En Afrique du Sud, pas de cheval non étiqueté… mais de la chèvre, de l’âne et du buffle

En France et chez nos voisins, on achète des lasagnes (ou des raviolis ou des boulettes)  au cheval, étiquetées comme des plats au boeuf. En Afrique du Sud, une étude vient juste de révéler que de l’âne, du buffle et de la chèvre ont été trouvés dans des produits censés contenir du boeuf.

Sur le blog de l’Université de Stellenbosch, les auteurs expliquent que 68% des 139 produits testés (achetés dans des boucheries ou des magasins de vente au détail) contenaient des espèces non déclarées sur l’étiquette. Particulièrement dans des saucisses, des steaks pour les burgers et de la charcuterie. Notons que du soja et du gluten ont aussi été dénichés dans 28% des échantillons, sans être identifiés clairement sur les étiquettes.

Les fabricants ont ainsi utilisé des viandes de substitution pour remplacer discrètement le boeuf: du porc dans 37% des échantillons, du poulet dans 23%.

Et donc aussi des bêtes moins courantes au supermarché: “des espèces non conventionnelles comme l’âne, la chèvre et le buffle ont aussi été détéctées dans un certain nombre de produits”, déclare le professeur Hoffman, un des auteurs de la recherche. Ces conclusions ont été possible grâce à des recherches d’ADN dans les préparations carnées.

«Nos résultats soulèvent des préoccupations importantes sur le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de la viande en Afrique du Sud», et “cela viole les réglementations d’étiquetage de la viande, mais a aussi des impacts économiques, religieux, éthiques et sanitaires importants”, déclare Hoffman.

Le Washington Post précise que “l’Afrique du sud a des viandes excellentes et reconnues, boeuf, agneau, porc ou poulet. Mais une chaîne de production complexe, qui fait que des produits pourraient être contaminés par d’autres produits, dans des abattoirs ou lors des étapes de conditionnement. Ou à cause de nombreuses viandes importées”

Hoffman déclare pourtant que ses échantillons sont 100% locaux. Pour lui, il ne coûterait pas bien cher à l’industrie de la viande de se conformer aux lois concernant l’étiquetage en Afrique du Sud.

Et de conclure: “les gens ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. Il n’y a rien de mal à manger de l’âne si vous aimez bien l’âne. Mais si vous n’aimez pas, vous avez le droit de savoir”.

Photo: Goats eat weeds at Cloisters City Park July 2011/ mikebaird via FlickCC License by

lire le billet

Entre confiance et méfiance dans l’assiette

Avec cette affaire de lasagnes à la viande de cheval, la confiance (ou pas) dans ceux qui font notre alimentation est questionnée. A l’occasion du Salon de l’Agriculture à Paris, le baromètre Ifop pour Dimanche Ouest-France sur les agriculteurs montre que les Français font majoritairement confiance à ceux qui cultivent et produisent leurs aliments bruts.

77% (c’est + 3 points par rapport à 2012) des sondés pensent qu’ils peuvent avoir confiance dans le travail des agriculteurs. 69% (+ 5 points) pensent qu’ils sont respectueux de la santé des Français.

Les agriculteurs sont jugés “modernes” par 80% des Français. Mais aussi “compétitifs” par 58%, chiffre en baisse de 6 points. Par contre, seulement 54% estiment que les agriculteurs sont respectueux de l’environnement.

Côté industries

La confiance dans les produits bruts et l’image des agriculteurs semblent donc préservées. Ces dernières semaines, c’est plutôt l’image de l’industrie agro-alimentaire qui s’est dégradée.

Comme le souligne La Tribune, un Français sur quatre déclare ne plus vouloir consommer les marques mises en cause dans l’affaire de la viande de cheval. En outre, pour 70% des Français, ce scandale n’est pas un accident isolé, et est “révélateur d’une réelle détérioration de la qualité des produits alimentaires”.

Toujours selon la Tribune, une étude menée par Tilder/OpinionWay pour LCI montre que 56% des Français ne font pas confiance aux indications sur la composition indiquées sur les étiquettes des produits.

Confiance?

Cette confiance (ou méfiance) envers ceux qui fabriquent et transforment le contenu de nos assiettes est en ce moment au coeur des débats. François Hollande a insisté sur la confiance, hier, lors de l’inauguration du Salon de l’Agriculture: “Je suis venu délivrer un message de confiance dans l’agriculture française” affirmait-il en arrivant, rapporte Ouest-France.

