63% des Français cuisinent par gourmandise

Quand on leur demande pourquoi ils font la cuisine, 63% des Français invoquent en premier “pour la gourmandise d’un plat”. Viennent ensuite le plaisir ressenti en cuisinant (52%), la qualité des produits utilisés (51%), la diététique (30%) et le prix (23%). C’est une des conclusions d’une étude comportementale sur les habitudes culinaires des Français réalisée par Gira Conseil pour le salon Cuisinez By M6.

Les Français aiment donc toujours la cuisine, mais «ont une nouvelle façon de la percevoir et d’en interpréter les codes». 65% des Français cuisinent par loisir ET par nécessité.

Pendant la semaine, c’est plutôt la nécessité: moins de 30 minutes y sont consacrées pour plus de la moitié de sondés, avec un budget de moins de 5 euros par personne pour 67% d’entre eux.  Le week-end, c’est le contraire, on cuisine plus d’une heure par repas (pour 80% des gens), avec un budget de plus de 5 euros pour 90% des sondés.

Le contenu des assiettes n’est pas le même selon le contexte: quand ils cuisinent par loisir, les Français préfèrent préparer la pâtisserie, la viande, la volaille et les plats en sauce. Dans la cuisine de nécessité, les soirs de semaine, les pâtes sont numéro 1, suivies des viandes et volailles, des légumes et des salades composées.

Fait maison

82% des sondés affirment faire “fréquemment” la cuisine. Même si la quasi-totalité des Français utilise des produits surgelés, le succès de ces derniers concerne surtout les produits bruts (paquets de légumes par exemple) et un peu moins les plats semi-préparés et cuisinés.

D’ailleurs, la notion de «fait maison» n’est pas la même pour tous… L’étude distingue trois catégories. D’abord, les «créateurs» (57% des Français) pour qui cuisiner signifie mélanger des produits bruts avec des produits finis ou semi-élaborés.

Ensuite, les «cuisiniers» (40% des français) définissent la cuisine comme un assemblage de produits bruts. Enfin, les «pressés» (3% des Français) cuisinent en mettant un plat tout prêt au micro-onde…

Côté sources d’inspiration, la principale reste le livre de recette pour 65% des sondés, suivi par les recettes familiales (55%) et les sites web de cuisine (53%). Malgré leur succès, les émissions de télé culinaires inspirent peu les Français dans la réalisation de recettes.

Enfin, 78% des Français préfèrent cuisiner seuls plutôt qu’en binôme ou à plusieurs. La fameuse convivialité du “repas gastronomique des Français”, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, semble donc plus concerner la dégustation des repas que la préparation des mets…

Photo: Time to cook / Robbert van der Steeg via FlickrCC License by

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Bien manger: les 64 règles de pur bon sens de Michael Pollan

«Que devrais-je manger?», c’est la question simple que c’est posé Michael Pollan, journaliste américain, collaborateur du New York Times Magazine et auteur de plusieurs livres sur l’alimentation. Les règles d’une saine alimentation (Food Rules en version originale) a été publié en 2009 et traduit en français en 2010. Je ne le lis qu’aujourd’hui, un peu tard, mais le contenu de ce petit ouvrage est tellement limpide qu’il vaut la peine d’en parler…

«S’alimenter, à notre époque, est devenu compliqué, et cela, selon moi, inutilement», commence Pollan. Le fait de se nourrir, activité pour le moins fondamentale, s’est entourée peu à d’une complexité floue, appuyée par les avis divers et variés d’une bonne quantité d’experts dans des domaines différents. On entend plus parler de nutriments et de calories que d’aliments. Mais on ne sait toujours pas au juste ce qu’on devrait manger.

Alors Michael Pollan s’est tourné vers «la sagesse alimentaire»,

«le produit d’un processus d’évolution impliquant des tas de gens du monde entier qui, ayant trouvé ce qui maintient (ou pas) en bonne santé, ont transmis ces connaissances sous forme d’habitudes et de combinaisons alimentaires, de règles, de tabous et de pratiques quotidiennes et saisonnières, et aussi de mémorables proverbes et adages».

