Après la tribune de Dukan, quelques lectures intéressantes

Le Huffington Post a publié ce 14 mai une tribune du nutritionniste Pierre Dukan intitulée «Le Non au régime: un effet de mode grave et dangereux». Indigné, il critique violemment l’idée selon laquelle on peut maigrir sans régime, idée basée sur l’écoute des sensations de faim et de satiété ainsi que sur la «restriction cognitive». Il va même jusqu’à comparer le «no régime» au “refus des vaccins par les témoins de Jéhovah”.

Il ne fait aucun doute que ce texte est un formidable coup de pub pour le docteur et son juteux business (récemment complété par une gamme de produits de beauté raffermissants…). Rappelons-nous aussi que ce n’est pas la première fois qu’il s’égare un peu, comme lorsqu’il avait proposé l’idée très saine d’introduire une option au bac rapportant des points aux élèves à l’IMC stable… Nous n’allons donc pas nous appesantir sur sa tribune, mais voilà tout de même au passage quelques lectures et émissions expliquant que les régimes restrictifs ne sont pas la bonne solution pour maigrir, et que le «no régime» peut parfaitement fonctionner.

Le rapport de l’ANSES publié fin 2010, intitulé «Evaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement», mettait en avant le risque nutritionnel (déficits et déséquilibres), physio-pathologique (santé osseuse, effets sur le foie…), psychologique et comportemental. Un document très complet sur tous les effets néfastes que peuvent engendrer les régimes.

Le propos de l’agence sanitaire n’est pas qu’il faut éviter absolument tous les régimes, mais qu’ils doivent être réservés à des situations bien particulières et justifiées médicalement. Pas pour perdre 3 kilos avant l’été quoi. Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation de risques liés à la nutrition de l’ANSES, déclarait ainsi prudemment en juin 2012 :

«Certaines situations (obésité, surpoids, prise de poids importante) peuvent nécessiter de chercher à perdre du poids. Mais dans tous ces cas, un diagnostic précis des causes de la prise de poids est nécessaire. Cette démarche doit se faire avec l’accompagnement d’un professionnel de santé qui analysera le contexte de la prise de poids et ses conséquences. Seul cet accompagnement permettra de déterminer s’il est nécessaire ou non de perdre du poids et de définir les objectifs et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir».

• L’étude Nutri-net santé, réalisée sur des milliers de «nutrinautes»: les résultats de mai 2012 tendaient à prouver que les régimes restrictifs commerciaux ne sont pas efficaces à long terme. On en parlait sur ce blog, les sujets ayant suivi des régimes portant un nom de marque au marketing solide (Dukan donc par exemple…) étaient plus nombreux à déclarer que leur régime avait eu une efficacité seulement à court terme. Ces régimes étaient en outre accusés d’être moins bien tolérés, plus compliqués, et frustrants. A l’opposé, 76% des gens qui ont simplement suivi «les recommandations nutritionnelles globales» ont observé un maintien de la perte de poids au-delà de 6 mois.

Le téléphone sonne du 30 avril 2013 consacré aux régimes amaigrissants. Zermati, le nutritionniste qui a tellement hérissé les poils de Dukan que ce dernier a pris sa plume, y déclare: “aujourd’hui, il faut sortir du débat sur les bons ou les mauvais régimes. (…) Le principe de régime est un principe condamnable. Condamnable en terme de santé, parce que cela fait prendre du poids, donne des troubles du comportements et déglingue les gens sur le plan psychologique”. Bon, notons tout de même que ce Zermati se paye aussi une belle pub pour sont site de coaching en ligne payant. Mais les interventions des deux autres participantes sont très éclairantes.

• Ariane Grumbach, dont le blog raconte ses expériences de diététicienne basées sur le plaisir gustatif et l’écoute des sensations, et non pas sur les régimes. De la pratique, du concret observé “sur le terrain”: à lire par exemple, à l’occasion de la journée sans régime du 6 mai, un article de témoignages de patients ayant souffert des régimes.

Photo: Lose weight now / alancleaver_2000 via FlickCC License by

lire le billet

Restaurant Day, la journée des “restaurants éphémères”

Le 17 mai, c’est le Food Revolution Day, une journée consacrée au bien (et bon) manger. On en avait parlé ici l’année dernière. Cette année, encore beaucoup d’évènements sont organisés: toutes les infos sont sur le site.

Le lendemain, samedi 18 mai, c’est le jour de la nouvelle édition du Restaurant Day, partout dans le monde. L’idée de ce mouvement citoyen est partie d’Helsinki. Deux potes se sont demandé: «Et si chacun pouvait ouvrir son propre restaurant le temps d’une journée?».

Quelques mois plus tard, une trentaine d’échoppes de rue tenues par des restaurateurs éphémères animaient la capitale finlandaise lors d’une journée bien particulière. Gros succès: un an plus tard, à l’été 2012, 700 restaurants servent des bons petits plats dans 30 pays différents. Et ça continue, au rythme d’une journée par saison.

Deux amis, Hugo Boissin et Corentin Cohen, ont décidé d’importer le concept en France. Le principe? Ce samedi 18, chacun peut ouvrir son resto, le lieu de ses rêves, dans la rue, dans un parc, dans un appartement, et vendre ses spécialités.

Idées et petits plats originaux sont les bienvenus. Il suffit de choisir un concept, de définir un lieu, un menu, un prix (juste pour rembourser les frais) et de communiquer sur les réseaux sociaux et via le portail du Restaurant Day… Tout est basé «sur l’idée de spontanéité et de volontariat».

L’objectif, selon Corentin Cohen, c’est «que chacun puisse proposer sa spécialité. Nous voulons montrer qu’on peut bien manger et déguster des choses de qualité faites maison». L’esprit de création, avec des plats ou des concepts qui sortent de l’ordinaire, est bien présent.

Autre idée importante, celle de «partager des expériences et découvrir des goûts avec des inconnus», chose que l’on a rarement l’occasion de faire. Mais aussi celle de se «réapproprier l’espace public», d’occuper la ville de manière ludique et constructive.

Les «restaurants éphémères» sont répertoriés sur la carte interactive du site et le Facebook de l’événement. Au programme de cette 3ème édition française, de la cuisine antillaise à Montluçon ou des food court dans plusieurs espaces publics à Paris… Et ailleurs, si le coeur vous en dit! «Il est encore difficile d’avoir beaucoup de propositions. Le concept est en train de se lancer», explique Corentin Cohen.

Les deux organisateurs mijoteront dans le 3ème arrondissement, à la French Moulinette, des “Tacos pot-au-feu d’été” et du “Taouk chasseur”…  Il s’agit vraiment de créer, pour une journée, «le restaurant éphémère que l’on aimerait avoir».

Lucie de la Héronnière

Image: Capture d’écran de la carte interactive des restaurants participants dans le monde.

lire le billet