Le Président s’est déclaré partisan d’un « étiquetage obligatoire sur les viandes qui sont insérées, introduites dans les produits cuisinés. D’ici là je soutiendrai avec le ministre de l’Agriculture et les ministres concernés toutes les initiatives qui seront prises pour des démarches volontaires d’étiquetage de manière à ce que le consommateur puisse être informé de la provenance des produits qu’il consomme, et notamment des viandes »

Seule une évolution de la législation européenne pourra permettre cet étiquetage obligatoire de l’origine de la viande dans les plats préparés. Une transparence qui pourra sans doute rassurer…

Il est encore question de confiance quand, interviewé par BFMTV, José Bové explique que «les consommateurs sont inquiets aussi de savoir comment sont nourris les animaux. (…) Je pense aux farines animales dont on dit qu’elles vont être réintroduites, il faut clairement là aussi que ce soit étiqueté !».

Des inquiétudes et indignations se sont faites entendre à l’annonce de la Commission européenne affirmant que les poissons d’élevage pourraient à nouveau être nourris avec des farines de porcs et de volailles à partir du 1er juin. Malgré cela, François Hollande a déclaré hier que la France ne réintroduira pas les farines animales dans l’alimentation d’élevage. De quoi rassurer un peu?

Photo: CHAMPS/ Hrvoje Go via FlickCC License by

lire le billet

Electro légumière, la douce musique des aubergines

“Cette musique, c’est de la banane” titre The Salt, le blog food de Npr. “Les fruits et les légumes frais n’ont jamais été aussi branchés”. Et pourquoi?

A Brooklyn, un extraordinaire auteur-compositeur-producteur, Jonathan Dagan, alias J.Viewz, joue une cover du titre Teardrop de Massive Attack.

Sauf qu’il a la particularité de jouer tout ça avec tout un bel ensemble de fruits et de légumes, ici des aubergines, du raisin, des carottes. Et quelques petits champignons.

Regardez-donc:

Son instrument? Un circuit imprimé appelé MaKey MaKey, qui permet de transformer (presque) n’importe quoi en touche de clavier. Le principe, explique Npr, c’est de connecter trois choses dans ce circuit: un ordinateur, un objet marrant, et vous-même.

Quand vous touchez l’objet, vous fermez le circuit, et un signal est envoyé au Makey Makey. Ce signal est envoyé à l’ordinateur…

Ce dernier ne fait pas la différence entre un signal venant de votre MaKey MaKey et un signal provenant d’un clavier. Donc, le moindre petit objet conducteur, comme un morceau d’aubergine, peut se transformer en touche de clavier, programmée pour correspondre à tel ou tel son. Avec un bon logiciel de clavier virtuel, vous pouvez créer un instrument de musique complètement unique…

J. Viewz n’est pas le seul à pratiquer cet art. Depuis la sortie du MaKey MaKey l’année dernière, tout un tas de gens ont posté sur Youtube des vidéos de musique légumière. Comme du dubstep avec quatre oranges et une pommes…

D’autres ont même tenté les donuts. En Espagne, le jambon fumé, les poissons et les fruits de mer font d’excellents conducteurs. Mais Npr nous conseille un grand classique, ce remarquable piano de bananes.

Dans le même genre mais avec d’autres techniques, les Autrichiens du Vienna Vegetable Orchestra jouent uniquement avec des instruments fabriqués avec des légumes, violon en poireau, courge perscussion ou encore flûte de carotte. Des instruments périssables, fabriqués spécialement pour chaque concert, en fonction des légumes trouvés dans les marchés. Quelques petits extraits ici, pour apprécier, ou pas, le doux son des légumes frais.

lire le billet

Des abeilles et des hommes: péril sur les butineuses, nos fruits et notre miel

“Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre”. Cette citation, attribuée à Albert Einstein (mais cela n’a jamais été prouvé!) montre combien nous n’avons vraiment pas intérêt à laisser mourir les abeilles.

Markus Imhoff tente d’expliquer la disparition des butineuses dans son dernier film sorti mercredi, Des abeilles et des hommes, un documentaire aux images assez incroyables. Il entend nous donner des pistes pour expliquer le phénomène suivant:

“Entre 50 et 60% des abeilles ont disparu depuis 15 ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario: par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible”.

Et cela fait donc froid dans le dos de voir que le pollinisateur agricole le plus important de la planète disparait comme ça, en masse, à cause de divers dangers majoritairement humains.

Le réalisateur voyage à travers le monde pour montrer comment les hommes soumettent les abeilles. Avec quelques personnages significatifs inspirant mille réflexions: Fred Jaggi, apiculteur à l’ancienne, élève la “race noire locale” dans ses montagnes. Bien loin de là, John Miller, apiculteur californien, traite ses milliers de ruches aux antibiotiques…

Sur un autre continent, la surprenante Zhang Zhao Su fait commerce de pollen en Chine. Des paysans de régions sans abeilles achètent ses petits sachets salvateurs. Pour ensuite polliniser patiemment, à la main, avec une sorte de conton-tige, des centaines et des centaines de fleurs de pommiers. Sans cela, pas de fruits, une récolte nulle.