L’auteur a condensé 64 règles pour une alimentation «saine et heureuse», en 3 chapitres qui relèvent tout simplement du bon sens un peu oublié.

“Que devrais-je manger ? De vrais aliments”

Ce serait LA clé du bien manger. Pour Pollan, les «vrais aliments» sont les plantes, les animaux, les végétaux mangés par les hommes depuis de nombreuses générations.  A l’opposé, il y a les produits transformés et industriels, «des substances comestibles ayant l’apparence d’aliments».

A partir de cela, on arrive à une série de règles simples comme «ne mangez rien que votre arrière-grand-mère ne reconnaitrait pas comme un aliment» ou «évitez les produits alimentaires qui contiennent des ingrédients qu’une personne normale n’aurait pas dans son garde-manger».

Pollan nous conseille aussi d’éviter «les produits alimentaires contenant des allégations de santé» (en prenant pour exemple la margarine, censée être plus légère que le beurre mais bourrée d’acides gras trans) mais aussi «les aliments qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas» (comme le fromage maigre, les succédanés de sucre, l’amidon synthétique…).

Question pratique, on ne devrait consommer «que des aliments qui finiraient par pourrir» (car «plus un aliment est transformé, plus il a une longue durée de conservation, et moins il est nutritif en règle générale») et «que des aliments cuisinés par des humains». Et non pas par des chaînes industrielles…

“Quels types d’aliments devrais-je manger ? Principalement des végétaux”

L’auteur est favorable à une consommation omnivore, à tendance flexitarienne quand même… Il recommande de «traiter la viande comme un assaisonnement ou comme un aliment réservé aux grandes occasions».

Et il nous propose ce proverbe chinois:

«manger ce qui n’a qu’un pied (champignons et végétaux) vaut mieux que manger ce qui a deux pattes ( volaille), ce qui est encore préférable à manger ce qui en a quatre (vaches, cochons et autres mammifères)».

Ce proverbe laisse cependant de côté la question du poisson, pourvu de zéro patte… Ensuite, Pollan conseille de sucrer et saler nous-mêmes notre nourriture, et de ne pas avaler «de céréales de petit déjeuner qui modifient la couleur du lait», preuve irréfutable de la présence d’additifs chimiques.

Autre règle qui interpelle: «Mangez toute la malbouffe que vous voulez, tant que vous l’apprêtez vous-même». Si on faisait toutes les frites, les chips, les glaces et les biscuits que l’on consomme, on en mangerait bien moins souvent, ne serait-ce parce que cela représente beaucoup de travail. Et ce serait gustativement meilleur!

“Comment devrais-je manger? Sans excès”

Les mœurs et habitudes alimentaires sont bien sûr essentielles dans cette affaire. Les règles «cessez de manger avant d’être rassasié», «mangez par faim et non par ennui» et «consultez vos tripes» nous encouragent à bien réfléchir à la sensation de faim avant de se jeter sur un repas.

«Mangez lentement» et «passez autant de temps à savourer votre repas qu’il en a fallu pour l’apprêter» sont aussi des recommandations utiles si on recherche une expérience alimentaire plutôt qu’un simple apport calorique. D’ailleurs, «cuisinez» est une règle primordiale, pour ne pas perdre le contrôle de ce que l’on mange, au point de vue des portions et des ingrédients.

Dans ce petit ouvrage, on parle donc vraiment de pur bon sens. Mais un certain nombre de ces règles simples ne vont pas forcément de soi partout, elles ont été peu à peu oubliées. Il serait très bénéfique de s’y pencher de nouveau…

Mais bon, il ne s’agit pas non plus d’être obnubilé par ces principes alimentaires. Cela pourrait être «dommageable pour le bonheur et sans doute aussi pour la santé». Alors Pollan conclue par un ultime conseil: «Enfreignez les règles de temps à autre». Car «ce qui importe, c’est d’adopter une attitude décontractée envers l’alimentation».

