L’étude NutriNet-Santé, initiée il y a plus de 3 ans, étudie les comportements alimentaires et les relations entre nutrition et santé chez des centaines de volontaires recrutés sur le web.
Aujourd’hui, 235 016 «Nutrinautes» remplissent chaque mois un questionnaire sur leur alimentation, leur activité physique, leur poids, leur taille, leur état de santé ou sur divers déterminants du comportement alimentaire. Le but est d’atteindre dans les prochaines années une cohorte de 500 000 sujets. Les résultats sont examinés et analysés par une équipe dirigée par le Pr Serge Hercberg.
Les derniers résultats, rendus publics hier, se penchent sur les apports en fibres alimentaires des Français. Les fibres, «un ensemble complexe de polysaccharides issus des parties comestibles des plantes», sont présentes dans les aliments de type complet (pain complet, pâtes complètes, riz complet…), les fruits et les légumes.
Elles sont intéressantes pour nos petits corps dans la mesure où «certains effets protecteurs des fibres sur la santé sont de mieux en mieux connus», comme la réduction de risque de maladies cardiovasculaires, du diabète de type II, du cancer colorectal, du surpoids et de l’obésité…
Du coup, en France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) recommande de consommer 25 grammes de fibres par jour, et si possible 30 grammes… Aux Etats-Unis, l’Institute of Medicine recommande depuis 2005 38 g par jour pour les hommes et 25 g par jour pour les femmes.
Mais les Français n’en consomment pas assez. L’apport alimentaire moyen en fibres est de 18,8 g par jour (20,1g chez les hommes, et 17,7 chez les femmes). C’est donc beaucoup moins que les recommandations. Seuls 22% des hommes et 12% des femmes atteignent le seuil de 25g/jour.
Le facteur âge est important: les niveaux les plus élevés de consommation de fibres sont observés chez les personnes de plus de 55 ans et les niveaux les plus faibles chez les 18-25 ans. Les principaux groupes d’aliments qui contribuent le plus à l’apport en fibres dans l’alimentation des Français sont les légumes (21%), les pains et biscottes (18%) et les fruits (16%).
L’analyse conclut en déclarant que “les hypothèses scientifiques sur l’impact de la consommation de fibres sur la santé sont nombreuses et les enjeux de santé publique majeurs”, et qu’il conviendra donc encore d’étudier de manière plus approfondie les effets des différents niveaux d’apports en fibres et les différents types de fibres sur différentes maladies.
Photo: Vegan No Knead Whole Wheat Bread Sliced/ Veganbaking.net via FlickCC License by
lire le billetQue penser d’un paquet de céréales, d’un yaourt ou d’une bouteille de jus de pommes portant une étiquette «source de fibres»? C’est la question que se pose Amy Standen sur The Salt, le blog food de NPR.
John Swartzberg, prof de santé publique à l’Université de Berkeley, lui explique que nous avons tendance à rechercher des éléments à l’intérieur d’autres choses, donc par exemple des fibres dans un paquet de céréales. «Une sorte de pensée mystique» qui remonterait au XVIIIème siècle, époque où les marins britanniques se sont rendus compte qu’ils attrapaient moins le scorbut en mangeant des oranges… Et donc de la vitamine C.
De là aurait commencé notre passion pour les additifs alimentaires, comme les fibres. On s’est aperçu que des aliments isolés pouvaient prévenir, voire guérir des maladies. Comme par exemple la vitamine D contre le rachitisme ou l’iode contre les problèmes de thyroïde. Voilà pourquoi on se retrouve au supermarché avec des étiquettes vantant les mérites de tel ou tel élément composant un aliment, pour aller mieux ou prévenir un mal.
Pour revenir aux fibres, Amy Standen observe en rayon un pain blanc étiqueté comme «bonne source de fibre», fabriqué avec de la «fibre de canne à sucre» et de la «fibre d’avoine»… Des additifs qu’on ne trouve pas normalement dans le pain blanc. Et qui ajoutent la quantité de fibres nécessaire pour pouvoir légalement apposer la super mention marketing «bonne source de fibre»…
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