L’alimentation humaine est bien un grand enjeu de cette disparition multi-factorielle (domestication, pesticides, parasites….), puisqu’une large majorité d’espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées.

Dans l’Express l’année dernière, Yves Le Conte, directeur d’unité à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), expliquait qu’en cas d’exctinction, “les conséquences seraient énormes, mais de là à dire que la fin des abeilles serait synonyme de fin du monde, il faut rester sérieux”.

Donc, si 80% des plantes à fleurs sont pollinisées par les abeilles, “30% de ce qui est dans nos assiettes est lié à la pollinisation”. Mais comme le montre l’exemple chinois, des “mesures compensatoires” (possiblement chères et absurdes) seront toujours inventées par les hommes…

“Que mangeront mes petits-enfants quand ils seront à leur tour grand-parents?” se demande Markus Imhoff dans le film. Plus largement, il s’interroge sur ce que l’’on avale, puisque l’on voit successivement des ruches inondées d’antibiotiques et de pesticides, et de magnifiques flots d’innocent miel doré. Le réalisateur n’entend pas forcément proposer des solutions, mais des pistes de réflexions.

Un peu avant la sortie de ce film, le ministère de l’Agriculture (qui soutient justement le docu…) a annoncé la mise en place d’un plan de développement durable de l’apiculture, pour développer la production nationale de miel (qui correspond actuellement à moins de la moitié du miel consommé en France), et tenter de diminuer cette mortalité inquiétante.

L.D.

Photo: Abeille/ JR Guillaumin FlickCC License by

lire le billet

Plats préparés: à quoi servent ces ingrédients industriels mystérieux?

L’affaire du « horsegate » continue de plus belle, avec accusations et démentis incessants. Pendant ce temps là, après le dernier billet sur la lecture des étiquettes, continuons à nous pencher sur les recettes des plats industriels tout prêts aux photos alléchantes et aux recettes pas toujours appétissantes.

Une fois qu’on a mis ses lunettes et compris dans quel sens lire les étiquettes, un certain nombre d’ingrédients mystérieux nous sautent aux yeux. Entre autres, beaucoup d’additifs, ces substance ajoutées à la « recette » pour des raisons technologiques : conserver plus longtemps, améliorer la texture, le goût ou l’aspect, éviter le rancissement, faciliter la dissolution d’un produit en poudre…

Leur particularité? On aurait pas l’idée de les manger tout seuls, en sandwich ou pour assaisonner une salade! Ils sont inscrits soit par leur nom, soit par leur numéro de code européen, un E suivi de 3 chiffres. Pour chacun, une DJA (Dose Journalière Admissible), un seuil au delà duquel l’additif pourrait avoir des effets néfastes sur la santé, est défini par les autorités européennes. A noter, un certain nombre d’additifs sont autorisés dans les produits bio.

En plus de ces additifs, à quoi ça sert exactement le vin concentré ? Et les œufs en poudre, pourquoi sont-ils en poudre ? Dans quel but les industriels utilisent tous ces ingrédients mystérieux introuvables à l’épicerie ? Voilà quelques réponses dans cette petite liste absolument non exhaustive, à partir des ingrédients souvent cités dans la base “plats préparés surgelés” et “plats préparés” du site Open Food Facts. Pour savoir à quoi servent ces choses, les producteurs d’ingrédients industriels expliquent souvent très simplement l’utilité de leurs produits dans l’agroalimentaire…

“Conservateurs”

Des substances minérales ou organiques ralentissant le développement des germes, et donc permettant de garder les produits plus longtemps.

Ainsi, les “Sulfites” sont aussi présentes dans certains plats préparés, pas que dans le vin! Elles sont utilisées en tant qu’anti-oxydant, pour conserver les plats…

“Colorants”

Ils servent, selon l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments), à “compenser les pertes de couleur dues à l’exposition à la lumière, à l’air, à l’humidité et aux variations de température”, à “renforcer les couleurs naturelles” et à “ajouter de la couleur à des aliments qui, dans le cas contraire, n’auraient pas de couleur ou une couleur différente”.

Bref, un donner envie de manger un plat bien joli et pas d’une couleur douteuse. Mais de plus en plus de marques (et notamment Findus pour ses surgelés!) utilisent comme argument de vente “sans colorant ni conservateur”, en essayant de faire passer une image de “comme à la maison”.

“Épaississant”

Les épaississants donnent du corps à une préparation liquide. Un peu le même rôle que la farine dans une sauce à la maison quoi… Sauf que les industriels utilisent de la farine de caroube ou de la gomme de guar. Ou de l’“amidon modifié”: cet additif sert principalement à épaissir.