Lucie de la Héronnière

Photo: knives forks and spoons/ lizjones112 via FlickCC License by

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La cuisine chinoise s’expose au Quai Branly

Lazy Susan, Installation vidéo, réalisation du collectif d’art numérique PLEIX, 2012

“Avez-vous mangé!” est le premier mot qui vient à la bouche d’un Chinois croisant un ami. Mieux qu’un banal “ça va?”, c’est peut-être une des preuves du “processus civilisateur en marche depuis plus de 7000 ans” en Chine, celui de cuisiner et savourer avec intérêt et raffinement. Depuis hier et jusqu’au 30 septembre, le Musée du Quai Branly à Paris présente l’exposition “Les Séductions du palais, cuisiner et manger en Chine”. Vaste pays, vaste programme. La nourriture est bien un des piliers de cette culture ancestrale.

En collaboration avec le Musée National de Chine, l’expo présente différentes vaisselles utilisées au cours des siècles, des services à thé, ustensiles, bols, coupes, vases, marmites, flasques… Pour parler de l’évolution des techniques employées, des traditions culinaires et des préparations typiques des régions chinoises. La citation de Claude Lévi-Strauss qui introduit l’expo, “toute nourriture est bonne à penser”, donne le ton. On va voir comment les comportements quotidiens expliquent des découvertes, des évolutions sociales, des charnières historiques.

On commence un parcours historique autour du foyer néolithique, entre 7000 et 2000 av. J-C. Les Chinois passent du cru au cuit, voire au mijoté, et introduisent de nombreux légumes dans leur alimentation. A l’Âge de bronze, l’alimentation s’enrichit avec un apport important de viande, tandis que la boisson (alcoolisée) est essentielle pendant une période. Plus tard, les découvertes archéologiques de la Chine classique montrent des banquets assez réjouissants, avec de la vaisselle en laque par exemple.

A l’époque médiévale, la vaisselle se fait précieuse et exotique, et des produits nouveaux débarquent en Chine (concombres, noix, sésame…). Avec l’introduction de la technique de la mouture, les Chinois commencent à fabriquer des petits pains, des gâteaux, des raviolis, plongés dans l’eau bouillante, très populaires et vendus dans la rue par des marchands ambulants. La street food du Moyen-Âge chinois!

Pendant l’âge d’or de la dynastie Tang, les excès ne sont pas rares et l’obésité est fréquente chez les aristocrates. Plus tard, pendant la dynastie des Song (960-1279), les auberges et la restauration se développent, la gastronomie devient un thème littéraire. La boisson évolue, le vin de céréale est très prisé tandis que le thé devient une boisson quotidienne. Enfin, au temps des derniers empereurs, le service de bouche est somptueux, des banquets gigantesques sont organisés.

Au fil de l’expo, on découvre des recettes mythiques appréciées par les différents empereurs, comme la “Fondue de faisan”, “l’oie farcie, rôtie dans l’agneau”, “le bouillon de poisson Song Sao”. Ou encore l’incroyable “Chien braisé dans un bouillon de tortue”, concocté avec 750 g de chien, 350 g de tortue, de l’anis, de la ciboule et du gingembre…

L’expo se termine par une hypnotisante installation vidéo, une dînette tourbillonnante, inspirée des tables tournantes des restaurants chinois. A voir, donc, jusqu’au 30 septembre au Quai Branly.

Lucie de la Héronnière

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Faites la “Food Revolution”!

La Fondation Jamie Oliver lance la première édition du Food Revolution Day. Le 19 Mai, on va se mobiliser dans 45 pays du monde «pour une alimentation saine, joyeuse et durable».

Jamie Oliver, c’est le super médiatique chef anglais qui a publié plusieurs chouettes bouquins de cuisine et possède des restaurants à Londres et dans d’autres villes britanniques. Il est aussi militant pour le «bien manger», en partant du principe que l’obésité est causée par une alimentation industrielle trop riche. La fondation qui porte son nom a été créée pour promouvoir une alimentation équilibrée, par l’éducation au goût, l’apprentissage de la cuisine et le développement de l’utilisation d’aliments frais, à la maison, à l’école et dans les entreprises.

