Un expert prédit la disparition de la glace d’été en Arctique d’ici 4 ans

Peter Wadhams, de l’université de Cambridge, prédit que la glace d’été, en Arctique, aura totalement disparu d’ici 4 ans. Dans un email adressé au journal The Guardian qui en a rendu compte le 17 septembre 2012, il écrit: “Le changement climatique n’est plus un phénomène au sujet duquel il faut faire quelque chose d’ici quelques décennies”. Pour lui, il n’est même plus question de réagir en tentant de réduire nos émissions de CO2. Il estime qu’il faut passer à la vitesse supérieure et s’en remettre aux techniques de géo-ingénierie. Parmi ces dernières, on trouve l’envoi de particules dans l’atmosphère pour réfléchir les rayons du soleil, le fait de rendre les nuages plus blancs ou de répandre dans les océans des minéraux capables d’absorber plus de CO2. En gros, l’heure n’est plus aux mesures passives mais à l’action, même si celle-ci est fortement soupçonnée de provoquer des catastrophes pires que celles du réchauffement climatique.

2012, en recul de 500 000 km2 sur 2007

Peter Wadhams s’est illustré, au cours des dernières années, grâce à la précision de ses prédictions concernant l’évolution des glaces en Arctique. Il a passé des années à en mesurer l’épaisseur dans des sous-marins. C’est ainsi qu’il avait annoncé une rupture de la glace d’été pour 2007, année où la surface de cette glace e effectivement atteint un minium historique de 4,17 millions de km2. En 2012, ce record sera battu avec une réduction de plus de 500 000 km2 supplémentaires avec une surface de seulement 3,5 millions de km2.

Plus de glace vers 2015-2016

Pour Peter Wadhams, ce phénomène est une conséquence directe du réchauffement climatique. “Il y a moins de glace qui se crée en hivers et plus de glace qui fond en été”, précise-t-il. Le point de rupture final survient lorsque la fonte de l’été dépasse le gel de l’hiver. “J’avais prédit que cette rupture se produirait vers 2015-2016. L’océan arctique en été (août à septembre) sera alors totalement libre de glace. Nous assistons aujourd’hui au début de cette rupture qui devrait être achevée aux environs de ces dates”. D’ici 4 ou 5 ans, donc, plus de glace d’été en Arctique…

Le dégel du permafrost

Est-ce dramatique ? Pour Peter Wadhams, c’est “épouvantable”. Aux conséquences positives sur le transport et l’accès au pétrole et au gaz, s’opposent les effets sur le réchauffement climatique. C’est à dire une accélération. “Lorsque la glace disparaît en été, l’océan se réchauffe (de 7°C en 2011) et il augmente la température des côtes. Le plateau continental de l’Arctique est composé de permafrost, des sédiments gelés depuis le dernier âge glaciaire. Lorsque l’eau de l’océan réchauffe ces sols, le permafrost dégèle et libère d’énormes quantités de méthane emprisonné. Ce puissant gaz à effet de serre donnera un coup d’accélérateur au réchauffement climatique”.

Jean Jouzel “sceptique”

Un tel scénario catastrophe dans la bouche d’un expert peut faire… froid dans le dos. Interrogé par Globule et télescope, le glaciologue Jean Jouzel se déclare “sceptique vis à vis des propos de Peter Wadhams” au sujet du délai de 4 ans. Il a plutôt tendance à suivre les chercheurs qui “tablent sur une vingtaine d’années”. Un délai supplémentaire pas si long. Sera-t-il suffisant pour que nous réagissions ? Et comment réagir ?

Michel Alberganti

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