Les différentes sortes d’amidon servent d’ailleurs à tout un tas de joyeuses choses, comme on peut le voir sur ce site d’un fabriquant d’ingrédients industriels, qui “traite l’amidon brut adéquat afin de lui conférer les propriétés fonctionnelles nécessaires à votre application et vous aider à créer des préparations ou des produits finaux innovants”. Dans le but de lui donner tout ça:

“propriétés d’épaississement, de gélification, de stabilité, de congélation décongélation, de conservation, de tartinabilité, de texture, de croustillant, d’onctuosité, de sensation en bouche, de goût, de compressibilité, de sécurité des ingrédients ou de nutrition pour l’industrie agro alimentaire ou pharmaceutique”.

Rien que ça!

“Stabilisant”

Les différents stabilisants sont ajoutés dans un plat industriel pour «maintenir son état physico-chimique».

“Émulsifiant”

Cette famille d’additifs doit aussi maintenir une texture: un émulsifiant est utilisé pour rendre homogène un mélange de deux substances normalement non miscibles, comme l’eau et l’huile. Pour Stéphane Gigandet d’Open Food Facts, “les industriels utilisent des agents texturants pour recréer quelque chose qui ressemble à des « vrais » produits, mais avec des ingrédients moins chers». La lécithine est souvent utilisée comme émulsifiant.

“Exhausteur de goût”

Il accentue un goût déjà existant, sans le changer. Le glutamate par exemple est très utilisé dans la cuisine asiatique. Ou encore la “Protéine végétale hydrolysée”… L’hydrolisation, c’est un procédé chimique qui consiste en l’ajout d’une molécule d’eau qui sépare la protéine végétale (maïs, soja, blé…) en segments. Ces petits bouts de protéines sont utilisés alors comme exhausteurs de goûts.

“Acidifiant”

Il acidifie un plat, et peut aussi avoir un rôle de conservateur et d’antioxydant.

“Dextrose”

C’est l’autre nom du glucose. Ce sucre est utilisé comme «agent sucrant et texturant ou comme substrat de fermentation». Roquette, qui se définit comme le leader européen du dextrose, explique que la chose est une «poudre blanche cristalline, inodore et sucrée» à acheter par sacs de 25 kg ou par «big bag» de 1000 kg ! A utiliser dans les glaces, les biscuits, les céréales, les viandes et poissons…

“Extrait de viande de bœuf”

C’est de la viande super concentrée, qui donne du bouillon quand on la dissout dans l’eau…

Aubergines préfrites” ou “pommes de terre préfrites”

Cela veut juste dire que le fabriquant a acheté les légumes déjà frits à un fabricant de légumes préfrits. Et qu’il y a donc un intermédiaire de plus.

Œufs en poudre”

Pourquoi ne pas utiliser de vrais oeufs? Apparemment, c’est plus pratique et hygiénique. Voilà une simple description d’œuf en poudre pasteurisé vendue par un site spécialisé, sans équivoque:

Pour obtenir 1kg d’œuf entier liquide, diluez 250g de poudre dans 750ml d’eau et mélangez, vous aurez ainsi l’équivalent de 20 oeufs entiers environ.
- Se conserve 2 ans à une température entre 15 et 25°C même après ouverture ».

Du coup, 1kg de poudre équivaut à 80 œufs entiers, garantis 100% œufs entiers naturels…

Lactosérum”

Extrait du lait par un procédé de fraction entre plusieurs éléments, il sert ainsi aux industriels, selon Lactalis, pour tout cela: «auxiliaire de la réaction de Maillard : favorise les notes de caramel et favorise la coloration», «substitut de poudre de lait écrémé», «apport de texture», «soluble à tout pH à température ambiante», et enfin… «optimisation des coûts».

Extrait de vin rouge”

Ce producteur nous explique qu’il s’agit de “liquide concentré obtenu par distillation et concentration sous vide à partir de vins rouges ou blancs sélectionnés”. Pourquoi les industries agro-alimentaires devraient acheter cet ingrédient? Pour une «diminution des volumes à manipuler pour les formes liquides (1kg concentré = 35 L de vin)», pour ne pas se poser de problème administratifs avec un taux d’alcool inférieur à 1%, et pour améliorer la stabilité du produit…

“Arômes”

Le fabricant n’est pas obligé de mentionner de quel arôme il s’agit… Ils servent à apporter une saveur ou une odeur, ce ne sont donc pas des additifs. Un fabricant peut acheter des arômes thématisés pour ses soupes par exemple, comme ici:

“une large gamme d’arômes pulvérulents ou liquides (arômes légumes cuisinés, herbes fraîches, fromagers, céréaliers ou compositions thématiques). Arômes ethniques, terroir, viandes, poissons, cuisinés…”

Une petite louche de soupe au terroir? Sauf si vous préférez des légumes à l’arôme naturel “rissolé”, “pour apporter un goût cuisiné et confit à vos produits, une saveur de recette mijotée”.

