Le webdocu qui met nos frigos à nu

Nos façons de faire les courses, gérer nos frigos ou cuisiner nous disent beaucoup sur nos rapports avec l’alimentation et plus largement avec la société de consommation. Le frigo est même «un objet intime ». Voilà la grande idée de Frigos à nu, beau webdocu réalisé par Gaël David, photographe, et Antoine Veteau, journaliste et réalisateur.

Au cœur de ce projet multimédia financé par KissKissBankBank, une série de portraits, montrant l’intérieur de 7 frigos (pour le moment!) et suivant leurs propriétaires, des personnes bien différentes, pendant leurs courses et dans leurs cuisines… On saisit des personnalités touchantes, chacune avec une vision bien particulière de l’alimentation, des moyens différents, des façons de cuisiner distinctes.

Par exemple, Nadège et Bryan, artistes de spectacle vivant, gèrent leur alimentation dans l’espace d’une caravane. Christine et Patrick font leurs courses tous les week-ends au marché et dans des petits commerces de bouche. Adama met beaucoup de son pays d’origine dans sa façon de cuisiner. Papyves adore éplucher les légumes en écoutant la radio et recherche toujours le goût des tomates de son grand-père…

Quand l’idée a germé, en 2010, il s’agissait surtout de parler de pouvoir d’achat, ébranlé en période de crise. Il s’est vite avéré qu’ouvrir un frigo, c’était raconter beaucoup plus de choses: le rapport avec la société de consommation, les habitudes, la gourmandise, les manières d’accueillir, les rôles familiaux… Comme le précise Antoine Veteau, ouvrir un frigo c’est aussi deviner des choses sur «la personnalité, l’éducation, la profession, la manière de gérer son argent, l’hygiène de vie…».

L’exercice n’est pas aisé. Le journaliste-réalisateur explique qu’il y a «une certaine pudeur à ouvrir son frigo, cela dévoile énormément les personnalités. Alors on rassure les gens, on prend le temps. Nous ne voulons pas de voyeurisme ni de mise en scène. Nous voulons décomplexer les gens, casser ces barrières, se retrouver à travers l’alimentation, au-delà des clichés».

L’objectif à moyen terme c’est de «créer et concrétiser des rencontres, des échanges», précise Antoine, au-delà du virtuel, notamment à travers le site ami Beyond Croissant (autre initiative très intéressante dont on parlera ici prochainement!).

Frigos à nu est donc «une expérience frigorifique et participative». En plus des grands portraits multimédia, le site propose une carte des Frigos à nu. Chacun est donc invité à poster une photo de son frigo, depuis les 4 coins du monde. De quoi enrichir ce passionnant projet, qui montre encore que nos manières de manger et de cuisiner racontent beaucoup, beaucoup de choses sur nous et nos sociétés…

Lucie de la Héronnière

Photos: Gaël David pour Frigos à nu
Vous pouvez aussi les suivre sur Twitter et Facebook.

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Que mangeaient les hippies?

En Californie, dans les années 1960-1970, les jeunes hippies ne font pas que l’amour, de la musique et du militantisme. Ils cuisinent et mangent aussi, souvent bio, souvent végétarien.

Dans son dernier ouvrage, Peace’n’food, la cuisine des hippies en 40 recettes, la journaliste Elsa Launay nous embarque dans l’histoire de la culture hippie, côté cuisine.

Quand les jeunes américains commencent à imposer leur contre-culture et leurs idées révolutionnaires, «tout acte quotidien devient politique: on ne peut décemment pas lutter contre la guerre et donner de l’argent aux industries qui la soutiennent, en s’alimentant de sodas et de plats préparés!».

Bio et végétarisme vont avec les idées de respect de la nature. Fermes, jardins communautaires, vente directe et recherche de l’autosuffisance commencent à s’implanter quand débarque Alice Waters, «pionnière du bio» et «mère nourricière de toute une révolution».

Chez Panisse

La jeune étudiante cherche un moyen d’appliquer les idées hippies à la réalité. Fascinée par le discours du leader Mario Savio, elle s’imprègne de sa pensée:

«Dans un de ses discours mémorables, il a dit: “l’Amérique est plus que jamais l’utopie de la stérilisation, de la satisfaction automatisée” et entendre cela m’aiderait plus tard à trouver le courage de chercher une satisfaction qui ne serait pas stérile, mais fertile et faite maison, une satisfaction que je trouverais quelques années plus tard dans la cuisine, une satisfaction qui durerait toute ma vie». (extrait de 40 years of Chez Panisse, the power of gathering, Alice Waters, Clarkson Potter, 2011, cité par Elsa Launey)

Peu après un échange universitaire en France où elle découvre de nouveaux goûts et aliments, Alice Waters, de retour en Californie, commence à écrire des recettes pour le San Francisco Express Times. Et ouvre le restaurant Chez Panisse en 1971 (en hommage aux films de Pagnol!). L’endroit devient vite un lieu de rassemblement et de réflexion, entre autres sur l’alimentation et le bio.