Jamie a donc imaginé dans son cerveau bouillonnant un événement international pour partager les bienfaits d’une «alimentation différente», «adopter une vraie philosophie de vie positive et poser un regard neuf sur nos habitudes alimentaires». Edouard Morhange, organisateur du Food Revolution Day en France, explique que “c’est une étape supplémentaire dans ce combat pour se réapproprier l’alimentation et lutter contre des maux qui tuent beaucoup dans nos sociétés”. Pour lui, “si on veut lutter contre la tendance à réchauffer des plats industriels tout prêts, l’éducation alimentaire à l’école est primordiale. Si on apprenait une dizaine de recettes à chaque enfant, les bénéfices sur la santé seraient énormes…”.

En quoi consiste cette journée du 19 mai? Il s’agit justement de nombreuses actions pour «promouvoir, éduquer et valoriser tous ceux qui se battent pour une alimentation plus saine». On pourra donc assister à des évènements de sensibilisation aux risques d’une mauvaise alimentation et de conseils en matière de choix alimentaires. Concrètement, il y aura des cours de cuisine, des visites de marchés de producteurs, des rencontres avec des acteurs de l’alimentation…

Sur la page Facebook et le site du Food Revolution Day,vous pouvez consulter les évènements qui auront lieu près de chez vous. En France les actions sont surtout à Paris, mais l’équipe espère susciter de l’enthousiasme pour pouvoir étendre plus largement l’évènement l’année prochaine. Par exemple, les parisiens pourront tenter un blind test organoleptique (en comparant les produits fermiers avec ceux issus de la grande distribution) à la Bellevilloise, un “pique-nique eat-in” (avec des petits plats frais et faits maison!) aux Buttes Chaumont, ou encore une visite des Jardins du Ruisseau

Chacun peut aussi monter un “dîner”, en s’engageant à acheter des produits frais, à les cuisiner et à partager un repas avec des amis, ce qui peut être l’occasion de se réunir autour d’une table et de valeurs. Et éventuellement de discuter de nouveaux projets de circuits courts, de jardins partagés…

Edouard Morhange précise qu’il y a de nombreuses initiatives (chaque organisateur est libre du format qu’il préfère) dépendant des pays, du mode de vie et des besoins des gens: “les idées partent de la base. On n’impose pas un modèle unique d’évènement”. Et cela parce que l’alimentation est “une préoccupation de citoyen, et pas seulement de consommateur”.

Lucie de la Héronnière

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Pas besoin d’avoir une cuisine pour cuisiner

Ou l’art de la cuisine guérilla…

Quand j’étais en CE2 (3d grade aux Etats-Unis, NDLE), nous devions choisir chaque soir un mot nouveau dans le dictionnaire et recopier sa définition. Un jour, le gamin à côté de moi a oublié de faire ses devoirs. Alors que l’institutrice passait dans les rangs pour lire à haute voix nos trouvailles du jour, il m’a emprunté mon dico et a gribouillé quelque chose sur son cahier.

«Cuisiner: préparer les aliments au moyen de la chaleur», a lu l’institutrice.

Je ne me rappelle aucun autre mot de vocabulaire appris cette année-là, mais je me souviens très bien de cet incident: le dico de poche, le nom et le visage de mon camarade de classe (qui déménagea l’été suivant), le regard réprobateur de l’institutrice. Je me souviens m’être demandé pourquoi les auteurs des dictionnaires s’embêtaient avec des mots aussi banals que «cuisiner». Tout le monde savait ce que cela voulait dire. À quoi bon gâcher de l’encre?

Pourtant, cette définition a marqué mon esprit, parce qu’elle rappelle l’essence même de cette activité qui peut vite devenir complexe.

Cuisiner = aliments + source de chaleur

Aucune référence aux acides aminés ou aux Amap. Rien sur les couteaux en céramique et les machines à pain.

Tout comme on peut dormir n’importe où…

Surtout, rien sur la nécessité d’une cuisine. Les cuisines sont, il est vrai, des endroits fort pratiques pour cuisiner, comme les lits sont de super endroits pour dormir. Mais tout comme on peut dormir n’importe où quand le besoin s’en fait sentir, on peut cuisiner n’importe où dès qu’on a l’essentiel, à savoir des ingrédients et une source de chaleur. Je peux cuisiner du riz pilaf, des légumes sautés ou des tacos n’importe où, n’importe quand. J’appelle ça «la cuisine guérilla».

