Comment lire les étiquettes des plats industriels surgelés?

En ces temps d’ «affaire Findus» et d’histoires peu ragoûtantes de lasagnes à la viande de cheval, on s’interroge quelque peu sur la composition de notre assiette remplie de “prêt à manger” surgelé.

Comment lire une étiquette de plat industriel pour comprendre ce qu’il y a vraiment dedans? Voilà quelques petites idées générales, et je vous parlerai très bientôt d’ingrédients bien précis ayant des rôles et des noms très mystérieux…

Bon d’abord, il s’agit de mettre ses lunettes, de s’arrêter deux secondes dans un rayon froid, de prendre le temps d’observer l’emballage et de lire jusqu’au bout même si on est pressé. Et ensuite, de faire attention certaines choses:

De l’importance de l’ordre des ingrédients

Stéphane Gigandet, fondateur d’Open Food Facts, un site d’open data de l’assiette créé justement pour lutter contre le manque de transparence de l’industrie agro-alimentaire (on en parlait ici même en juin dernier), explique que «les ingrédients arrivent par ordre d’importance. On peut en déduire les quantités». La proportion de chaque matière première n’est pas obligatoirement mentionnée. Mais si la graisse (ou le sucre) arrive en 2ème ou 3ème position dans la liste, ce n’est pas bon signe…

Regarder l’origine des produits (si elle est mentionnée…)

Dans les produits industriels préparés, indiquer l’origine des produits n’est pas obligatoire. Aujourd’hui, l’origine des produits doit être précisée seulement pour des produits bruts comme la viande bovine, les fruits et légumes, les produits de la pêche, le miel et l’huile d’olive (une obligation européenne qui sera étendue en décembre 2013 aux viandes de porc, de volaille, de mouton et de chèvre).

Cependant, le gouvernement a déclaré hier vouloir entreprendre une «action volontariste en Europe pour une information obligatoire sur l’origine de la viande entrant dans la composition des plats cuisinés», en rappelant que les règles sont définies au niveau communautaire dans ce domaine.

Le site du ministère de l’Agriculture précise que selon le ministre Stéphane Le Foll, “aujourd’hui, chez le boucher, on sait d’où vient le steak. On doit connaître l’origine des viandes dans les produits transformés. il y a un problème d’étiquetage de ces produits». Nous observerons avec attention comment cette volonté se traduit dans les faits.

Stéphane Gigandet explique que l’origine est mentionnée quand elle est flatteuse: «Par exemple, les lasagnes de Findus en Suisse, qui appartiennent toujours à Nestlé, indiquent officiellement que leur viande est d’origine suisse. Quand l’information a une connotation positive, personne ne se gêne pour la donner !». Dans la même logique, une «huile d’olive vierge extra» est mise en avant dans la liste inscrite sur les étiquettes, alors qu’une huile d’olive basse qualité et donc moins chère, s’appellera juste «huile d’olive», comme vous vous en doutez…

Imaginer le contenu charmant caché derrière le mot «viande»

Le boucher Yves-Marie Le Boudonnec l’expliquait en début de semaine sur le site Atabula: même quand la «viande de bœuf» est bien du bœuf, cette dénomination sans précision sur le morceau signifie que l’on mange du «minerai», autrement dit «un magma de marchandises assez indéfini, dans lequel nous retrouvons du maigre, du gras et du collagène. Cela existe dans tous les abattoirs et avec toutes les espèces de viandes abattues. Ensuite, ce minerai est revendu à qui en veut”.

Attention aux images et aux mots

«Le devant des produits est trompeur. Le plat ne ressemble jamais à la photo quand on ouvre l’opercule !» dit Stéphane Gigandet. La photo du plat surgelé ressemble rarement à la réalité, merci le Photoshop de la bouffe. Des mots nous font aussi déduire des choses fausses. Un produit se vantant d’être «fabriqué en France» ne l’est pas forcément avec des produits français. Ils peut s’agir de produits faits avec des tomates cultivés en Amérique latine, ou avec de la viande roumaine, au hasard, le tout étant assemblé dans une usine on ne peut plus franchouillarde.

Un cassoulet dit toulousain peut très bien avoir été fabriqué dans les environs de Toulouse, mais avec du canard qui n’a jamais vu le Sud-Ouest de son vivant. Sauf que comme la mention de l’origine de la viande n’est pas obligatoire dans les plats préparés, on n’en saura pas plus, même si on lit toutes les petites lignes de l’étiquette.

