Quand RTL délègue le bâtonnage de dépêches à… l’AFP

Crédit:Flickr/CC/photo-knight

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A quoi bon “batônner” les dépêches d’agence? Disponibles partout en même temps, elles ne sont pas toujours bien référencées et ne susciteraient que peu de partage sur les réseaux sociaux (MISE A JOUR: parmi les dix contenus les plus partagés du Monde.fr ce jeudi matin, figurent quatre contenus réalisés à partir de dépêches d’agence, AFP ou Reuters).

Pourtant, les publications ont du mal à y renoncer, craignant de se mettre sur la touche si elles ne donnent pas l’essentiel de l’actualité au moment où l’internaute se connecte et de passer à côté de l’audience générée par les moteurs de recherche.

Comment résoudre l’équation? La première solution consiste à ne pas proposer le flux des dépêches (Slate.fr, Rue89, Médiapart, etc.) et assumer éditorialement cette position. Une autre réponse est expérimentée par la rédaction de RTL. “C’est l’AFP qui bâtonne elle-même ses dépêches pour les publier sur RTL.fr”, me raconte Antoine Daccord, le rédacteur en chef. Un service opéré par l’AFP services, une filiale de l’AFP, qui propose ce service depuis le printemps 2013. Cela n’a rien à voir avec le journal de l’AFP, que les rédactions connaissent bien, et qui est le même flux pour tout le monde. Ici, c’est une sorte de service à la demande, une façon d’enrichir – ou bâtonner – les dépêches selon les exigences du client. De la titraille à l’iconographie en passant par les liens, tout est réécrit “à la demande”.

Libérés des contraintes du temps réel de l’info

Les journalistes de l’AFP services – qui ne sont pas des agenciers de la maison mère – sont donc “mis à disposition” de RTL.fr, accèdent à son CMS et s’occupent de l’enrichissement (changer les titres, insérer des photos et des liens pertinents) des dépêches écrites par leurs confrères ainsi que de l’agrégation d’informations publiées sur d’autres médias. Et ce, sept jours sur sept, 21h/24 – ce système devrait s’élargir à 24h/24. En tout, près de 90 dépêches sont traitées en moyenne par jour, et entre 5 à 10 contenus agrégés.

La une de RTL.fr le 6 novembre 2013 au soir

C’est une nouvelle activité pour l’AFP qui, alors que le modèle des agences de presse est en pleine redéfinition, tente de trouver là une autre offre à proposer à ses clients, et donc, à terme, une nouvelle source de revenus. C’est aussi une façon intelligente de faire du service après-vente sur sa production maison via une filiale qui, autrefois, ne se chargeait que des clients “corporate” et institutionnels comme la Commission européenne.

Retour à l’envoyeur

Si le système est nouveau et encore expérimental, il n’est bien sûr pas gratuit. Tarif du service: sur devis. Tout dépend du nombre de contenus désirés et de journalistes employés, et de l’amplitude horaire. En ce qui concerne le contrat avec RTL, tout au plus apprend-t-on que la tarification revient sans doute plus chère que le nombre de personnes devant être employées, en interne, pour le faire. Soit près de cinq postes de journalistes à temps plein.“Nous n’avons pas choisi de le faire par économie, mais pour une amélioration du service (rapidité et couverture horaire)”, reprend Antoine Daccord.

Pour lui, l’essai est concluant et s’apparente à “une extension de notre rédaction à l’AFP”. De fait, cette expérience libère la rédaction du traitement des dépêches, un travail à la fois chronophage et ingrat, comme l’a rappelé le consultant Benoît Raphaël. Celle-ci, qui compte une dizaine de personnes pour la partie numérique, peut ainsi davantage se concentrer sur la production de contenus originaux. Conséquence ou non, RTL.fr a vu son audience monter, passant à 3 millions de visiteurs uniques en septembre, selon Médiamétrie.

Alice Antheaume

2 commentaires pour “Quand RTL délègue le bâtonnage de dépêches à… l’AFP”

  1. Pourquoi “bâtonner” une dépêche AFP alors qu’il suffit de faire un copier/coller sur son site/son blog sans même citer l’agence dont est issue l’info pour laisser croire qu’on a plein de collaborateurs. On peut très bien se contenter de citer le nom de l’auteur de la dépêche et non l’agence, non ? Si on se contente de la mention “Les informations non sourcées et non “exclusives” sont avec un (c) AFP”, ça suffit pour que l’AFP laisse faire. Que de temps perdu à réécrire une dépêche fournie par une agence ! Certains l’ont bien compris et ne s’embarrassent pas de cette tâche “ingrate” sans valeur ajoutée. C’est du journalisme low cost qui peut s’avérer très lucratif.

  2. Reste à savoir si le service coûte plus cher ou non, pour l’éditeur, que les armées de stagiaires qui font ce travail sur la plupart des sites.

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