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Comment cuisiner pour bien manger même en étant précaire

Comment bien manger lorsque l’on vit en situation d’extrême précarité, souvent dans un hôtel social sans autre instrument de cuisine qu’un four à micro-ondes ou une bouilloire électrique coincés entre le lit et la table de chevet?

L’équation n’est pas simple à résoudre, mais elle mérite pourtant que quelques cuisiniers futés se la posent: car précarité rime aujourd’hui plus souvent avec déstructuration des repas, voire avec obésité, qu’avec dénutrition, même si ce dernier phénomène, bien sûr, n’a malheureusement pas complètement disparu.

Mais lorsque l’on a peu d’argent et aucune cuisine à disposition, que faire d’autre que grignoter des aliments tout préparés?

«Et lorsqu’une maman ne peut pas réunir ses enfants autour d’un plat chaud à l’heure du dîner, elle compense souvent en leur offrant les gâteaux et sucreries dont ils ont tant envie», constate Clara Same-Romain, diététicienne-nutritionniste qui intervient beaucoup dans les milieux précaires.

Cours de cuisine au micro-ondes

Aider ces personnes à bien s’alimenter ne se résume donc pas à leur fournir un sac de denrées ou les moyens financiers pour faire leurs courses. Il faut aussi les aider à bien faire à manger.

C’est l’initiative qu’a prise Fernanda Marruchelli, coordinatrice à la Fasti (la fédération des associations de soutien aux travailleurs immigrés). Depuis l’été dernier, tous les mercredis matins, une dizaine de femmes –et quelques hommes– habitués de l’association viennent suivre les cours de cuisine de Clara Same-Romain.

Au menu de ce mercredi: flan à la provençale, paëlla et galette des rois, «même si celle-ci n’est pas forcément très diététique», s’excuse Clara. Particularité de ce menu: exceptée la galette des rois, imposée par l’actualité, tous les plats sont bon marché, et surtout cuisinés au four à micro-ondes.

La tâche n’est pas compliquée, bien qu’un peu fastidieuse: pour la paella, il faudra en effet mettre, tout à tour, les légumes (poivron-échalotes), le poulet, les fruits de mer, puis le plat entier, au micro-ondes pendant de longues minutes. Mais le résultat n’a rien à envier avec une préparation classique.

Bientôt un livret de recettes

Des recettes un peu déconcertantes pour le public de ce mercredi, presque exclusivement composé de femmes nigérianes: si la paella et la galette rencontrent un franc succès, le flan à la provençale –qui contient un peu de fromage de chèvre– fait moins l’unanimité.

N’empêche: le public de l’atelier est régulier. Comme Faith, qui vit avec son bébé de 10 mois dans une chambre à la limite de la salubrité et affirme avoir refait chez elle plusieurs recettes réalisées ici.

L’expérimentation va cependant plus loin que le public de la Fasti: subventionnée par la ville de Paris, l’Agence régionale de santé, Paris Santé Nutrition et la mutualité française, l’initiative permet de tester les 20 recettes les plus faciles et les plus appréciées, mais aussi de calculer leur coût réel, avant de les regrouper dans un petit livret qui sera ensuite édité à 10.000 exemplaires et distribué notamment aux assistantes sociales.

L’initiative commence déjà à faire parler d’elle: l’atelier a déjà reçu la visite d’une chercheuse américaine, et Orange a prêté au Fasti une tablette permettant de poster des vidéos «live» des ateliers sur Internet.

Pour ceux et celles qui auraient des moyens encore plus limités, Clara Same-Romain propose régulièrement des recettes réalisables avec une simple bouilloire électrique. Par exemple, un filet de poisson à la normande accompagné de coquillettes à l’emmental:

Recette à tester: le filet de poisson à la Normande

Ingrédients pour 1 personne

100g de filet de poisson

4 champignons moyens

1/2 échalote

1 pot de 50g de crème fraîche

2 cuillères à soupe de jus de citron (frais ou en bouteille)

2 pincées de sel

2 pincées de poivre

1 litre d’eau

Temps de réalisation: 30 minutes

Prix: 1,71€ par personne

Matériel nécessaire:

1 bouilloire

1 saladier

2 sacs de congélation de 1 litre

2 assiettes

1 fourchette

1 couteau

Les étapes de la recette:

