Yeolshimhee (열심히)

On dit souvent que l’expression qui caractérise le plus la Corée est “Palli palli (빨리 빨리)” qui signifie “vite, vite”. Et il est vrai que les Coréens ont souvent cette expression à la bouche tant leur société avance à 100km/h et leur tempérament est impatient. Mais s’il ne fallait choisir qu’un mot pour caractériser la Corée, un choix encore plus pertinent serait “Yeolshimhee (열심히)”, qui signifie avec ardeur, d’arrache-pied. Ce terme est peut-être plus difficile à distinguer pour un non coréanophone que le simple “palli palli”, mais en tendant l’oreille, on découvre que “yeolshimhee” se retrouve constamment dans la conversation des Coréens, le plus souvent associé à “Il (일)” qui signifie le travail, et “Noryeok (노력)” qui signifie l’effort.

“Yeolshimhee” est plus qu’une expression couramment usitée. C’est une valeur centrale, peut-être même celle qui se place au-dessus de toutes les autres dans l’échelle des valeurs des Coréens. Parce que s’il fallait résumer les raisons de la réussite de la Corée en un seul mot, “Yeolshimhee” serait celui-ci. Si pour les étrangers la transformation en 40 ans d’un pays exsangue en 13ème puissance économique mondiale est un miracle économique, pour les Coréens ce développement prodigieux n’a rien de miraculeux. Il est dû à deux générations sacrifiées au travail, au travail et encore au travail. Et les Coréens aiment à se rappeler cette sortie de la misère à la sueur de leur front: “notre pays était détruit, nous n’avions aucune ressource, nous ne mangions pas à notre faim, mais nous avons retroussé nos manches et travaillé dur, d’arrache-pied, sans craindre l’effort”. C’est un peu de cet héritage fier que porte le terme “yeolshimhee”, à chaque fois qu’il est employé par les Coréens.

Si bien qu’ici, être dur à la tâche, ne pas ménager son effort, bref travailler “yeolshimhee” est un culte. La connotation péjorative contenue dans un qualificatif comme “besogneux” n’a pas d’équivalent en Coréen, car travailler encore et toujours, jusqu’à l’acharnement est la condition personnelle du succès comme il l’a été pour le pays. Et même dans les disciplines où le talent, l’inspiration ou l’excellence devraient primer, c’est d’abord l’effort qui est mis en avant: le footballeur de Manchester United Park Ji-sung? On l’aime parce qu’il a trimé dur pour en arriver là et qu’il ne se ménage pas sur le terrain. L’acteur à succès Lee Byoung-hun? Bien sûr qu’il est beau gosse et qu’il joue bien. Mais on le préfère à d’autres parce qu’il travaille dur et que malgré son succès, il arrivera avant tout le monde sur le lieu du tournage pour se préparer. D’ailleurs ces personnalités publiques l’ont bien compris qui concluent systématiquement leurs prises de parole publique par “je travaillerai encore plus “yeolshimhee” à l’avenir.”

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Métro, boulot, (et un tout petit peu) dodo

Avec une croissance de 6,1% en 2010, la Corée est sans doute le pays développé qui se tire le mieux de la crise. La France avec ses 1,5% de croissance, mais aussi la plupart des pays de l’OCDE font pâle figure.

Beaucoup de facteurs peuvent expliquer ce niveau de croissance inhabituel pour un pays développé. D’abord le fait que la Corée n’est réellement développé que depuis une dizaine d’années, et que par rapport à d’autres pays où l’industrialisation date de plusieurs siècles, le dynamisme économique y est nécessairement plus marqué.

On peut citer également une économie tournée vers l’exportation et voisine de la Chine, une classe moyenne  de plus en plus portée sur la consommation plus que sur l’épargne, ou tout simplement le fait que, touchée durement et rapidement par la crise financière, le rebond est mécaniquement tout aussi rapide et impressionnant.

On peut également trouver une réponse dans le métro de Séoul un peu avant 7h du matin. Parce qu’à cette heure matinale où le métro parisien est encore clairsemé, les rames du métro de Séoul déversent déjà une foule affairée, les uns, à aller en cours, les autres à rejoindre leurs bureaux.

Parce que finalement, la croissance, c’est de la création de richesse. Pour en créer plus, il faut donc travailler plus. Et à ce jeu là, les Coréens sont imbattables.

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