A la maison

En même temps, dans les foyers hippies, on mange végétarien, bio, des soupes, des ragouts, de la raw food (nourriture crue). «Le blé et le riz complets, le soja (et surtout le tofu), la luzerne et le granola jouaient un rôle important dans cette cuisine». Et le partage des tâches reste très traditionnel, note l’auteur. Les femmes font la cueillette dans le jardin et cuisinent…

On lit même quelques anecdotes culinaires sur Woodstock, en août 1969… Car 400 000 bouches à nourrir, ce n’est pas rien, et le cours du hot-dog montera très vite pendant le festival. Après quelques péripéties et problèmes d’organisation, Lisa Law, la “Queen of granola”, prendra les choses en main et servira des milliers de bols de granola et de boulgour aux courgettes.

Elsa Launay nous livre aussi quelques petites citations bien trouvées sur l’alimentation hippie, issues de ses recherches. Par exemple, un extrait de Hippie of the Haight de Sherri Cavan nous apprend qu’ “une journée hippie inclut généralement ce qu’on appelle parfois le scarffing ou le eating head food ; le scarffing est connu des membres pour avoir lieu quand quelqu’un mange une certaine nourriture, considérée par la communauté hippie comme étant particulièrement délicieuse lorsqu’on est défoncé aux drogues”.

Parmi ces aliments, sachez que l’on trouve “la glace et le beurre de cacahouètes, mais la liste peut s’étendre au gré des découvertes”.

“Hippy Hours” et “Peace of Cake”

Le livre nous propose donc aussi plein de recettes des plats communautaires, tous végétariens: granola, salade de quinoa aux airelles et amandes, corn on the cob, pois chiches à la mode cajun, chili végétarien, veggie pot pie, cookies au beurre de cacahouètes, banana bread…

Mais aussi des inventions rigolotes et référencées, comme la Tarte Peace aux framboises, le Flower Power cake ou les cocktails «Imagine» ou «Purple Haze». Des recettes accompagnées d’une playlist bien choisie, à écouter en cuisinant ou en mangeant. Il est ainsi conseillé d’écouter So long Marianne avec une salade de tomates et pastèque ou Strawberry Fields avec les quesadillas aux poivrons…

De jolies recettes pour s’imaginer en Californie. Et pour appliquer chez vous le slogan du livre: “Make food, not war”. En attendant, 40 ans plus tard, le restaurant d’Alice Waters, aux plats bio er locaux, marche toujours aussi bien.

Lucie de la Héronnière

Elsa Launey, Peace’n’Food, la cuisine des hippies, Editions Alternatives, mars 2013
Photo : Elsa Launay, image issue du livre.

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The Gaza Kitchen: des recettes, malgré les roquettes

Quand on pense à la bande de Gaza, on ne pense pas forcément directement de bons petits plats mitonnés. Npr nous parle d’un récent ouvrage, The Gaza Kitchen (La cuisine de Gaza), pas (encore?) traduit en français, qui raconte beaucoup de choses sur Gaza, à travers la cuisine et l’agriculture, bien particulières à ce territoire.

Maggie Smith a visité Gaza en 2009 et a écrit une série d’articles, dont un papier intitulé “In Gaza, Eating under siege”, publié dans The Atlantic. A l’époque, elle avait déjà constaté que, malgré les sévères restrictions en ravitaillement, les gens cuisinaient, se débrouillaient:

“Autrefois, Gaza était connue pour ses citronniers, ses extraordinaires fruits de mer, la senteur de son jasmin le matin. Cela n’a pas duré, aujourd’hui l’image de Gaza est associée à la mort et la destruction. Mais malgré le siège, malgré les bombes, malgré la tourmente politique, les habitants de Gaza continuent à créer des petits coins de beauté, où ils peuvent. Un de ces lieux est la cuisine”.

Elle expliquait alors que Gaza est riche de nombreux champs et vergers, mais que les “zones de sécurité” laissent de moins en moins de place aux terres arables. Que la viande est très chère. Et que les problématiques du gaz et de l’électricité entrent en considération aussi. Mais que malgré cela, “des plats magnifiques sont sur les tables des maisons”.

A ce moment là, explique Npr, en faisant des recherches sur le web, elle a trouvé peu de choses sur la cuisine à Gaza. Mais elle est tombée sur le blog de Laila El-Haddad, Gaza Mom, contenant (entres autres) pas mal de recettes.

Les deux femmes ont discuté, échangé des mails, et se sont rencontrées en 2010, pour faire le constat que de nombreuses personnes déplacées depuis des décennies ont gardé un sens très précis de leur identité… à travers la nourriture, les traditions très spécifiques de leurs villages. Le projet du livre est né.

“Le cumin, l’ail et les piments, voilà le trio incontournable de cette cuisine”, explique Laila El-Haddad, co-auteur. Autres ingrédients fréquents, “des herbes, du poivre, du citron, du piquant. Beaucoup d’aneth, des graines d’aneth, des saveurs aigres sous toutes les formes. Des citrons, des grenades, et beaucoup de poivrons aussi”.

Alors l’ouvrage distille des recettes de salades, des ragoûts, des pains, des desserts, des boissons: le Kishkik est ainsi une galette de blé fermenté, stockée pendant des mois. La version de Gaza est au lait de brebis et aux flocons de piments rouge. La Fattit Ajir est une jolie salade de pastèque épicée et rôtie.

Les auteurs expliquent leurs motivations à Npr: «Pour nous,  décrire la vie dans les foyers, l’économie familiale, était vraiment important», «parce que ce côté de l’histoire de la bande de Gaza est presque totalement inconnu”.