  1. Dans une assiette, couper le filet de poisson en deux dans le sens de la longueur. Mettre les deux morceaux obtenus dans un sac de congélation, bien appuyer pour chasser l’air et fermer avec l’attache.
  2. Laver et sécher les champignons. Jeter les pieds. Couper les champignons en fines lamelles, puis en 2.
  3. Ciseler l’échalote.
  4. Mélanger les champignons, l’échalote, la crème fraîche, le jus de citron, le sel et le poivre dans une assiette et verser le tout dans le deuxième sac de congélation. Bien appuyer pour chasser l’air et fermer avec l’attache.
  5. Faire bouillir 1 L d’eau dans une bouilloire.
  6. Mettre les sacs au fond du saladier, ouvertures vers le haut.
  7. Verser l’eau bouillante dans le saladier. Couvrir avec une assiette.
  8. Après 6 minutes de cuisson, jeter l’eau.
  9. Verser le poisson et sa sauce dans une assiette.

Catherine Bernard

Photo: Nom nom nom / melindarae via Flickr CC License By

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Un McDo coûte-t-il plus cher qu’un plat fait maison?

Longtemps, un des arguments justifiant la grande consommation de nourriture de type fast-food a été celui du coût: cela serait plus économique de manger un hamburger et des frites que de concocter un repas à la maison, qu’il soit plus équilibré ou non, en termes d’argent et de temps (Le temps, c’est de l’argent, dit-on). Pourtant, Mark Bittman, journaliste culinaire au New York Times, explique que des menus classiques de McDonald’s pour une famille composée de 4 personnes coûteront 2 plus cher qu’un poulet rôti accompagné de pommes de terres ou 3 fois plus cher qu’un riz aux haricots noirs avec lardons et poivrons (rice and pinto beans) préparés à la maison.

L’article de Mark Bittman a suscité de nombreux commentaires d’internautes, dont le New York Times a repris les plus éloquents. A l’image de ce témoignage d’une mère de famille qui pointe du doigt l’oubli principal de Mark Bittman, à savoir le temps passé à faire les courses, le temps à éplucher, couper, faire sauter des légumes ou autre tâche culinaire et le temps passé à débarrasser la table et nettoyer la cuisine alors qu’«une sortie au McDonald’s permet à la famille de passer du temps ensemble, que la nourriture leur soit apportée, qu’ils profitent du repas et quittent le restaurant tous ensemble en beaucoup moins de temps». Comme le remarque Mother Jones, si l’on se rapporte aux statistiques du salaire horaire médian américain, il faudrait ajouter près de 32 dollars pour deux heures passées à cuisiner un poulet-pommes de terre.

Mark Bittman le reconnaît, les personnes ne se rendent pas au fast-food seulement parce que la nourriture y est bon marché mais parce qu’ils sont fatigués et qu’ils ont été habitués à penser, à l’ère de la restauration rapide et des surgelés, que cuisiner des repas est un travail comme un autre.

Par ailleurs, comme le souligne Phil Covington pour TriplePundit, en référence au livre Le dilemme de l’omnivore de Michael Pollan, tant le marketing des chaînes de fast-food que la disposition des menus au comptoir incitent les consommateurs à consommer plus (le prix d’un simple hamburger est indiqué en petit à la différence des menus comprenant un hamburger, une frite et une boisson) et à avoir l’impression d’avoir un bon rapport quantité-prix. Par ailleurs, comme le souligne Mark Bittman, cela n’est pas partout aisé de trouver une épicerie à proximité de son domicile avec des prix abordables (le food desert, «désert alimentaire»), ne serait-ce même pour cuisiner des plats aussi caloriques que ceux des chaînes de fast-food.

Au-delà de l’argument financier ou géographique, la question est aussi celle des habitudes culinaires familiales: «Elever nos enfants à la maison de manière à ce qu’ils ne soient pas programmés à consommer de la nourriture rapidement préparée, mangée sur le pouce, calorique, faible en apports nutritionnels: leur donner le plaisir d’apprécier de se nourrir correctement en famille.»

J.C

Photo: Un hamburger yoppy via Flickr CC License by

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