La CLCV donnait d’autres exemples dans son sondage – prémonitoire – rendu public la semaine dernière: la marque “France Champignons” qui vend des pleurotes venues d’Espagne, “Jardins du Midi” qui vend des oignons on ne peut plus australiens…

“huiles végétale” = huile de palme ?

Quand la nature de l’ «huile végétale» reste floue, c’est assez souvent de l’huile de palme. Il y a toujours un bénéfice du doute, mais généralement les étiquettes le précisent quand il s’agit d’huiles de tournesol ou de colza, beaucoup moins controversées… En 2016, ce flou artistique devrait évoluer avec les changements progressifs des réglementations européennes.

Attention aux «saveurs» et «goûts»…

… Qui sont des arômes et non de vrais ingrédients. Un plat avec une sauce “goût tomate” est surtout parfumé à la tomate (ou alors le goût de vraies tomates peu goûteuses mais bien présentes peut être renforcé par un arôme).

Cet arôme peut être artificiel, ou bien naturel, fabriqué soit à partir du produit concerné («arôme naturel de vanille » dans une crème glacée par exemple) soit non…  Stéphane Gigandet explique qu’on peut par exemple «faire de l’arôme naturel d’amande avec des noyaux d’abricots». Par contre, les industriels peuvent se contenter d’inscrire “arômes”, sans préciser arôme de quoi. Point barre. Dans ce cas-là, impossible d’en savoir plus, sauf si vous êtes un inspecteur de la DGCCRF.

Pour conclure, Stéphane Gigandet pense que «les étiquettes manquent clairement d’informations et de précisions. Du coup, il y a rarement de vrais signaux d’alarme».

Si vous avez toujours rêvé de savoir à quoi servait la dextrose, les émulsifiants et les correcteurs d’acidité, revenez par ici ce week-end, je vous prépare une petite liste très appétissante. Mais en attendant, pourquoi ne pas fabriquer vos propres lasagnes?…

Lucie de la Héronnière

Photo: MorningStar Farms Lasagna with Sausage-Style Crumbles/ theimpulsivebuy via FlickCC License by

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Qu’allez-vous manger pour la fin du monde?

On a parlé ici il y a quelques semaines des «nourritures d’urgence», un business très rentable aux Etats-Unis, face aux menaces d’éventuelles catastrophes naturelles, économiques ou géopolitiques. Comme la fin du monde approche (oui oui, c’est vendredi) il est quand même temps de se préoccuper de ce qu’on va manger.

Voilà l’enjeu: si la fin du monde est dans deux jours, quelles boissons et nourritures mettriez-vous dans votre kit de survie?

The Guardian s’est penché sur ce qui se fait de mieux dans le monde. Dans la ville sibérienne de Tomsk, on peut trouver des «kits apocalypse», des paquets remplis de choses indispensable en cas de réalisation de la prédiction des Mayas: vodka, sardines, sarrasin… Pour Dave Drummond, le journaliste du Guardian, cela «ressemble plus à une liste de courses d’un ermite qu’à un kit de victuailles pour survivre à la fin du monde»…

Évidemment, pour prévoir ce type d’évènement bien embêtant, il faut choisir des aliments avec des durées de conservation longues: conserves, riz, blé, maïs… Ou des aliments pas forcément délicieux mais bourrés de conservateurs, comme les Twinkies (génoises fourrées à la crème qui auraient une durée de conservation incroyable) ou des blocs de viande reconstituée vendus dans des boîtes sous la marque Spam… En équivalents vendus en France, on pourrait proposer des boîtes de raviolis insipides? Des cakes très emballés genre Savane (à tremper dans une boisson faite à partir de lait en poudre?)?…

30 kilos de farine et 600 bouteilles d’eau

Le site du réseau P2S, une communauté «survivaliste» anglaise, propose un «calculateur de réserves» pour savoir de quoi vous auriez besoin (en nourriture mais pas que) pour survivre 3 mois. Faites le test, entrez le nombre d’adultes femmes, d’adultes hommes, d’enfants de moins de 8 ans et de plus de 8 ans de votre famille…

Et hop, vous voilà avec une liste de course (en anglais) longue comme un bras. Ceci dit, pour stocker, -entre autres!- 24 kilos de sucre, 800 sachets de thé, 60 boîtes de raviolis, il vous faudra de l’espace, beaucoup d’espace…

Pour certains, la fin du monde pourrait être un prétexte pour manger absolument égoïstement. Le critique gastronomique du Times Giles Coren pense qu’il vaudrait mieux se régaler de choses en voie de disparition: «caviar, thon rouge, ortolans, morue, ailerons de requins… Tous les trucs que je ne mange pas habituellement parce que ce n’est pas très développement durable…».