Et comme souvent, l’histoire des façons de cuisiner et de manger est fortement liée à l’histoire politique, en l’occurrence ici la répartition des rations alimentaires des Nations Unies, les pénuries d’électricité et d’eau, ou encore les restrictions sur la pêche, alors que Gaza était autrefois connue pour ses fameux poissons.

Pour lire plus de rencontres, reportages et recettes (en anglais), le blog The Gaza Kitchen retrace les avancées du projet depuis 2010.

Photo: Lemon tree/ andrewmalone via FlickCC License by

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De l’importance des couleurs dans nos assiettes

Le lien entre la couleur d’un plat ou d’un aliment et les saveurs perçues pourrait être bien plus fort que l’on ne le croit, explique Amy Fleming dans un intéressant article du Guardian.

La perception des saveurs est clairement associée aux papilles et à l’odorat. La texture, la température, le toucher ont aussi un rôle. Mais on mange aussi clairement avec les yeux.

Pour Charles Spence, psychologue expérimental à Oxford, la vision est même plus importante que le goût et l’odeur dans la perception d’un plat. Donc, «la couleur d’un plat ou d’une boisson peut non seulement déterminer si ce plat est appétissant, mais aussi influencer sur la saveur ressentie».

Des couleurs préférées ?

On dit souvent que les humains ont une aversion intrinsèque à la nourriture bleue car elle est très rare dans la nature. Mais alors pourquoi les M&M’s bleus ont tant de succès? Autre théorie souvent entendue, nous serions attirés par la nourriture rouge, signe de maturité, de douceur, de calories…

Mais pour Chris Lukehurst, directeur de recherche à la «Marketing Clinic», pas d’aversion ou d’attirance innée: le lien entre couleur et appétit est «directement lié à l’expérience, aux attentes, aux associations, aux normes culturelles et aux modes».

Par exemple, pensez à de la nourriture verte. Il vous vient à l’esprit des images fraîches, de la roquette, du cresson, du concombre ou des fruits acides… «Mais si je vous parle de viande verte, votre estomac se retourne probablement» explique-t-il au Guardian.

Un steak coloré en bleu aura le même effet, même si vous savez qu’il est parfaitement sûr. Si vous faites manger de la viande artificiellement bleue à des gens dans l’obscurité, puis que vous allumez les lumières, beaucoup vont se sentir mal: «Tel est l’effet repoussant d’une couleur alimentaire complètement hors-contexte ».

Un bonbon bleu nous repoussera moins, parce qu’on a l’habitude, on sait que de toutes façons, sa couleur est artificielle, pourquoi pas du bleu, ma foi…

Les emballages aussi

Les packagings ont aussi des saveurs. «Nos cerveaux excellent pour amasser des associations et utiliser ensuite des raccourcis. Quand une couleur nous fait attendre quelque chose avec un certain goût, nous allons sentir ce que nous attendons sauf si c’est scandaleusement différent» dit Spence. Il a ainsi trompé des gens en permutant le contenu et l’emballage de chips au vinaigre et de chips aux fromage et à l’oignon.

Autre preuve de l’importance de la couleur, la multiplication des teintes différentes de Smarties et de M&M’s serait une stratégie pour nous en faire manger plus… On se ressert plus volontiers d’un bol contenant plusieurs «espèces» de ces bonbons, que d’un bol contenant uniquement des bonbons de notre couleur préférée.

Rouge ou blanc?

Dans le cas du vin, la couleur est essentielle pour évaluer un vin, son âge, sa fraîcheur. Mais elle affecte aussi la manière dont les buveurs perçoivent le bouquet d’un vin.

The Guardian parle d’une étude étonnante : des étudiants en œnologie à Bordeaux ont utilisé des termes comme chicorée, charbon, prune, chocolat, tabac pour définir un vin blanc coloré en rouge (sans qu’ils ne le sachent bien sûr). Vin blanc qu’ils avaient goûté auparavant dans sa vraie couleur, et son arôme avait évoqué le miel, le citron, le litchi, la paille…

L’INRA concluait alors: “les résultats montrent que les descripteurs olfactifs choisis par les dégustateurs pour un vin ont effectivement la couleur de ce vin. Il suffit donc de modifier la couleur d’un vin pour en modifier la perception des arômes”.

Le goût des aliments que nous percevons est donc largement lié à nos autres récepteurs sensoriels, comme la vue et plus précisément la perception de la couleur. Ainsi, on peut “préférer” les M&M’s verts, même s’ils ont le même goût que les autres…

Photo: m&m’s !/ :: Suwaif :: via FlickCC License by

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Elvis Presley, rock’n’roll et beurre de cacahouètes

Elvis Presley était plus célèbre pour sa musique que pour ses goûts gastronomiques. Mais son affinité particulière pour la bonne bouffe bien frite du Sud des Etats-Unis était tout de même bien connue… En l’honneur de ce qui aurait été le 78ème anniversaire du King, début janvier, Npr s’est penché sur ses habitudes alimentaires légendaires et excessives.

Selon Are You Hungry Tonight, un livre des recettes favorites du King, son plat chéri était un mythique sandwich très consistant: du beurre de cacahouètes et des rondelles de bananes entre deux tranches de pain blanc, le tout frit au beurre.

