Tau Ceti : une autre Terre, à 12 “pas” ?

Le rêve de découvrir une autre Terre n’en finit pas de se régénérer. Il faut dire que l’avalanche permanente des annonces de nouvelles exoplanètes ne risque pas de le laisser s’évanouir. Et puis, plus notre planète semble mal partie – trop peuplée, polluée, réchauffée…- plus l’appel de l’exode devient puissant. L’instinct explorateur, voire colonisateur, ne demande qu’à se rallumer. Et quelques heures avant une “fin du monde”, même aussi fausse que stupide, le sentiment de vulnérabilité, d’insécurité, nous étreint. Un jour, peut-être, sans doute, faudra-t-il partir. Mais pour aller où ?

En cadeau de Noël, les astronomes nous apportent ce qu’ils ont trouvé de mieux: un autre système solaire, avec son étoile, Tau Ceti, et 5 planètes. Pas de quoi être déboussolés par rapport à notre système actuel, avec son étoile, le Soleil, et ses 8 planètes. Si Tau Ceti fait rêver, c’est aussi, sans doute, parce qu’elle est visible à l’oeil nu dans le ciel, depuis l’Europe. Comme à portée de la main… Toutes proportions gardées. Nous parlons d’une étoile, certes parmi les plus proches puisqu’elle ne se situe que trois fois plus loin qu’Alpha du Centaure. Ce dernier est un système à trois étoiles ce qui se semble guère propice à la présence de planète à une distance suffisante d’une étoile pour que des conditions compatibles avec la vie y règnent. La fameuse zone habitable.

A 120 000 milliards de km

Tau Ceti, elle, est seule. Et c’est l’étoile la plus proche de nous dans cette situation. Toutefois, la distance à parcourir pour l’atteindre est tout de même de 12 années-lumière. Le chiffre est faible mais l’unité est grande. D’où un voyage de 120 000 milliards de km. Aujourd’hui, les vaisseaux spatiaux les plus rapides atteignent des vitesses encore inférieures à 100 000 km/h. Admettons qu’ils l’atteignent un jour. Sauf erreur de calcul, ils pourraient alors parcourir 876 millions de km par an, soit environ 0,9 milliard de km par an. Pour atteindre Tau Ceti, il faudrait alors plus de 130 000 ans. Ce qui paraît très excessif, même en plongeant l’équipage dans un sommeil profond. A titre de comparaison, les vaisseaux qui ont parcouru la plus grande distance sont aujourd’hui les sondes Voyager qui sont en passe de sortir du système solaire. Lancées en 1977, elles ne se trouvent qu’à environ 18 milliards de km de la Terre. Pour parvenir à la distance de Tau Ceti, il leur faudrait encore pas loin de 240 000 ans.


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On constate donc que le voyage vers les étoiles ne peut se concevoir, à l’échelle de temps de la vie des êtres humains, que si l’on atteint des vitesses très proches de celle de la lumière. Cette limite indépassable, même par les neutrinos, fixe à un peu plus de 12 ans la durée minimale de l’exode vers Tau Ceti. Avant de parvenir à créer des vaisseaux capables de telles performances, dans le style de l’hyperespace des romans de science-fiction, pas mal d’eau coulera, sans doute, sous les ponts. Le temps de vérifier que les planètes détectées aujourd’hui par les astronomes sont effectivement hospitalières.

Une étoile moins lumineuse que le Soleil

Il reste l’exploit de l’observation. Obtenus à l’aide de trois télescopes, situés au Chili, en Australie et à Hawaï, les résultats obtenus par une équipe internationale dirigée par Mikko Tuomi de l’université du Hertfordshire en Angleterre ont été publiés dans la revue Astronomy & Astrophysics le 19 décembre 2012.  Les 5 planètes détectées ont des masses comprises entre 2 et 7 fois celle de la Terre. Leur distance par rapport à leur étoile, Tau Ceti, est inférieure à celle qui sépare notre Soleil de Mars. Toutefois, l’étoile émet seulement 45% de la lumière du Soleil. Si trois des planètes détectées semblent trop proches de Tau Ceti et donc trop chaudes pour le développement de la vie, il en reste deux…

Michel Alberganti

7 commentaires pour “Tau Ceti : une autre Terre, à 12 “pas” ?”