Son raisonnement? «Ce n’est pas très politiquement correct, mais si je survis à l’apocalypse, je pourrai manger tout ça. Car si ces espèces sont éteintes ou en voie de disparition, c’est parce qu’il y a trop de gens sur la terre… » Or, s’il est le survivant humain, il n’y aura pas de problème! Reste à savoir si les thons rouges auront survécu…

Et Dave Drummond de conclure: “peut-être que la meilleure façon de se préparer à l’apocalypse est de manger ce que nous voulons, quand nous voulons, plutôt que d’avoir peur de ce qui se passera ensuite. Si la fin du monde arrive, alors je préférerais sans doute me gaver d’excellente nourriture pendant un ou deux jours plutôt que de manger des conserves au petit déjeuner pendant 3 mois”.

Ce raisonnement de bon vivant sert d’ailleurs le “marleting de l’apocalypse”, largement utilisé dans la restauration. De nombreux restos, en France et dans le monde, proposent des menus ou plats spécialement conçus pour se régaler, voire se goinfrer, avant la fin du monde…

Photo: emergency food & drink/ mbtrama via FlickrCC License by

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Le «bio» est-il meilleur pour la santé?

Le «bio» envahit les supermarchés, les étales et les cantines. Plus cher que les produits traditionnels, les aliments bios ont-ils des vertus spécifiques? Une étude publiée le 4 septembre dans les Annals of Internal Medecine et relayée par le Los Angeles Times et le New York Times, montre que les produits «bio» sont plus sûrs, mais qu’ils ne contiennent pas plus de nutriments que les aliments «non-bios».

Conduite par Crystal Smith-Spangler, cette méta-analyse de l’université de Stanford aux Etats-Unis a utilisé les résultats de 17 études sur des humains et de 223 études sur les composants nutritifs et contaminants présents dans les aliments. Les chercheurs américains concluent que:

  • les aliments bios ne sont pas plus nutritifs. Ils contiennent cependant plus de phosphore, et de polyphénols (un antioxydant, qui protégerait contre le cancer)
  • ils contiennent moins de résidus de pesticides. L’étude note une différence de 30% entre les aliments bios et conventionnels. Néanmoins, les aliments conventionnels restent tous en dessous des limites fixées par les autorités sanitaires.
  • les aliments «bios» sont moins contaminés par des bactéries résistantes (une différence de 33% avec les aliments de l’agriculture conventionnelle).

L’enjeu est de taille: l’économie du bio prend chaque année plus d’ampleur. Fin 2011, en France, les surfaces bios représentaient 3,5% de la surface agricole utile (SAU), soit plus d’un million d’hectares, et 24.000 exploitations biologiques, selon le ministère de l’Agriculture.

Une autre enquête avait conduit à la même conclusion en 2009. «Il n’y a pas de preuve de différence en matière de qualité nutritive entre les aliments issus de l’agriculture biologique et ceux provenant de l’agriculture conventionnelle», concluaient les chercheurs. Cette étude britannique avait créé la polémique. Sur Slate.fr, Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine, titrait «Le bio est-il un leurre?». «L’absence totale ou presque de pesticides justifie-t-elle de payer notablement plus cher les aliments du quotidien? Faut-il accepter la différence de prix en postulant que les végétaux bios recèlent plus de magnésium, de zinc ou de polyphénols que ceux issus des cultures intensives et grassement azotées?», s’interrogeait Jean-Yves Nau. Trois ans plus tard, la question se pose toujours.

Photo: Small deluxe organic box/ WordRidden via FlickCC License by

Mise à jour le 04/09/2012 à 15h47 : les aliments «bios» ne sont pas plus «nourrissants» mais plus «nutritifs»

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Les Américains gâchent 40% de leur nourriture

Aux États-Unis, près de 40% de la nourriture part à la poubelle sans avoir été consommée.

Selon Reuters, qui relaie une étude du Natural Resources Defense Council (NRDC, une organisation de protection de l’environnement) publiée mardi 21 août, ce gâchis représenterait 165 milliards de dollars par an. Une famille américaine de quatre personnes jette environ 2.275$ de nourriture tous les ans. Le gaspillage a augmenté de 50% depuis les années 70.