Le beurre semble avoir été un ingrédient important du régime de Presley, contribuant à son impressionnante prise de poids et à sa mort prématurée en 1977, à 42 ans. Elvis a longtemps mélangé drogues et aliments gras… Un mélange explosif.

Cette tendance au gras saturé aurait atteint un point de non-retour 18 mois avant sa mort, pendant une étrange nuit d’excès. Graeme Wood a raconté l’histoire dans The Daily: Elvis était à Graceland, et s’est souvenu d’un sandwich exceptionnel mangé un jour à Denver, “the Fool’s Gold Loaf”.

Son envie d’en avaler un se fit si intense que lui et son entourage sautèrent dans un avion pour une petite balade de deux heures, suivie de la dégustation du fameux sandwich, composé d’une miche de pain entière, de margarine, d’un pot de confiture, d’un pot de beurre de cacahouètes, de bacon frit. Une course de nuit à environ 16 000  dollars…  Et 8000 calories, voire plus selon les estimations.

Selon The Daily, cette nuit de junk food, cette quête extrême fut «une des plus pures expressions du total manque de sens et d’inhibition d’Elvis, et du rock’n’roll en général».

Npr ne souhaite pas nous encourager à avaler ce genre de sandwich rock’n’roll, mais nous propose quand même une interprétation moderne du Milkshake Elvis Presley, du chef Sean Brock, qui travaille le beurre de cacahuètes et la banane dans ses menus chaque 8 janvier, anniversaire de la naissance du King. Il y a quelques années, il a eu l’idée de créer une boisson au bacon…

Jetez un œil à la recette (en anglais), la boisson contient du lard fumé, des bananes, du beurre de cacahuètes crémeux, du bourbon, de la crème glacée à la vanille, et de la graisse de bacon refroidie. N’en abusez pas…

En fait, la façon de manger complètement excessive d’Elvis Presly est même devenue une source d’inspiration de recettes, voire une catégorie de comfort food (nourriture réconfortante…), souvent à base de beurre de cacahouètes, de bananes et de bacon.

Comme  ici (pancakes aux bananes, beurre de cacahouète maison…), ici (le fameux sandwich, mais aussi le pain de petit déj’ bacon-mozza, la courge cuisinée au bacon) ou encore dans la multitude de recettes d'”Elvis Cake” que l’on peut trouver sur le web…  Souvent au beurre de cacahouètes bien sûr.

Photo: Elvis/ foilman via FlickrCC License by

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Notre assiette en 2035: un scénario (légèrement) catastrophe

Pour le Guardian, Alex Renton a imaginé ce que mangeront deux familles anglaises en 2035, l’une aisée, l’autre fauchée. Tenter de prédire de quoi sera faite notre alimentation dans plus de 20 ans revient à donner sa vision de l’avenir, souligne-t-il. La sienne n’est pas optimiste! Est-ce que l’on pourra toujours importer des aliments? Est-ce que le changement climatique va nous pousser à laisser tomber la viande? Est-ce qu’on préparera nos burgers via des imprimantes 3D? Voilà le scénario, pas forcément réjouissant…

La famille fauchée

Il y a un potager derrière la maison. Le coût des aliments revient à presque la moitié du revenu familial (pour comparer, en France en 2007, c’est en moyenne 25% du revenu d’un ménage), alors la famille jette très peu de choses… Et voilà le menu:

– du pain complet

Le gouvernement a décrété que la farine blanche, donc raffinée, gaspillait trop de vitamines et de minéraux. Et a donc interdit le pain blanc. En plus, le prix de la farine a explosé avec la disparition des terres arables en Inde, au sud de la Russie et aux Etats-Unis… Alors plus question d’importer.

– de la viande fabriquée en laboratoire

Petit nom: Frankensteak. Née artificiellement dans des labos. Une façon de limiter les conséquences de l’élevage sur la planète? Ou une utopie alimentaire? En tous cas, le père préfère les criquets d’élevage frits.

– des patates

C’est patates à tous les repas. Même les pâtes sont à base de farine de patates. Alors les experts s’inquiètent de la dépendance à cette unique culture. En plus, de nouvelles maladies apparaissent sans cesse et aucune des variétés anciennes n’a survécu.

– du riz

La partie la plus riche du monde, l’Asie du sud-est, mange tout le riz qu’elle produit. Alors l’importation est très coûteuse. Les tentatives de cultiver du riz en Europe sont des échecs… Le riz que la famille mange est donc fabriqué à partir de pommes de terres reconstituées ou d’orge. Comme le veut la loi, toutes les marques contiennent des nano-gélules de vitamines et de nutriments.

– du fromage et du beurre

Grâce à des troupeaux de vaches génétiquement modifiées, la famille tire la majeure partie des protéines et des graisses du lait, du fromage et du beurre.

– du poisson

Le saumon est devenu un luxe rare. On mange des poissons végétariens qui ont grandi bien au chaud dans des fermes aquacoles, développés à partir de variétés tropicales (tilapia, poisson-chat…) génétiquement modifiées avec du citron, de la tomate ou des herbes pour couvrir leur goût boueux. Et selon la loi encore, ces poissons suivent un régime enrichi en Oméga-3.

– des nano-fruits

La nourriture sous forme de nano-gélules est surtout pour les riches, mais le gouvernement subventionne quand même des pilules de fruits pour les enfants. Ouf, on peut choisir la saveur!

