Comment les enfants font-ils pour convaincre leurs parents d’acheter de la junk food?

Ah, la douce complainte de l’enfant au supermarché… «Maman tu m’achètes ça?», «Papa on peut acheter ci?», parfois suivi de slogans publicitaires ou de «t’as vu, c’est [un personnage inventé par une marque de céréales]?». Une étude publiée dans le Journal of Children and Media s’intéresse aux techniques des enfants pour convaincre leurs parents d’acheter des produits tout ce qu’il y a d’antidiététique.

Des chercheurs de l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg se sont penchés sur le nag factor, («le facteur de l’enquiquinement» ou, comme ma mère appelait ça, «la scie»), c’est à dire «la tendance qu’ont les enfants, bombardés par des messages marketing, à demander perpétuellement des produits dont ils voient les publicités».

L’auteure principale de l’étude explique qu’elle s’intègre dans la recherche plus large des facteurs qui influencent l’épidémie d’obésité infantile, en se concentrant sur le marketing et la consommation de junk-food:

«Clairement, les enfants ne sont pas les acheteurs principaux des ménages, alors comment font des boissons et des nourritures faiblement nutritionnelles et marketées vers les enfants pour entrer dans la maison et dans l’alimentation de jeunes enfants?»

Même si, comme le note le blog Jezebel, la présentation de leur étude est parfois amusante par son apparent détachement de la réalité (les chercheurs expliquent avoir «exploré si, et comment, les mères de jeunes enfants ont expérimenté ce phénomène», la journaliste de Jezebel répondnt qu’elle «aimerait beaucoup rencontrer l’enfant qui n’a jamais émis une variante de la phrase “Maman, achète-moi ça”»), les chercheurs ont tenté de comprendre plus précisément les ressorts du nag factor:

«Notre étude indique que, bien que l’usage de médias en général ne soit pas associé à l’enquiquinement, la familiarité d’un enfant avec les personnages de publicités télévisées est associée de manière significative à l’enquiquinement en général, et avec certains types en particulier.»

En interrogeant 64 mères d’enfants de 3 à 5 ans (ils ont choisi des mères plutôt que des pères parce qu’elles sont plus souvent les «garantes de la nutrition» dans un ménage et contrôlent l’achat et la préparation de nourriture pour les petits), les chercheurs ont trouvé trois types d’enquiquinement différent: l’enquiquinement enfantin, l’enquiquinement pour tester des limites et l’enquiquinement manipulateur. Ce dernier, et l’enquiquinement en général, augmentent avec l’âge.

Les mères ont cité dix stratégies pour gérer cette scie enfantine constante: céder (une des stratégies les moins efficaces), crier, ignorer, limiter l’exposition aux pubs (suggéré par 36% des mères), expliquer aux enfants pourquoi on va faire ou ne pas faire tel achat (35%).

L’auteure principale conclut que, pour aborder le problème de l’obésité infantile, il pourrait être nécessaire de limiter les publicités sur la nourriture ou les boissons, mais c’est évidemment plus facile à dire qu’à faire… En France, 84% des parents achètent des céréales promues à la télévision si leurs enfants le réclament, affirme le site d’UFC Que Choisir consacré aux conséquences de la publicité télévisée pour enfants.

C.D.

Photo: No children in shopping carts / Mykl Roventine via Flickr CC License By

2 commentaires pour “Comment les enfants font-ils pour convaincre leurs parents d’acheter de la junk food?”

  1. Etude dans la lignée actuelle qui explore seulement le versement négatif. Je vais souligner que 2 biais dans cette étude:
    – du fait qu’elles soient les “garantes de nutrition”; le rapport au corps de la femme est toujours d’une grand complexicité et souvent accompagné de restriction alimentaire. Est-ce que lorsqu’elles cédent? Elles répondent seulement à leurs pulsions alimentaires?

    – l’autorité parentale est là en “je”; où la mère “garde” cette responsabilité devant peut-être une vision différente du père sur le plan alimentaire. Ici nous observons le conflit de deux identités alimentaires: celle de la mère et du père provenant de deux éducations alimentaires parfois opposées.

    Je critique encore ces analyses qui ne sont que des petites visions du comportement alimentaire bien plus complexe.
    A étudier, les états de fatigue de la maman, le rapport au stress… qui peuvent interférer sur l’autorité parentale.

  2. Ils ont très bien fait de prendre l’avis des mères, j’ai beaucoup d’exemples autour de moi où les pères sont eux mêmes demandeurs de Junk-Food et initiateurs aux fast foods. Je n’ai pas fait de sondage mais seulement observé les comportements dans les magasins : “si tu te tais tu auras tes céréales bip et après on ira manger chez Mctruc” . Affligeant.

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