Le Washington Post décrypte comment le gaspillage s’étale entre le moment de la production et celui où la nourriture arrive dans nos assiettes.

Non seulement, environ 7% des denrées produites pourrissent sur pied dans les exploitations agricoles mais une fois les légumes récoltés et prêts à être emballés, tous ceux qui ne correspondent pas parfaitement aux standards esthétiques sont jetés. Selon l’étude de la NRDC, «un producteur important de concombres a estimé que moins de la moitié des légumes qu’il fait pousser quitte son exploitation et que 75% des concombres envoyés au rebut avant la vente sont comestibles»

De nombreux gâchis ont aussi lieu au moment de la distribution. «La nourriture peut parfois attendre trop longtemps à des températures inadaptées et devenir invendable. Un autre problème est que parfois les supermarchés refusent des livraisons et il est alors difficile de trouver un autre preneur», rapporte le Washington Post.

Les supermarchés jettent pour environ 15 milliards de dollars de nourriture, soit  2.300$ par supermarché, essentiellement des produits dont la date de péremption est proche. Selon la NRDC, «la plupart des magasins retirent leurs produits des rayons deux ou trois jours avant la date limite de vente». Ils préfèrent surcharger leurs rayons et jeter les invendus plutôt que de présenter des allées à moitié vide.

Au restaurant, des portions trop importantes font que les clients terminent rarement leurs assiettes. Sans compter que les restaurateurs commandent en quantités importantes pour ne pas manquer. De plus dans les chaines de restauration rapide, 10% d’aliments encore consommables sont jetés à cause de règles comme celle de McDonald qui exige que des frites invendues au bout de sept minutes partent directement à la poubelle.

Enfin, les familles américaines jettent entre 14 et 25% de la nourriture et des boissons qu’elles achètent.

Selon le Los Angeles Times, le rapport préconise plusieurs solutions comme retailler les carottes trop tordues pour être vendues. Les Américains devraient aussi manger leurs restes et apprendre quand un produit devient vraiment non comestible et être prêts à acheter des produits moins parfaits.

Les Français ne sont pas en reste concernant le gâchis de nourriture. Sur le blog «Bien Manger», Slate rapportait en mai 2012 que les Français jetaient environ 20 kilos de nourriture par an et que 75% des aliments jetés étaient encore consommables. Ce qui représente un coût de 200 à 1.500€ par foyer.

Photo: Wasted Days/Tauben Via FlickrCC Licence By

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Les ventes de bières et fromages locaux en hausse aux Etats-Unis, grâce à la crise

Alors que la crise s’est officiellement terminée en 2009, le Wall Street Journal rapporte que les américains continuent de dépenser moins et d’épargner plus. Et pourtant un rapide coup d’œil dans les rayons des supermarchés aux Etats-Unis révèle que les ventes de yaourts grecs et de bières et fromages artisanaux grimpent. Pourquoi l’appétit des américains augmente pour ces mets luxueux quand leur budget diminue?
Parce qu’ils se privent de luxes encore plus chers. Comme les Américains vont moins au restaurant, ils sont plus enclins à dépenser davantage pour la variété, le côté pratique, et peut-être même pour leur santé. La multitude apparente des différents goûts, textures et formes des yaourts grecs, du fromage artisanal et de la bière locale leur donne l’impression de choisir dans un nouveau menu à chaque fois qu’ils vont au supermarché, alors qu’ils passent moins de temps à choisir un véritable menu.

«Il n’y aura jamais de crise pour la nourriture. Juste des gagnants et des perdants», affirme Harry Balzer, vice-président du groupe NPD, une entreprise de recherche en marketing pour consommateurs. Sans surprise, le plus gros perdant a été le restaurant. Les restaurants sont plutôt chers: les Américains mangent au restaurant un quart de leurs repas, pour à peu près la moitié de leur budget nourriture selon NDP.

Les gagnants ne sont pas seulement les produits les moins chers, mais ceux qui procurent de nouvelles expériences –et prennent moins de temps. «Les Américains sont toujours en quête de nouvelles versions de plats qu’ils aiment déjà», explique Balzer. «Mais ce n’est pas assez en période de crise, donc on voit des gens demander ‘Est-ce que ça va rendre ma vie plus facile?’»