– du thé et du café

Le vrai thé et le vrai café sont des plaisirs réservés au jour de Noël. Mais les produits aux arômes de synthèse sont très convaincants! Les pubs disent utiliser les vrais substances chimiques qui étaient dans les grains de café et les feuilles de thé.

La famille aisée

L’art de manger est devenu une haute technologie. Cette famille autorise son ordinateur à établir un programme nutritionnel, à partir des analyses biologiques de chaque individu.  Les liquides et solides à ingérer sont automatiquement fabriqués grâce à une imprimante 3D, dans ce qui était autrefois la pièce appelée “cuisine”. Mais la vraie nourriture importée (pâte au blé authentique, chocolat, fruits ou légumes plein de soleil) est très appréciée…

– le frigo intelligent

Il dit au supermarché ce qu’on doit vous livrer, il surveille sans cesse l’état de la nourriture, il veille aux bactéries et aux virus qui traînent… Il peut alerter l’ordinateur de la cuisine quand quelque chose doit être mangé rapidement et aussi neutraliser des particules néfastes.

– les aliments frais

Les aliments “frais” durent beaucoup plus longtemps que ceux de nos ancêtres, grâce à des nano-films qui empêchent l’oxygène d’atteindre les aliments.

– la vraie viande

Pour la famille aisée, pas question de toucher à la viande artificielle. Mais les habitudes carnivores sont très chères et horrifient certains…  Alors, quand les parents veulent profiter d’une pièce de bœuf Angus à 300 livres (365 euros) le kilo, ils le font avec des gens qui les comprennent.

– de la nourriture qui rassasie bien!

Beaucoup de produits sont conçus pour nous donner l’llusion d’avoir mangé plus que nous avons mangé en réalité. Certains aliments peuvent envoyer au cerveau des hormones qui signalent le plaisir et la satiété. On peut même programmer notre fraisier pour se sentir vraiment rassasié après une seule part et ainsi éviter la tentation de la deuxième part.

– de l’alcool

On peut programmer notre vin pour que des agents chimiques soient libérés à une certaine heure, pour neutraliser l’alcool dans notre sang à un moment précis. Donc un buveur ivre peut passer de l’ébriété à la sobriété en quelques minutes. Si on le souhaite, on peut programmer les boissons pour libérer  aussi des sucres et des analgésiques dans notre sang, pour traiter la gueule de bois avant même qu’elle fasse effet.

– du chocolat, du thé et du café

Les pays qui produisaient ces produits luxueux ont été frappés durement par les changements climatiques. Les guerres et les sécheresses en Inde et en Afrique de l’Ouest ont pratiquement détruit le commerce du thé et du cacao. Seulement les très riches peuvent encore se le permettre…

Alex Renton a donc une vision assez angoissante… Plus de café, plus de thé, plus de chocolat, plus de steaks, plus de légumes frais, plus de pâtes, plus de plaisir de cuisiner, plus de marchés. Et à la place des mini-gélules de vitamines, un frigo qui choisit à notre place, des OGM partout, des aliments fabriqués en labo, du riz à la patate… Un scénario catastrophe non? Espérons que tout cela n’arrivera pas dans nos cuisines en 2035!

Photo: capsules/ bongo vongo via FlickrCC License by

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Quelles tendances dans nos assiettes pour 2013?

Question primordiale en ce début janvier: que va-t-on manger en 2013? Comment allons-nous nous alimenter cette année? Petit tour du web de quelques prévisions et éventuelles tendances en terme d’alimentation, de cuisine et de bien manger.

1) La lutte contre le gaspillage alimentaire

On jette trop d’aliments (20 kg de déchets mangeables par an et par personne en France) et le gouvernement entend changer les choses, avec un plan national anti-gaspillage lancé en octobre. On observera donc les mesures effectives en 2013…

Cette problématique a été largement médiatisée par le «Banquet des 5000», entièrement réalisé à partir de produits destinés à être jetés. Mais le mouvement continue, avec par exemple l’organisation régulière de «Disco Soupes», des «happenings collectifs ouverts à tous d’épluchage de fruits et légumes rebuts ou invendus dans une ambiance musicale et festive».

Enfin, le site Influencia rapporte les prévisions générales pour 2013 de Marian Salzman, PDG de Havas PR en Amérique du Nord. Le paragraphe consacré à «l’austérité avec une double dose de frugalité» explique que “dorénavant, attendez-vous à voir un consommateur qui réduit d’abord sa consommation, réutilise et recycle avant de se lancer dans une nouvelle frénésie d’achats”. Voilà donc une démarche anti-gaspi!

2) Fraises blanches et donuts au foie gras

La Parisienne rapporte les mots-clés 2013 identifiés par le groupe de consulting culinaire new-yorkais Baum + Whiteman. Des tendances émergentes et pointues aux Etats-Unis, qui pourraient bien arriver chez nous. On trouve entre autres dans la liste les donuts hauts de gamme (à la gelée de foie gras ou au steak haché), le miel produit localement, les fraises blanches, les tomates vertes, l’hibiscus, les feuilles de géranium, le cidre brut, ou encore les tentacules de poulpes braisées…

3) Le fast-book

Avec 1835 nouveautés en 2012, l’édition gastronomique cartonne. JP Géné identifie dans M le magazine du monde une tendance qui marche encore plus, «la formule gagnante»: «le coffret cadeau pour une dizaine d’euros. Une jolie boîte en carton avec deux ou trois mini-instruments de cuisine censés permettre de réaliser les recettes qui les accompagnent. Coffrets raviolis maison, choco-biscuits, friands et feuilletés, sablés maison, pour ne citer que les dernières créations de Marabout». Ces «fast-books» semblent avoir de beaux jours devant eux en 2013!

