Des abeilles et des hommes: péril sur les butineuses, nos fruits et notre miel

“Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre”. Cette citation, attribuée à Albert Einstein (mais cela n’a jamais été prouvé!) montre combien nous n’avons vraiment pas intérêt à laisser mourir les abeilles.

Markus Imhoff tente d’expliquer la disparition des butineuses dans son dernier film sorti mercredi, Des abeilles et des hommes, un documentaire aux images assez incroyables. Il entend nous donner des pistes pour expliquer le phénomène suivant:

“Entre 50 et 60% des abeilles ont disparu depuis 15 ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario: par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible”.

Et cela fait donc froid dans le dos de voir que le pollinisateur agricole le plus important de la planète disparait comme ça, en masse, à cause de divers dangers majoritairement humains.

Le réalisateur voyage à travers le monde pour montrer comment les hommes soumettent les abeilles. Avec quelques personnages significatifs inspirant mille réflexions: Fred Jaggi, apiculteur à l’ancienne, élève la “race noire locale” dans ses montagnes. Bien loin de là, John Miller, apiculteur californien, traite ses milliers de ruches aux antibiotiques…

Sur un autre continent, la surprenante Zhang Zhao Su fait commerce de pollen en Chine. Des paysans de régions sans abeilles achètent ses petits sachets salvateurs. Pour ensuite polliniser patiemment, à la main, avec une sorte de conton-tige, des centaines et des centaines de fleurs de pommiers. Sans cela, pas de fruits, une récolte nulle.

L’alimentation humaine est bien un grand enjeu de cette disparition multi-factorielle (domestication, pesticides, parasites….), puisqu’une large majorité d’espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées.

Dans l’Express l’année dernière, Yves Le Conte, directeur d’unité à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), expliquait qu’en cas d’exctinction, “les conséquences seraient énormes, mais de là à dire que la fin des abeilles serait synonyme de fin du monde, il faut rester sérieux”.

Donc, si 80% des plantes à fleurs sont pollinisées par les abeilles, “30% de ce qui est dans nos assiettes est lié à la pollinisation”. Mais comme le montre l’exemple chinois, des “mesures compensatoires” (possiblement chères et absurdes) seront toujours inventées par les hommes…

“Que mangeront mes petits-enfants quand ils seront à leur tour grand-parents?” se demande Markus Imhoff dans le film. Plus largement, il s’interroge sur ce que l’’on avale, puisque l’on voit successivement des ruches inondées d’antibiotiques et de pesticides, et de magnifiques flots d’innocent miel doré. Le réalisateur n’entend pas forcément proposer des solutions, mais des pistes de réflexions.

Un peu avant la sortie de ce film, le ministère de l’Agriculture (qui soutient justement le docu…) a annoncé la mise en place d’un plan de développement durable de l’apiculture, pour développer la production nationale de miel (qui correspond actuellement à moins de la moitié du miel consommé en France), et tenter de diminuer cette mortalité inquiétante.

L.D.

Photo: Abeille/ JR Guillaumin FlickCC License by

lire le billet