“Fromage”

Pour Stéphane Gigandet d’Open Food Facts, mieux vaut se méfier de ce mot à l’apparence inoffensive: «Quand il n’y a pas de précision, c’est souvent le moins cher. Quand c’est un bon fromage, c’est précisé sur l’étiquette, voire sur le devant de la boîte. Je pense qu’il ne vaut mieux pas accorder le bénéfice du doute»… En outre, «les industriels se débrouillent pour faire de la béchamel avec des protéines de lait».

Viande de bœuf”

Je vous renvoie de nouveau à l’interview du boucher Yves-Marie Le Bourdonnec sur le site Atabula, qui explique de quels bas morceaux est faite la viande des lasagnes ou des moussakas surgelées.

Ces quelques exemples d’additifs et d’ingrédients industriels ne sont pas considérés comme dangereux pour la santé par les autorités sanitaires françaises et européennes.

Cependant, des doutes sont régulièrement émis, notamment sur les additifs, par les associations de consommateurs (pour en savoir plus sur les rôles de tous les additifs, vous pouvez d’ailleurs jeter un œil ici).

Ces ingrédients sont artificiels et synthétiques ou naturels, mais très peu seraient consommés à la maison comme aliments à cuisiner. Les industriels les utilisent pour fabriquer des produits précisément industriels, et donc forcément standardisés, en “optimisant les coûts”.

Après, chacun peut s’interroger sur l’intérêt d’en manger. Dans son ouvrage compilant des règles de pur bon sens alimentaire, Michael Pollan nous conseille surtout de manger des “vrais” aliments, et non pas «des substances comestibles ayant l’apparence d’aliments»: «ne mangez rien que votre arrière-grand-mère ne reconnaitrait pas comme un aliment” et «évitez les produits alimentaires qui contiennent des ingrédients qu’une personne normale n’aurait pas dans son garde-manger».

Ou encore, «plus un aliment est transformé, plus il a une longue durée de conservation, et moins il est nutritif en règle générale».

Et une petite dernière pour la route: “Tenez-vous-en à des aliments qui ont été cuisinés par des humains”.

Lucie de la Héronnière

Photo: Frozen food aisle/ CanadaPenguin via FlickCC License by

lire le billet

Comment lire les étiquettes des plats industriels surgelés?

En ces temps d’ «affaire Findus» et d’histoires peu ragoûtantes de lasagnes à la viande de cheval, on s’interroge quelque peu sur la composition de notre assiette remplie de “prêt à manger” surgelé.

Comment lire une étiquette de plat industriel pour comprendre ce qu’il y a vraiment dedans? Voilà quelques petites idées générales, et je vous parlerai très bientôt d’ingrédients bien précis ayant des rôles et des noms très mystérieux…

Bon d’abord, il s’agit de mettre ses lunettes, de s’arrêter deux secondes dans un rayon froid, de prendre le temps d’observer l’emballage et de lire jusqu’au bout même si on est pressé. Et ensuite, de faire attention certaines choses:

De l’importance de l’ordre des ingrédients

Stéphane Gigandet, fondateur d’Open Food Facts, un site d’open data de l’assiette créé justement pour lutter contre le manque de transparence de l’industrie agro-alimentaire (on en parlait ici même en juin dernier), explique que «les ingrédients arrivent par ordre d’importance. On peut en déduire les quantités». La proportion de chaque matière première n’est pas obligatoirement mentionnée. Mais si la graisse (ou le sucre) arrive en 2ème ou 3ème position dans la liste, ce n’est pas bon signe…

Regarder l’origine des produits (si elle est mentionnée…)

Dans les produits industriels préparés, indiquer l’origine des produits n’est pas obligatoire. Aujourd’hui, l’origine des produits doit être précisée seulement pour des produits bruts comme la viande bovine, les fruits et légumes, les produits de la pêche, le miel et l’huile d’olive (une obligation européenne qui sera étendue en décembre 2013 aux viandes de porc, de volaille, de mouton et de chèvre).

Cependant, le gouvernement a déclaré hier vouloir entreprendre une «action volontariste en Europe pour une information obligatoire sur l’origine de la viande entrant dans la composition des plats cuisinés», en rappelant que les règles sont définies au niveau communautaire dans ce domaine.

