A qui profitent les Jeux Olympiques? Au journalisme.

Crédit photo: Flickr/CC/Queen Yuna

Crédit photo: Flickr/CC/Queen Yuna

Le sport en général, et les JO en particulier, sont les meilleurs alliés du journalisme. Parce qu’ils sont souvent le lieu des innovations technologiques. Parce qu’ils voient émerger de nouveaux formats éditoriaux. Et parce qu’ils suscitent – toujours – un engagement inégalé de l’audience…

  • Innovations technologiques en cascade

Le sport booste les techniques journalistiques. Cette année, à l’occasion des JO de Sotchi, France TV a lancé une application disponible avec des Google Glass, une première. Deux ans plus tôt, lors des JO de Londres, d’autres innovations technologiques étaient déjà apparues. Des robots photographes, contrôlés à distance, installés notamment sur les toits ou au dessus des pistes, afin de capturer l’ambiance vue du ciel. Et des caméras amphibies, qui, comme le Marsupilami, évoluent à la fois dans l’air et dans l’eau. Le long d’un axe vertical, celles-ci filment, en un seul plan, la tête et les jambes des nageuses de natation synchronisée, une épreuve où la performance se joue au dessus et en dessous de la surface de l’eau.

Crédit: SwimTechniqueTV

Crédit: SwimTechniqueTV

Plus récemment, des drones “journalistiques”, en France, ont servi au repérage du Tour de France. A venir, la finale de la Coupe du monde au Brésil, en 2014, et les Jeux Olympiques de Rio en 2016, seront captés en Ultra HD avec des images à plus de 8 millions de pixels.

  • Naissance de nouveaux formats éditoriaux

Difficile de créer des nouveaux formats lors d’événements inopinés – dans ces cas-là, on part au plus pressé. Mais les JO, prévus de longue date, laissent libre cours à l’anticipation et à l’émergence de nouveaux formats éditoriaux.

J’ai déjà parlé en 2012, lors des JO de Londres, de l’intérêt du GIF animé pour couvrir le sport. En effet, une succession de GIF animés permettait de comparer les performances de gymnastes en compétition, en montrant si la pirouette sur les barres asymétriques est réalisée avec plus ou moins de hauteur.

Deux ans plus tard, c’est le même refrain pour les JO d’hiver à Sotchi. Les GIFS animés témoignent de la longueur d’un saut à ski en faisant office de ralenti télévisuel: ils décomposent l’action de l’athlète, frame par frame, et servent, il faut bien de le dire, de façon efficace la démonstration. Surtout pour les novices qui ne voient pas la différence entre une médaille d’or et d’argent.

Trois autres formats éditoriaux valent le coup d’oeil.

1. l’infographie qui décompose les combinaisons des patineurs artistiques. Pour enfin comprendre ce qu’est un triple lutz et un piqué et comment les athlètes enchaînent ces deux figures. Ici, le sport est plus affaire de technique et de statistiques que d’émotion.

Crédit: New York Times

Crédit: New York Times

2. spectaculaires, ces vidéos interactives du New York Times qui prennent tout l’écran et s’actionnent par simple scroll. Celle sur le snowbard half-pipe suit, de très près, et parfois en caméra embarquée, l’Américain Shaun White, double médaillé olympique à Turin et Vancouver, distancé à Sotchi par le Suisse Iouri Podladtchikov. White explique que le secret réside notamment dans la réception, qui doit se faire le plus haut possible sur le mur, pour pouvoir reprendre de la vitesse et se laisser le temps de penser au prochain saut, arrivé sur l’autre versant.

Crédit: New York Times

Crédit: New York Times

Le saut à ski, une épreuve qui s’ouvrait pour la première fois à Sotchi aux femmes, a aussi fait l’objet d’une vidéo interactive. Pour Jessica Jerome, une athlète américaine, l’objectif est que le corps de l’athlète devienne un projectile, avec les skis en V, jusqu’à la réception qui doit être maîtrisée.

3. du journalisme de données, avec par exemple le classement des nations qui chutent le plus (la France est au premier rang, selon les calculs de Grégoire Fleurot).

  • Pléthore de photographies exceptionnelles

Pas de sport sans visuel. Or, en la matière, les JO sont le grand rendez-vous des photographes. Les images réalisées lors des JO de Sotchi sont exceptionnelles. Exceptionnelles de beauté, il est vrai, mais pas que. Les photos montrent aussi l’effort sur les visages des athlètes, les risques qu’ils prennent, la violence de leur chute. Et sont parfois effrayantes.

  • Au delà du sport

Il n’est pas que question de journalisme sportif. Les journalistes ont écrit sur à peu près tous les sujets pendant les JO de Sotchi. Sur les droits de l’homme, et surtout des homosexuels, sur l’arrestation des Pussy Riot, sur les nouvelles technologies – avec l’usage intensif des applications mobiles Grindr et Tinder -, sur l’économie, sur la mode. Ou sur l’évolution du journalisme, comme ici.

  • Audiences au rendez-vous

Les JO passent et l’engouement pour les JO reste.“C’est une véritable réussite, les scores sont comparables aux JO de Turin en 2006”, a expliqué à L’Equipe Daniel Bilalian, directeur des sports de France TV, qui retransmettait les épreuves chaque jour. France 2 et France 3 ont fait deux semaines records, et ont réalisé, en février, leur meilleur mois depuis les précédents JO, à Londres, en août 2012. Côté FranceTVsport, on recense 7 millions de visites et 14 millions de vidéos vues dont 71% en direct pendant ces 17 jours d’olympiades. Et ce n’est pas Jean-Louis Borloo, cloué chez lui avec une pneumonie, qui dira le contraire, lui qui se dit “incollable” sur les épreuves de Sotchi.

Pour attirer une audience plus jeune, de nouvelles disciplines sont entrées dans la compétition, lors de ces JO d’hiver, comme le ski en half-pipe ou le slopestyle.

  • Des règles redéfinies sur les réseaux sociaux

L’engagement de l’audience pour les JO est tel qu’il ne souffre d’aucun “spoiler” sur les réseaux sociaux. Or quand les médias tweetent à propos d’une épreuve olympique, il n’est pas rare que le nom du médaillé soit mentionné, rendant le visionnage en “replay” d’une épreuve moins haletant. Certaines rédactions américaines se sont efforcées de préciser si le lien mentionné sur les réseaux sociaux contenait des résultats. En parallèle, des applications comme Bloko surfent sur ce marché, en s’adressant aux “enthousiastes du sport qui ne sont pas rentrés chez eux à temps pour voir un match” et peuvent néanmoins “consulter les réseaux sociaux sans s’inquiéter”.

 Si vous avez aimé cet article, merci de le partager sur les réseaux sociaux !

Alice Antheaume

Les commentaires sont fermés !

« »