Ceux qui travaillent dans ce secteur sont d’accords pour dire que les consommateurs trouvent que ces produits gourmets ont quelque chose de plus. «Le succès des fromages artisanaux ne vient pas simplement des gens riches qui ne savent pas quoi faire de leur argent», affirme Paul Kindstedt, auteur du livre American Farmstead Cheese. «Les gens recherchent de la meilleur nourriture, et un lien plus sain et naturel avec la production locale».

Les yaourts grecs satisfont cette envie de produits meilleurs pour la santé et plus pratiques à manger. «Les yaourts peuvent remplacer tout ce que vous prenez au petit-déjeuner- et même au déjeuner», remarque Harry Balzer. Les multiples variétés permettent aussi d’avoir une nouvelle expérience bien ciblée: telle marque pour les enfants, telle autre pour ceux qui sont au régime, les yaourts buvables pour ceux qui mangent en conduisant. Le fromage et la bière artisanaux sont tout aussi flexibles. On peut déboucher une bouteille avec un sandwich au fromage fondu – ou bien se servir une bière d’une édition limitée vieillie en barrique avec un plateau de gruyère affiné en cave.

La bière et le fromage artisanal et les yaourts grecs se mangent aussi bien en version sophistiquée que pour un repas simple. On peut les voir un peu comme la version culinaire d’un autre produit qui survit à la crise: la petite robe noire.

Cindy Y. Hong, traduit par Alexis Boisseau

Photo: Rayon de bières artisanales, le 6 octobre 2010. Beaufort’s TheDigitel  via Flickr CC Licence By

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Quand le cannabis envahit la gastronomie

Plantation de marijuana au Swaziland, en 2005. REUTERS/Mike Hutchings

Cuisiner avec de la marijuana ne se limite pas au célèbre space cake qu’on mange souvent moins pour le goût que pour ses vertus planantes. Il existe en effet des plats raffinés proposés par certains restaurants, et même des alcools comme la bière ou le vin, qui sont préparés avec les arômes des feuilles de cannabis selon le site Gourmet.com.

Aux Etats Unis, la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques est autorisée dans 16 Etats. Aujourd’hui le développement de ce secteur est tel qu’à Denver, par exemple, «il y a désormais plus de dispensaires à marijuana que de starbucks», comme nous l’écrivions en juillet dernier. Le succès de cette tendance pousse même certains journaux, comme le Denver Westword, l’hebdo local, à embaucher des journalistes «pour critiquer les diverses variétés de bongs, de pipes, et d’inhalateurs».

Or ces dispensaires ne vendent pas que de l’herbe à fumer, puisqu’on peut aussi y découvrir des plats aux noms évocateurs, «LaGanga» (des lasagnes), ou la «Tarte à l’œil rouge», tous conçus pour que la dose de THC prise n’ait pas ce goût fort et amer traditionnellement associé à l’herbe.

Le Gourmet.com affirme même que l’utilisation du cannabis en gastronomie est de plus en plus la règle que l’exception, même si pour l’instant les critiques culinaires de nourriture à base de cannabis ne sont pas légion. Venant à l’origine d’Asie du sud-est, la pratique qui consiste à parfumer certains plats à l’aide des puissants arômes de la plante de cannabis, s’est aussi répandue aux Etats-Unis.

Jeremiah Tower, l’un des pionniers de la nouvelle cuisine américaine, et chef Chez Panisse puis chez Stars, des restaurants renommés de la côte est, a été l’un des premiers à utiliser les parfums de la plante de cannabis. Il avait même conçu en 1969 un plat, baptisé le «Consommé d’herbe», ou le Plat Californien, qui faisait partie d’un menu «volontairement décadent» selon ses mots, qui proposait pas moins de 11 plats à la suite. Jeremiah se souvient que le Plat Californien «provoquait une autre sorte de stimulation. Pas de la défonce. La mixture mettait 45 minutes à atteindre le cerveau, et à ce moment, comme c’était prévu dans le menu, le dessert arrivait, des framboises à la crème comme vous n’en aviez jamais goûté avant».

Selon le site Gourmet.com c’est pourtant la bière qui a le plus d’affinités avec le cannabis, puisque d’un point de vue botanique ils sont cousins. Dans des boutiques en Europe, ainsi que dans certains bars, notamment en Californie, on vend de la bière au chanvre ou on infuse des feuilles de cannabis, ce qui donne à la bière un léger goût de noisette.