4) Partager son dîner fait maison

En temps de crise, le couchsurfing de la cuisine marche bien! Livemyfood existait déjà depuis quelques temps, Beyond Croissant démarre. Le principe? «Touristes, locaux, nouveaux arrivants, étudiants en échange… Beyond Croissant propose de réinventer le repas chez l’habitant et de réunir tout ce petit monde autour d’un bon repas».

En gros, on peut s’inviter chez des inconnus ou inviter des inconnus à dîner. Pour justement découvrir ces inconnus, et leurs bonnes recettes d’ici ou d’ailleurs… Dans le genre consommation collaborative, Super Marmite permet de vendre une ou plusieurs part d’un repas à un mangeur du quartier. Une façon d’éviter le gaspillage, et de partager des bons petits plats…

5) L’acidité

Dans les 50 tendances pour 2013 du site canadien de La Presse, on trouve l’acidité… Après une surdose de desserts trop sucrés, nous allons peut-être nous tourner vers les sucres moins raffinés, comme le miel ou le sirop d’érable. Les petits fruits acides comme le sureau ou l’airelle ont ainsi des chances de plaire.

La firme américaine Sterling-Rice affirme que l’acidité est l’un des incontournables de 2013 dans les restaurants et les boutiques d’alimentation américains. Avec par exemple du jus de cerises fermenté ou une bière acide fermentée dans des barils de téquila…

6) Le retour de Burger King en France

Le géant américain du fast-food (et quand même symbole de la junk food) avait quitté la France il y a 15 ans, avec la «volonté de se concentrer sur les autres marchés à travers le monde». Un marché plus rentable aujourd’hui, face à la concurrence du gros réseau de McDo? Les Français vont-ils se jeter sur les whoppers?

José Cil, le président Europe-Moyen-Orient-Afrique de Burger King explique à 20 Minutes que «le timing est parfait», et que «le marché français est un des plus importants d’Europe, avec un marché de la restauration rapide bien établi et des acteurs stratégiques, mais notre positionnement est totalement en phase avec les attentes du consommateur français qui veut de la qualité, de la fraicheur et du goût.  Et veut avoir du choix». Pour l’instant, on peut trouver un whopper à l’aéroport Marseille-Provence, et bientôt sur une aire d’autoroute de Reims… Les autres éventuels futurs lieux restent secrets!

7) Bonnes sauces

L’édition canadienne du journal Métro nous explique que «la sauce coréenne fermentée appelée gochujang, qui agrémente le plat bibibamp» sera présente dans un grand nombre de plats. En outre, un «regain d’intérêt envers la cuisine sud-américaine a favorisé le retour de la sauce argentine chimichurri», condiment à base de piment rouge. D’autres «chasseurs de tendances» prévoient un grand succès pour l’escabèche, sauce espagnole traditionnelle à l’ail ou de l’agrodolce, cousine sicilienne.

8 ) Le Quinoa

La FAO a déclaré que 2013 était l’année internationale du quinoa. Il s’agit de reconnaître le travail des agriculteurs des Andes, qui ont «maintenu, contrôlé, protégé et préservé le quinoa, comme aliment pour les générations présentes et futures». Et d’attirer l’attention du monde sur le potentiel de la petite graine pour combattre la faim et la malnutrition. On risque donc d’en entendre parler.

9) La Kawaï food

Geek & Food nous met en garde sérieusement: «l’arrivée massive des cupcakes en France avait donné le la de la mode du  «beau mais pas forcément bon». Ces «pâtisseries» américaines ont vite été accompagnées par leurs copains les hidden cakes, les high cakes et autres crotte cakes. En 2013, on s’enfoncera un peu plus dans la tendance cucul la prale avec la dernière mode japoniaise, la kawaii food». Au programme, couleurs criardes, mini-pandas, Hello Kitty cakes… Pour mesurer le «danger imminent», Geek & food nous propose de faire simplement une recherche sur Google images

10) Du canasson dans l’assiette

Courrier International rapporte l’article de David Chazan du Times: pour le journaliste, le cheval sera la viande à la mode en 2013, malgré la quasi disparition des boucheries chevalines et la campagne de la fondation Brigitte Bardot contre l’hippophagie… De grand chefs s’en emparent sérieusement, à l’image de Bertrand Grébaut du Septime, qui a cuisiné un steak de cœur de cheval devant une assemblée médusée…

11) La cuisine note à note

Pour Hervé This, physico-chimiste qui dirige notamment le Groupe INRA de Gastronomie moléculaire à AgroParisTech, c’est une grande révolution culinaire. Avec la “cuisine note à note” s’agit de «réaliser des mets à partir de composés purs, mélangés habilement». En bref, on sait très bien isoler des composés comme l’odeur de sous-bois et de champignon. Ou le limonèle, une «odeur fraîche qui rappelle les citrons, les oranges».