Le site du ministère de l’Agriculture précise que selon le ministre Stéphane Le Foll, “aujourd’hui, chez le boucher, on sait d’où vient le steak. On doit connaître l’origine des viandes dans les produits transformés. il y a un problème d’étiquetage de ces produits». Nous observerons avec attention comment cette volonté se traduit dans les faits.

Stéphane Gigandet explique que l’origine est mentionnée quand elle est flatteuse: «Par exemple, les lasagnes de Findus en Suisse, qui appartiennent toujours à Nestlé, indiquent officiellement que leur viande est d’origine suisse. Quand l’information a une connotation positive, personne ne se gêne pour la donner !». Dans la même logique, une «huile d’olive vierge extra» est mise en avant dans la liste inscrite sur les étiquettes, alors qu’une huile d’olive basse qualité et donc moins chère, s’appellera juste «huile d’olive», comme vous vous en doutez…

Imaginer le contenu charmant caché derrière le mot «viande»

Le boucher Yves-Marie Le Boudonnec l’expliquait en début de semaine sur le site Atabula: même quand la «viande de bœuf» est bien du bœuf, cette dénomination sans précision sur le morceau signifie que l’on mange du «minerai», autrement dit «un magma de marchandises assez indéfini, dans lequel nous retrouvons du maigre, du gras et du collagène. Cela existe dans tous les abattoirs et avec toutes les espèces de viandes abattues. Ensuite, ce minerai est revendu à qui en veut”.

Attention aux images et aux mots

«Le devant des produits est trompeur. Le plat ne ressemble jamais à la photo quand on ouvre l’opercule !» dit Stéphane Gigandet. La photo du plat surgelé ressemble rarement à la réalité, merci le Photoshop de la bouffe. Des mots nous font aussi déduire des choses fausses. Un produit se vantant d’être «fabriqué en France» ne l’est pas forcément avec des produits français. Ils peut s’agir de produits faits avec des tomates cultivés en Amérique latine, ou avec de la viande roumaine, au hasard, le tout étant assemblé dans une usine on ne peut plus franchouillarde.

Un cassoulet dit toulousain peut très bien avoir été fabriqué dans les environs de Toulouse, mais avec du canard qui n’a jamais vu le Sud-Ouest de son vivant. Sauf que comme la mention de l’origine de la viande n’est pas obligatoire dans les plats préparés, on n’en saura pas plus, même si on lit toutes les petites lignes de l’étiquette.

La CLCV donnait d’autres exemples dans son sondage – prémonitoire – rendu public la semaine dernière: la marque “France Champignons” qui vend des pleurotes venues d’Espagne, “Jardins du Midi” qui vend des oignons on ne peut plus australiens…

“huiles végétale” = huile de palme ?

Quand la nature de l’ «huile végétale» reste floue, c’est assez souvent de l’huile de palme. Il y a toujours un bénéfice du doute, mais généralement les étiquettes le précisent quand il s’agit d’huiles de tournesol ou de colza, beaucoup moins controversées… En 2016, ce flou artistique devrait évoluer avec les changements progressifs des réglementations européennes.

Attention aux «saveurs» et «goûts»…

… Qui sont des arômes et non de vrais ingrédients. Un plat avec une sauce “goût tomate” est surtout parfumé à la tomate (ou alors le goût de vraies tomates peu goûteuses mais bien présentes peut être renforcé par un arôme).

Cet arôme peut être artificiel, ou bien naturel, fabriqué soit à partir du produit concerné («arôme naturel de vanille » dans une crème glacée par exemple) soit non…  Stéphane Gigandet explique qu’on peut par exemple «faire de l’arôme naturel d’amande avec des noyaux d’abricots». Par contre, les industriels peuvent se contenter d’inscrire “arômes”, sans préciser arôme de quoi. Point barre. Dans ce cas-là, impossible d’en savoir plus, sauf si vous êtes un inspecteur de la DGCCRF.

Pour conclure, Stéphane Gigandet pense que «les étiquettes manquent clairement d’informations et de précisions. Du coup, il y a rarement de vrais signaux d’alarme».

Si vous avez toujours rêvé de savoir à quoi servait la dextrose, les émulsifiants et les correcteurs d’acidité, revenez par ici ce week-end, je vous prépare une petite liste très appétissante. Mais en attendant, pourquoi ne pas fabriquer vos propres lasagnes?…

Lucie de la Héronnière

Photo: MorningStar Farms Lasagna with Sausage-Style Crumbles/ theimpulsivebuy via FlickCC License by

lire le billet

Consommateurs (ou pas) de nourriture bio: quel est votre profil?

64% des Français ont consommé bio en 2012. C’est l’un des résultats du 10ème baromètre Agence Bio/CSA 2012. Pour l’Agence Bio (qui a notamment pour tâche de promouvoir l’agriculture biologique), c’est «une vraie tendance de fond qui s’affirme».