  1. Probable pour ne pas dire certain que les astronomes trouveront dans les années qui viennent des dizaines voire des centaines ou même des milliers de planètes dites habitables.
    Probable voire certain que parmi cette multitude certaines ont abrité des formes d’organisations de type vitale (pas forcément d’ailleurs basées sur le carbone et l’oxygène).
    Encore probable qu’elles aient conduites à des formes d'”intelligence alienne
    Légèrement probable (mais vraiment légèrement) qu’elles aient atteint un niveau de technologie suffisant et un besoin de communiquer avec d’autres mondes.
    Encore moins probable que ces organisations se trouvent dans un espace/temps compatible à l’observation par l’homme d’aujourd’hui.
    Quant à la probabilité d’un simple contact (et non pas d’une rencontre du troisième type totalement improbable) on entre dans des domaines où même la dilution aberrante de certaines préparations homéopathiques est comparable à une foule aux heures de pointes dans le métro…
    Mais de toute façon vu que la fin du monde est pour demain, toutes ces conjectures ne sont que de pures billevesées….

  2. Le problème des voyages spatiaux à longue porté c’est la taille de vaisseau: si on pouvait mettre en orbite des millions de tonne de matériaux et les assembler, il serai relativement simple de faire un vaisseau énorme et rapide, l’énergie nucléaire ou un stock d’antimatière fera le reste. Il “suffirait” d’avoir un système de propulsion capable de donner une vitesse spécifique d’au moins 10% de la vitesse de la lumière (ça existe en théorie) pour avoir un vaisseau capable de faire le voyage en moins de 2 siècles. Robotisation ou plusieurs générations d’équipage permettrait d’assurer le vol.

    Pour le moment l’exploration spatiale bloque sur le cout de la mise en orbite autant que la technologie nécessaire une fois dans l’espace. Mais une fois qu’on y a mis pied (par exemple en étant capable d’extraire des métaux de la Lune et de construire sur place) il sera bien plus facile de concevoir ces véritable vaisseaux spatiaux. Au vu de la durée du voyage ces derniers ressembleront plutôt à des villes autonomes qu’aux vaisseaux classiques de la science fiction.

  3. L’exploit de cette découverte tient moins à la découverte des planètes elles-même qu’aux méthodes utilisées pour réduire les bruits parasites (qu’ils proviennent des intruments terrestres de détection ou des perturbations de l’étoile observée). Nul doute que cette méthode sera prochainement reproduite et fournira de nouvelles moissons d’exoplanètes.

  4. Bien vu, Karg se, l’un des principaux freins à l’exploration spatiale (hors politique) reste le puits gravitationnel de la Terre dont il faut s’extraire (d’où les projets d’ascenseurs spatiaux pour s’en affranchir).
    “Get to low-Earth orbit, and you’re halfway to anywhere in the solar system.” R. A. Heinlein

  5. Je me demandais en tant que néophyte : comment fonctionne le principe de relativité ? Si le vaisseau voyageait à la vitesse de la lumière, il arriverait dans 12 ans terrestres à Tau Ceti, mais combien de temps se serait-il déroulé à bord du vaisseau ? Et à 10% de la vitesse de la lumière ?

  6. @Un lecteur de SciFi : je dirais la même attente pour les 2 : il faut 12 revolutions de la Terre autour du soleil a un regime a la vitesse de la lumiere pour que la sonde atteigne son but que l’on soit dans le vaisseau ou sur Terre…

  7. Si j’en parlais, c’est bien que je me rappelais vaguement d’une histoire de jumeaux. Finalement on est jamais mieux servi que par soi-même (et vive wikipedia), voici la réponse à ce que je demandais : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_des_jumeaux
    ++

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