Pourquoi ne pas s’en servir en cuisine? Pourquoi ne pas un jour, ranger ces composés à côté de nos flacons d’épices? C’est l’idée d’Hervé This, qui entend créer des «mets inédits, des goûts nouveaux, et une infinité de possibles pour des cuisiniers créatifs».

12) Plus de cuisine végétarienne

Le Vif (en Belgique) rapporte aussi les tendances culinaires de 2013 mises en avant par l’agence de pub américaine Sterling-Rice. Entre autres, les steaks au chou-fleur: “la popularité de la cuisine végétarienne est en croissance constante et stimule la créativité des chefs. Ainsi, les “plats de viande” tels que les steaks aux choux-fleurs et les cocktails au céleri feront leur entrée dans nos assiettes et nos verres”.

Après divers ouvrages (et même une menace de pénurie mondiale de bacon en novembre dernier!) on essaye de manger un peu moins de viande… Les flexitariens piochent donc dans les recettes et restos veggies.

13) Et encore, comme en 2012…

Il sembleraient que certaines «tendances» de 2012 vont bien continuer avec enthousiasme en 2013: les burgers gourmets-gourmands, le locavorisme via des structures comme la Ruche qui dit oui, les food trucks… On fera le bilan dans un an. Et d’ici là, très bonne année!

L.D.

Photo: Happy New Year!/ Jon Glittenberg via FlickrCC License by

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Chaque jour, on consacre 2h22 aux repas

On passe 2h22 par jour à s’alimenter… C’est ce qu’explique l’Insee dans une étude consacrée au “temps de l’alimentation en France”.

C’est une moyenne, car le temps dédié aux repas augmente avec l’âge… Les plus de 60 ans y consacrent 2h34 en moyenne, contre 2h13 pour les moins de 40 ans. Ceci confirme les chiffres d’une étude Ipsos sur les habitudes alimentaires des 15-25 ans, publiée hier, expliquant que les jeunes de cette tranche d’âge consacrent très peu de temps aux repas: 9 minutes pour le petit déjeuner, 24 minutes pour le déjeuner, et 27 minutes pour le dîner.

Ce temps reste concentré au moment des trois repas traditionnels, malgré les facilités croissantes pour trouver à manger à toute heure. A 13 heures, la moitié des Français est en train de déjeuner! Le pic de synchronisation du petit déjeuner est vers 8 heures. Et l’heure du dîner a un peu évolué: il y a 25 ans, on dînait avant 20h, maintenant le pic est à 20h15 et les repas tardifs sont plus fréquents.

Même si ce rituel des trois repas reste le modèle dominant, il est malgré tout moins respecté par les jeunes. Ainsi, seuls 64% des moins de 25 ans ont une prise alimentaire entre 5 heures et 11 heures, contre 90% des personnes de 50 ans et plus. L’étude Ipsos sur les 15-25 ans précise que 54% des jeunes déclarent ne pas manger au moins un repas sur deux à heure fixe.

En outre, 15% des personnes interrogées déclarent grignoter très souvent entre les repas, hors goûter et apéritif. Pour les moins de 25 ans, ce chiffre est de 29%…

Autre chiffre intéressant, 19% du temps consacré à l’alimentation est passé devant la télé. C’est 3 points de plus qu’en 1986… Une personne sur quatre regarde la télé en mangeant le soir. Selon Ipsos, c’est même 61% des jeunes qui mangent au moins une fois sur deux leur repas devant un écran, ordinateur ou télé.

Mais le repas constitue quand même pour les Français un des moments les plus agréables de la journée. Moins que jouer, regarder un spectacle ou se promener, mais quasiment autant que lire ou écouter de la musique. Les personnes plus âgées les apprécient le plus et y consacrent plus de temps. Les plus jeunes apprécient moins, zappent plus le petit déjeuner, et mangent plus souvent à l’extérieur. Cependant, soulignons que les repas pris en (bonne!) compagnie sont, pour tous, tout de même les plus appréciés.

Photo: Clock / Dave Stokes via Flickr CC License by

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Le gras selon les ados: je t’aime, moi non plus…

Mange pas ci, mange pas ça, mange ci, mange ça, les jeunes sont souvent confrontés à des normes contradictoires en matière d’alimentation. Le Fonds français Alimentation et santé organisait ce jeudi une conférence sur le thème: “L’alimentation des enfants et des adolescents: des normes aux représentations”.

Véronique Pardo, chercheur à l’Ocha (Observatoire Cniel des habitudes alimentaires) s’est notamment attardée sur l’exemple du gras, «au cœur des conflits entre normes et représentations», en s’appuyant sur la grande étude Alim’ados. Les ados et le gras, c’est un peu «Je t’aime, moi non plus». Il est intéressant de voir comment le gras est perçu selon certains critères de texture, d’aspect, qui ne correspondent pas forcément à la réalité.

D’après les enquêtes, pour les 12-19 ans, les gras, «c’est mou». Par exemple, des frites molles sont souvent considérées comme plus grasses que les frites croustillantes.

Le gras est aussi associé à un «fort dégoût», un côté gélatineux, souvent appliqué à certains produits carnés. Mais aussi à un aspect transparent, toujours suspect dans l’assiette… Un jus transparent va être analysé comme de la matière grasse fondue, alors qu’il peut s’agir d’un bouillon tout léger.