71% des sondés déclarent privilégier les produits respectueux de l’environnement et/ou du développement durable, c’est 5 points de plus qu’en 2011. «Cette conscience environnementale croissante est en harmonie avec la montée en puissance de l’agriculture biologique en France», commente l’Agence.

L’Agence Bio distingue 5 profils de consommateurs (ou non-consommateurs!) bio :

Les «Bio-quotidiens» ou «les précurseurs», 8% des Français: ils consomment bio chaque jour, et sont acquis à la cause depuis longtemps… 18 ans en moyenne! Il s’agit pour eux d’une habitude familiale. Pour eux, le bio ce n’est pas que l’alimentation, et pas qu’à la maison. Enfin, ces “Bio-quotidiens”, qui ont 52 ans en moyenne, s’estiment bien informés sur le sujet, plus que le reste des Français (75% contre 54%).

Les «Bio-Hebdos», des «Bio-quotidiens en devenir», 15% des Français: ils consomment bio une à plusieurs fois par semaine et ont « une connaissance très pointue des qualités et principe de la Bio ». 97% connaissent le logo AB (contre 93% des Français) et 61% le logo bio européen (contre 42% des Français).

Les «Bio-mensuels», «les plus récents», 20% des Français: ce sont des consommateurs bio plus nouveaux, qui achètent bio au moins une fois par mois, «à l’image de la population française en moyenne». Le bio n’a pas encore beaucoup changé leurs habitudes alimentaires, et l’Agence bio estime qu’ils ont «besoin d’informations complémentaires».

Les «Bio-occasionnels», «des consommateurs désireux d’information complémentaire», 21% des Français: ils consomment bio moins d’une fois par mois. 50% d’entre eux s’estiment insuffisamment informés sur le bio. Ils trouvent que le prix du bio est trop élevé (pour 83%) ou «n’ont pas le réflexe d’acheter» (76%). Mais les parents «Bio-occasionnels» souhaitent en large majorité plus de bio pour leurs enfants, à l’école.

Les «Non-consommateurs», les «désintéressés », 36% des Français: cette catégorie rassemble une grande part de 15-24 ans. Ils s’estiment mal informés (54%), mais n’attendent pas spécialement plus d’informations…

Notons que pour ces différents consommateurs, la part du «bio made in France» gagne du terrain, sans doute grâce au développement de circuits courts. L’année dernière, le cabinet Xerfi diagnostiquait un ralentissement du bio, peut-être évincé par le locavorisme. Mais bien entendu, les deux ne sont absolument pas contradictoires.

Photo: Small deluxe organic box/ WordRidden via FlickCC License by

lire le billet

Les Français veulent être mieux informés sur l’origine des aliments

La CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), une association de consommateurs, vient de rendre public un sondage (réalisé sur 1040 personnes) sur les attentes des consommateurs en matière d’informations sur l’origine des produits alimentaires.

L’association fait d’abord le constat d’une situation de départ à améliorer:

« Aujourd’hui, l’information des consommateurs sur l’origine des produits alimentaires est déficiente. En effet, cette information n’est obligatoire que pour certaines catégories de produits: les fruits et légumes, la viande bovine, le poisson lorsqu’il n’est pas conditionné ou préparé, le vin, l’huile d’olive, la volaille lorsqu’elle ne vient pas de l’Union européenne, le miel et les œufs. Pour les autres produits, les labels officiels comme l’AOP et l’IGP peuvent bien sûr fournir une information mais les produits ainsi labellisés sont beaucoup plus chers et pas toujours disponibles.»

Marketing

En plus, la CLCV souligne que des origines peuvent être suggérées à travers la pub ou l’image des marques, mais induire les consommateurs en erreur.

Ainsi, «Findus met en avant le fait que ses produits Croustibat sont fabriqués à Boulogne‐sur‐Mer mais l’origine du poisson est plus lointaine: Pacifique ou Alaska suivant les espèces». L’origine des matières premières n’est pas la même chose que le lieu d’élaboration…

Autres exemples donnés par la CLCV, la marque «France Champignons» qui vend des pleurotes venues d’Espagne, ou «Jardins du Midi», qui vend des oignons australiens… Ou encore le jambon de la marque «Aoste», produit fabriqué en Isère… Et non en Italie comme le «Jambon d’Aoste»,  qui bénéficie quant à lui d’une appellation d’origine protégée.

Viande tracée

Alors, 99% des sondés considèrent qu’il est important d’être informé de l’origine du contenu de nos assiettes, que ce soit pour contribuer au développement économique d’une région ou d’un pays (71%), ou pour des motifs d’ordre environnemental (66%), social (63%) ou concernant la sécurité des produits (62%).

