une catégorie de la population américaine, plutôt rurale, qui avait raté l’étape de l’ordinateur.

3. L’impact relatif des réseaux sociaux sur la consommation d’infos

La population américaine, de plus en plus présente sur les réseaux sociaux (133 millions d’Américains sont inscrits sur Facebook, 25 millions sur Twitter), y passe en moyenne 7 heures par mois. Pourtant, cela n’a pas (“encore”, tempère le rapport) l’effet escompté sur l’apport d’audience pour les médias.

En effet, moins de 10% de internautes lisent “très souvent” des informations repérées grâce à la recommandation sociale de leur communauté sur Facebook ou Twitter, quand 36% vont “très souvent” consulter les actualités directement sur une application ou un site Web, 32% passent par une recherche avant de tomber sur une information et 29% se tournent vers des agrégateurs de contenus.

Pour Amy Mitchell et Tom Rosenstiel, ce n’est qu’une question de temps, les réseaux sociaux étant appelés à générer de plus en plus de trafic sur les éditeurs de contenus.

4. Le “modèle” de l’abonnement en ligne

Et si, d’ici 5 ans, les journaux n’imprimaient plus qu’un ou deux exemplaires par semaine, l’un porté à domicile le dimanche, et le deuxième un autre jour de la semaine, plutôt propice aux revenus publicitaires sur l’imprimé? Ce scénario n’est pas si fictif, écrit ce rapport, au vu de la crise continuelle subie par les journaux imprimés.

Engluées dans la crise de la presse imprimée, un très grand nombre de publications pourraient ainsi se tourner vers le modèle par abonnement en ligne, sans doute influencées par le système payant du New York Times qui a récolté quelques 390.000 abonnés.

“Les journaux ont perdu tellement de leurs revenus publicitaires – plus de la moitié de leurs revenus depuis 2006, que, sans perfusion de revenus par abonnement en ligne, certains ne pourront pas survivre.”

5. Le retour de la télévision?

Même si la plus forte croissance se fait avant tout sur les sites d’informations, l’audience sur les chaînes de télévision qui font de l’information aurait augmenté de 4.5% en un an. Une “première depuis 10 ans” aux Etats-Unis, salue le rapport. Inattendue, cette percée profite à CNN, MSNBC, au détriment de Fox News, qui décline.

Difficile de savoir à quoi cette croissance est vraiment due. Est-ce la résultante de la Social TV, qui peut pousser à regarder des programmes télévisuels très commentés sur les réseaux sociaux? Ou le fait d’une riche actualité, faite des révolutions arabes notamment? Selon le rapport, “cette croissance peut être de courte durée et fonction d’actualités très visuelles plutôt qu’à un vrai changement d’habitudes”.

AA

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