En Californie, la vinification, étape essentielle pour transformer le raisin en vin, se fait aussi parfois à base de feuilles de cannabis. Un chef cuisinier qui a voulu rester anonyme d’après Gourmet.com explique que certains viticulteurs s’en servent pour rendre les vins plus forts:

«Je connais un viticulteur qui choisit deux tonneaux de vin par an, met dedans une grande quantité d’herbe et laisse le mélange tremper, le vin est alors ultra-puissant.»

Mais la plupart des viticulteurs qui utilisent de l’herbe pour la vinification le font surtout avec des petites quantités pour créer de nouvelles saveurs plus subtiles explique Gourmet.com. Le propriétaire d’un vignoble sur la côte californienne, qui considère les vins fait avec de la marijuana comme des apéritifs, «comme un fernet», une référence à l’alcool italien le Fernet-Branca, produit par exemple un Riesling qu’il mélange avec quelques grammes de marijuana très sèche.

A.B

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La moutarde de Dijon ne vient pas toujours de Dijon

N’importe qui peut faire de la «moutarde de Dijon» dans sa cuisine, en France ou ailleurs, et la mettre sur le marché, rapporte le quotidien britannique The Telegraph, dimanche 7 août. La moutarde de Dijon est selon lui l’exemple même de ce qui arrive à un produit régional traditionnel s’il n’est pas protégé par un statut juridique.

La «moutarde de Dijon» vendue aux Etats-Unis, que les Américains commandent en supplément dans leurs burgers pour ajouter une «french touch» à leur repas à l’image du président Obama (qui, rappelle le Telegraph, s’était fait accuser il y a quelques années d’avoir renié sa nation en demandant de la moutarde de Dijon), est bien souvent fabriquée dans l’état de New York. De plus, en France, 80 à 90% des moutardes vendues seraient fabriquées à partir de graines canadiennes. L’appellation «moutarde de Dijon» «ne veut [donc] plus rien dire».

Le proverbe du XIVème siècle «Il n’y a de moutarde que celle de Dijon» perd donc tout son sens, tout comme le goût de ce condiment qui, dès lors qu’il n’est pas protégé juridiquement, peut être changé en fonction des différentes recettes. En effet, la recette originale se fait avec du vin blanc, raconte The Telegraph; mais aujourd’hui, de plus en plus de moutardes «bas de gamme» utilisent du vinaigre et de l’acide citrique à la place.

D’autres produits européens sont protégés par des normes tels que les statuts AOP (appellation d’origine protégée) ou IGP (indication géographique protégée) s’il existe un lien entre les caractéristiques de ces produits et leur origine géographique. Le site europa.eu, qui fait la synthèse des législations européennes, l’explique:

«L’AOP est valable pour un produit dont la production, la transformation et l’élaboration doivent avoir lieu dans une aire géographique déterminée avec un savoir-faire reconnu (Mozzarella di Bufala Campana). L’IGP indique le lien avec le territoire dans au moins un des stades de la production, de la transformation ou de l’élaboration (Turrón de Alicante). Dans le premier cas donc, le lien avec le territoire est plus fort.»

Photo: moutarde de Dijon sur une cuillère/Reiner Zenz via Wikimedia Commons

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Comment gâcher moins de nourriture

En moyenne, chaque Français jette 20kg de nourriture par an dont 7kg de produits encore emballés, rapportait l’agence de l’environnement et de l’énergie en avril 2011. Ce n’est bon ni pour l’environnement, ni pour nos finances!

Sur Good, Siobhan O’Connor offre une liste d’astuces pour moins gaspiller, dont voici les plus faciles à adapter en France:

1. Adhérer à une Amap, (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), qui vous fournit un panier de produits frais –fruits, légumes, mais aussi œufs, viande, fromage… Il n’y a évidemment pas de lien immédiat entre ce panier et le fait de gaspiller moins de nourriture (surtout quand les légumes sont inhabituels…). Mais la blogueuse souligne: «Quand je suis obligée de penser aux vraies fermes avec des vrais agriculteurs qui récoltent ma nourriture, j’ai beaucoup moins tendance à la laisser se gâcher.»

2. Partager. C’est tout simple et ça vous fera des amis. Sachant qu’on ne peut tout de même pas tout apporter à ses collègues ou à ses voisins, vu que des fraises seront toujours mieux reçues que des choux de Bruxelles.

3. Jouer à Top Chef.

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