79% des gens aimeraient avoir des infos plus précises sur l’origine de leur viande: lieux de naissance, d’élevage et d’abattage des bêtes. Pour une confiture, 92% des sondés souhaiteraient avoir des infos sur le lieu de production des fruits ET le lieu de fabrication du produit.

La CLCV profite de ces résultats pour tenter d’influer sur l’évolution progressive de la réglementation européenne sur l’étiquetage, qui prévoit plus de transparence.

Elle souhaiterait notamment rendre obligatoire la mention de l’origine sur les produits composés d’un seul ingrédient comme l’huile ou la farine. Et voudrait qu’on donne aux consommateurs des infos sur l’origine des principaux ingrédients (50%) dans les produits élaborés.

Enfin, l’asso demande aussi que l’origine des ingrédients corresponde au lieu de production de la matière première… Et non de sa transformation.

Photo: supermarket/ xophe_g via FlickCC License by

lire le billet

Le manifeste végétarien de Paul McCartney

L’ex-Beatles Paul McCartney a publié la semaine dernière une sorte de manifeste végétarien sur le Huffington Post, intitulé «Ma vie de végétarien – porter l’héritage de Linda».

Le petit gars de Liverpool avoue qu’autrefois, il aurait jugé les végétariens comme des «mauviettes», mais que les choses ont heureusement sacrément évolué.

Il y a 20 ans, il pouvait être «difficile de trouver des options végétariennes dans les bons restaurants. Maintenant, c’est bien agréable de voir le choix croissant, et quelques plats créatifs et brillants dans les restaurants, cafés et supermarchés». Pour l’ex-Beatles, il y a une «acceptation plus globale du végétarisme».

Il explique que sa femme Linda, aujourd’hui décédée, a joué un grand rôle dans son rapport à l’alimentation végétarienne. Elle a été persuasive et a convaincu beaucoup de gens de l’entourage des McCartney…

A l’époque, il s’agissait de respecter la vie des animaux. Aujourd’hui, «les gens sont mieux informés sur les bienfaits de la réduction de notre consommation de viande, mais aussi sur l’impact environnemental de la production de viande». Et tendent de plus en plus vers le flexitarisme

«Nous avons lancé la campagne Meat Free Monday (les lundis sans viande) en 2009, pour encourager les gens à observer leur alimentation, et à faire un changement important en renoncant à la viande un jour par semaine. Ce n’est pas une idée nouvelle, cela existe un peu partout dans le monde. Mais nous avons pensé que le lundi était un bon jour, après les excès du week-end», raconte McCartney.

Linda avait créé une entreprise de plats végétariens, qui a continué après sa disparition. Paul a voulu cette année créer quelque chose de spécial, pour rappeler son message aux gens. D’où ce joli petit clip qui sera diffusé à la télé anglaise pendant plusieurs semaines:

Et McCartney conclut: «Nous nous engageons à soutenir la vision de Linda et à faire en sorte de jouer un rôle central dans la construction d’un avenir sain, avec le végétarisme et une vie sans viande».

Lettre d’un viandard

Rien à voir entre les deux hommes, mais j’attire votre attention sur un texte intéressant défendant le point de vue opposé, publié par JP Géné dans M le magazine du Monde. Celui-ci s’adresse non pas à McCartney, mais à Aymeric Caron, qui vient de publier son ouvrage No steak.

Le chroniqueur gastronomique, qui se qualifie de «viandard» explique :

«Je sais bien qu’une poule élevée en plein air et nourrie au grain donne de meilleurs oeufs et de meilleures cuisses qu’une bestiole de batterie. Comme toi, je condamne ces élevages intensifs et ces cultures industrielles, ces camps de concentration de bovins du Middle West attendant de passer à la machine à corned-beef comme dans Tintin en Amérique. Cette monoculture sous GPS et pesticides, cette infernale mécanique agro-alimentaire qui prétend nourrir alors qu’elle ne cherche qu’à profiter. Les atteintes à la biodiversité, la disparition d’espèces et ce réchauffement climatique qui menace, je partage avec toi ces inquiétudes”.

Mais pour lui, au lieu de «supprimer l’élevage et le rosbif», il vaudrait mieux «faire autrement que les multinationales de la bouffe, de la semence et de la chimie. Qu’on puisse défendre et développer une agriculture à visage humain, respectueuse de la terre, des bêtes et des gens». Un point de vue à lire en entier. En attendant, en ce moment, l’ambiance est un peu au “choisis ton camp camarade”, non?

Image: Capture d’écran du clip réalisé par Paul Mc Cartney, avec Elvis Costello.

lire le billet