Enfin, «le coulant» est connoté gras. Par exemple, un camembert bien crémeux est classé par les ados comme un produit très gras, un camembert plus ferme et perçu comme plus léger!

Plus largement, Véronique Pardo explique que souvent, pour les ados, la définition du gras c’est «tout ce qui n’est pas jugé comme étant sain». Y compris certains produits ne contenant pas de matières grasses, comme les pâtes ou la semoule. «L’idée de saleté s’associe aussi au gras», puisque selon des verbatim d’ados, on a les mains sales après en avoir avalé…

Par contre, le gras de la cuisine des grands-parents est connoté positivement. L’étude a notamment été réalisée en Alsace… Les plats régionaux, pourtant très riches, ne sont pas perçus comme gras, car là, le gras donne du goût ! Ces plats sont aussi liés à des souvenirs d’enfance et des préparations familiales…

Au final, le gras est perçu par les ados comme bon ou mauvais en fonction du lieu, du mode de consommation, des personnes avec qui on mange… Les ados sont tiraillés entre le rejet des corps et aliments gras et leur goût pour ces aliments.

Filles et garçons n’ont pas le même discours sur ce rejet du gras (physique et dans l’alimentation) et sur les normes de minceur. Pour certains garçons, ingurgiter plus de gras peut même être «lié à l’image de virilité». Au final, il existe dans les sphères collégiennes et lycéennes une sorte de “spectre du gras, lié à un jugement moral de la personne pour les ados. Pour eux, avoir un corps ferme est comme une obligation vis-à-vis des autres. D’ailleurs, ils parlent plus d’aspect esthétique que de poids».

Lucie de la Héronnière

Photo: cordon bleu / kochtopf via Flickr CC License By

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La Good Food March est en route vers Bruxelles

Depuis fin août, des milliers d’Européens marchent vers Bruxelles. Une centaine d’organisations (paysannes, environnementales, mais aussi des associations de consommateurs) de 15 pays participent à la Good Food March, et convergent vers le Parlement Européen, où se tiennent les discussions sur la réforme de la PAC (Politique agricole commune).

L’objectif est d’ «alerter l’opinion sur les négociations en cours et inviter les citoyens à faire entendre leur voix pour défendre une agriculture plus équitable, plus verte, plus humaine». En France, les partenaires de l’opération sont donc liés à cette thématique: la Confédération Paysanne, la Fondation Nicolas Hulot, le Mouvement des AMAP, Slow Food France, WWF, Attac… Tous partent du principe qu’une alimentation de qualité passe d’abord par une agriculture de qualité. Et qu’il faut donc essayer de peser sur les orientations de la PAC.

A pied, à vélo ou en tracteur, les volontaires vont vers la Belgique avec 4 grandes «caravanes», en faisant tout le parcours ou juste des étapes départementales. Pierre-Alain Prévost, coordinateur de la manifestation en France, est dans la caravane partie du Pays Basque, aujourd’hui près d’Alençon. Il explique que chaque jour, les marcheurs participent à «des conférences, des fermes ouvertes, des tables rondes, des goûters à la ferme ou encore des soirées-débat sur la PAC»…

«Nous voulons lier production agricole et alimentation », souligne l’organisateur. Les constats de départs de la Good Food March sont que l’agrobusiness supplante le monde rural, que le système agricole actuel détruit les sols et réchauffe le climat, que la crise de production favorise la concentration des exploitations. Et que la malbouffe est liée à nos modes de production…

Alors Pierre-Alain Prévost et ses compères marcheurs veulent arriver à «une souveraineté alimentaire» et «trouver une alternative à la concentration agro-industrielle, développer le tissu agricole des petites et moyennes fermes», car celle-ci «sont plus respectueuses de l’environnement, créatrices d’emplois, et s’adaptent aux territoires». Pour tout cela, il faudrait donc «réorienter les aides de la PAC».

11 «demandes fondamentales» sont ainsi formulées par les organisateurs. Ils appellent entre autres à une PAC qui «valorise notre patrimoine culturel, naturel et gastronomique», «accompagne la transition vers une agriculture plus verte et plus durable, et promeuve des méthodes de production agro-écologiques», ou encore «garantisse la culture des protéines locales pour l’alimentation animale plutôt que le soja importé»…

Pendant la durée de la Good Food March, des évènements sont aussi organisés «hors caravanes», comme une journée de mobilisation le 13 septembre dans les Pyrénées Orientales, ou un grand pique-nique à Paris le dimanche 16, sur l’Esplanade des Invalides.

Au final, les caravanes parties de toute l’Europe arriveront en même temps à Bruxelles, le 19 septembre, pour une journée de discussion avec les élus européens, dans le but de peser sur les décisions en matière d’agriculture, grâce à ce mouvement civil et à des «doléances» apportées de toute l’Europe.

Une grande campagne de demandes citoyennes en photos sera aussi montrée aux députés et commissaires… Des dizaines d’européens ont été photographiés, tenant une petite pancarte avec des inscriptions telles que «pour une PAC avec des paysans dedans», «mieux manger = mieux vivre» ou encore… «I love les tomates qui ont du goût».

Lucie de la Héronnière

Photo: Des demandes récoltées pendant la marche en France, blog de la Good Food March.

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